- Mer Mai 21, 2008 10:22 pm
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[quote="Use Your Illusion"][quote="IceCold"][quote="Quetzalcoatl"] Au début je me disais que c'était pour leur bien si j'utilisais un vocabulaire riche car je les tirais vers le haut, mais la vérité c'est que les gens n'ont pas envie d'être aidés et détestent qu'on les mette face à leur propres lacunes culturelles.
On m'a raconte l'histoire d'un type qui, alors qu'il marchait dans la rue, s'est fait embrouiller par des racailles. Il a dit a l'un d'entre eux: "Mais non, je ne te regardais pas dans les yeux, c'est un quiproquo."
La reponse: "Quoi? Tu m'traite de quiproquo? Tu m'cherche en plus?" Etc, etc.
Adopter un vocabulaire précis, utiliser des phrases riches, cela permet de définir son propre style, de se construire une réputation, de mener des négociations d'une main de maître. Mais parfois, il faut savoir ravaler son Littré (comme dans le cas cité ci-dessus) et faire profil bas. Honneur gardé ou pas, un nez cassé, ça rend la plupart de vos beaux mots inutiles.
Pas d'accord. Il y a quelques semaines, alors que j'allais à l'opéra, je descends de ma vespa et tombe sur une racaille que j'aurais soi disant manqué d'écraser en me garant. Il m'a cherché des noises (comme dit antoine doisnel). Je lui ai parlé de la même manière que je parle à tout le monde : en vouvoyant les gens lorsque je ne les connais pas, en soignant mon vocabulaire (j'y peux rien, je ne sais pas faire autrement). m'a dit texto :
R : whoh, zyva, t'es pas au bureau, là, t'es dans la rue, et dans la rue, c'est pas comme dans ton bureau !
M : Certes.
R : Zyav, enlève ton casque, de quoi t'as peur.
M : Ecoutez, cher Monsieur, je n'ai pas peur de vous, et je ne vais certainement pas enlever mon casque pour vous laisser le faible plaisir de prouver votre virilité (et à qui d'abord ?). Je n'ai rien à me reprocher, si vous avez un souci, on peut toujours aller en discuter longuement avec les officiers de police qui sont juste là, au coin.
R : Zyva, comme qu'y m' parle, lui...
M : Je parle normalement... blablabla.
A la fin, il m'a dit : "Monsieur, il en faudrait pleins, des gens comme vous, qui parle bien et qui savent se comporter avec les gens". Et il est parti. Il n'était pas du tout ironique en le disant.
C'est peut-être parce que j'ai gardé mon casque que je me suis senti en mesure d'affronter et de garder la tête haute, mais n'empêche : cela m'a prouvé que même les racailles pouvaient avoir envie de choses "bien".
Bref, tout ça pour dire que je ne crois pas du tout à la question d'adapter son niveau de langage en fonction des gens. Pour ma part, je parle aux gens toujours de la même manière. Après, c'est davantage une question de "détente" du langage qu'une question de niveau de langage. Je ne laisse jamais tomber la grammaire ("en revanche" et pas "par contre", etc). et la conjugaison ("je suis allé" et pas "j'ai été", etc.). Je n'ai pas le plaisir des mots compliqués ("je plussoie", complexification, etc.). Il faut toujours employer le mot le plus simple, mais le plus juste, pour désigner la chose : la simplicité est la condition de la clarté et donc de la communication.
Il y a des moments pour être très sérieux où l'on déploie tout son talent rhétorique et linguistique, et d'autres pour être détendu et où l'on peut dire des gros mots - mais toujours avec élégance. C'est ma philosophie de vie.
L'intelligence sociale n'a rien à voir avec le nivellement vers le bas. C'est même tout l'inverse. Je n'ai jamais la prétention de me mettre au niveau de quelqu'un qui pourrait sembler moins éduqué que moi ; ce que je souhaite en revanche, c'est que cette personne se dise : il est bien ce mec : sympa, simple, pas prétentieux, et pourtant il aurait de quoi ne pas l'être.