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Modérateurs: animal, Léo

By chum
#167774 Hello,

Belle intro. J'ai hate de lire la suite.

[quote="Stéphane"]Jeu : des paroles de chanson se cachent dans ce texte. Un livre dédicacé au premier à les reconnaître.

Je tente ma chance avec le noceur de Cabrel :wink:
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By Stéphane
#167781 [quote="James ex S"]Content que tu te sois remis à l'écriture. Hâte de lire la suite également.
Surtout que la suite se passe par chez toi ;)

ps : cliquez sur "surveiller ce sujet" pour être notifié des nouveaux épisodes
By James ex S
#167806 [quote="Stéphane"][quote="James ex S"]Content que tu te sois remis à l'écriture. Hâte de lire la suite également.
Surtout que la suite se passe par chez toi ;)

ps : cliquez sur "surveiller ce sujet" pour être notifié des nouveaux épisodes
J'espère secrètement que tu laisseras trainer quelques détails les lieux et cette "discothèque à la frontière transalpine". Ca donnerait encore plus de valeur à ce récit si je sais que ça c'est passé dans les lieux que j'ai fréquenté ou fréquente encore :wink:
By Carline
#167876 Bonjour Stéphane,

J'ignore si "Vanessa" existe, mais je ne peux résister à l'envie de t'apporter, si tant que faire se peut, quelques lumières.

J'ai vécu 3 ans à St Petersbourg dans les années 2000 et les femmes Russes (ou slaves, ou ex-soviétiques...) ont été un mystère que j'ai mis longtemps à percer.

Purement et fièrement Latine: sociable, enjouée et démonstrative; j'y ai vécu de vrais moments de solitudes.

A cette question médusée : "Mais comment font-elles pour être à ce point impassible?" , un ami Russe m'a montré le début du chemin vers la réponse : "Nous construisons tous des murs pour nous protéger de la vie, les tiens sont juste plus bas que les leurs"

Je me souviens de sorties que nous faisions avec des amis (hommes évidemment!) , au karting ou pour sauter en parachute. Moi avec les gars et les filles de coté, calmes, belles, inaccessibles; et à ces amis de me dire : " Mais toi, tu n'es pas une fille, tu es un être hybride, une femme est concentrée et réfléchis, c'est elle qui doit construire le pays de demain. Toi, tu es comme un homme, dans le présent et en plus, tu fais trop de bruit, tu n'as aucune conscience des devoirs d'une femme! Tu es un bon pot' venus de France."

Leurs femmes justement ne me voyaient absolument pas comme une menace (sachant que je ne suis pas un tank non plus!) , sans aucune jalousie, elles me toisaient, du haut de leur talons de 10 cm plantés dans la neige et dans leur yeux, tout semblait convenu, même si elles ne comprenaient rien à mes choix.

Intimement, la femme Slave est une maîtresse incontestée, elle est toutes les femmes tant elle a ce talent divin de n'être réellement personne, adaptable, docile et pourtant impalpable et absente. Elle sait cultiver le désir par l'absence de proximité et les mères apprennent cela à leur filles.

Ces mères nées dans un monde raréfiés d'hommes, morts pendant la seconde GM, des hommes en partage, des hommes auxquels s'attacher était considéré comme un crime contre la nation, il fallait repeupler le pays et aux hommes de disséminer leur graines aux 4 vents.
Quel choix avaient-elles ces femmes ? Être irrésistibles et discrètes, se protéger par l'absence d'engagement affectif.

Ajoute à cela la langueur Slave si chère à la culture et au climat et voilà Vanessa, pure produit de ses origines et en même temps pure révolte maladroite contre des valeurs communautaristes. Un mélange improbable de fatalisme et de fuite en avant...
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By Stéphane
#167938 Merci Carline

Réponse au jeu contenu dans l'épisode 1 :

[video]https://www.youtube.com/watch?v=AT6Jii1Ogt4[/video]
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By Stéphane
#168120 [img]http://i45.tinypic.com/2nqcwph.jpg[/img]

[size=150]Saison II : immondizia[/size]
[size=125]Chapitre ii[/size]

[quote]Apprêt — définition Wikipédia
En cuisine, ensemble des opérations servant à la confection d'un plat. En peinture, un apprêt est une sous-couche permettant ou améliorant l'accrochage.

Arrêtons-nous un instant sur ce qui fait l'apprêt d'une fille dans son genre, dans l'hypothèse - assez probable - où l'intégralité de mes lecteurs ne seraient pas tout à fait familiers avec ce type d'animal.

Ayant à peu près toutes grandi dans les vestiges cornés du post-communisme, leurs notions du charme et de la séduction tiennent plus d'un fantasme pimenté aux résidus de la confiture populaire des années 50 que d'une patiente et complète formation aux critères du beau. S'il fallait classer le bon goût en 3 catégories que sont le juste, l'excessif et le ridicule, elles oscilleraient entre la seconde et la troisième, selon qu'il fait jour ou nuit. Et Vanessa, à qui seule la contrainte physique musclée pouvait retirer ses escarpins de 12cm, ne faisait pas exception à la règle. On eût même pu dire qu'elle était la règle.

[url=http://www.spikeseduction.com/articles/seduction-avance/12916_rencontres-femmes-russes-expliquees.html]La magie de la femme russe[/url] tient dans cette capacité innée à vous infliger des nuits blanches, par l'entremise d'un subtil déphasage : elle n'est jamais en phase avec vous, y compris - et surtout - sur les choix les plus triviaux. Choix vestimentaires par exemple. Si la femme idéale a l'intelligence de la versatilité, au point d'hériter quand elle y parvient du diminutif affectueux de couteau-suisse, le génie de la femme Russe (ou assimilée) réside dans sa résistance forcenée à l'assimilation discrète, et dans l'ostensible application premier degré de tous les codes de l'argent dans l'inconscient de ceux qui ont grandi sans en avoir : sac Chanel, pierres précieuses, lingerie 3 pièces même pour dormir, champagne et style de vie saupoudré aux paillettes d'or fin, comme dans le cerveau malade des Saoudiens et autres oligarques des Emirats.

Et si cette description ne suffisait toujours pas, tapez le mot clé #tagthesponsor sur un moteur de recherche ou bien dans ce qui s'appelle, pour une raison encore mal définie anthropologiquement, les "réseaux sociaux". Si je me permettais un apparte, je ferais remarquer que ces réseaux, pour l'utilisateur-consommateur lambda, contiennent autant de lien social que les responsables des ressources humaines ne contiennent d'humanité, c'est à dire peu. Mais revenons à Vanessa, car j'ai acquis avec l'expérience l'intuition que certains lecteurs goûtent peu les digressions, comme si la porn culture leur avait ôté toute patience.

J'ignorais comment la recontacter ; j'avais effacé son numéro de téléphone quelques mois plus tôt. Nul site ou application ne nous reliait plus, il ne restait qu'une adresse email dans l'historique de ma messagerie. Adresse que je supposais n'être qu'une dans son trousseau - et sans doutes pas la principale -, mais c'était la seule en ma possession. Décidant que l'effet de ma proposition serait encore meilleur si je ne la diluais pas en périphrases inutiles, je fis simple(la Russe ayant ce point avec la porn-culture de détester les circonvolutions, c'est peut-être la raison pour laquelle elles en sont les principales actrices). Un bonjour, un ça va, une invitation à me rejoindre en Suisse la durée d'un week-end pour une mystérieuse fête, et la requête était envoyée.

24 heures. Avec elle, c'est le tarif : les "candidatures spontanées" reçoivent un temps de traitement (délai de quarantaine ?) d'une journée incompressible, à l'issue de laquelle elle vous fait parvenir sa réponse, sans que vous sachiez très bien le laps de temps durant lequel elle y a réfléchi. Et les 6 mois de silence n'avaient rien changé.

Surprise (ou bien n'était-ce qu'une demie surprise), elle était d'accord. Je découvrais en lisant ses lignes qu'elle serait à Milan les jours précédents, et concluais qu'il me suffisait de louer une auto à mon arrivée à l'aéroport de Linate puis de la prendre au vol avant de traverser la frontière ensemble, c'était l'affaire de deux heures de route.

Je crois que j'attendis plusieurs jours une éventuelle annulation, qui finalement ne vint pas. Le jour dit, ponctuelle comme une horloge, elle attendait à l'exit du terminal, toute de noir vêtue sous un soleil inattendu de fin d'hiver. Les retrouvailles se dispensèrent de contact physique, mais pas d'une petit cafouillage de bienséance quand je voulus porter son sac de voyage. Je ne me souviens pas de la conversation qui servit de bande sonore au trajet, sinon que les routes étaient rectilignes et propres. A l'hôtel réservé par notre hôte, l'accueil fût discret et contenu. On est toujours la normalité de quelqu'un d'autre. Notre chambre, tapissée de moquette crème, avait la taille d'une suite et ressemblait à celle où Colin Firth et Julian Moore dansent le twist dans le film de Tom Ford A single man

Vanessa déplia immédiatement un micro-ordinateur de poche rose de modèle inconnu, à la recherche d'une connexion internet, puis fît camp dans la salle de bains avec une armée de tubes, pinceaux, cotons, tissus et autres accessoires de la beauté féminine qui, comme chacun sait, repose tant sur le naturel qu'elle fait part belle à l'artifice. De mon côté du mur, j'eus tout le temps d'écouter le silence, et aussi d'arriver à la conclusion que, de toute cette chair humaine en train de se farder, je n'avais plus envie ; que mon désir s'en était allé. L'hiver l'avait-il changée, ou bien était-ce moi ? Des effluences de parfum Chanel rampaient sous l'épaisse porte en bois pour s'insinuer dans la chambre, sans déclencher mon désir avec leur redoutable efficacité qui semblait désormais appartenir au passé. Je me sentais très seul, sans doute parce que je l'étais.

[img]http://24.media.tumblr.com/tumblr_lcftd8amM61qe0eclo1_r5_500.gif[/img]

Pendant mes premiers mois à Paris, en 2001, je regardais tous les soirs avant de me coucher quelques minutes de la Dolce Vita. La caricature de la séduction m'apaisait ; la tromperie des apparences qui ne vont nulle part me garantissait une nuit dense, épaisse, au sommeil serré. Etait-ce pour cette raison, ou bien pour le silence de mort qui régnait dans la ville, je commençais à éprouver les premiers signes du sommeil avant même de quitter l'hôtel. Comment sortir d'un week-end avant qu'il ne commence ? Comme dépurer un désir qui refuse d'exister ?

L'incapacité à justifier ma présence ici - sauf par un désir qui semblait avoir décider de ne pas faire le voyage -, et cet assourdissant silence qui n'en finissait pas, je sombrais doucement sur ce lit inconnu vers l'asthénie du voyageur de commerce, quand Vanessa passa devant moi sans me regarder et c'est à cet instant précis que mon regard sur elle s'infléchit.

Sa robe rouge vermillon agissait sur ses formes comme un calque, et je fus surpris de constater qu'elle avait tout à la fois grossi et embelli. Avec la logique et l'intelligence sensible, la répartition harmonieuse des graisses est le plus beau don que la nature puisse faire à une femme. Le rond de la hanche, la courbe du mollet, le balcon de la poitrine, sa féminité abondait et je mis quelques minutes à m'habituer à ses nouvelles formes. Si la beauté consiste à s'écarter de la voie de nature sans mépriser son animalité, alors Vanessa était belle.

Une belle cochonne.

A suivre.
By Carline
#168193 Heureux celui qui hier encore, souffrant des affres d'un désir sans amour et enchainé à sa corporalité sans autre volonté que celle de posséder l’honnie, se constate libéré, léger, et regarde l'objet de ses tourmentes passées avec surprise et consternation!
Damné celui qui se voyait déjà voler vers d'autres cieux, est finalement rattrapé par quelque forme harmonieuse, un geste calculé, une odeur de fruit; il ne chutera que de plus haut...

J'ai la sensation que Vanessa n'a pas rendue les armes, conquérante silencieuse et indifférente plus chaude encore que sa froideur vous glace...
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By Stéphane
#168421 [size=150]Saison II : immondizia[/size]
[size=125]Chapitre iii[/size]

[quote]“ I know that I’m dealt with for what’s between my legs, but at the same time, there’s something to being cherished, to being the desired one, even as you know you’re filling a stereotype" — Lexingon Steele, “The Hung List”

[img]http://www.webandluxe.com/wp-content/uploads/2011/07/Lancel-GIF-Anim%C3%A9-mail.gif[/img]

Le cv amoureux d'une femme est une triste plaisanterie où se côtoient créativité et capacité à s'auto-illusionner, dans l'unique but de redistribuer les rôles sur la carte des responsabilités, attribuant toujours ses errements, paradoxes et faiblesses à une contrainte extérieure, une conjonction astrale ou tout autre événement quasi-mystique. Ou bien encore à une indécelable stratégie de manipulation d'un homme, qui aurait scrupuleusement tout mis en place pour débaucher les intentions de cet ange perdu sur terre (le fameux "pervers manipulateur", ou "pervers narcissique"). Raison de plus pour être complètement désarçonné par les élans de sincérité qui, une fois n'est pas coutume, émaillent leurs histoires (ps : quand une femme est trop sincère avec vous sur sa vie passée, c'est qu'elle ne cherche rien sur le long terme*).

Questionnée sur sa plus longue relation amoureuse, l'une d'entre elles m'a lâché, en toute simplicité, qu'après un certain temps de vie commune, le désir tombe et que l'unique raison de rester ensemble est de (je cite) "fabriquer un enfant", ou d'être contrainte par les liens de l'union civile (et donc par les conséquences du divorce). Moravia n'aurait pas dit mieux**, j'en suis resté un peu bouche bée. Si la vie sexuelle prend congé en même temps qu'arrive le congé maternité, c'est justement que les enfants incarnent les sédiments d'un désir qui a vécu et qui n'est plus.

Mais pour l'instant, embarrassé d'un désir qui me tourmentait autant qu'il me fuyait, je répétais à l'infini l'erreur qui jusqu'à cet hôtel helvétique m'avait mené : chercher à comprendre. La beauté est un piège de Dieu, mais un piège dont j'ai toujours su me garder ; nulle n'a pu prétendre m'avoir à elle par les simples traits de son visage, ce serait trop facile. Mais l'incertitude et l'incohérence d'un comportement peuvent me plonger dans une perplexité qui finit par exercer sur un moi un attrait véritablement fascinatoire. Donnez-moi une femme belle, je choisirai sa robe, la sortirai un peu jouer au triangle du désir***, puis me lasserai de jouer à combler des stereotypes. Donnez-moi en revanche une souris imprévisible, évanescente et incompréhensible, je jouerai au chat le temps qu'il faudra pour la comprendre. Et la prendre. Dans cet ordre****. Et à ce jeu là, j'ai "un peu" de niveau. Mais quand rien, rien, non rien ne fait aucun sens, quand nulle action ne emboîter correctement avec la précédente, quand tous les moments passés ensemble forment un puzzle de pièces respectivement rondes et carrées et que nul magicien ne semble en mesure de rassembler, alors je buggue.

Pour ceux qui n'ont jamais vécu de [url=http://www.spikeseduction.com/articles/seduction-avance/10806_ne-pas-sortir-filles-est.html]relation destructrice avec une femme russe[/url] et qui se demanderaient en quoi le bug peut bien consister, demandez-vous quelle serait votre réaction si une personne, confrontée à la même question, trouvait une réponse différente à chaque occurence. Et loin d'être gênée par son absence de logique interne, était plutôt gênée que vous osiez lui reposer encore et encore la même question. Comme si seul comptait le moment, le présent. Comme si les attaches logiques avec t-1 et t+1 étaient des entraves à la liberté de dire ce qu'on veut, à qui on veut, c'est à dire pour une femme "d'être vraiment libre".

Si vous repérez, dans la bibliothèque d'une femme, les mots-clés ("être libre", "moment présent" ou "anna karenine"), vous êtes en présence d'un beau spécimen de n'importe quoi. Augmentez la dose de n'importe quoi, ajoutez une couche de mensonge, un brin de démence et un fond d'impassibilité, et vous aurez une idée de la teneur des conversations avec Vanessa, qui m'aura surpris strictement et rigoureusement autant de fois que nous nous sommes vus.

Pour l'instant, nous avions quitté l'hôtel et nous dirigions vers ce fameux club sur le lac. Je me souviens que les artères de la ville étaient presque vides, presque lavées de toute humanité, et que pour un samedi soir c'était vraiment étrange. A l'entrée du parking des invités, un gardien a bien malgré lui dû ouvrir le cordon rouge à ma Fiat Punto de location à l'écoute du nom du maître des lieux. A l'intérieur une foule bigarrée, mais dont émanait une surprenante homogénéité de chemises blanches et de robes noires, commençait de s'entasser impatiemment devant la porte avec moulte contorsions et discussions de circonstance, que Sartre aurait appelées le Néant. Un sentiment proprement masculin de fierté possessive me rappelait que la belle à mon bras avait eu "l'intelligence" (voir chapitre précédent) de choisir une robe rouge vermillon, et je commençais à divaguer sur la couleur et la nature de ses sous-vêtements. Que celui qui n'a jamais passé la moitié de la soirée à deviner la nature des sous-vêtements de la fille qui est à son bras... pense à en changer.

Ce constat défie le plus souvent l'entendement féminin (ou plutôt, l'entendement des femmes les moins apprêtées), mais les rares spécimens de nos contrées qui ne parviennent pas à séduire un homme n'ont qu'une étape à franchir pour s'affranchir de leur pesante invisibilité : dépenser 1000€ en lingerie une bonne fois pour toute, et laisser la magie de la transformation opérer*****.

Je fus un peu surpris quand notre hôte nous convia à dîner, mais entièrement par ma propre distraction. Il m'arrive fréquemment d'oublier de manger, surtout le soir, et de m'en souvenir au milieu de la nuit, tiraillé. La table, au format table d'hôtes, était large et, ajoutée à la musique ambiante, mettait de facto les femmes presque hors de portée de voix, sauf à crier entre deux morceaux d'entrecôte argentine, ce qui au vu de la probable réponse qui en aurait résulté, ne valait pas la peine. Ces femmes ne s'apprécient finalement que dans l'observation silencieuse et, comme j'allais le comprendre de nombreux mois plus tard, creuser n'avance jamais à rien. Comme le dit Moravia dans une nouvelle que je n'avais pas comprise à l'époque : n'approfondis pas.

En sortant, il me semblait qu'une soudaine migration de population avait porté en ces lieux l'intégralité des 18-35 ans du pays. Le hall, l'entonnoir de l'entrée, le bar, la salle, tout était plein à craquer de jeunes citadins (et ruraux) venus transformer leur labeur de la semaine en bouteilles, qui sont autant de minutes d'attention des filles venues s'amuser. Quand une fille vous dit qu'elle sort s'amuser, n'oubliez jamais que c'est avant tout de l'attention que les hommes vont leur porter, qu'elles s'amusent. Sinon, elles resteraient à danser chez elles, entre copines, sur le balcon, avec la musique de leur choix. Le simple fait que cette éventualité soit proprement impensable signifie déjà, en soi, quelque chose.

Notre hôte étant le directeur des lieux, se battre dans la foule pour subsister n'était pas une option et le "carré v." nous attendait, surplombant le dance floor d'une bonne hauteur d'homme. Vue sous cet angle, la foule des danseurs, des dragueurs et des amusées (voir plus haut) semblait soudain homogène, compacte, liée par une invisible force oppressante, comme si chaque tiers n'existait que par la présence des deux autres. Chez nous, dans notre petit carré à l'entrée sévèrement gardée, le champagne coulait à l'infini, tout le monde parlait fort en se touchant le torse ou l'épaule, les boutons de manchette rutilaient et Vanessa, moulée dans sa robe dont les flashs révélaient une transparence dont je me demande toujours si elle avait conscience, Vanessa lançait sur la foule dansante et ondulante de longs regards immobiles, de ses grands yeux bleus impassibles, qui ressemblaient à deux lacs artificiels.

A suivre

* cf séminaire [url=http://www.spikeseduction.com/articles/9672_seminaire-relations-longues-ii-typologie-femmes.html]relation longues ii[/url] : typologie de femmes : metteur en scène, actrice, scénariste, dialoguiste, etc.
** pour être précis, il a presque dit aussi bien : "les unions libres ne résistent jamais très longtemps aux agacements passagers, à la colère et/ou à la lassitude"
*** mot-clé à taper dans un moteur, pour ceux curieux de ce sujet en particulier : désir+triangulaire+rené
**** les hommes qui insistent pour comprendre les femmes avant de les prendre (dont moi) se compliquent beaucoup la vie. Fait mainte fois vérifié par l'expérience et la comparaison.
***** cf séminaire [url=http://www.spikeseduction.com/actualite/5665_sexe-devenir-amant-ideal.html]connexion sexuelle / amant idéal[/url], partie "valeur subjective et sentiment de valeur perçue"
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By Stéphane
#168438 Pas un commentaire ? Vous êtes complètement largués sur les ressorts psychologiques de cette histoire ou bien ?
By HipsterInTraining
#168489 Stéphane, ce que je ne comprends pas, c'est comment tu arrives à mettre ton cerveau en off dans des situations hyper-sociales comme celle-ci. Ou peut-être que tu ne le fais pas mais qu'avec l'expérience, le mode badinage devient une seconde nature, comme un réflexe.

Etant naturellement un introverti, j'arrive difficilement à passer du mode boulot, où je réfléchis constamment, au mode "sociable", où j'arrive à être léger et à badiner. Il me faut une ou deux heures, ou un ou deux verres.

C'est de plus en plus facile avec le temps, mais ça demande quand même un peu de mise en condition. J'ajouterai que le plus difficile n'est pas de passer de "boulot" à sociable, mais de sociable à sexué.
By john dilinger
#168492 [quote="Stéphane"]Mais quand rien, rien, non rien ne fait aucun sens, quand nulle action ne emboîter correctement avec la précédente, quand tous les moments passés ensemble forment un puzzle de pièces respectivement rondes et carrées et que nul magicien ne semble en mesure de rassembler, alors je buggue.

Je ne saisis pas très bien là où tu bugues...
Je sais c'est l'année académique "tronc commun" des relations hommes-femmes, mais un doc moustachu dirait qu'un comportement incohérent de sa part est justement le signe d'une personne qui s'en fout (bien qu'elle n'en ait peut-être pas conscience)...

Est-ce c'est seulement la personne que tu étais qui buguait face à ces souvenirs, ou bien son comportement reste toujours mystérieux pour toi ?
By Carline
#168656 Le désir peut être plus fort que l’amour. Il s’inscrit dans la chair et porte en lui des ambitions viscérales et implacables. L’amour est un bâtisseur, il regarde vers demain et porte en son sein des promesses de sacrifices et de douleurs. Il s’accorde à l’obstacle et au labeur alors que le désir est dans le présent, fort de sa fulgurance il est impitoyable et jaloux. Il ne laisse aucune place aux velléités de grandeur et celui qui le ressent ploie sous son joug tyrannique. Il balaye toutes les valeurs, tous les projets pour crier par-delà nos tripes : je veux. Lorsqu’on n’obtient pas l’objet d’un désir brûlant, nous nous consumons pour en être réduits à un petit tas de cendres pitoyable qui s’envolera aux premiers vents. Lorsque l’amour renforce, le désir rend esclave soumis et enchaine. Quoi qu’on fasse, quoique l’on veuille il nous maintient au sol, fermement ancré dans notre corps et chacun de nos atomes hurle son besoin d’assouvir. Toujours plus fort, toujours plus loin, il nous montre ce qu’il y a de plus sombre et de plus lointain, au plus profond de nous.

J'ai la sensation que la relation avec Vanessa est de cet ordre, vrai ou fabulations de midinette?