Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

By Dymon
#179024 [video]http://www.dailymotion.com/video/x44g0fe_la-fabrique-des-garcons-comment-le-patriarcat-ne-cesse-de-s-auto-perpetuer_schoolundefined[/video]

Voilà la conférence, pour vous faire votre avis. Je pense que certains ont jugé un peu vite le contenu, vous seriez peut-être agréablement surpris de voir un autre angle d'analyse. Elle (Sylvie Ayral) construit son analyse sous l'angle anthropologique voire sociologique pour mettre à jour les mécanismes de construction du "moule" des garçons. Elle ne parle pas du biologique et ne le nie pas non plus. Elle parle des constructions sociales, de comment les institutions perpétuent ces schèmes de rapport sociaux faussés et inégaux.
D'abord elle fait un petit inventaire des lieux communs entendus autour des sexes, puis elle relate des témoignage d'enfants, comment eux voient-ils la chose. Elle fait référence également à Robert Brannon et Déborah David qui ont identifié quatre injonctions principales régissant le rôle masculin :
1) "Sois un chef" --> Etre à la hauteur, être compétitif, performant (travail, sexe...)
2) "Sois un chêne vigoureux" --> Ne pas perdre la face, ne pas montrer de vulnérabilité
3) "Si tu me cherches, tu me trouves" --> Savoir se battre, refus d'être dominé, se montrer brave, insensible, dur
4) "On n'est pas des gonzesses" --> se distinguer hiérarchiquement des filles, faire corps avec les garçons (fraternité)

Elle explique en quoi ces comportements sont valorisés, par les parents voire parfois même par les filles. Elle explicite les mécanismes de cette fabrique qui sont de nature différente : symbolique, idéologique, politique.
Elle dit aussi que les vraies "victimes" ne sont pas les filles, mais bien les hommes en s'appuyant sur des statistiques d'accidents, de mort etc...
Après je vous laisse découvrir. Il y a une seconde partie aussi où l'intervenant parle plus du sport et de la musique qui créent et véhiculent de la violence, avec les constructions de type stade, les clips de rap etc...

En cherchant sur le net, j'ai trouvé à peu près les mêmes arguments dans ce mémoire : [url]http://www.acoeurdhomme.com/sites/default/files/memoire_janvier_2005.pdf[/url]
[quote]un garçon qui contrevient aux exigences du rôle, s’expose à être insulté : on le traitera de bébé, de tapette, de fif, de moumoune. Il s’expose également au risque d’être agressé physiquement, harcelé et exclu.
Les garçons subissent de fortes pressions de manière à se conformer aux injonctions de la masculinité conservatrice. Citons à ce sujet William Pollack : « Au lieu de laisser les garçons explorer ces états et ces gestes naturels et spontanés, on les oblige à les refouler très tôt dans leur vie. On les force à devenir indépendants, autonomes et autosuffisants. Et quand ils commencent à craquer sous la pression, quand néanmoins ils manifestent des sent
iments ou des comportements « féminins », nous ne leur témoignons aucune empathie et les couvrons de ridicule. Nous les accablons de sarcasmes et de menaces, nous les humilions parce qu’ils n’ont pas réussi à se comporter de manière typiquement masculine. Ce sont de telles réactions qui suscitent chez nos garçons une vive détermination à ne plus jamais agir ainsi et à refouler très loin tous ces sentiments. »

C'est intéressant, d'un côté on a la pression sociale, les institutions, et autres (par exemple clips de rap) qui poussent a refouler et agir de telle ou telle façon en véhiculant des stéréotypes grossiers (surtout chez les enfants), et de l'autre on a une disparition des modèles d'inspiration masculin et féminin afin de pouvoir répondre à la question "Comment être un homme/une femme (en société)? " (cf. Estrelinha). Sachant que la réponse varie selon les époques, et qu'elle n'implique pas forcément génératrice d'inégalités.
Avec de plus en plus de familles monoparentales, voire homoparentale, avec la colonisation de nos sociétés par l'idéologie libérale du sans limite + l'injonction positiviste* et quand on voit les images que véhicule notre société, que ce soit la publicité, la télé, la politique etc... Je me demande comment un enfant peut se construire sainement.

*[url]http://www.dailymail.co.uk/news/article-3529572/I-m-love-son-want-baby-Mother-falls-son-gave-adoption-32-years-ago.html[/url] "Suivant la logique libérale, qu'est-ce qui pourrait en effet s'opposer au désir de deux adultes consentants, si ce n'est qu'une morale archaïque ? [...] Positiver sans fin, sans jamais "négativer", sans capacité à dire non, c'est la matrice du libéralisme. Invariant des sociétés humaines, l'interdit de l'inceste est constitutif de notre humanisation. La société libérale qui permet l'accumulation sans fin des droits touche, et lève, l'interdit ultime. Elle finit par applaudir sa propre destruction."[size=85] La décroissance, Mai 2016[/size]
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By la mouche
#179029 J'en suis à 30min sur la conférence, y a des trucs pas mal, un ensemble de données factuelles intéressantes ainsi qu'une vidéo sur les rapports de groupe intéressante.

Par contre, elle fait une erreur de logique monstrueuse: sous prétexte qu'un enfant de 4ans (qu'on voit dans une vidéo) aime exercer sa domination, alors que d'autres enfants du même milieu sont plus calme voudrait dire que la nature n'a rien à voir avec ça. Puisque si c'était la nature, tout les hommes seraient pareil... J'aurais aimé voir un biologiste lui répondre.
By Anthony
#179031 [quote="Dymon"]Elle explique en quoi ces comportements sont valorisés, par les parents voire parfois même par les filles.
Je dirais qu'ils sont surtout valorisés par les filles, c'est pour ça que tous les cris d'orfraie des femmes concernant le patriarcat relèvent d'une posture idéologique totalement déconnectée de la réalité.
By Dymon
#179052 [quote="Anthony"][quote="Dymon"]Elle explique en quoi ces comportements sont valorisés, par les parents voire parfois même par les filles.
Je dirais qu'ils sont surtout valorisés par les filles, c'est pour ça que tous les cris d'orfraie des femmes concernant le patriarcat relèvent d'une posture idéologique totalement déconnectée de la réalité.

Tu dis que par le fait que certaines filles valorisent les comportements masculins (bon ou mauvais), cela rend illégitime la critique par les féministes du patriarcat ?
En d'autres termes : "regardez mes chères féministes, même ces filles valident notre comportement, donc votre critique est totalement déconnectée de la réalité"

A moins d'avoir mal compris ce que tu veux dire, je pense qu'il y a un problème de raisonnement là. Je ne sais pas qui tu désignes quand tu dis "les cris d'orfraie des femmes concernant le patriarcat", ni même de quelle époque tu parles, afin d'éviter l'anachronisme ou le déni de réalité.
By Dymon
#179053 Ah, je crois avoir compris. Tu voulais dire ces filles qui valorisent ces comportements et ces mêmes filles qui crient au patriarcat ? Quand bien même cela est vrai, ça me parait être une minorité, je dirais même la minorité très active de celles qui monopolisent l'attention dans les médias moyens. Et évidement sur spike on ne parle quasiment que de celles-ci, ce qui donne l'impression qu'il n'y a qu'elles
By Anthony
#179060 C'est ça.
En d'autres termes : "regardez mes chères féministes, vous-même validez notre comportement dans vos choix de partenaires, donc votre critique est totalement déconnectée de la réalité".
Et je ne parle pas des féministes d'antan, dont les combats, pour moi, ne posent pas question.

Une très large majorité de femmes seront attirées et voudront se reproduire avec des hommes obéissant aux 4 injonctions de Robert Brannon et Déborah David. Celles qui n'y parviennent pas se rabattent sur les mecs restés au bord de la route pour pondre et seront toujours enclines à fricoter avec un loup solitaire si l'occasion se présente.
Donc quel intérêt pour l'homme d'arrêter "la fabrique de garçons"? Zéro, puisque c'est ce qui attire les femmes. Et même celles-ci n'ont pas forcément intérêt que ça s'arrête, car si sociologiquement ça peut leur faire croire qu'il y a un "progrès", sentimentalement et sexuellement ça va être la lose. On voudrait tous les qualités de F ou de H sans en subir les revers.
By Dymon
#179113 oui et donc j'allais dire que si il y a une fabrique des garçons, il y a bien aussi une fabrique des filles.

Et d'ailleurs je découvre qu'il y a toute une littérature à ce sujet "la fabrique des garçons" et "la fabrique des filles". Je ne sais pas ce que ça vaut.
On m'avait fait de bons retours sur le travail de l'anthropologue Françoise Héritier, notamment ses livres Masculin/féminin, s'il y en a qui connaisse