- Lun Jan 16, 2012 4:37 pm
#117939
Un récent article du journal "Le Monde" traite d'un trait culturel ancré dans notre culture et nos arts littéraires. Il s'agit de la règle grammaticale "sexiste" que porte le français : lorsqu'il faut accorder (pas une guitare, bande de zicos) et que la phrase contient les deux genres, on accorde au masculin. Comme le dit le vieil adage, on fait avec ce qu’on a, et le fait est que l’on n’a pas de genre "neutre" en français.
L'article : [url]http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3246.html[/url]
[size=150]Un peu de théorie pour mieux comprendre :[/size]
Les sciences du langage nous apprennent à ce propos une chose essentielle : La langue, comme le mentionne l'article, est la manière la plus courante de dire le réel. La plus courante car il existe de nombreux langages, que nous utilisons chaque jour sans véritablement s'en rendre compte.
A ce titre, la langue orale, écrite, les arts, ainsi que les signes (notre cher doigt d'honneur, le fait de lever la main en classe) sont des signes interprétables dans une culture et dans un contexte donné. Ils sont donc des langages. Et l’interprétation sera différente selon le contexte. Pour donner l’exemple de ce cher Wikipédia, lever la main n’aura pas la même signification selon si l’on est dans une salle de classe, ou si c’est pour faire signe au chauffeur de bus de s’arrêter.
Les langages précédemment cités ne décrivent cependant jamais le réel dans son exactitude: ils mentent. En effet, tout langage est une sublimation (ou une représentation inexacte) du réel. En effet, comme le précisait Rousseau (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les Hommes), lorsque quelqu'un nous parle d'un arbre précis, la représentation (l'image) qui nous viendra à l'esprit sera inexacte, puisque la description sera forcément empreinte de défauts. De la même manière, Aragon écrivait (pas du nom du livre) que lorsqu'il peignait un arbre (car il peignait aussi le bougre), il ne le représentait pas tel qu'il était, mais tel qu'il le voyait. Il exprimait donc sa subjectivité dans sa peinture.
En fait, il y a plusieurs déformations de la réalité :
-Celle par laquelle l’émetteur déforme la réalité (il a été influencé par sa subjectivité en la percevant, et il ne représente pas la réalité de manière véritable).
-L’interprétation du récepteur : on s’écarte encore de la réalité, puisque ce dernier va encore interpréter et déformer ce que l’émetteur lui transmet.
[size=150]Revenons à nos moutons : [/size]
C'est donc sur ce principe de la sublimation du réel que se basent de nombreuses linguistes (oui, il s'agit souvent de femmes). Elles affirment qu’enseigner la règle de l’accord masculin à l’école crée une symbolique qui empreint notre culture : celle de l’homme dominant la femme.
Cette règle grammaticale vieille comme le monde n’a pas empêché l’évolution des mentalités au 19ème siècle, l’indépendance des femmes, le droit de vote… et n’empêche pas non plus les femmes de nous recaler dans la rue (le voilà le rapport avec SpikeSeduction).
C’est la première fois que je fais un article sur le forum, et j’espère recueillir vos avis. Vos avis quant au sujet sont aussi les bienvenus.
L'article : [url]http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3246.html[/url]
[size=150]Un peu de théorie pour mieux comprendre :[/size]
Les sciences du langage nous apprennent à ce propos une chose essentielle : La langue, comme le mentionne l'article, est la manière la plus courante de dire le réel. La plus courante car il existe de nombreux langages, que nous utilisons chaque jour sans véritablement s'en rendre compte.
A ce titre, la langue orale, écrite, les arts, ainsi que les signes (notre cher doigt d'honneur, le fait de lever la main en classe) sont des signes interprétables dans une culture et dans un contexte donné. Ils sont donc des langages. Et l’interprétation sera différente selon le contexte. Pour donner l’exemple de ce cher Wikipédia, lever la main n’aura pas la même signification selon si l’on est dans une salle de classe, ou si c’est pour faire signe au chauffeur de bus de s’arrêter.
Les langages précédemment cités ne décrivent cependant jamais le réel dans son exactitude: ils mentent. En effet, tout langage est une sublimation (ou une représentation inexacte) du réel. En effet, comme le précisait Rousseau (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les Hommes), lorsque quelqu'un nous parle d'un arbre précis, la représentation (l'image) qui nous viendra à l'esprit sera inexacte, puisque la description sera forcément empreinte de défauts. De la même manière, Aragon écrivait (pas du nom du livre) que lorsqu'il peignait un arbre (car il peignait aussi le bougre), il ne le représentait pas tel qu'il était, mais tel qu'il le voyait. Il exprimait donc sa subjectivité dans sa peinture.
En fait, il y a plusieurs déformations de la réalité :
-Celle par laquelle l’émetteur déforme la réalité (il a été influencé par sa subjectivité en la percevant, et il ne représente pas la réalité de manière véritable).
-L’interprétation du récepteur : on s’écarte encore de la réalité, puisque ce dernier va encore interpréter et déformer ce que l’émetteur lui transmet.
[size=150]Revenons à nos moutons : [/size]
C'est donc sur ce principe de la sublimation du réel que se basent de nombreuses linguistes (oui, il s'agit souvent de femmes). Elles affirment qu’enseigner la règle de l’accord masculin à l’école crée une symbolique qui empreint notre culture : celle de l’homme dominant la femme.
Cette règle grammaticale vieille comme le monde n’a pas empêché l’évolution des mentalités au 19ème siècle, l’indépendance des femmes, le droit de vote… et n’empêche pas non plus les femmes de nous recaler dans la rue (le voilà le rapport avec SpikeSeduction).
C’est la première fois que je fais un article sur le forum, et j’espère recueillir vos avis. Vos avis quant au sujet sont aussi les bienvenus.