- Jeu Avr 12, 2007 11:19 am
#5041
"Le Francais dans tous les sens" d'Henriette Walter
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Le passe simple, c'est trop compliqueAujourd'hui, les formes comme vous aimates, nous cousimes ou vous resolutes sont devenues des curiosités qui ne se rencontrent que sous formes écrites, avec le plus souvent une intention ludique et caricaturale. Dans la langue littéraire, certaines formes du passe simple se rencontrent encore, mais uniquement dans les récits, et en général seulement a la troisième personne : on trouve il vécût, ils vécurent mais rarement nous vecumes, vous vecutes.
Pour la langue parlée, on ne sait pas exactement a quelle époque les formes du passe simple ont commence a être éliminées. [...] Dans la crainte de se tromper ou de ne pas retrouver immédiatement les formes correctes pour des verbes d'usage courant comme retenir, s'enfuir, bouillir, résoudre, distraire ou promouvoir, on pris l'habitude de donner la préférence au passe composee. Le danger n'est pas illusoire. Parmi beaucoup d'autres, des barbarismes du genre "ils s'enfuyaient" ou "il dissolva" ont été relevés dans des textes écrits et publies, "ils conquirirent" a été entendu a la radio.
Et les nostalgiques amateurs de ces périlleux passes simples qui rappellent les bons auteurs classique ( " Vous mourutes aux bords ou vous futes laissée ") trouveront probablement que c'est un comble que ce soit pour cause de complication excessive que ce passe dit simple soit condamné a disparaître.
Mais plus encore que le passe simple, c'est l'imparfait du subjonctif qui va tres tot se raréfier dans la conversation.
" J'eusse été fâché que vous m'imputassiez cette connerie ! "[...] L'élimination de l'imparfait du subjonctif commencée au début du XVIIe siècle, semble avoir gagne Paris a la fin du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, on cherche a l'éviter pour des raisons d'euphonie ( Harmonie de sons dans une phrase, un mot ) et, au mépris de la concordance des temps, on le remplace par le présent : au lieu de " je voulais que nous nous comprissions et que vous m'aimassiez", on préfère souvent " je voulais que nous nous comprenions et que vous m'aimiez"
Il est pourtant de fins lettrés qui tiennent a l'employer, mais qui feraient mieux, eux aussi, de s'abstenir car, une fois sur deux, ils l'emploient a tort. L'imparfait du subjonctif devient alors, au XXeme siècle, l'ornement superflu qui, se voulant révélateur d'une culture raffinée, n'est bien souvent que l'indice d'une connaissance lacunaire de la norme
Décrire, c'est comprendre. (proverbe indien)