Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

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By Maurice
#148489 Force est de reconnaître que je suis bien d'accord avec la plupart de vos développements... et avec tout ce que vous pouvez dire sur les psys et leurs étudiant(es). Votre expérience rejoint la mienne.

(Un des premières épidémies psys, les hystériques de Charcot... des pauvres femmes payées pour faire un numéro en amphi).

Je me souviens de la première psychologue que j'ai jamais vue... j'avais jamais vu une personne aussi déprimée de toute ma vie. :D

Ce processus par lequel on s'imagine correspondre à un cas clinique, s'appelle la suggestion, je crois. Freud pensait en être prémuni par sa science des associations libres, mais Karl Popper avait montré que tout ça c'était du n'importe quoi; et les recherches ont montré que Freud suggérait bien à ses patients d'associer leurs données pour aller dans la direction où il voulait aller (le complexe d'Oedipe).

C'est sur la suggestion que prospèrent les sectes d'ailleurs - mais parfois on se demande effectivement s'il n'y a pas des sectes psys...
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By Rafaël
#148490 L'âme noble, selon Nietzsche :

[quote]
quelque chose qui ne se laisse ni chercher, et encore moins trouver, et qui peut-être ne se laisse pas perdre non plus.
(Nietzsche)
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By ornitorink
#148492 Maurice pour avoir travaillé un certain temps avec des autistes, et même si je ne t'ai jamais rencontré, je suis sur à 99% que tu n'as pas le syndrome Asperger. Si tu étais autiste, ce n'est pas à 40 ans qu'on t'aurais fait un diagnostic (surtout que le diagnostic c'est toi qui le fait, donc il n'a aucune valeur ni aucune crédibilité). Ne porte pas d’intérêt à ces conneries de test sur internet.
L'autisme est un dysfonctionnement des interactions sociales (incapacité à communiquer avec quiconque, ou en tout cas le fait de le faire peut provoquer des angoisses terribles), des troubles de la communication, des comportements répétitifs (je connaissais un gamin qui ne pouvait pas s'empêcher de sucer son index, c'était tellement compulsif qu'il était arrivé jusqu'à la chair).
Ne le prends pas mal mais tu n'as pas du voir souvent d'autistes à mon avis.
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By pantin
#148493 je me sens un peu obligé de répondre et faire plusieurs observations, car moi c'est mon métier depuis 10 ans.

- le métier est en soi générateur de polémiques et clivant (la preuve ici même) à l'intérieur (les guerres théoriques) comme à l'extérieur (plus en tous cas que plaquiste, boulanger ou carrossier)
-tout le monde se croit autorisé d'avoir un avis car tout le monde a un psychisme et un cerveau (?)
-la formation est hétéroclite mais néanmoins sélective (5% des étudiantes de 1er année finiront le cursus) mais effectivement il y a des masters (psychologie interculturelle par exemple) où on te laisse rentrer à 12 alors que d'autres c'est 16.
-Je souscris au fait que beaucoup de psys (le choix de métier étant un aveu autobiographique) sont parfois, souvent des gens déséquilibrés à la base qui ont eu l'aptitude cognitive de rationaliser leur mal-être et d'en faire un diplôme, et je n'en fréquente que très peu dans la vie
-c'est un métier féminisé avec toutes les conséquences que cela engendre. J'étais partiellement (volontairement souvent ostracisé) car je n'ai assisté qu'à 10% des cours du master 2 (en ayant fait le tour). Il y en a trop sur le marché tout simplement et ce n'est pas assez criblé.
-j'ai beaucoup plus appris auprès des psychiatres sur le terrain avec de vrais malades qu'à la fac
-il m'a fallu 10 ans pour comprendre totalement et discerner certaines notions
-Il y a des enjeux financiers et d'intérêt corporatistes (psychanalyse dominante en France et en Argentine exclusivement pourquoi?) et des intérêts de lobby pharmaceutiques énormes (une injection retard de Risperdal (neuroleptique) c'est 400 euros!)


Il n'empêche que:

-certains pros déboitent méchamment et sont capables de voir, de prédire et d'expliquer un processus magistralement
-ils sont rares
-l'auto diagnostic ne marche pas surtout que les vrais outils d'évaluation ne sont pas accessibles directement et valent cher (pour info je suis une formation actuellement en formation MMPi 2, outil assez incontestable pour qui le connait, le logiciel c'est 800 euros et la formation 900 euros)
-il y a des vrais malades psychiques authentiques (qui doivent avoir un traitement) mais encore faut il savoir lire et décoder une sémiologie et des récurrences pour dire un tant soit peu quelque chose de valide
-il y a des tartes à la crème du moment: l'étiquetage bipolaire des gens que je rencontre est effectivement à géométrie variable et recouvre parfois plus des structures psychopathiques que des troubles de la régulation de l'humeur


Pour finir sur une anecdote, j'ai du recruter une nouvelle collègue pour 3 mois l'année passée, sur 80 candidatures, je n'en ai retenu que 6 et sur ces 6, aucune n'était capable de m'expliquer brièvement le concept de dissociation schizophrénique. (c'est comme demander à un plombier ce qu'est une clef de 12).

Il faut distinguer le bon grain de l'ivraie (rassurez vous, vous avez cela avec les médecins aussi (en moins fort car plus sélectif et les conséquences se font tout de suite sentir), c'est ce que j'ai fini par comprendre en interne.


C'est pour l'avis dissonnant. :)
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By Ventel
#148495 Ce qui est marrant, c'est que les gens qui ont posté sur ce thread dévoilent plus leur "dédain" pour les domaines d'activité de la psychologie en omettant de traiter sérieusement le problème proposé : le syndrome de l'Asperger.
Vous vous comportez comme des homéopathes qui iraient casser du sucre sur le dos de la médecine traditionnelle lorsqu'on leur demande leur avis sur les maux de dos.

Superpepette a été diagnostiquée Asperger à 27 ans.
Elle dit aussi qu'il y a une myriade de faux positifs.
Son but n'est pas de faire parler d'elle ou d'être une victime, mais plutôt de briser les fausses idées et de rassembler des aspergers ; car certains aspergers peuvent être des gens "plus ou moins" normaux. Ne confondez pas tout. L'étiquette du jeune autiste totalement déconnecté du monde, il faudrait la mettre à la poubelle.
D'ailleurs, on voit bien dans son mode d'expression et dans ses réactions qu'elle a un mode de fonctionnement assez systémique qui rationalise tout sans faire preuve d'une seule once d'émotion. C'est assez évocateur.

Oui les tests sont souvent faussés. Oui il faut se méfier.
Mais quand même. Si vous remarquez dans votre vie qu'il y a des attitudes/des comportements récurrents qui font de vous quelqu'un d’associable, de mis en retrait, ou de très systémique... Il faudrait quand même pas se leurrer...
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By S.Mimura
#148496 Si je peux me permettre, par-delà la véracité du trouble, ce qui est vivement critiqué c'est surtout l'attitude.
Avec l'émergence de myriades de maladies psycho-qqchose ces dernières années, est arrivé toute cette population qui, à la moindre évocation du moindre trouble, se retrouve à se cacher derrière "c'est pas ma faute, c'est par ce que je suis malade" à la moindre difficulté, et ne fait aucun effort pour rien.

Cette vidéo, par exemple, fait pas mal relativiser les excuses, même réelles, que l'on pourrait être amener à donner pour justifier son échec :

http://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your ... ho_you_are
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By pantin
#148497 [quote="S.Mimura"]Si je peux me permettre, par-delà la véracité du trouble, ce qui est vivement critiqué c'est surtout l'attitude.
Avec l'émergence de myriades de maladies psycho-qqchose ces dernières années, est arrivé toute cette population qui, à la moindre évocation du moindre trouble, se retrouve à se cacher derrière "c'est pas ma faute, c'est par ce que je suis malade" à la moindre difficulté, et ne fait aucun effort pour rien.

Cette vidéo, par exemple, fait pas mal relativiser les excuses, même réelles, que l'on pourrait être amener à donner pour justifier son échec :

http://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your ... ho_you_are

On en reparlera, si un jour tu fais un authentique syndrome dépressif :mrgreen:

Essayes de parler de ce que tu connais s'il te plait, merci.
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By Stéphane
#148498 [quote="S.Mimura"]Si je peux me permettre, par-delà la véracité du trouble, ce qui est vivement critiqué c'est surtout l'attitude.
Avec l'émergence de myriades de maladies psycho-qqchose ces dernières années, est arrivé toute cette population qui, à la moindre évocation du moindre trouble, se retrouve à se cacher derrière "c'est pas ma faute, c'est par ce que je suis malade" à la moindre difficulté, et ne fait aucun effort pour rien.

Cette vidéo, par exemple, fait pas mal relativiser les excuses, même réelles, que l'on pourrait être amener à donner pour justifier son échec :

http://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your ... ho_you_are
Une fois n'est pas coutume, je suis plutôt d'accord avec le Mimura (et c'est rare)

La meuf de la vidéo, si je lui offre 1.000.000 $ en cash pour se comporter normalement pendant 1 demi-journée, sans faire référence à son syndrome de machin-chose, je n'ai pas grand doute sur le fait qu'elle va le faire...
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By pantin
#148499 oui, tu y arriverais toutes les approches éducatives récentes et efficiences se base sur du renforcement comportemental (ABA).

Dans le même genre, j'avais en hôpital un patient délirant et agressif qui ne voulait pas sortir de mon bureau, j'ai appelé la sécurité (2 molosses de 1,95, 120 kg), il s'est d'un coup vite calmé. je sais pas pourquoi
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By S.Mimura
#148501 [quote="pantin"][quote="S.Mimura"]Si je peux me permettre, par-delà la véracité du trouble, ce qui est vivement critiqué c'est surtout l'attitude.
Avec l'émergence de myriades de maladies psycho-qqchose ces dernières années, est arrivé toute cette population qui, à la moindre évocation du moindre trouble, se retrouve à se cacher derrière "c'est pas ma faute, c'est par ce que je suis malade" à la moindre difficulté, et ne fait aucun effort pour rien.

Cette vidéo, par exemple, fait pas mal relativiser les excuses, même réelles, que l'on pourrait être amener à donner pour justifier son échec :

http://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your ... ho_you_are

On en reparlera, si un jour tu fais un authentique syndrome dépressif :mrgreen:

Essayes de parler de ce que tu connais s'il te plait, merci.

Il ne me semble pas avoir écrit oú que ce soit que la totalité des dépressifs étaient des fraudes.
En fait, je ne pensais pas aux dépressifs du tout en écrivant mon message.
By Pascin
#148504 Essayons de proposer un autre angle. Maurice se sent de se diagnostiquer Asperger. Pourquoi pas, après tout, c'est que ça lui évoque quelque chose de son comportement, que ce soit dans les tendances a la systématisation ou dans les difficultés relationnelles. (Tu m'excuseras Maurice, je n'ai pas lu le sujet ou l'idée est née, je caricature donc, voire même suis peut être a côté sur les raisons qui t'ont amené a ça. Je plaque un peu le cas d'un ami.)

Asperger donc. Surdoué et donc en difficulté vis a vis de la lenteur des autres. C'est une étiquette comme une autre, ça aide a vivre autant que ça encombre. Il n'est pas étonnant que les membres du forum aient rapidement saisi en quoi l'étiquette pouvait être un cache misère assez simple. Je suis plus étonné que personne n'en ai relèvé le versant positif, de ce genre d'étiquette. Ça a une valeur double : déjà se dire qu'on est au dessus de la masse, ça a valeur d'élection. Pourquoi pas après, tout, ça aide a vivre, c'est un peu moins productif que de se dire que soi on a du goût, ou des connaissances pointues dans un domaine, mais enfin. De deux, ça clôture un un peu l'angoisse du rapport a l'autre, la blessure de se sentir différent (commune a tous, chacun gère comme il peut ensuite), les dix milles questions anxieuses qui surgissent de cette différence. Pas toujours simple a vivre. La au moins, les questions se closent d'elles même. La faute a Asperger. Ça aide donc a moins se prendre la tête, a consacrer de l'énergie a des choses plus intéressantes, avec un peu de chance.

Bref, qu'il le soit ou non, poser la question a deja une dynamique qui lui est propre. A charge ensuite de ne pas tomber dans la complaisance de s'être étiqueté. Chacun a ses difficultés, elles ne doivent pas devenir des excuses (et la je vous rejoint tous.)
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By Maurice
#148515 Bilan de lecture : c'est l'un des fils les plus riches que j'ai jamais lus ! Merci à tous pour vos éclairages divers sur ma "lubie" du moment !

@ Ventel, lis bien tout ce qui est dit ici... Cette fille est peut-être une vraie, mais elle est en phase lubie qui fait qu'elle se rétrécit son univers avec ça (même si ça peut lui être utile comme phase de son existence, ça, on ne peut pas juger). C'est particulièrement vrai sur son blog. Le gros danger, même en étant diagnostiqué, c'est de ce réduire à ce mot qui finit par être insuportable à force d'être répété.

Un peu d'art ?

[img]http://www.impressionism-art.org/data/media/130/manet-edouard-39.JPG[/img]

D'ailleurs, c'est bientôt la saison !
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By animal
#148517 Il y a plein de gens qui ont un handicap et ne se laissent pas définir par ce handicap, c'est en général ceux qui réussissent le mieux. C'est comme la différence entre ne pas être particulièrement grand et se sentir petit: deux de mes potes font la même taille, l'un je vais te dire qu'il est petit, l'autre ça ne m'a jamais traversé l'esprit, parce qu'il ne l'a jamais vécu comme ça.
By Verrochio
#148518 Pour avoir fréquenté quelques cas atteints de maladies mentales réelles ou prétendues, j'ai tendance à distinguer non pas deux mais trois cas de figures :

- le vrai psychotique, dangereux pour lui et pour les autres et dont le logiciel est structurellement bousillé. Celui là souffre vraiment et doit se battre très longtemps, souvent en vain, pour retrouver une vie saine.

- le névrotique qui se conforte dans l'idée qu'il est malade et que ce n'est pas sa faute : l'anxieux social par exemple, ou toute personne qui connaît un niveau élevé de manque d'estime de soi, de timidité ou de difficulté à interagir ou à se concentrer. Généralement des cas sincères, mais pas des malades.

- l'authentique connard qui est bien content qu'un psy ait voulu un jour se faire un nom en inventant un terme clinique pour son manque de scrupules. L'exemple type est le pervers-narcissique : il n'entre pas dans le premier cas de figure car il ne souffre pas, sinon des conséquences de ses actes, ni dans le second car il est d'une mauvaise foi à toute épreuve.

Je ne pense pas que l'intellectualisation pessimiste ou le fait de se retrouver démuni devant la médiocrité ou l'imperfection des gens et des choses relève d'une maladie ou d'un syndrome quelconque.

Message inspiré de ce que j'ai pu observer : je ne prétends pas qu'il soit exhaustif ou même totalement exact.
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By Ventel
#148521 Oui je comprends où vous voulez en venir.
Il faut vivre dans le monde avec une logique combative (ou non résignée).
Merci Animal et Maurice.

Il n'y a rien de pire que de s'enliser avec une maladie (qu'on pense acquise) et de justifier nos déboires, nos faiblesses et notre oisiveté en se servant de la sacro-sainte symptomatologie de ladite affection — souvent vue comme étant tout immanente et omnipotente par le sujet qui préfère aller vers la facilité.

Tout est donc une question de volonté, d’efforts et d'une bonne connaissance de soi.
Ne pas être la victime du quotidien, des autres, de sa conscience parfois paresseuse, et de l'ordre, pendant tout le temps qu'il nous reste à vivre, est un combat qui vaut la peine d'être mené (du moins pour celui qui préfère conserver le glaive en main plutôt que de garder la tête sur l'oreiller).