- Mar Déc 28, 2010 3:52 pm
#103658
[size=200]Comment apprendre une langue ?[/size]
Ce petit article (mon premier !) a pour but de vous faire profiter de quelques réflexions sur comment apprendre efficacement une langue. En effet, depuis j’ai commencé à apprendre le russe il y a trois ans, j’ai beaucoup tâtonné d’une méthode à l’autre et donc perdu du temps inutilement. J’ai vu plusieurs posts sur le forum de personnes cherchant à apprendre une langue ou à partir à l’étranger, je me suis dit qu'un petit retour d'expérience pourrait être utile.
Arrêtons-nous tout d’abord sur ce que j’entends par apprendre une langue. Il ne s’agit pas de faire le minimum d’efforts pour obtenir 10/20 à l’interro de votre prof d’anglais de 6ème. Pour moi, apprendre une langue consiste à la connaître suffisamment pour pouvoir comprendre et vous faire comprendre sans trop de difficultés dans cette langue, ce qui vous permettra ensuite de vivre dans le ou les pays concernés, et de décider d’aller plus loin dans l’apprentissage. Ceci demande nettement plus de motivation, et un peu de méthode pour ne pas gaspiller son énergie.
[color=blue][size=150]I - Un peu de théorie[/size][/color]
L’apprentissage d’une langue peut se décomposer selon moi en trois étapes :
- la première étape, la découverte et la familiarisation avec les bases de la langue,
- la deuxième étape, une progression rapide similaire à l’explosion du langage chez l’enfant entre deux et trois ans. La progression est plus rapide qu’au début car la personne parle plus et apprend à penser dans la langue qu’elle apprend,
- la troisième étape est la consolidation et l’apprentissage plus poussé des règles qui structurent la langue. La progression est moins rapide, les progrès étant plus au niveau qualitatif.
Si je résume avec un petit graphe, ça donne à peu près ça. Le passage de l’étape 1 à l’étape 2 (point A) se fait quand la personne fait l’effort de commencer à parler dans la langue. Certains sites/personnes vous diront que le simple fait de partir à l’étranger suffit. Je prétends que c’est faux, pour avoir rencontré suffisamment d’expatriés qui vivent dans un pays depuis 5-10 ans et ne parlent pas la langue de ce pays. Comme pour toute discipline, une personne peut rester indéfiniment dans à la première étape si elle se contente d’engranger des connaissances sans faire l’effort de pratiquer. Le passage de l’étape 2 à 3 (point B) est plus un choix personnel résultant d’une volonté d’aller plus loin dans la maitrise de la langue.
[img]http://img89.imageshack.us/img89/8416/applng.gif[/img]
Remarque : Après avoir fini d’écrire cet article, je me rends compte que la structure en trois étapes peut paraître très (trop) segmentée. Dans la réalité, les trois phases décrites ci-dessous se chevauchent plus ou moins suivant les personnes.
[color=blue][size=150]II – Et en pratique ?[/size][/color]
[color=red][size=150]Phase 1 : familiarisation[/size][/color]
La première phase consiste à découvrir la langue, afin d’arriver à vous sentir suffisamment confiant dans votre niveau pour commencer à faire vos premières phrases, essayer de comprendre les réponses et interagir (atteindre le point A sur le graphe). Vous pouvez commencer seul et donc avant votre départ dans le pays visé.
Attention aux fausses excuses telles que celle-ci, entendue cet été : « tant que je ne maitrise pas bien la grammaire russe, ça ne sert à rien que j’essaie de parler ». Après deux mois de cours, la personne en question ne sortait toujours pas une seule phrase…
Deux axes de travail principaux :
- vous faire l’oreille,
- apprendre les mots et règles de bases
1) Vous faire l’oreille
Chaque langue a une musicalité différente des autres. Il vous faut donc commencer à familiariser votre oreille avec cette langue, surtout si cette dernière est très différente de votre langue maternelle (par exemple pour les français, les langues très accentuées, i.e. celles pour lesquelles la position et le type d’accent ont une influence sur le sens, comme le chinois, sont difficiles à appréhender de ce point de vue).
Pour cela, il n’y a pas 10000 solutions, il faut écouter, écouter et écouter encore des personnes qui parlent la langue. Laissez la télé/radio allumée en fond sonore quand vous êtes chez vous, ce sera déjà un bon début. Privilégiez les séries ou les talk show par rapport à la musique (la voix est souvent difficilement audible) ou aux journaux télé (débit trop rapide pour débuter). N’utilisez pas que les méthodes vendues dans le commerce (j’y reviens après), car dans la plupart des méthodes, les dialogues sont volontairement lents pour vous permettre de bien saisir les mots, et ne reflètent pas la réalité. Si vous n’utilisez que ces dialogues, vous parlerez très lentement quand vous commencerez à parler.
Au début, vous aurez l’impression de ne rien comprendre, d’être face à une sortie de litanie inaudible. C’est normal ! Petit à petit, vous commencerez :
- à identifier les débuts et fin de phrase,
- à distinguer les différents mots qui composent une même phrase,
Au fur et à mesure de votre apprentissage, vous saurez :
- reconnaître les types de mots (adjectif, verbe, nom) même si vous ne connaissez pas leur sens,
- reconnaître l’emploi des mots, par leurs déclinaisons/conjugaisons, toujours sans forcément comprendre la globalité
2) Apprendre les mots et règles de base
Pour débuter, il vaut mieux se contenter de peu d’outils bien choisis plutôt que d’investir dans de multiples livres/méthodes/cours que vous délaisserez rapidement. Je vois trois outils principaux :
- [url=http://en.wikipedia.org/wiki/Pimsleur_language_learning_system]la méthode PIMSLEUR[/url]
- une liste des mots les plus utilisés dans la langue que vous apprenez
- un guide de conversation de poche (oui oui, le truc pour touriste)
La méthode PIMSLEUR comporte deux avantages considérables sur la plupart des autres méthodes que j’ai pu rencontrer, qui sont :
- de n’utiliser que l’audio, à savoir des leçons courtes (30 minutes environ) que vous pouvez donc facilement emporter avec vous et utiliser quand vous avez un moment disponible, comme dans les transports par exemple,
- d’utiliser la [url=http://en.wikipedia.org/wiki/Spaced_repetition]méthode d’apprentissage par répétition[/url], qui vous permet de mémoriser sans trop d’efforts les mots de base car elle vous stimule périodiquement en vous demandant de réutiliser des mots que vous avez appris auparavant.
Les autres méthodes (ASSIMIL notamment) vous forcent à retenir dès les deux/trois premières leçons un grand nombre de mots et de règles de grammaire et les considèrent acquis par la suite. De plus, ils sont souvent mal traduits, voir contiennent des raccourcis ou des contresens dans les points de grammaire dont vous aurez bien du mal à vous défaire une fois les avoir appris. Attendez d’être installé dans le pays et demander à votre prof de vous conseiller un livre (voir la phase 2).
Le seul petit inconvénient de la méthode PIMSLEUR est que toutes les langues (hormis la méthode pour apprendre l’anglais) s’apprennent à partir de l’anglais, c'est-à-dire qu’il faut parler suffisamment anglais pour comprendre les consignes. En même temps, si vous ne parlez pas anglais aujourd’hui, autant commencer par cette langue…
Enfin, si vous êtes plus visuel qu’auditif (ce qui est mon cas), je vous conseille quand même cette méthode, mais en parallèle, prenez de temps en temps un dictionnaire et regardez comment s’écrivent les mots que vous être en train d’apprendre.
La liste des mots a pour but de vous donner une base de travail de mots à apprendre. Au début, contentez vous des 100 premiers, puis 200…
Ca peut vous sembler très léger, mais regardez cette [url=http://media.eduscol.education.fr/file/ecole/20/6/liste-mots-par-frequence_115206.pdf]liste des mots les plus utilisés en français[/url]. Rien qu’avec les mots de la première page, vous constaterez qu’on peut déjà se débrouiller.
Le guide de conversation est davantage utile quand vous arrivez dans le pays, pour vous aider à trouver les mots qui vous manquent dans la vie de tous les jours, et faire des phrases en utilisant les structures apprises à l’aide de la méthode PIMSLEUR. Inutile de passer trop de temps à lire la grammaire présente dans ce genre de guide, qui comprend beaucoup d’approximations et de raccourcis (ou alors faites le en sachant que ce que vous apprenez peut être faux).
[color=red][size=150]Phase 2 : Progression[/size][/color]
Vous avez surmonté votre appréhension et commencez à parler. Votre objectif est désormais de parler le plus possible. La grammaire viendra plus tard. Si vous voulez vraiment progresser, il devient nécessaire de passer du temps en immersion. C’est le moment pour aller passer quelques semaines/mois à l’étranger.
A ce stade, il vous faut donc identifier les bonnes personnes qui vous permettront de pratiquer, à savoir un professeur particulier et des native speakers prêts à vous aider.
1) Un professeur particulier
Dans cette phase, la vitesse de progression d’une personne à l’autre est très variable et donc prendre des cours collectifs ne présentent pas forcément un intérêt énorme, d’autant plus que plus vous êtes nombreux, moins le professeur a de disponibilité pour vous faire parler et/ou répondre à vos questions. Inutile pour l’instant de prendre un professeur ayant 15 d’expérience ou de passer par un institut de langue, qui vous couteront chers. Un(e) étudiant(e) en dernière année de l’université de langue locale sera certainement à même de vous aider, d’autant plus si il/elle cherche à pratiquer son français.
Pour le/la trouver, quelques coups de fil à l’alliance française ou l’université de langues étrangères de votre ville devraient suffire.
2) Des native speakers disponibles et ayant un intérêt à vous aider
Pour cela, il faut trouver des personnes qui ont le temps de vous consacrer une heure ou deux, et qui sont prêtes à vous écouter galérer pour faire vos premières phrases, ainsi qu’à vous corriger. Au final, il est assez facile d’en trouver quand vous êtes à l’étranger, ce sont les personnes qui apprennent votre langue maternelle, et qui vous aideront pour peu que vous les aidiez en retour.
On pourrait penser qu’il suffit d’aller dans un bar et d’essayer de parler aux gens dans leur langue. Au final, il s’avère que c’est assez peu productif, les gens n’ayant pas forcément envie de passer deux heures à discuter avec ce type bizarre qui essaie de leur parler dans leur langue, surtout si le niveau de décibels est élevé. Dans ce genre d’endroits, il vaut mieux parler en français/anglais, vous susciterez plus d’intérêt. En plus, même si la personne ne comprend pas, il y aura toujours quelqu’un pour traduire
Comme possibilités, vous avez donc, dans l’ordre d’efficacité :
- les mêmes solutions que pour trouver un prof. Vous pouvez également aller trouver un prof de français à l’université et demander si certains élèves sont intéressés
- les petites annonces : regardez les journaux en langue anglaise dans le pays où vous vous trouvez, il y a souvent une rubrique annonces linguistiques.
- les forums d’expats français/anglais dans le pays où vous vous trouvez.
- les sites spécialisés (par exemple [url=http://www.polyglotclub.com]Polyglotclub.com[/url]) qui organise fréquemment des événements gratuits où vous pouvez parler la langue de votre choix (c’est la solution à privilégier tant que vous êtes en France !).
- les réseaux sociaux (Facebook bien sûr, mais surtout les équivalents locaux : [url=http://www.renren.com]Renren[/url] en Chine, [url=http://www.vkontakte.ru]VKontakte[/url] en Russie/CEI) : il y a souvent des groupes « J’aime le français »
Inutile de lancer cinquante annonces, car vous n’aurez de toute façon pas le temps de répondre à tout le monde. Si vous trouvez 4/5 personnes disposées à vous consacrer une heure ou deux chaque semaine, ce sera déjà suffisant.
A l’issue de cette deuxième phase, vous disposez d’un niveau correct qui vous permet de discuter en tête à tête avec un native speaker. Cela peut prendre plus ou moins longtemps suivant les personnes. Pour ma part, j’ai mis environ 9 mois en partant de zéro pour arriver à ce stade en russe (3 mois dans la première phase et 6 mois dans la deuxième). A mon retour en France, j’ai pu passer avec succès un entretien d’embauche comportant une partie en russe.
[color=red][size=150]Phase 3 : Consolidation[/size][/color]
Je détaille un peu moins cette phase, n’ayant pas encore beaucoup de recul. Arrivé à ce niveau, il vous reste à :
- enrichir votre vocabulaire,
- améliorer votre niveau de grammaire.
Vous commencez à affiner votre connaissance de la langue et à vous posez des questions un peu pointues. Pour y répondre, c’est là qu’avoir recours à une personne expérimenté dans l’enseignement à des étudiants étrangers (idéalement français) fait sens, car elle comprendra mieux pourquoi vous faites tel type de faute. Cela peut être fait en cours collectif, car le niveau des étudiants et leur progression est plus homogène.
Voilà pour ce premier article. Il est un peu long, mais j’espère qu’il vous a plu. J’ai volontairement exclu toute revue détaillée des diverses méthodes/programmes/organismes de cours (à part PIMSLEUR), je ferai un article complémentaire si certains le souhaitent. D’ici là, je suis preneur de tous vos commentaires. Par ailleurs, si certains veulent des conseils pour apprendre le russe ou partir à l’étranger, n’hésitez pas à m’envoyer un MP.
Ce petit article (mon premier !) a pour but de vous faire profiter de quelques réflexions sur comment apprendre efficacement une langue. En effet, depuis j’ai commencé à apprendre le russe il y a trois ans, j’ai beaucoup tâtonné d’une méthode à l’autre et donc perdu du temps inutilement. J’ai vu plusieurs posts sur le forum de personnes cherchant à apprendre une langue ou à partir à l’étranger, je me suis dit qu'un petit retour d'expérience pourrait être utile.
Arrêtons-nous tout d’abord sur ce que j’entends par apprendre une langue. Il ne s’agit pas de faire le minimum d’efforts pour obtenir 10/20 à l’interro de votre prof d’anglais de 6ème. Pour moi, apprendre une langue consiste à la connaître suffisamment pour pouvoir comprendre et vous faire comprendre sans trop de difficultés dans cette langue, ce qui vous permettra ensuite de vivre dans le ou les pays concernés, et de décider d’aller plus loin dans l’apprentissage. Ceci demande nettement plus de motivation, et un peu de méthode pour ne pas gaspiller son énergie.
[color=blue][size=150]I - Un peu de théorie[/size][/color]
L’apprentissage d’une langue peut se décomposer selon moi en trois étapes :
- la première étape, la découverte et la familiarisation avec les bases de la langue,
- la deuxième étape, une progression rapide similaire à l’explosion du langage chez l’enfant entre deux et trois ans. La progression est plus rapide qu’au début car la personne parle plus et apprend à penser dans la langue qu’elle apprend,
- la troisième étape est la consolidation et l’apprentissage plus poussé des règles qui structurent la langue. La progression est moins rapide, les progrès étant plus au niveau qualitatif.
Si je résume avec un petit graphe, ça donne à peu près ça. Le passage de l’étape 1 à l’étape 2 (point A) se fait quand la personne fait l’effort de commencer à parler dans la langue. Certains sites/personnes vous diront que le simple fait de partir à l’étranger suffit. Je prétends que c’est faux, pour avoir rencontré suffisamment d’expatriés qui vivent dans un pays depuis 5-10 ans et ne parlent pas la langue de ce pays. Comme pour toute discipline, une personne peut rester indéfiniment dans à la première étape si elle se contente d’engranger des connaissances sans faire l’effort de pratiquer. Le passage de l’étape 2 à 3 (point B) est plus un choix personnel résultant d’une volonté d’aller plus loin dans la maitrise de la langue.
[img]http://img89.imageshack.us/img89/8416/applng.gif[/img]
Remarque : Après avoir fini d’écrire cet article, je me rends compte que la structure en trois étapes peut paraître très (trop) segmentée. Dans la réalité, les trois phases décrites ci-dessous se chevauchent plus ou moins suivant les personnes.
[color=blue][size=150]II – Et en pratique ?[/size][/color]
[color=red][size=150]Phase 1 : familiarisation[/size][/color]
La première phase consiste à découvrir la langue, afin d’arriver à vous sentir suffisamment confiant dans votre niveau pour commencer à faire vos premières phrases, essayer de comprendre les réponses et interagir (atteindre le point A sur le graphe). Vous pouvez commencer seul et donc avant votre départ dans le pays visé.
Attention aux fausses excuses telles que celle-ci, entendue cet été : « tant que je ne maitrise pas bien la grammaire russe, ça ne sert à rien que j’essaie de parler ». Après deux mois de cours, la personne en question ne sortait toujours pas une seule phrase…
Deux axes de travail principaux :
- vous faire l’oreille,
- apprendre les mots et règles de bases
1) Vous faire l’oreille
Chaque langue a une musicalité différente des autres. Il vous faut donc commencer à familiariser votre oreille avec cette langue, surtout si cette dernière est très différente de votre langue maternelle (par exemple pour les français, les langues très accentuées, i.e. celles pour lesquelles la position et le type d’accent ont une influence sur le sens, comme le chinois, sont difficiles à appréhender de ce point de vue).
Pour cela, il n’y a pas 10000 solutions, il faut écouter, écouter et écouter encore des personnes qui parlent la langue. Laissez la télé/radio allumée en fond sonore quand vous êtes chez vous, ce sera déjà un bon début. Privilégiez les séries ou les talk show par rapport à la musique (la voix est souvent difficilement audible) ou aux journaux télé (débit trop rapide pour débuter). N’utilisez pas que les méthodes vendues dans le commerce (j’y reviens après), car dans la plupart des méthodes, les dialogues sont volontairement lents pour vous permettre de bien saisir les mots, et ne reflètent pas la réalité. Si vous n’utilisez que ces dialogues, vous parlerez très lentement quand vous commencerez à parler.
Au début, vous aurez l’impression de ne rien comprendre, d’être face à une sortie de litanie inaudible. C’est normal ! Petit à petit, vous commencerez :
- à identifier les débuts et fin de phrase,
- à distinguer les différents mots qui composent une même phrase,
Au fur et à mesure de votre apprentissage, vous saurez :
- reconnaître les types de mots (adjectif, verbe, nom) même si vous ne connaissez pas leur sens,
- reconnaître l’emploi des mots, par leurs déclinaisons/conjugaisons, toujours sans forcément comprendre la globalité
2) Apprendre les mots et règles de base
Pour débuter, il vaut mieux se contenter de peu d’outils bien choisis plutôt que d’investir dans de multiples livres/méthodes/cours que vous délaisserez rapidement. Je vois trois outils principaux :
- [url=http://en.wikipedia.org/wiki/Pimsleur_language_learning_system]la méthode PIMSLEUR[/url]
- une liste des mots les plus utilisés dans la langue que vous apprenez
- un guide de conversation de poche (oui oui, le truc pour touriste)
La méthode PIMSLEUR comporte deux avantages considérables sur la plupart des autres méthodes que j’ai pu rencontrer, qui sont :
- de n’utiliser que l’audio, à savoir des leçons courtes (30 minutes environ) que vous pouvez donc facilement emporter avec vous et utiliser quand vous avez un moment disponible, comme dans les transports par exemple,
- d’utiliser la [url=http://en.wikipedia.org/wiki/Spaced_repetition]méthode d’apprentissage par répétition[/url], qui vous permet de mémoriser sans trop d’efforts les mots de base car elle vous stimule périodiquement en vous demandant de réutiliser des mots que vous avez appris auparavant.
Les autres méthodes (ASSIMIL notamment) vous forcent à retenir dès les deux/trois premières leçons un grand nombre de mots et de règles de grammaire et les considèrent acquis par la suite. De plus, ils sont souvent mal traduits, voir contiennent des raccourcis ou des contresens dans les points de grammaire dont vous aurez bien du mal à vous défaire une fois les avoir appris. Attendez d’être installé dans le pays et demander à votre prof de vous conseiller un livre (voir la phase 2).
Le seul petit inconvénient de la méthode PIMSLEUR est que toutes les langues (hormis la méthode pour apprendre l’anglais) s’apprennent à partir de l’anglais, c'est-à-dire qu’il faut parler suffisamment anglais pour comprendre les consignes. En même temps, si vous ne parlez pas anglais aujourd’hui, autant commencer par cette langue…
Enfin, si vous êtes plus visuel qu’auditif (ce qui est mon cas), je vous conseille quand même cette méthode, mais en parallèle, prenez de temps en temps un dictionnaire et regardez comment s’écrivent les mots que vous être en train d’apprendre.
La liste des mots a pour but de vous donner une base de travail de mots à apprendre. Au début, contentez vous des 100 premiers, puis 200…
Ca peut vous sembler très léger, mais regardez cette [url=http://media.eduscol.education.fr/file/ecole/20/6/liste-mots-par-frequence_115206.pdf]liste des mots les plus utilisés en français[/url]. Rien qu’avec les mots de la première page, vous constaterez qu’on peut déjà se débrouiller.
Le guide de conversation est davantage utile quand vous arrivez dans le pays, pour vous aider à trouver les mots qui vous manquent dans la vie de tous les jours, et faire des phrases en utilisant les structures apprises à l’aide de la méthode PIMSLEUR. Inutile de passer trop de temps à lire la grammaire présente dans ce genre de guide, qui comprend beaucoup d’approximations et de raccourcis (ou alors faites le en sachant que ce que vous apprenez peut être faux).
[color=red][size=150]Phase 2 : Progression[/size][/color]
Vous avez surmonté votre appréhension et commencez à parler. Votre objectif est désormais de parler le plus possible. La grammaire viendra plus tard. Si vous voulez vraiment progresser, il devient nécessaire de passer du temps en immersion. C’est le moment pour aller passer quelques semaines/mois à l’étranger.
A ce stade, il vous faut donc identifier les bonnes personnes qui vous permettront de pratiquer, à savoir un professeur particulier et des native speakers prêts à vous aider.
1) Un professeur particulier
Dans cette phase, la vitesse de progression d’une personne à l’autre est très variable et donc prendre des cours collectifs ne présentent pas forcément un intérêt énorme, d’autant plus que plus vous êtes nombreux, moins le professeur a de disponibilité pour vous faire parler et/ou répondre à vos questions. Inutile pour l’instant de prendre un professeur ayant 15 d’expérience ou de passer par un institut de langue, qui vous couteront chers. Un(e) étudiant(e) en dernière année de l’université de langue locale sera certainement à même de vous aider, d’autant plus si il/elle cherche à pratiquer son français.
Pour le/la trouver, quelques coups de fil à l’alliance française ou l’université de langues étrangères de votre ville devraient suffire.
2) Des native speakers disponibles et ayant un intérêt à vous aider
Pour cela, il faut trouver des personnes qui ont le temps de vous consacrer une heure ou deux, et qui sont prêtes à vous écouter galérer pour faire vos premières phrases, ainsi qu’à vous corriger. Au final, il est assez facile d’en trouver quand vous êtes à l’étranger, ce sont les personnes qui apprennent votre langue maternelle, et qui vous aideront pour peu que vous les aidiez en retour.
On pourrait penser qu’il suffit d’aller dans un bar et d’essayer de parler aux gens dans leur langue. Au final, il s’avère que c’est assez peu productif, les gens n’ayant pas forcément envie de passer deux heures à discuter avec ce type bizarre qui essaie de leur parler dans leur langue, surtout si le niveau de décibels est élevé. Dans ce genre d’endroits, il vaut mieux parler en français/anglais, vous susciterez plus d’intérêt. En plus, même si la personne ne comprend pas, il y aura toujours quelqu’un pour traduire
Comme possibilités, vous avez donc, dans l’ordre d’efficacité :
- les mêmes solutions que pour trouver un prof. Vous pouvez également aller trouver un prof de français à l’université et demander si certains élèves sont intéressés
- les petites annonces : regardez les journaux en langue anglaise dans le pays où vous vous trouvez, il y a souvent une rubrique annonces linguistiques.
- les forums d’expats français/anglais dans le pays où vous vous trouvez.
- les sites spécialisés (par exemple [url=http://www.polyglotclub.com]Polyglotclub.com[/url]) qui organise fréquemment des événements gratuits où vous pouvez parler la langue de votre choix (c’est la solution à privilégier tant que vous êtes en France !).
- les réseaux sociaux (Facebook bien sûr, mais surtout les équivalents locaux : [url=http://www.renren.com]Renren[/url] en Chine, [url=http://www.vkontakte.ru]VKontakte[/url] en Russie/CEI) : il y a souvent des groupes « J’aime le français »
Inutile de lancer cinquante annonces, car vous n’aurez de toute façon pas le temps de répondre à tout le monde. Si vous trouvez 4/5 personnes disposées à vous consacrer une heure ou deux chaque semaine, ce sera déjà suffisant.
A l’issue de cette deuxième phase, vous disposez d’un niveau correct qui vous permet de discuter en tête à tête avec un native speaker. Cela peut prendre plus ou moins longtemps suivant les personnes. Pour ma part, j’ai mis environ 9 mois en partant de zéro pour arriver à ce stade en russe (3 mois dans la première phase et 6 mois dans la deuxième). A mon retour en France, j’ai pu passer avec succès un entretien d’embauche comportant une partie en russe.
[color=red][size=150]Phase 3 : Consolidation[/size][/color]
Je détaille un peu moins cette phase, n’ayant pas encore beaucoup de recul. Arrivé à ce niveau, il vous reste à :
- enrichir votre vocabulaire,
- améliorer votre niveau de grammaire.
Vous commencez à affiner votre connaissance de la langue et à vous posez des questions un peu pointues. Pour y répondre, c’est là qu’avoir recours à une personne expérimenté dans l’enseignement à des étudiants étrangers (idéalement français) fait sens, car elle comprendra mieux pourquoi vous faites tel type de faute. Cela peut être fait en cours collectif, car le niveau des étudiants et leur progression est plus homogène.
Voilà pour ce premier article. Il est un peu long, mais j’espère qu’il vous a plu. J’ai volontairement exclu toute revue détaillée des diverses méthodes/programmes/organismes de cours (à part PIMSLEUR), je ferai un article complémentaire si certains le souhaitent. D’ici là, je suis preneur de tous vos commentaires. Par ailleurs, si certains veulent des conseils pour apprendre le russe ou partir à l’étranger, n’hésitez pas à m’envoyer un MP.