- Mar Fév 03, 2015 6:22 pm
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L'été dernier à la Nuba, j'ai vu un groupe de Z.
Ils étaient assis par terre, en rond. Chacun avait un appareil dans les mains (portable, tablette).
Pour ceux qui connaissent, ils s'étaient installés dans la petite allée à gauche qui mène au bar, séparés des tables et de la piste de danse par les bacs à fleurs.
Personne ne parlait à personne, ils étaient juste là à jouer et regarder des vidéos chacun de leur côté.
Pour moi c'était absurde. Je suis un gros geek, mais quand je sors c'est pour parler aux gens. Pour eux ce devait être complètement naturel d'être dans un lieu public et d'avoir le nez dans leur appareils quand même.
Ca me rappelle le film "I Am A Legend": le chien de Will Smith s'échappe en pleine journée dans un immeuble (donc à l'ombre, là où les zombies se trouvent). Il le poursuit pour le récupérer (c'est le seul ami qu'il lui reste), et est donc obligé de rentrer dans l'immeuble. Dedans, il trouve un groupe de quelques zombies qui font face au mur, sans bouger, sans parler (c'est leur façon de dormir).
Dans la même veine, un collègue m'a dit que son fils de 15 ans était toujours seul, mais en fait jamais seul. Lorsqu'il fait ses devoirs, il est sur Skype avec ses amis et ils discutent en même temps. Ils s'échangent des vidéos et les regardent en même temps chacun de chez soi.
« Quelle malédiction a frappé l’Occident pour qu’au terme de son essor il ne produise que ces hommes d’affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l’on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu’en Allemagne ? Est-ce à ces dégénérés que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l’abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d’hommes. »
E. Cioran
