Vous en revenez ? Vous y partez ? Faites-nous partager votre lifestyle en voyage

Modérateurs: animal, Léo

Avatar de l’utilisateur
By lecalmar
#72663 Il y a 9 mois, j'avais promis de poster des photos de mon voyage en islande.

Je pense que personne ne s'en souvient ici,mais comme j'ai préparé ça pour des gens qui eux s'en souvenait, autant poster ça ici aussi, pour que chacun en profite.

J'éditerai au fur et à mesure que je progresse dans ma rédaction.
[size=200]
Arrivée à Keflavik[/size]

[size=150]Jour 1[/size]

L'avion avait décollé depuis plus d'une heure et il était autour
de minuit. Être plus précis m'est impossible, l'émerveillement requis
pour profiter du soleil découchant ayant réquisitionné les ressources
habituellement attribuées à ma notion du temps.

Ce privilège de luminosité ajoutait encore une élévation à celle
que nous avions au dessus de l'Atlantique Nord, encore ou déjà privée
de lumière. Cette pénombre forçait mon attention à se focaliser du
l'horizon, aussi efficacement que si elle eut à dessein, voulu me
rassurer, afin que je sache en toute confiance que le manque d'attention
que j'ai à porter aux détails n'entraverais pas l'épanouissement à
développer en naviguant sur cette île dont la texture n'a pas encore eu
le temps d'être complètement affinée par la vie.

Ce ciel parfaitement orange, à la limite d'être monochrome car
libre des atteintes que peut porter à sa pureté la proximité du sol, n'était
pas encore un paysage islandais. Il en est l'archétype: un très faible
nombre de surfaces dont la relative grossièreté est tous comptes faits
idéalement adaptée à la contemplation d'un esprit épuré et synthétique.
Ou aspirant à le devenir, ce dernier tendant constamment à adopter la
forme permettant de profiter de ce qui lui est offert.

Quand je sors de l'aéroport à une heure du matin, c'est sans
doute déjà l'aube qui arrive. L'air était beaucoup trop transparent pour
être celui du soir. Ma confiance s'est depuis doublé d'un enthousiasme,
et je cherche la route de Reykjavik sans même envisager la possibilité
de camper sur place. Je commence à longer la route et tendre mon
pouce. En cinq minutes, deux voitures passent. Une troisième s'arrête.
Si le taux d'arrêt est déjà représentatif, cette route et la plus fréquentée
de l'île, et ce sera la plus courte attente de tout mon voyage.

Le véhicule est conduit par une jeune fille quasi-sphérique. Son
passager est un jeune homme maigre et à la coupe de cheveu
expérimentale. A ma gauche est assis un jeune homme noir. Les deux
autres occupants du véhicule sont engagés dans une conversation en
Islandais qui m'échappe totalement. J'en profite pour apprendre de mon
voisin qu'il est originaire du Bronx, chante de la dance, et s'est installé
ici quand lors d'un voyage l'île lui a plu. Mes précédents voyages
m'ayant appris que les prénoms ne s'ancrent pas sans expérience
marquante, je ne leur demande pas les leurs.
Ma conductrice vis-à-vis de la difficulté que je pourrais
éprouver à sortir de Reykjavik me pousse jusqu'à Mossfjelsbaer. Ils
n'ont pas le temps de faire demi-tour qu'une conductrice s'arrête et me
prends jusqu'à Hvallfjördhur.

Il n'y a pas de voiture pour m'emmener, mais j'en suis très
heureux. Plus que les reflets rosé sur ce fjord dit des baleines, c'est ma
sérénité qui m'impressionne. Malgré l'absence de terrain plat pour
m'arrêter, ou de circulation pour m'avancer, je n'ai pas souvenir d'avoir
déjà été plus confiant. J'ai envie de faire tout mon voyage à pied et
sans dormir.

Je marche une bonne heure, durant laquelle je profite de ces
très heureuses combinaisons de lumière et de nuit, de mouettes et de
moutons, de route et de solitude. Une dernière voiture m'emène jusqu'à
Borgarsnes, où je profite d'un timide lever de soleil avant de camper. Il
est trois heures.

[img]http://img21.imageshack.us/img21/1619/borgarsnes.jpg[/img]
[size=200]
Vers Hornstrandir[/size]

[size=150]Jour 2[/size]

Je me lève et apprend à mes dépends en le quittant que j'ai
dormi sur un camping payant. Je traverse la Snaefelsnes. C'est une
sorte de campagne genevoise, ou des fermes remplacent les villages,
des cratères les bois, et un volcan le Salève. Sur la baie qui me sépare
encore des Vestfirdhir, je brûle mon nez et mes lèvres. Je m'installe à
Flokalundur, me baigne dans le fjord, goutte la maltonade, et en bon
suisse, ne peut m'empêcher de gravir la première colline que je voie,
avant d'aller dormir.
[img]http://img11.imageshack.us/img11/7131/dscn1383.jpg[/img]

[size=150]Jour 3[/size]

Avec un enthousiasme effrayant, je commence à marcher vers
Isafjördhur. Certains ont dit qu'en Islande, l'auto-stop est une affaire de
patience. C'est vrai. Ça ne sera jamais un probéème, l'île ayant
suffisamment de patience à fournir pour y errer plusieurs vie d'arbres.
Les quelques arbres qui d'ailleurs y errent, sont si peu nombreux qu'ils
n'arrêtent jamais la vue avant la brume.

[img]http://img13.imageshack.us/img13/5852/flokalundurrivire.jpg[/img]

Aujourd'hui, le soleil a dissipé toutes formes de condensation,
et mon horizon s'étend de la péninsule suivante à la fin de mon vallon.
Je chante fort, il n'y a pas d'arbres à déranger. L'étroide bande de
gravier qui sert de route monte fort au long du flanc de ce petit val. La
végétation n'est composé que de bruyère et d'herbes fluo, mais les
caillous ont l'air vivant. Arrivé au col après deux heures de marche, je
trouve un petit lac. J'en bois un peu. Je continue ma route et apperçois
une silouhette au bout d'un quart d'heure. J'ai à peine le temps d'éspèrer
une jeune fille voulant s'installer, pêcher et fonder une famille au bord
du fjord suivant que je distingue des épaules beaucoup trop larges pour
correspondre à mes espoirs. On discute dix minutes dans ces
circonstances inhabituelles. Il est russe et arrive de Bildudhalur où il a
travaillé chez un peintre. Chacun continue son chemin puis un van
s'arrête pour moi alors qu'il est encore assez près pour en être jaloux.

[img]http://img16.imageshack.us/img16/7035/flokalundurroute.jpg[/img]

Ce van contient une famille nombreuse. J'entraîne un peu mon
islandais avec les enfants, mais les paysages retiennent mon attention.
J'ai envie de descendre et de continuer à pied tellement leurs rondeurs
sont harmonieuses, mais la famille va jusqu'à Isafjordhur faire des
courses, ce qui me permettrait d'arriver rapidement sur Hornstrandhir.
La perspective d'arriver aujourd0hui sur cette péninsule déserte,
probablement un des lieu les plus innaccessible d'Europe me réjouis
trop, et je reste dans le van.

J'arrive à Isafjordhür deux heures avant le prochain bâteau pour
Heysteri. Je suis chanceux, il n'y en a que trois par semaine. Je fais
quelques courses, pic-nic au soleil et embarque. Pendant les deux
heures de la traversé, je prends des nuages pour la côte groenlandaise,
brûle mon visage un peu plus, et fais la connaissance de deux couples
de tchèques. Je débarque. Il fait beau et j'ai encore six heures avant
qu'il ne fasse un peu nuit.

[size=200]Hornstrandhir[/size]

Il y a quelques campeur à Heysteri. Je ne verrai plus personne
d'autre avant deux jours. Je commence à marcher et perds un peu de
temps à comprendre que c'est à moi de faire le sentier. J'ai bien assez
de sommets en vue pour que l'orientation ne soit pas un problème, et je
me dirige vers le col. C'est la première fois que je marche dans un
environnement sans artefact. La sensation est comparable à celle qu'on
éprouverait en étalant une descente en ski hors-piste sur deux jours au
lieu de deux minutes. Les plaisirs d'indépendance et de responsabilité y
sont moins concentrés, mais j'ai le temps d'apprécier ce qu'il y a de
plus pur dans ces deux états.

[img]http://img12.imageshack.us/img12/314/heysteri.jpg[/img]

Le sol est recouvert d'un patchwork de bruyère et de marécage,
qui se muent en cailloux et taches de neige avec l'altitude. Ca pourrait
être semblable aux Alpes, mais les montagnes sont convexes et les
couleurs à la fois pastelles et fluorescentes.

Après quelques heures de marche, j'arrive au col. Il débouche
sur un plateau recouvert de petits rochers. Des cairns, que j'imagine
parfaitement indispensable par brouillard, tant le relief a perdu en
sensibilité indiquent le chemin. J'arrive en haut du replat et la vue de
Fjotvatn me rassure sur le sens dans lequel j'ai retranché les vingts
degrés de déviation magnétique.

[img]http://img16.imageshack.us/img16/4571/fjotvatn.jpg[/img]

La vallée qui mène au lac est parcourue de nombreux et clairs
petits ruisseaux. Ils sont encadrés par de larges bandes de mousse verte
fluo qui donnent des allures d'art urbain au paysage. Pendant que j'en
profite, j'ai le temps de demander au brouillard qui déborde du col
suivant de partir avant demain matin. Arrivé en bas, je monte ma tente,
cuit du riz sur mon réchaud trop bruyant, puis mange et dort bien.

[img]http://img21.imageshack.us/img21/503/cascadefjotvatn.jpg[/img]

[img]http://img397.imageshack.us/img397/5098/tente.jpg[/img]

[size=150]jour 4[/size]

[img]http://img151.imageshack.us/img151/3962/dscn1469.jpg[/img]

Je n'ai aucune autorité sur le brouillard. Il y en a plus qu'hier.
J'ai un peu d'appréhension, mais le col par lequel je suis arrivé est
maintenant aussi dedans. Je remballe et commence à marcher. Il y a
quelques piquets dans le premier raidillon. Ils indiquent une direction
un peu différente de celle que je suivrais en me fiant à ma boussole,
mais ils ne peuvent pas vraiment mener ailleurs. J'arrive à un replat. Le
brouillard est de plus en plus épais, et ma route et mon cap de plus en
plus divergents. Le dernier piquet est en face d'un pierrier. C'est
vraiment le dernier. Je suis au coin d'une cuvette. Elle est un peu serrée
que ce que je m'étais représenté d'après ma carte, mais ça reste dans
l'erreur. Je suit ce qui semble être le bec verseur de la cuvette, et
devrait me mener au col. Il faut utiliser se mains. J'entre dans un
couloir de quelques mètres de large. Après quelques dizaines de pas, je
réalise que j'ai beaucoup trop divergé de mon cap pour pouvoir encore
être dans la bonne direction.

La pente est trop raide pour faire demi-tour, et mon couloir
mène vraisemblablement à un plateau bordé de falaises. Je me fais à
l'idée d'avoir à y trouver un passage. Je continue à monter. Je ne vois
maintenant à cause du brouillard plus que le proche voisinage de mes
pieds. Je commence à avoir peur. Le flanc à ma gauche semble être à
un minimum de pente, et je profite pour m'y engager. La montagne
étant plutôt un empilement de très gros rochers anguleux, je suis
content de n'avoir à surveiller les pas de personne d'autre. Je progresse
dans ce milieu instable sans vraiment savoir ou je suis. Mon
soulagement quand j'arrive au col est réduit par le doute que j'ai sur
son identité. Il y a des bouts de sentier et pouvoir les suivre me détend.
Une heure plus tard, je sors du brouillard et aperçois l'océan.

[img]http://img301.imageshack.us/img301/2020/dscn1470.jpg[/img]

De loin, la plage semble être couverte de mammifères marins.
En descendant, j'essaye de deviner lesquelles. Ce sont des troncs
d'arbres. Ils ne sont ni des mammifères, ni marins, et vu leur taille, pas
des islandais non plus. Ils ont été amenés d'Amérique ou de Sibérie par
les courants. Je profite de la plage et mes pieds de l'eau froide des
quelques gués à traverser. Je plante ma tente au pied du col suivant. Il
est dégagé et j'en profite pour le reconnaître avant de dormir.

[img]http://img299.imageshack.us/img299/534/dscn1481.jpg[/img]

[img]http://img25.imageshack.us/img25/9378/dscn1482i.jpg[/img]

[img]http://img6.imageshack.us/img6/4645/dscn1483f.jpg[/img]

[img]http://img301.imageshack.us/img301/8452/dscn1498.jpg[/img]

[img]http://img17.imageshack.us/img17/1948/dscn1499o.jpg[/img]
Avatar de l’utilisateur
By eddy
#72701 Ah! Ton post me rappel mon propre séjour en Icelande! Cependant nous n'avons pas vu les mêmes merveilles; j'ai plutôt suivit le circuit "touristique" (le Lagon Bleu, les glaciers, etc). Je pourrais t'envoyer quelques photos si tu es intéressé.
By Enuran
#72723 Magnifique photo et paysage ! Dommage qu'il y eu du brouillard mais bon..c'est l'Island
By Jay Jay
#73094 Merci d'avoir pris le temps de partager ces images.
Je me demandais si j'allais y aller en septembre mais là vraiment ça donne envie !
Avatar de l’utilisateur
By lecalmar
#73113 Je recommande vraiment cette destination, mais il faut en avoir le temps. Si tu n'y vas que pour une semaine, tu auras le choix entre faire une belle randonnée et faire le tour des principales attractions touristiques.
Et comme malheureusement, la première fois qu'on va dans un pays, on se sent obligé de voir les sites célèbres, tu risque de rater le meilleurs si tu n'y vas pas plus longtemps.
De plus cette année il risque d'y avoir énormément de touristes, à cause de la couronne basse (les avions sont déjà tous remplis depuis janvier).

Mais je suis allé dans toute l'Europe, et c'est de loin le voyage que j'ai préféré. Je n'ai jamais eu autant envie de retourner quelque part.