Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

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By Maurice
#148022 Faux.

La majuscule (ou lettre majuscule) est la première lettre d'un mot, la capitale (ou lettre capitale) est la forme que prend cette lettre.

Les Anglais nous ont piqué le mot au Moyen-âge.
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By animal
#148024 [quote="Maurice"]Faux.

La majuscule (ou lettre majuscule) est la première lettre d'un mot, la capitale (ou lettre capitale) est la forme que prend cette lettre.

Les Anglais nous ont piqué le mot au Moyen-âge.
Ah oui, je ne savais pas. Quel puits de culture ce Maurice!!
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By Maurice
#148026 [quote="animal"][quote="Maurice"]Faux.

La majuscule (ou lettre majuscule) est la première lettre d'un mot, la capitale (ou lettre capitale) est la forme que prend cette lettre.

Les Anglais nous ont piqué le mot au Moyen-âge.
Ah oui, je ne savais pas. Quel puits de culture ce Maurice!!

Bah, le puits, c'est bien plutôt Google, car j'ai quand même vérifié ! :mrgreen:
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By Dje
#148028 [quote="Maurice"]Encore faudrait-il que tu te serves de ce droit plutôt que de me le hurler en capitales. ;)
:roll:
By Megoy
#148030 Certes ce qui rend les femmes non attrayantes du point de vu de la liste de Stéphane c'est qu'elles sont élevées comme des hommes. Ou plutôt que hommes/femmes sont élevés de la meme façon.

Mais ça ne change rien au constat de mon message initial, que le refuge narcissique (je suis mieux que ces dindes, elles ne me valent pas) n'est pas cohérent. Car les hommes sont le pendant de ces femmes ! Tous ici vous possédez aussi peu les qualités viriles que les femmes modernes ne développent les qualités purement féminines (dont la vraie intelligence féminine, celle dont parle Nietzsche dans l'extrait ci-dessus).

Ce n'est pas un prétendu amour de la qualité, des arts, une maitrise d'un savoir vivre petit bourgeois qui font un homme de valeur. C'est plutôt le gout du risque, le courage, l'action créative, le pouvoir, le panache. Ce n'est pas du tout incompatible avec une vie faite de bon gout et de style. Mais ce ne sont surement pas ces traits là qui font devenir un homme plus fort, au contraire, mettez un bel habit à un puceau de la vie, et vous obtenez : un puceau de la vie qui utilise des remèdes narcissique (investissement de sa libido sur lui meme) à son manque de force et qui en ressort finalement affaibli (car sa vraie valeur dans le fond il l'a connait...), d'où un cercle vicieux de l'investissement sur soi.
C'est très sociologie. Société de la finance, de l'art contemporain. Du faux, de la solution de facilité.

Si je dois proposer une solution, car analyser c'est bien beau, mais un peu stérile en soi :
Devenir déjà un vrai homme soi meme, c'est la dessus que l'on a prise, pas sur les femmes. Sans utiliser des remèdes narcissiques. "Investir sur soi" est une invitation camouflée à hypertrophier son égo pour s'économiser l'énergie et le risque d'une réelle transcendance :
Se battre pour quelque chose qui nous dépasse. Avoir une cause extérieure et supérieure. Ce qui demande et développe gout du risque, courage, action créative, pouvoir, panache.

Et au miracle, en développant ces qualités, donc en investissant son énergie à l'extérieur de soi, il y a tout à parier que vous vous réconciliez avec les femmes... en plus d'attirer les plus féminines d'entre elles!

Je n'ai rien développé pour aller au plus court, donc c'est du très condensé.

cheers
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By Maurice
#148031 [quote="Dje"][quote="Maurice"]Encore faudrait-il que tu te serves de ce droit plutôt que de me le hurler en capitales. ;)
:roll:

J'avoue, je sais, c'était facile et d'autant plus facile que c'est souvent faux pour Pantin (cf sa remarque suivante par exemple).

On passe à autre chose ? ;)
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By Maurice
#148035 [quote="Megoy"]Certes ce qui rend les femmes non attrayantes du point de vu de la liste de Stéphane c'est qu'elles sont élevées comme des hommes.

(...)

Tous ici vous possédez aussi peu les qualités viriles que les femmes modernes ne développent les qualités purement féminines

(...)

Se battre pour quelque chose qui nous dépasse.

(...)

cheers

1. Mettre son style en adéquation avec ses idées et faire montre de plus de modestie (éviter de terminer par exemple par ce "cheers", mot anglais du dernier ridicule en français, utilisé plutôt par ces femmes au cerveau déformé par leurs lectures compulsives de la revue Poupounette Mag', tout en affirmant, sans doute par maladresse d'écriture, qu'on est le seul homme du forum à en avoir).
2. On recrute en Syrie.
By Megoy
#148072 [quote="Maurice"]1. Mettre son style en adéquation avec ses idées et faire montre de plus de modestie (éviter de terminer par exemple par ce "cheers", mot anglais du dernier ridicule en français, utilisé plutôt par ces femmes au cerveau déformé par leurs lectures compulsives de la revue Poupounette Mag', tout en affirmant, sans doute par maladresse d'écriture, qu'on est le seul homme du forum à en avoir).
2. On recrute en Syrie.

[quote="Maurice"]Malheureusement, l'air qu'on y respire est vicié par des dogmes, ce qui est en définitive logique : on n'y vous demande pas de penser, on vous y demander d'adhérer à des pensées autres que les vôtres et de mettre votre jugement en suspens.
Es-tu si sûr qu'il règne cette ambiance qu'au sein des parties politiques ? :wink:

Il est évident par exemple que je ne pourrais ici proposer des façons de voir les choses différentes de l'idéologie ambiante. Et encore moins de proposer de changer de paradigme. Ne serais-ce que pour débattre. Par amour de la pensée et du débat c'est pourtant mon inclinaison, plutot que d'exposer des idées là ou les gens seront d'accord.

Tenter un message d'amour et de réconciliation vis à vis des femmes me parait une entreprise assez stimulante sur spikesed !

Apparté : beaucoup de gens se revendiquent de la pensée de Nietzsche ici mais lorsque tu proposes d'appliquer un centième de sa philosophie, plus personne ne te suit. Lire Nietzsche c'est avant tout une activité de loisir grisante du dimanche après midi pour se sentir puissant dans son canapé.
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By pantin
#148074 [quote="Megoy"]Es-tu si sûr qu'il règne cette ambiance qu'au sein des parties politiques ? :wink:

Il est évident par exemple que je ne pourrais ici proposer des façons de voir les choses différentes de l'idéologie ambiante. Et encore moins de proposer de changer de paradigme. Ne serais-ce que pour débattre. Par amour de la pensée et du débat c'est pourtant mon inclinaison, plutot que d'exposer des idées là ou les gens seront d'accord.

Tenter un message d'amour et de réconciliation vis à vis des femmes me parait une entreprise assez stimulante sur spikesed !

Apparté : beaucoup de gens se revendiquent de la pensée de Nietzsche ici mais lorsque tu proposes d'appliquer un centième de sa philosophie, plus personne ne te suit. Lire Nietzsche c'est avant tout une activité de loisir grisante du dimanche après midi pour se sentir puissant dans son canapé.

Merci Raël.
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By Maurice
#148076 [quote="Megoy"]Apparté : beaucoup de gens se revendiquent de la pensée de Nietzsche ici mais lorsque tu proposes d'appliquer un centième de sa philosophie, plus personne ne te suit. Lire Nietzsche c'est avant tout une activité de loisir grisante du dimanche après midi pour se sentir puissant dans son canapé

Une philosophie ne s'applique pas, elle se vit. Et c'est ballot mais s'il y a bien une philosophie qui ne peut se vivre que par un seul, c'est bel et bien la philosophie nietzschéenne.
C'est en pensant pas toi-même, même sans connaître Nietzsche, que tu es nietzschéen, même en ayant une pensée très différente de la sienne.

Rares sont en définitive les hommes qui pensent authentiquement, je ne m'en étais jamais rendu compte à ce point. Ce sont ces hommes-là qui sont les surhommes et uniquement lorsqu'ils osent penser, ils sont dits surhommes car eux seuls capables de surmonter la révélation de la Mort de Dieu, là où les autres finissent par s'abîmer dans le n'importe quoi en devenant des grossiers comédiens (horoscopes, psychanalyse, socialisme(s), gender f*** studies, collectionnite (y compris de femmes), féminisme, football, facebook, télévision, orgueil professionnel, alcoolisme et drogue etc etc). C'est un pascalien, Nietzsche, un pascalien à sa manière, sans Dieu. Son pari à lui c'est de savoir par quelle éthique rendre non seulement la vie acceptable mais encore intéressante à partir du moment où Dieu n'existe pas. Sa solution passe par la construction de l'Eternel Retour et il affirme qu'elle n'est intéressante qu'à partir du moment où tu postules qu'elle reviendrait un nombre infini de fois.

La vie de Nietzsche est apparemment bien moins palpitante que sa philosophie, il était manifestement syphilitique et avait des crises régulières relativement graves jusqu'à l'effondrement final à Turin. Cependant, en postulant que ton présent revienne un nombre infini de fois, le seul moyen de la rendre supportable, c'est dès lors de fuir le divertissement (au sens pascalien) et de penser. Ce qui fait que d'un point de vue nietzschéen, sa vie était sans doute palpiatant ;).

Nietzsche n'écrit que pour des gens qui pensent, pour des philosophes, pas pour ce qu'il appelle la canaille, y compris la canaille cherchant à appliquer son oeuvre (et puis laquelle d'ailleurs ? Le Nietzsche sous influence wagnérienne et schopenhauérienne de la Naissance de la Tragédie est en opposition presque totale avec le Nietzsche totalement original du Gai Savoir par exemple). Son propos n'est jamais directement politique.

En outre, le style de Nietzsche fait qu'il faut bien faire attention à ce qu'il dit. Tout n'est pas blanc ou noir, il faut toujours bien se souvenir qu'il se situe par delà bien et mal, par delà la morale commune dans ses évaluation. La canaille, - et qui n'est pas canaille de temps à autre ? -, comprend que le féminisme, c'est mal...

Hors, il s'agit d'un extrait de Par-delà Bien et Mal.

Sa perspective est celle de la Vie, de la Grande Santé. Qui ne voit pas que plus nos femmes veulent de l'égalité, plus elles se minent le moral. Ceci étant, Nietzsche écrit par fragments, c'est sa manière à lui de détourner l'esprit canaille de ses écrits (stratégie discutable mais aussi peut-être bien commandée avant tout par ses crises...), et il faut pour bien comprendre ce qu'il en est, par delà les piques contre Wagner et sans doute contre Lou Andreas Salomé, afin de mettre en relation ce passage avec d'autres du même texte et des ouvrages immédiatement précédents et suivants. Long travail d'interprétation.

Si vous pensez en terme de bien et de mal, sans doute que l'égalité des Droits est un bien.
Si vous pensez en terme de Santé et du point de vue de l'éthique de l'Eternel retour, vous avez envie de dire aux femmes : accomplis-toi dans tes enfants au lieu de te ruiner la santé à défendre des droits qui sont ta ruine et d'où rien sinon un néant ne peut sortir.

Evidemment, en mettant la femme au travail décérébrant et équivalent à celui d'un homme, dans les usines, la modernité capitaliste a profondément dégénéré la femme. En lui faisant du mal, elle a voulu lui promettre un bien en contrepartie, sans doute, comme certains donnent le reste de son sandwich à Jojo le clodo. Mais je crois que Nietzsche, et c'est là sa limite, ne va pas jusque là. Certes, il perçoit confusément quelque chose de profondément dégénérescent dans le travail humain, mais ses évaluations sur la Femme ici concerne la Femme proche de celle d'un Balzac, à savoir la femme femme, la femme de haut rang, de tenue aristocratique (Les autres, Balzac les appelle des orang-outangs... :mrgreen: )

Car qu'on ne s'y trompe pas, tout le propos de Nietzsche vise à définir ce que serait l'homme ou la femme aristocratique et la dégénerescence ne concerne que la dégénérescence d'une élite - que certes nous constatons y compris ici de manière stupéfiante.

Ce que Nietzsche apprend : à ne pas avoir peur de penser, à ne pas avoir peur de devoir penser le contraire même de ce que l'on pensait il y a encore quelques années, à ne pas avoir peur de ses évaluations et à ne pas avoir peur non plus du sombre regard des drogués à la moraline.

Ces petits fragments de pensée que je vous donne ici sont bien incomplets. Je n'ai pas le temps d'approfondir ces idées là, ni de les rectifier. Mais je voulais en quelque sorte montrer qu'il faut faire très attention avec Nietzsche, être prudent et en même temps nécessairement téméraire, et en tout cas toujours se méfier des "applications" de la philosophie nietzschéenne directement dans notre vie pratique comme dans la société : sa position de professeur en Suisse et de bohème aristocrate européen d'ascendance polonaise autoproclamée (et fictive) à la santé précaire est unique, fuyant une Allemagne sous influence wagnéro-schopenhaurienne et antisémite (cf l'épisode Wagner/Cosima + sa soeur et son beau-frère) est totalement unique.

La part du biographique vient sans doute recouvrir nombre de ses évaluations d'un léger brouillard opaque dont il ne faut pas être totalement dupe.

En fait, être nietzschéen, vraiment, c'est non seulement sans doute faire différent de lui, mais même peut-être mieux que lui !
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By Thorgal
#148083 C'est intéressant ce que tu dis Maurice (comme souvent), mais j'aimerais bien quelques éclairages.
[quote="Maurice"]
Rares sont en définitive les hommes qui pensent authentiquement, je ne m'en étais jamais rendu compte à ce point.
J'ai le sentiment que l'élément clé là-dedans, c'est la conscience. Je trouve que la notion de pensée autonome est abstraite, il faudrait être capable de penser de manière inconditionnée, sans croyance préétablie (alors que l'inconscient en est blindé) et plus encore, il faudrait être capable d'entretenir une totale emprise sur son mental. Ce qui me paraît impossible, car si tu peux choisir de t'attarder sur telle pensée plutôt qu'une autre, tu n'as pas le pouvoir de choisir celles qui émergent dans ton champ de conscience. Se poser 5mn et observer ses pensées suffit à le constater : non seulement les pensées jaillissent de manière automatique (sans avoir eu besoin d'y penser) mais la majorité d'entre elles sont idiotes et inutiles : ça ira de "tiens cette table basse est chouette" à "il faudra mettre le poulet au four dans un quart d'heure" le tout coincé entre trois tonnes de commentaires incessants du mental sur tout et n'importe quoi. Pout moi le début de l'autonomie c'est plutôt la conscience qu'on ne peut pas penser de manière réellement libre et indépendante, et lorsque cette révélation insupportable pousse l'individu à se redéfinir autrement que par ses pensées (je sais pas si je suis clair.)

Par contre il existe effectivement des personnes dotées d'une conscience supérieure qui seule permet, par des intuitions supérieures, de s'affranchir par un discernement supérieur (alors qu'à mon sens, la pensée ne fonctionne que par dualité et par élimination vrai/faux, par opposition, sans parler des énormes limites du mental, incapable de saisir l'essence des choses mais très doué quand il s'agit de tout dévitaliser par les catégories (puisque sans catégorie il n'y a pas de pensée).)


[quote]Cependant, en postulant que ton présent revienne un nombre infini de fois, le seul moyen de la rendre supportable, c'est dès lors de fuir le divertissement (au sens pascalien) et de penser. Ce qui fait que d'un point de vue nietzschéen, sa vie était sans doute palpiatant ;).
Il me semble que Nietzsche était atteint de je ne sais plus quelle maladie (autre que la syphilis sur la fin j'entends) qui causait chez lui de très pénibles douleurs physiques et dont il tirait une forme d'inspiration. Le problème là-dedans, c'est que le processus de réflexion coupe un peu du corps, c'est-à-dire que plus tu penses et moins tu "es" dans ton corps (p-e un lien avec le fait que les (jeunes) femmes, sans cesse ramener au corps (menstruations régulières et compagnie) penchent moins naturellement à la pensée pure.)
Donc m'est un peu d'avis qu'il avait en partie "l'idéologie" de sa condition au quotidien. Mais surtout, ça va totalement à l'inverse ce qui est enseigné dans pas mal de "philosophies" de type orientales, dont la plupart ont des milliers d'années de plus que nos religions monothéistes au compteur. Opposition entre le "je pense donc je suis" pascalien et le "je suis quand je ne pense pas" bouddhiste en gros (oui je sais, c'est à la mode, et on s'en sert comme d'une pensée magique en occident.) Et bref c'est intéressant.
By jazzitup_
#148084 Thorgal, intéressante hypothèse. Par contre je n'ai pas l'image d'un Nietzsche contempteur du corps, après la lecture d'Ainsi parlait Zarathoustra.

[quote]C’est aux contempteurs du corps que je veux dire leur fait. Ils ne doivent pas changer de méthode d’enseignement, mais seulement dire adieu à leur propre corps — et ainsi devenir muets.
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By Maurice
#148090 [quote="Thorgal"]C'est intéressant ce que tu dis Maurice (comme souvent), mais j'aimerais bien quelques éclairages.
[quote="Maurice"]
Rares sont en définitive les hommes qui pensent authentiquement, je ne m'en étais jamais rendu compte à ce point.
J'ai le sentiment que l'élément clé là-dedans, c'est la conscience. Je trouve que la notion de pensée autonome est abstraite, il faudrait être capable de penser de manière inconditionnée, sans croyance préétablie (alors que l'inconscient en est blindé) et plus encore, il faudrait être capable d'entretenir une totale emprise sur son mental.

Si le sujet t'intéresse, alors tu dois sans doute te diriger vers la pensée heideggerienne, qui m'offre une terrible résistance quant à moi.
La pensée - et je vais sans doute me faire taper sur les doigts par les philosophes professionnelles s'il y en a un qui vient lire -, c'est le mouvement par lequel, sans aucunement t'interdire aucune corrélation, tu mets en relation des réalités différentes (ou la représentation que tu t'en fais si tu es perspectiviste), ou plutôt c'est lorsqu'une réalité fait survenir une autre réalité que tu avais déjà en mémoire et qui donne son sens à la réalité sur laquelle tu es en train de penser. Je ne pense pas dire de bêtise en pensant que ce mouvement trouve son correspondant dans nos neurones.
On peut avoir conscience sans pensée. L'inconscient, c'est un fourre-tout dont je ne me sers jamais : je trouve le concept très casse-gueule.


[quote]Ce qui me paraît impossible, car si tu peux choisir de t'attarder sur telle pensée plutôt qu'une autre, tu n'as pas le pouvoir de choisir celles qui émergent dans ton champ de conscience. Se poser 5mn et observer ses pensées suffit à le constater : non seulement les pensées jaillissent de manière automatique (sans avoir eu besoin d'y penser) mais la majorité d'entre elles sont idiotes et inutiles : ça ira de "tiens cette table basse est chouette" à "il faudra mettre le poulet au four dans un quart d'heure" le tout coincé entre trois tonnes de commentaires incessants du mental sur tout et n'importe quoi.

Ce n'est pas ça la pensée. Ce que tu décris, c'est le travail de l'imagination. La pensée vise - quoiqu'en pense Nietzsche par ailleurs - à l'élaboration d'une hypothèse vraisemblable - mais dont la vérité n'est pas forcément aisée ni même possible à établir.

[quote]Pour moi le début de l'autonomie c'est plutôt la conscience qu'on ne peut pas penser de manière réellement libre et indépendante, et lorsque cette révélation insupportable pousse l'individu à se redéfinir autrement que par ses pensées (je sais pas si je suis clair.)

Ca me fait penser à Sartre, son idée d'une liberté en situation va à l'encontre de ce que tu dis.

Je pense que nous ne sommes pas libres et que nous sommes totalement et irrémédiablement déterminés sans doute, je suis plutôt de l'avis du professeur Laborit (dont certains petits livres sont très intéressants) - et au final de Nietzsche aussi. Mais, et ce sera là mon côté néo-nietzschéen peut-être, rien ne vaut l'illusion de se sentir libres et d'être comme une sorte de Dieu en capacité à chaque instant, ou presque de déterminer son "Fiat" et la lumière fût...

La pensée en Occident est toujours contextualisée : peut-être qu'on trouve trace de ce que tu dis dans Schopenhauer et le bouddhisme. Tes interrogations, qui ne sont pas miennes vraiment, me semble aussi rejoindre celles de Heidegger.

Mais ce formalisme me gêne en ce sens que comme tout formalisme, il me donne souvent l'impression d'une pensée stérile. Je crois que je préfère la pensée attachée à un objet plutôt que la pensée s'attachant à définir proprement la pensée. (Mais je vais donner une petite chance à Heidegger, puisque je vais essayer de me forcer à lire un petit peu sur lui bientôt).

[quote]Par contre il existe effectivement des personnes dotées d'une conscience supérieure qui seule permet, par des intuitions supérieures, de s'affranchir par un discernement supérieur (alors qu'à mon sens, la pensée ne fonctionne que par dualité et par élimination vrai/faux, par opposition, sans parler des énormes limites du mental, incapable de saisir l'essence des choses mais très doué quand il s'agit de tout dévitaliser par les catégories (puisque sans catégorie il n'y a pas de pensée).)

Encore une fois, moi, quand je pense à "pensée", je pense au plaisir que j'ai à réfléchir sans tabou sur une question qui tout à coup me taraude. Parfois, en me relisant, j'ai un peu honte d'ailleurs, mais j'adore cette petite "perversion".

[quote] Il me semble que Nietzsche était atteint de je ne sais plus quelle maladie (autre que la syphilis sur la fin j'entends) qui causait chez lui de très pénibles douleurs physiques et dont il tirait une forme d'inspiration. Le problème là-dedans, c'est que le processus de réflexion coupe un peu du corps, c'est-à-dire que plus tu penses et moins tu "es" dans ton corps (p-e un lien avec le fait que les (jeunes) femmes, sans cesse ramener au corps (menstruations régulières et compagnie) penchent moins naturellement à la pensée pure.)

On a dit qu'il était bipolaire. Sauf qu'il semble bien que la syphilis donne de telles manifestation. Ses migraines atroces semblent aussi correspondre à ça. L'effondrement final fait que je ne vois pas à quoi pourrait se rattacher autrement sa maladie.

[quote] Donc m'est un peu d'avis qu'il avait en partie "l'idéologie" de sa condition au quotidien. Mais surtout, ça va totalement à l'inverse ce qui est enseigné dans pas mal de "philosophies" de type orientales, dont la plupart ont des milliers d'années de plus que nos religions monothéistes au compteur. Opposition entre le "je pense donc je suis" pascalien et le "je suis quand je ne pense pas" bouddhiste en gros (oui je sais, c'est à la mode, et on s'en sert comme d'une pensée magique en occident.) Et bref c'est intéressant.

Nietzsche rattachait le bouddhisme au christianisme primitif et en quelque sorte à la philosophie de Schopenhauer : un goût prononcé pour le néant. C'est aussi face à la tentation bouddhiste, orientale qu'il pensait déceler chez Schopenhauer, mais encore plus contre le nationalisme allemand, qu'il s'est défini comme "Européen".

Il est très amusant de constater que ma lecture actuelle répond à quelques unes de mes interrogations et sans doute à quelques questions posées ici.

Je dois dire aussi que j'ai cessé de contrefaire l'Allemand. Nietzsche disait être meilleur en traduction française qu'en allemand, et il est vrai que souvent ses traductions sont réussies en ce sens qu'elles savent refléter une très grande qualité littéraire que n'aura pas un autre auteur.

Il est relativement clair pour ma part que Nietzsche n'a rien à voir avec ces auteurs assommants que sont Kant, Hegel, Marx... en dépit qu'il choisisse de philosopher à coups de marteau. Nous autres Français, avons la tradition de l'Essai, cher à Montaigne. De la pensée qui procède par sauts au fil de son mouvement, de la pensée affinée par le style mais qu'elle affine à son tour aussi sans doute, dans une danse littéraire perpétuelle.

Nous avons la tradition de la pensée amie qui nous accompagne pour nous donner à nous approfondir face à nous-mêmes. Montaigne, Rabelais aussi en quelque sorte, Pascal, La Bruyère, La Rochefoucault, Chamfort (sans doute), Alain (le divin Alain) jusqu'à cet ouvrage de Louis Pauwels que je suis en train de lire (en passant donc par ce faux français de Nietzsche). Et que dire de Voltaire, voire de Rousseau ! Mais n'oublions pas non plus tous ces romans de la fin XIXème siècle et du début XXème qui nous donne à penser de la même manière mais par le truchement de la fiction (Balzac, Stendhal, Hugo, Proust, pour citer les plus grands - je trouve Zola moins profond que ces quatre-là, avis hautement subjectif (Ventel est prié de ne pas commenter ce trait-là !).

Un philosophe français qui contrefait l'Allemand est du dernier ridicule. C'est un poilu recouvrant un casque à pointe : ça ne colle pas ! Laissons les systèmes ordonnés aux Allemands, l'efficacité allemande, les "brumes allemandes", l'ennui allemand, le fanatisme allemand, l'obsessionnel compulsif allemand. Pourquoi les contrefaire à travers tous nos philosophes nourris au Hegel, Marx, dont les choucroutes intellectuelles sont tellement peu digestes et qui donneront nos monstres à perdre son temps : ces Lacan, ces Althusser, ces Derrida, ces Deleuze même (pour qui j'aurais plus de sympathie s'il n'était aussi balourd en écriture).

La pensée française n'est pas non plus la pensée anglo-saxonne, de la pensée pragmatique, qui pense toujours avoir la solution, qui ne cesse de s'enfermer dans des plans à objectifs. Je déteste ce mot "objectifs". Je déteste cette anglomanie du formalisme qui court actuellement partout où on s'imagine que par là on va devenir plus riches, plus efficaces, plus intelligents, plus instruits et moins traumatisées. Ne pas perdre son temps, le temps c'est de l'argent, allez droit au but, esprit de (c)ouinneur casse-couille insupportable, esprit judiciaire grotesque qui fait un procès pour tout pet de travers, mais par lequel bien souvent nos concitoyens se déforment effroyablement sans s'en rendre compte, se normalisent selon des critères anglo-saxons tout en ne l'étant certes pas du tout : aussi ridicules que des petits Africains apprenant "nos ancêtres les Gaulois" au temps des colonies (si cette chose était avérée par ailleurs) et qui vous donnent du globish en veux-tu en voilà (on en a eu un exemple malheureux avec ce triste "cheers" quelques interventions plus haut).

Je crois que notre langue et notre culture nous poussent à procéder plutôt par intuitions : nous faisons les choses parce que nous sentons que c'est ainsi qu'il faut les faire, mais nous sommes souvent peu doués pour expliquer ce que nous faisons. Nous avons des résultats pourtant ! Que ce soit en pensée ou dans d'autres domaines. Mais en ce qui concerne notre littérature tellement philosophique, ou notre philosophie tellement littéraire, c'est justement cette sorte de nonchalance toute gallo-romaine peut-être en nous aventurant dans les pays des profondeurs, notre pensée à la fois faite de vertu latine et de désinvolture gauloise, qui nous rend tellement uniques. Une philosophie pour amateurs de vin de Champagne : ça doit pétiller et enivrer en même temps que donner un goût supérieur de la vie.

Ceci étant, qu'on ne s'interdise évidemment pas de lire des auteurs anglais ou allemands, qu'on ne s'interdise pas d'apprendre leur langue non plus, mais qu'on sache subordonner le tout en sachant d'où l'on vient et qui l'on est et qu'on s'interdise comme un tabou, comme l'hybris absolu de singer l'Anglais ou de contrefaire l'Allemand, sinon je pense qu'on ne peut pas être très... heureux en définitive.

En tant que Français, nous préférons la vie au formol germanique et au matérialisme anglais et n'acceptons le contenu que pourvu qu'il ait du style. Laissons l'Être aux pesants d'Outre-Rhin, les Idoles du merchandaillesing aux gagne-petits d'Outre-Manche d'Outre-Atlantique et d'Outre-Manche et le Néant aux éternels lassés de l'Asie, choisissons la Vie :

(Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Essais#Style_des_Essais )

[quote]« Laisse, lecteur, courir ce coup d'essai... » écrit Montaigne, dont l'ouvrage, qui néglige la forme et la tenue, est à l'opposé de la prose ciselée des humanistes de son temps. Le titre de l'ouvrage désigne finalement une conception de l'existence vue comme passage, comme mouvement : « Je ne peins pas l'être. Je peins le passage. »

Oui, je crois que la pensée française a ceci de particulier qu'elle procède à "sauts et à gambades" et que si nous sommes le pays de la liberté, ce n'est certainement pas pour cette grotesque Révolution dont on ne cesse de nous bassiner les bienfaits, mais parce que nos écrivains authentiques (et je prends Nietzsche avec l'Alsace et la Lorraine) sont légers dans la profondeur, n'enferment pas le lecteur dans un système clos et par là-même les laissent libres de prendre ce qu'ils veulent et de rejeter le reste, de développer et qui sait d'écrire à leur tour ! Et ainsi, ils nous invitent à nous améliorer nous-mêmes, à méditer sur nous-mêmes et à rentrer en conversation avec eux. Profonds tout en étant superficiels, tel est peut-être ce à quoi ne peut que nous ramener notre propre langue, sans doute.

Cette réflexion a son petit prolongement dans trois citations de Louis Pauwels qui se trouvent ici; car il s'agissait en définitive d'un dialogue à trois : [url]http://www.spikeseduction.com/forum/post148089.html#p148089[/url]