Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

Avatar de l’utilisateur
By pantin
#148095 Juste pour compléter le stade ultime de la syphilis (non traitée a l'époque) est une démence par atteinte neurologique.

Si certains s'intéresse au cerveau et a l'identité: Jean Pierre Changeux, Juan Antonio Damasio., jean Didier Vincent sont de bonnes bases.
Avatar de l’utilisateur
By Thorgal
#148125 Merci de ta réponse Maurice, c'est très intéressant !
Je n'aurais rien de palpitant à répondre sur pas mal de points que tu soulèves ceci dit, ma culture philosophique est un peu trop limitée (j'avais bien accroché avec les stoïciens Aurèle et Epictète, le côté travail sur soi et lâcher-prise avec le monde) et je respecte assez la hiérarchie opinion/savoir pour ne pas trop me mouiller sur ce que je ne maîtrise pas.

J'essaie plutôt de sortir de cette tendance de tout intellectualiser à gogo pour ma part (question de dosage comme tout), raison pour laquelle j'ai réagi au "pour rendre la vie supportable (l'Eternel Retour, traité aussi dans L'insoutenable légèreté de l'être que j'avais commencé il y a peu de temps) il faut penser", et puis aussi en fonction du fait qu'une de mes autres hypothèses est que Nietzsche avait une énorme moustache pour compenser la taille microscopique de son sexe, d'où son manque de conquête féminine et sa trop grande fréquentation des bordels (ah c'est sûr qu'on fait moins le surhomme après ça hein !)
Avatar de l’utilisateur
By Maurice
#148132 Merci Thorgal.

Je crois que très vite Nietzsche a arrêté de fréquenter les bordels. Dans sa biographie, il n'en est fait mention que peu durant ses années d'étude.

L'équilibre entre vie intellectuelle intense et vie active socialement est quelque chose de difficile à trouver.

Pour Nietzsche, je doute qu'il ait jamais gagné beaucoup d'argent avec ses ouvrages - c'est un point biographique que je devrais relire s'il m'intéressait : il était professeur à l'université de Bâle.

Il faut prendre ses réflexions comme des cadeaux très précieux - au même moment où l'acte de penser est la chose la plus égoïste qui soit. Oui, ce sont juste des présents donnés à qui veut le lire, et surtout ne pas lire que lui.

Je me sers actuellement pareillement de ce forum, en fonction du sujet, pour mener des réflexions en total égoïsme, et qui trouve grain à moudre pour son propre moulin à idées, se serve !

Je n'opposais pas savoir et opinion, mais pensée en mouvement et opinion. La pensée a ceci de fascinant que qui l'exerce ne sait jamais vraiment où tout ceci va le mener, alors que l'opinion est pré-établie et vise toujours à sa propre défense : c'est pourquoi on peut dire que dans l'absolu les deux s'opposent. Ce n'est pas seulement par le savoir que Stéphane en vient à formuler des idées totalement nouvelles, c'est par la pensée, qui va plus loin que ce qui est su et apporte du nouveau savoir. C'est pourquoi j'ai toujours eu beaucoup de respect pour cette voix et pourquoi je la considère précieuse, car rare. La pensée ne va jamais sans risque aussi, c'est peut-être pour ca qu'elle est essentiellement masculine.

Le livre que je lis, Comment devient-on ce que l'on est ? de Louis Pauwels et qui correspond si bien à ma période de vie actuelle est un remarquable développement de tout ce que je dis là avec mon style patapouf : je dirais même que j'en suis soufflé. C'est comme si j'avais toujours anticipé à ma manière la plupart de ce que je lis dans ce livre, très troublant.

Pour 0.6 euro sans frais de port chez certains revendeurs d'internet, je crois que c'est là aussi cadeau - s'ils savaient de quel trésor ils se séparaient ! (Et c'est une vraie parole amie, à savoir qui ne vous prend pas de haut et qui est toujours très lisible). Il est rare que je conseille un ouvrage, mais là, foncez, les parties sur les femmes sont remarquables. C'est un livre de passeur : il vous ouvre aussi à d'autres ouvrages, que vous consulterez ou pas.

Ce fut un livre à succès, si j'en juge par le nombre de revente, et par l'éditeur, Stock. Pourtant je sais la bibliothèque de qui a possédé ce livre par mon brocanteur, bibliothèque très exigeante philosophiquement parlant - j'ai plusieurs livres de cette personne décédée. Et j'aime aussi cette idée, au travers des quelques notes et soulignages laissées, faire revivre en moi ce mort que je ne connaissais pas, mais avec qui il me semble avoir plus d'affinitées qu'avec bien des vivants.

Bref, les passeurs d'idées, ceux qui nous prennent par la main pour nous donner des ailes, il faut les saisir quand on en tient un. (alors qu'avec bien des philosophes, il est conseillé d'avoir son parachute sous la main).
By Geist
#148135 @Thorgal, Maurice : Bien intéressant tout ça, y compris pour quelqu'un qui a une approche ascendante et fonctionnelle de la pensée [size=75](mec-qui-bosse-sur-de-l'IA-inside)[/size].
Faudra que je repasse sur le sujet quand ma compréhension sera assez bonne pour pondre un truc compréhensible, j'ai le sentiment que la confrontation des approches peut produire du bon.

[quote="Maurice"]A titre d'exemple, la formidable levée de bouclier que j'ai subi ici pour avoir osé dire qu'il se pourrait bien que l'homosexualité relève de maladie - peut-être une pensée fausse, peut-être pas.
Tu n'as pas subi une levée de boucliers, mais un abattement de fronts dans des paumes [size=75](si je te dis facepalms, tu vas gueuler, j'imagine ? :mrgreen: )[/size] assortis de soupirs signifiant peu ou prou « Oh putain, le con » parce que, pour le dire moins gentiment que Pantin, tes réflexions sur l'homosexualité sont à ranger à côté du créationnisme dans le classeur Obscurantisme et conneries (ce qui explique le peu de réponses argumentant sur le fond).
[size=75]Des comportements homosexuels ont été observés chez un paquet d'espèces, et même pas exclusivemement des primates. Ça ferait une sacrée foutue maladie, un truc interespèces à ce point.[/size]
Ceci, je l'ai déjà dit, venant de quelqu'un qui sait pertinemment que tu n'es pas un con (juste foutrement biaisé sur certains sujets).

[quote="Maurice"]Rares sont en définitive les hommes qui pensent authentiquement, je ne m'en étais jamais rendu compte à ce point. Ce sont ces hommes-là qui sont les surhommes et uniquement lorsqu'ils osent penser, ils sont dits surhommes car eux seuls capables de surmonter la révélation de la Mort de Dieu, là où les autres finissent par s'abîmer dans le n'importe quoi en devenant des grossiers comédiens (horoscopes, psychanalyse, socialisme(s), gender f*** studies, collectionnite (y compris de femmes), féminisme, football, facebook, télévision, orgueil professionnel, alcoolisme et drogue etc etc)

Il est vrai que le Vrai Penseur, lui, s'accroche comme un bébé terrifié à une distinction homme/femme transcendante pour laquelle il est infoutu de trouver un seul véritable élément de preuve, envers et contre les sous-hommes (enfin, le groupe équivalent en rhétorique nietzschéene, j'ai jamais accroché) qui osent se poser la question. C'est tout à fait cohérent avec le reste de la ligne. Rassure-moi : C'est un troll velu ? :wink:
Avatar de l’utilisateur
By Maurice
#148139 Geist, à quoi ca sert de se mettre dans des états pareils pour une phrase et trois mots avec lesquelles tu n'es pas d'accord ? La terre se serait-elle arrêtée de tourner à cause de ca ?
Avatar de l’utilisateur
By Dje
#148140 [quote="Maurice"]Geist, à quoi ca sert de se mettre dans des états pareils
Venant de quelqu'un qui collectionne les messages à plus de 5000 caractères, c'est quand même gonflé :')
By Geist
#148144 [quote="Maurice"]Geist, à quoi ca sert de se mettre dans des états pareils pour une phrase et trois mots avec lesquelles tu n'es pas d'accord ? La terre se serait-elle arrêtée de tourner à cause de ca ?
1) Quels états ? Je n'utilise pas les smileys pour délayer hypocritement l'agressivité d'un message ; au contraire, quand j'écris :wink: , c'est que c'est ma tête devant le léopard. (Deux choses sont fortement atténuées par l'internet, et ont donc souvent besoin d'être accentuées, aussi triste que ce soit : le second degré et la gentillesse.)
2) En l'occurence, il me semble c'est plutôt toi qui n'es pas d'accord avec lesdits trois mots. :mrgreen: (C'est toujours intéressant de se trouver face à ses contradictions, quel que soit le niveau : si tu vois passer une des miennes, je t'en prie, renvoie-moi la pareille en 5000 caractères et plus.)
3) La Terre n'a jamais tourné [size=65]si on prend un référentiel adéquat[/size].

P.S. : Le bébé terrifié, si d'aucuns se posent la question, c'est un [url=http://youtu.be/BCPZSaHyZGQ?t=13s]clarksonism[/url].
By jazzitup_
#148146 Bon, je suis pas modo et tout, mais je trouve Maurice beaucoup plus intéressant, fin et vibrant quand il nous parle de ces amours en littérature. Souhait: qu'on ne reparte pas en guerre des tranchées.
Avatar de l’utilisateur
By animal
#148147 [quote="jazzitup_"]Bon, je suis pas modo et tout, mais je trouve Maurice beaucoup plus intéressant, fin et vibrant quand il nous parle de ces amours en littérature. Souhait: qu'on ne reparte pas en guerre des tranchées.
C'est exactement ce que je suis en train de me dire. Bon débat, restez courtois, merci.
Avatar de l’utilisateur
By Maurice
#148196 @ Thorgal.

Je commence la lecture des Cahiers de L'Herne consacré à Heidegger (600 pages quand même...) et dès les premières pages, ceci, qui offre une autre manière de dire ce que je disais déjà, sous la plume de Michel Haar :

[quote]Pour lui, pour Heidegger, l'essentiel de la vie d'un penseur, ce ne sont ni les événements de son existence, ni même les œuvres, mais le "chemin de pensée", ou plutôt les chemins, multiples, enchevêtrés. Wege - nicht Wege (le chemin - pas l'œuvre), a-t-il inscrit peu de jours avant sa mort sur la page de titre de la Gesamtauschabe (ah... ce snobisme des heideggeriens de rechigner à traduire certains terme). Plus essentiel encore que le chemin est l'"affaire de la pensée", qui n'a rien à voir avec l'opinion individuelle d'un "auteur". Il s'agit d'éveiller le débat sur la question qui est l'affaire de la pensée".

Les platoniciens reconnaîtront la figure de l'Eros telle qu'elle est peinte par Socrate dans le Banquet. L'idée que quelque chose pense qui n'est pas moi et qui est totalement moi. Evidemment, ici je ne m'élève pas à la question de l'Être (cette "affaire" heidegérienne, dont je ne sais pas si elle m'intéresse), mais le mouvement que j'ai donné ci-dessus, ce petit chemin que mes pas ont tracé et qui peut-être ne vont mener nulle part, dans ces 5000 caractères qui m'ont été reprochés - mais que je n'ai obligé personne à lire -, c'est de la pensée comme malgré moi, qui vaut ce qu'elle vaut et sans doute pas grand chose : à la limite, ça n'a aucune importance.
A partir de là, venir chicaner pour un mot qui ne passe pas, c'est ne pas comprendre ce que j'ai tenté ici - et qui je l'admets, n'a peut-être pas sa place ici. Mais lorsque le démon de la pensée vous saisit, lorsqu'il vous semble qu'il vous emporte aux limites de ce que votre être social appelerait peut-être bien "délire" à tel point que vous refusez toute responsabilité personnelle dans ce qui y est dit en même temps que vous l'assumez totalement comme une enfant que vous avez enfanté, alors vous pouvez dire que vous avez pensé plutôt qu'émis une opinion.

Me critiquer comme j'ai été critiqué, par la moquerie et la calomnie, c'est aussi me dire indirectement que oui, c'était sans doute de la pensée. Il y a toujours quelque chose de profondément scandaleux dans cet acte de conquête que constitue l'acte de pensée pour un esprit "grégaire", pour reprendre le terme de Nietzsche. Ce n'est pas pour rien qu'on en a assassiné quelques uns dans l'histoire humaine.

Il est là, peut-être, le secret des grands écrivains et des grands philosophes. Dans ce risque pouvant en même temps mener à l'échec (On parlait de Tolstoï dans un autre fil de discussion), mais qui est extrêmement agréable à vivre - quand bien même ce serait une parenthèse destinée à se refermer.
Avatar de l’utilisateur
By Thorgal
#148252 En fait la distinction que tu fais entre penser et imaginer, j'aurais tendance à faire la même, mais en les appelant plutôt pensée et réflexion. C'est-à-dire que tout le monde pense -puisqu'il faut bien que le cerveau fonctionne, tandis que la réflexion est peut-être un acte un peu plus volontaire (bon ceci dit je chipote sur la terminologie là.)

J'avoue que je tique un peu sur cette importance donnée à la pensée. Si elle est essentielle dans certains domaines (sciences, maths, ingénierie, astronomie etc), je me demande si en Occident on n'a pas un peu trop forcé la place qu'elle devrait occupée.
C'est comme si en parallèle de notre existence, on nourrissait, par les chemins de la pensée, un être fait de jugements, de croyances et d'histoire personnelle, une espèce de "penseur" en nous et malgré nous, qui réagit, analyse, monte au créneau et tout le tralala habituel.

Je ne m'aventurerais pas à parler de l'Être parce que ça me semble - chez les philosophes en tout cas - tenir surtout lieu d'étiquette mentale qu'on colle comme ça dans un raisonnement pour articuler ses concepts, par contre je pense saisir qu'il existe souvent un hiatus chez pas mal de gens entre le mental et ce qu'ils sont réellement.

Pour revenir à l'Eternel retour, moi ce que j'en comprends c'est qu'il s'agit du moment présent, et ce que j'en sais c'est que c'est la tête qui psychote et fait chier avec ça, parce que la mécanique de la pensée c'est de toujours se projeter sur les choses en fonction d'une mémoire, d'où un décalage qui couplé au poids des habitudes peut parfois engendrer une vision artificielle du réel, en ce sens qu'on ne devient plus capable de vivre l'instant avec des yeux nus, de le ressentir (puisqu'après tout, le réel c'est uniquement le présent) comme quelque chose de neuf.
J'aimerais bien être capable de retrouver le fonctionnement cérébral d'un gosse personnellement ! Cela dit je précise que je ne projette pas mon cas sur les autres, je ne suis pas en train de sous-entendre que tu aurais un quelconque problème à ce niveau là.
Avatar de l’utilisateur
By Maurice
#148259 De ce que je comprends de l'Eternel retour chez Nietzsche, c'est que ce n'est pas un problème métaphysique pour lui qui pense en avoir fini avec la métaphusique. Sa question est plutôt, comment une fois la certitude de la mort de Dieu est en nous, ne pas sombrer dans les croyances de tout et de n'importe quoi d'une part (lire les journaux par exemple, qui sont de véritable bréviaires quotidiens destinés à des croyants qui l'ignorent) ? D'autre part, comment ne pas désespérer de tout puisque plus rien n'a de sens (le fait de croire tout et n'importe quoi étant in fine la conséquence de ce désespoir).

La question de l'Eternel retour est une réactualisation des présocratiques (Héraclite, notamment) et de la mentalité antique (supposée) appliqué à l'intime. Il s'agit de ce qu'on appellerait une "éthique" si ce terme se trouvait chez Nietzsche - et il ne me semble pas qu'on le trouve chez lui.

Etant entendu que la vie n'a aucune sens, comme ne pas sombrer dans le plus grand des désespoirs ? "Le futur appartient à celui qui a la plus longue mémoire", écrit Nietzsche. Il faut donc revenir en arrière, loin en arrière, très loin, à l'aube de la philosophie, avant Platon, au temps des présocratiques, qui selon l'auteur, a donné le véritable ton philosophique dans lequel a baigné toute l'antiquité. L'Eternel retour, c'est pour faire bref, un renversement complet de l'impératif moral kantien (car Nietzsche est en guerre ouverte aussi contre le kantisme), c'est quelque chose comme : Agis comme si toujours tu devais revivre ta vie une infinité de fois (c'est de moi, mais c'est peut-être quelque chose de très proche de ce qu'a écrit Nietzsche). C'est le socle d'où naîtrait toute "morale" fondamentalement aristocratique (les Anciens contre le christianisme primitif, l'Eglise catholique contre le protestantisme, Rossini contre Wagner, le surhomme contre les nouveaux prêtres à contrefaits (socialistes, communistes, humanistes de tout poil, nationalistes, journalistes, féministes etc.) qui exigent que l'homme (et la femme) soit une victime (des forts, du capitalisme, des juifs, des hommes etc) et non un conquérant. Et là, la diatribe contre le féminisme donnée en vidéo prend un éclat nouveau : les droits de la femme (c'est-à-dire les droits de la femme à l'égal de l'homme) sont une rigolade parce qu'on attend de la femme qu'elle soit femme et non un homme contrefait, on attend naturellement d'elle qu'elle soit radicalement différente, radicalement autre.

Voilà ce que je comprends bien maladroitement sans doute, de l'Eternel retour chez Nietzsche.
By Rose Selavy
#148510 [quote="Maurice"] L'Eternel retour, c'est quelque chose comme : Agis comme si toujours tu devais revivre ta vie une infinité de fois (c'est de moi, mais c'est peut-être quelque chose de très proche de ce qu'a écrit Nietzsche).

Passé à la sauce des existentialistes et des sous-existentialistes, oui. Puis passé à la sauce développement personnel hédonisme plat cela donne : vivre sa vie à fond pour ne rien regretter.

Or Nietzsche ne croit pas au libre arbitraire. L'éternel retour équivaut à quelque chose d'essentiellement tragique, une unité de mesure pour retourner le nihilisme dans un accès vitaliste quasi-provocateur ; cela donnerait dire oui à tout, parce que nécessité fait loi, oui à la souffrance, à la joie, etc, car dire non à une dimension reviendrait à tout rejeter en bloc, à annuler toute possibilité.

Tu remarqueras que cela sonne automatiquement à nos oreilles modernes comme un concept de résigné, fataliste, mortifère, soit absolument le contraire dans sa bouche.