Itou

Modérateurs: animal, Léo

By john dilinger
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Au hasard des lectures, on tombe parfois sur de petites perles.
Le livre Le Singe Nu, de Desmond Morris, en est une.

Étrange titre. De quoi parle-t-on ?
De l'Homme, tout simplement. L'Homme remis à sa place de primate : le seul primate dont la majeure partie de la peau est... nue !

Plus exactement, ce livre est un essai d'un Docteur en Zoologie d'Oxford.
Sa méthode pour étudier l'homme : le regarder comme un simple animal.

Un animal étonnant : primate refoulé qui a du se confronter à la concurrence des carnivores une fois sortie de sa jungle d'Eden, l'Homme a su s'adapter à son nouvel environnement par l'élaboration de stratégies, la pensée, la coopération dans la chasse, le territorialisme...
pour devenir l'animal social doué de raison qu'on connaît aujourd'hui, constructeur de gratte-ciels et explorateur de l'espace.

Ce livre traite de beaucoup de thèmes dont la sexualité et l'exploration.
Sans forcément s'abandonner à accepter totalement les thèses de l'auteur, les explications sont intéressantes. Surtout pour quelqu'un comme moi qui adore comprendre les choses.

On y explique par exemple la présence de l'hymen, comme inconfort physique nécessaire que la femelle humaine n'acceptera de dépasser que si elle éprouve un confort et un attachement suffisant au mâle. Donc nécessité pour le mâle de prouver son attachement pour garantir ainsi sa présence lors de l'éducation de l'enfant.
(Tiens tiens, ça me rappelle des notions de confort et de connexion tout ça...)

Les seins de la femelle ont évolué en signaux sexuels rappelant sa croupe, d'où l'utilisation de décolletés et de soutien-gorges.
Le rouge à lèvre simule l'afflux sanguin intervenant lors de l'excitation.
Le mascara souligne le regard dans lequel les pupilles dilatées seront aussi signe d'excitation.*
Les hauts talons, par les contractions musculaires qu'ils induisent, amplifient les signaux sexuels des fesses et des seins.

La séduction (sans forcément y avoir d'objectif de copulation) y est décrite comme un mécanisme de réduction des sentiments d'hostilité au sein d'un groupe.
(Mais... être séduisant pour fluidifier ses rapports sociaux au lieu de (seulement) lever de l’écervelée... ça me rappelle quelqu'un ça aussi)

Il y est aussi question de l'empreinte de nos expériences sexuelles, qui s'affinent ensemble pour ne nous laisser marqués plus que par les femelles qui nous sont "biologiquement compatibles".
(Morpho-type, mémoire poétique Kunderienne)

Il y est enfin question de cet instinct que nous avons développé d'abord par nécessité de survie, puis aujourd'hui comme une fin en soi : l'exploration. Cette exploration qui nous était d'abord nécessaire lors de notre expansion autour du monde pour trouver un nouvel habitat, apprendre les bruits des nouveaux dangers, apprendre les couleurs des fruits toxiques ; cet instinct d'exploration s'est aujourd'hui mue en un raffinement.
Raffinement du bruit (la musique), de la nourriture (la gastronomie), de l'image (l'art).

Je conseille ce bouquin à tous ceux qui aiment enrichir leur compréhension du monde et du sens de notre existence.


* A ce propos, connaissez-vous l'histoire de la [url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Belladone]Belladone[/url] ? :wink:
[quote]Poison mortel, la belladone fut aussi utilisée pour parfaire la beauté des femmes de la Renaissance. Les Italiennes élégantes appliquaient sur leurs yeux une pommade à base de belladone qui avait pour effet de dilater leurs pupilles et de leur donner de profonds yeux noirs. D'où l'expression belladonne, c'est-à-dire « belle femme » en italien. La dilatation de la pupille est l'une des manifestations de l'excitation sexuelle et de l'admiration désirante