- Dim Avr 05, 2009 8:26 pm
#72136
Je suis actuellement en train de lire [url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage_au_bout_de_la_nuit]Le voyage au bout de la nuit[/url].
Ce livre est une perle de noirceur. Le vide, l'absence de sens des vies humaines y sont décrites avec un tel désespoir lucide que c'est presque un plaisir à lire. Presque tant on en ressort déprimé ensuite.
J'ai rarement vu un tel désespoir existentiel; une haine de la vie et du genre humain aussi prononcée.
Des phrases de l'auteur sont bien plus parlantes et frappantes que mon baragouinage :
[quote]
La misère est géante, elle se sert pour essuyer les ordures du monde de votre figure comme d'une toile à laver.
[quote]Tout en pérorant ainsi dans l'artifice et le convenu, je ne pouvais m'empêcher de percevoir plus nettement encore d'autres raisons que le paludisme à la dépression physique et morale dont je me sentais accablé. Il s'agissait au surplus d'un changement d'habitudes, il fallait que j'apprenne une fois encore à reconnaitre de nouveaux visages dans un nouveau milieu, d'autres facons de parler et de mentir. La paresse, c'est presque aussi fort que la vie. La banalité de la farce nouvelle qu'il vous faut jouer vous écrase et il vous faut somme toute encore plus de lacheté que de courage pour recommencer. C'est cela l'exil, l'étranger, cette inexorable observation de l'existence telle qu'elle est vraiment pendant ces quelques heures, lucides, exceptionnelles dans la trame du temps humain, où les habitudes du pays précédent vous abandonnent, sans que les autres, les nouvelles, vous aient encore suffisamment abrutis.
Tout dans ces moments là vient s'ajouter à votre immonde détresse pour vous forcer, débile, à discerner les choses, les gens et l'avenir tels qu'ils sont, c'est à dire des squelettes rien que des riens qu'il faudra cependant aimer, chérir, défendre, animer comme s'ils existaient.
Un autre pays, des gens autour de soi, agités d'une facon un peu bizarre, quelques petites vanités en moins, dissipées, quelque orgueil qui ne trouve plus sa raison, son mensonge, son écho familier, et il n'en faut pas davantage, la tête vous tourne, et le doute vous attire, et l'infini s'ouvre rien que pour vous, un ridicule petit infini et vous tombez dedans.
Le voyage c'est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons.
[quote]Il faut bien que ca arrive, tot ou tard, qu'on vous classe.
[quote]Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seul.
Je m'arrête là. Je pourrais en mettre beaucoup plus. J'ai quasiment écorné le livre toutes les deux pages pour y souligner un passage.
Voici deux extraits audio lus par Luchini, du voyage au bout de la nuit :
[url=http://www.badongo.com/audio/14273451]Premier extrait, où Bardumu est médecin des pauvres.[/url]
[url=http://www.badongo.com/audio/14273552]Second extrait, Bardamu est à New York.[/url]
Ce livre est une perle de noirceur. Le vide, l'absence de sens des vies humaines y sont décrites avec un tel désespoir lucide que c'est presque un plaisir à lire. Presque tant on en ressort déprimé ensuite.
J'ai rarement vu un tel désespoir existentiel; une haine de la vie et du genre humain aussi prononcée.
Des phrases de l'auteur sont bien plus parlantes et frappantes que mon baragouinage :
[quote]
La misère est géante, elle se sert pour essuyer les ordures du monde de votre figure comme d'une toile à laver.
[quote]Tout en pérorant ainsi dans l'artifice et le convenu, je ne pouvais m'empêcher de percevoir plus nettement encore d'autres raisons que le paludisme à la dépression physique et morale dont je me sentais accablé. Il s'agissait au surplus d'un changement d'habitudes, il fallait que j'apprenne une fois encore à reconnaitre de nouveaux visages dans un nouveau milieu, d'autres facons de parler et de mentir. La paresse, c'est presque aussi fort que la vie. La banalité de la farce nouvelle qu'il vous faut jouer vous écrase et il vous faut somme toute encore plus de lacheté que de courage pour recommencer. C'est cela l'exil, l'étranger, cette inexorable observation de l'existence telle qu'elle est vraiment pendant ces quelques heures, lucides, exceptionnelles dans la trame du temps humain, où les habitudes du pays précédent vous abandonnent, sans que les autres, les nouvelles, vous aient encore suffisamment abrutis.
Tout dans ces moments là vient s'ajouter à votre immonde détresse pour vous forcer, débile, à discerner les choses, les gens et l'avenir tels qu'ils sont, c'est à dire des squelettes rien que des riens qu'il faudra cependant aimer, chérir, défendre, animer comme s'ils existaient.
Un autre pays, des gens autour de soi, agités d'une facon un peu bizarre, quelques petites vanités en moins, dissipées, quelque orgueil qui ne trouve plus sa raison, son mensonge, son écho familier, et il n'en faut pas davantage, la tête vous tourne, et le doute vous attire, et l'infini s'ouvre rien que pour vous, un ridicule petit infini et vous tombez dedans.
Le voyage c'est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons.
[quote]Il faut bien que ca arrive, tot ou tard, qu'on vous classe.
[quote]Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seul.
Je m'arrête là. Je pourrais en mettre beaucoup plus. J'ai quasiment écorné le livre toutes les deux pages pour y souligner un passage.
Voici deux extraits audio lus par Luchini, du voyage au bout de la nuit :
[url=http://www.badongo.com/audio/14273451]Premier extrait, où Bardumu est médecin des pauvres.[/url]
[url=http://www.badongo.com/audio/14273552]Second extrait, Bardamu est à New York.[/url]