- Sam Sep 13, 2014 3:29 pm
#157807
D'où l'expression sans dents ?
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Un mot cependant sur les pauvres, puisque j'ai connu il y a maintenant longtemps, la pauvreté moi-même (la vraie, celle qui vous laisse 100 euro par mois pour vous nourrir et vous habiller). On peut être digne et pauvre, cultivé et pauvre, intéressant et pauvre. La pauvreté est une (excellente) école que je conseille : on ne s'en laisse plus compter après ça par le clinquant de ceux qui veulent en imposer. Le danger de la pauvreté, c'est d'avoir honte du peu de moyens dont on dispose et de se lancer à corps perdu à la recherche d'un eldorado et des signes de richesse qui peut mal tourner. Du temps où j'étais pauvre, je n'en avais absolument pas honte, je menais une vie relativement ascétique sinon monacale et je me cultivais (voire me formais selon la manière qui me convenait), à moitié coupé du monde. Volontairement.
Dans les descriptions que Pierre-Jakez Helias fait de la Bretagne au début du siècle dernier, il parle de gens pauvres et on se rend compte de toute la culture que ces gens avaient et qui correspond au milieu dans lequel ils vivent (bien plus étendu que la majorité des bacheliers à notre époque). Les jeunes hommes sont certes, alccol aidant, des bagarreurs du samedi soir, le but étant de montrer sa virilité contre le village d'en face dans une lutte pour les femmes qui ne dit pas son nom. Ce sont souvent des rixes brèves qui doivent "s'arrêter au premier sang", comme on dit. C'est peut-être même plus digne que de se pavaner sur telle ou telle avenue à la mode au volant d'une Lamborghini.
Certes donc, on peut être pauvre, con, ignare et ennuyeux, et malheureusement, avec des instruments à blanchir le cerveau, comme la télévision, ça devient un peu la norme.
Ceci étant, on peut aussi être riche, con, ignare et ennuyeux, c'est d'ailleurs très fréquent et se rendre compte qu'en grattant un peu sous le vernis, tout ça est bien vermoulu (ceci est d'autant plus vrai que les riches aussi utilisent des instruments à blanchir le cerveau).
On ne confondra évidemment pas la pauvreté et la misère. Contrairement à ce qu'on ne cesse de nous dire pour justifier que des abrutis mettent leur quartier à feu, brûlent les voitures etc, il n'y a pas de drame à être pauvre (c'est juste que c'est difficile et qu'il faut faire attention, c'est en cela que ce n'est pas une situation inintéressante), il y a par contre un drame à être dans la misère.