- Lun Juil 05, 2010 3:36 pm
#96941
Melenda est assez flou, c’est vrai, et son truc sent un peu les théories fumeuses du style dianétique et autres débilités new-age qui vous disent qu’écouter le vent bruisser dans les arbres avec un quartz sur la tête vous fera retrouver votre moi profond. Pourtant, c’était la grande mode il y a un siècle et de nombreux scientifiques et penseurs s’y sont penchés, Jung notamment, qui en a tiré des « archétypes ».
L’idée principale est que l’homme se partage selon deux courants ;
l’anima, qui reflèterait sa part féminine (rêverie, sensibilité, poésie, inconscient, contemplation, eau etc.) et
l’animus, sa part masculine (Raison, capacité à conceptualiser, activité sociale, prosaïsme, terre etc.).
Donc l’anima est notre part féminine (artiste pourrait-on dire), qui s’exprime plus ou moins selon les hommes.
Certains écrivains, sur la base de ce que d’autres comme Bachelard avaient écrit (
Poétique de la rêverie) se sont éclatés à inventer des pourcentages et en ont déduit qu’il y aurait à peu près 10% d’animus chez la femme et 10% d’anima chez l’homme.
Et comme les psychanalystes sont toujours prompts à tout ramener à des histoires de touche-pipi, on en a déduit que
l’homme projette sur la femme ce qu’il aime de son anima, et la femme projette sur l’homme ce qu’elle aime de son animus. En clair, nous serions attirés par la petite part de masculinité que nous renvoie une femme, ce qui expliquerait le fantasme de la femme fatale, de la dominatrice, des cheveux courts, du garçon manqué, et j’en passe.
De la même manière, les hommes qui laissent s’exprimer leur part féminine (non je ne parle pas des métros, mais plutôt de ceux qui savent apprécier un bon livre ou un beau paysage) sont les plus équilibrés, et les plus à même de mener une belle vie.
Maintenant, je tiens à donner 2/3 précisions sur tout ça :
1. Je ne suis pas nécessairement d’accord avec ces analyses, bien que je pense qu’il y ait du vrai. J’ai eu envie de donner un peu de consistance et de références (autres que Cosmo) au débat.
2. Encore une fois, exprimer son coté féminin ne consiste pas à pleurer comme une madeleine ou à lire du Goethe cheveux au vent face à la mer déchainée. Au contraire, cela sous-entend avoir suffisamment de cette «empathie » irrationnelle qui permet de comprendre, de sentir, ce que veulent les femmes – et la société en général.
3. Aujourd'hui, les para-sciences et la psychologie/ développement personnel pouêt-pouêt ont fait ce qu’elles voulaient de cette idée, et l’ont même mixée avec les concepts de dualité, d’éternel retour et de thèse/antithèse propres au taoïsme et aux philosophies orientales. Alors forcément, on se retrouve avec un gros pâté dégueulasse qui ne veut plus rien dire et qui vous parle d’énergies qui circulent, de fluides, de retournement à la mère et je ne sais quelles autres conneries pour pigeons en mal de reconnaissance. Encore une fois, tout est question de tri.
PS ; pour les plus courageux, un court article wiki sur [url=http://en.wikipedia.org/wiki/Anima_and_animus]animus et anima chez Jung[/url] (en anglais).