Itou

Modérateurs: animal, Léo

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By Thorgal
#143770 [quote="Maurice"][quote="Thorgal"]Mais par contre le fait qu'on ait ôté aux états (de l'intérieur via Pompidou) la capacité à forger leur propre monnaie, sous couvert qu'ils seraient intrinsèquement irresponsables.
Ceci est fondamentalement vrai : la preuve c'est qu'ils ont réussi à s'hyper-endetter, et je crois qu'il ne faut pas exagérer les mesures pompidolesques, après tout, l'Etat a de tout temps emprunté aux banques.
Tu prends le problème par le mauvais bout. Il suffit de comparer la dette actuelle à ce qu'elle serait si nous n'avions pas d'intérêts à payer (cf loi Pompidou, puis Maastritch) pour constater l'arnaque fondamentale (ce qui n'empêche pas les dépenses abusives de l'Etat certes, mais a tout de même le loisir d'expliquer l'énormité de la dette qui s'y ajoute sans autre fonction que d'engraisser certains.)
[img]http://postjorion.files.wordpress.com/2010/09/190910-5.png[/img]
Double arnaque même, puisque quand on leur demande, les obligés de cette loi rétorquent éhonteusement qu'ils fallait limiter l'inflation induit par l'utilisation de la planche à billets. Argument idiot, déjà parce que les chiffres (de 63 à 73 et de 73 à 83) ne l'indiquent pas, pas plus qu'ils ne peuvent expliquer l'urgence de cette loi, et aussi parce qui dit inflation ne signifie pas forcément inflation ressentie par le péquin moyen. Lorsqu'il y a peu de chômage, les entreprises ne pouvant pas sous-payer leurs salariés sont bien obligés de répercuter le manque à gagner dans les prix, ce qui ne gêne personne.
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By Maxime
#143783 Pour parler de lecture hivernale...

J'ai acquis un peu par hasard "Extension du domaine de la lutte" de Michel Houellebecq (1994).

C'est l'histoire d'un informaticien d'une petite trentaine qui observe/étudie les relations humaines dans son entourage perso/pro. Il élabore à partir de cela sa propre théorie.

C'est rapide à lire et ma foi très sympa.

A vous pour le débat économique...
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By Maurice
#143792 [quote="Maurice"]Oui, tu as raison, dans un certain sens... mais c'est juste que j'essaye de ne pas trop aller vers l'économie en détail ici, et si on sort les graphes, on n'a pas fini ! :D

En fait, je n'ai pas d'idées arrêtées concernant ce domaine, on l'aura compris. Comme dans bien d'autres d'ailleurs, ce qui ne me dérange pas du tout mais me motive à apprendre, à mon rythme.

*********************

Si ma mémoire est bonne, il y a dans Extension du domaine de la lutte une description de la Parisienne sous psychanalyse qui vaut à soi seul la lecture de l'ouvrage.
By mwu
#143803 [quote="Thorgal"][quote="Maurice"][quote="Thorgal"]Mais par contre le fait qu'on ait ôté aux états (de l'intérieur via Pompidou) la capacité à forger leur propre monnaie, sous couvert qu'ils seraient intrinsèquement irresponsables.
Ceci est fondamentalement vrai : la preuve c'est qu'ils ont réussi à s'hyper-endetter, et je crois qu'il ne faut pas exagérer les mesures pompidolesques, après tout, l'Etat a de tout temps emprunté aux banques.
Tu prends le problème par le mauvais bout. Il suffit de comparer la dette actuelle à ce qu'elle serait si nous n'avions pas d'intérêts à payer (cf loi Pompidou, puis Maastritch) pour constater l'arnaque fondamentale (ce qui n'empêche pas les dépenses abusives de l'Etat certes, mais a tout de même le loisir d'expliquer l'énormité de la dette qui s'y ajoute sans autre fonction que d'engraisser certains.)
[img]http://postjorion.files.wordpress.com/2010/09/190910-5.png[/img]
Double arnaque même, puisque quand on leur demande, les obligés de cette loi rétorquent éhonteusement qu'ils fallait limiter l'inflation induit par l'utilisation de la planche à billets. Argument idiot, déjà parce que les chiffres (de 63 à 73 et de 73 à 83) ne l'indiquent pas, pas plus qu'ils ne peuvent expliquer l'urgence de cette loi, et aussi parce qui dit inflation ne signifie pas forcément inflation ressentie par le péquin moyen. Lorsqu'il y a peu de chômage, les entreprises ne pouvant pas sous-payer leurs salariés sont bien obligés de répercuter le manque à gagner dans les prix, ce qui ne gêne personne.


On va arreter tout de suite l'alter-économie :)
[url]http://leparisienliberal.blogspot.ch/2011/09/loi-n73-7-du-3-janvier-1973-sur-la.html[/url]
[url]http://h16free.com/2011/11/28/11407-pour-en-finir-avec-la-loi-de-1973[/url]

Et comme vous allez le voir dans les commentaires de l'article, c'est un sujet qui fait beaucoup trop débat (si vous voulez on peut créer un sujet séparé mais pas ici)


[quote]Si ma mémoire est bonne, il y a dans Extension du domaine de la lutte une description de la Parisienne sous psychanalyse qui vaut à soi seul la lecture de l'ouvrage.

Voila tu m'a donner envie de l'acheter, c'est mal un samedi quand les magasins ont fermé
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By coug
#143814 [quote="jazzitup_"][quote]comme une certaine remarque ci-dessus concernant mon matelas

Sur le fond, je suis d'accord avec toi, je ne sais absolument pas où placer mes économies.

A la banque, pour que cet argent soit utilisé pour faire gonfler leur bilan d'un facteur 10, alors que je dois être ravi de récolter des cacahuètes d'intérêts vite mangés par les frais bancaires?

Ca dépends, t'as combien?

Faut juste être conscient de deux trois choses:

En France, comme en Suisse d'ailleurs, aucun compte au dessus de €/CHF100'000 n'est garanti. La seule différence, c'est qu'en France c'est nominatif, donc chaque individu physique a une garantie de €100K et en Suisse c'est nominal, c'est à dire que chaque compte (par banque) est garanti à hauteur de CHF100K. Donc si t'as plus, faut les répartir chez plusieurs banques.

Un conseil pas mal, c'est de regarder les banques qui dans le conflit fiscal américain se sont placées en catégorie 4. Il y a un lien de causalité, entre le sérieux et la solidité d'une banque et sa catégorisation dans ce conflit fiscal vis a vis des autorités américaines. Les catégorie 3 sont également bien. Comme par hasard, c'est essentiellement des banques cantonales.

Autre chose dont il faut avoir conscience, vous vous souvenez, Chypres? Quand l'UE a bloqué tout les retraits pendant plusieurs jours pour avoir le temps de forcer le parlement à ratifier un "accord", qui lui permette de se servir directement sur les comptes privés?
Si vous vivez en UErss, réfléchissez bien ou vous mettez vos sous, car ca va saigner. Indice: Il n'est pas illégal d'avoir un compte dans une banque en Suisse. Il n'est pas illégal, d'avoir un prêt en Suisse. Il serait illégal de ne pas le déclarer au fisc français (et une bien stupide idée, depuis que la Suisse n'a plus de secret bancaire et n'est dès lors, plus un paradis fiscal).
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By coug
#143831 Jazz est Suisse, c'est normal que je lui réponde par rapport à son contexte légal... Et que j'effectue un parallèle avec la France, pour que ce soit utile aux 99% des lecteurs du forum.

D'expérience, rare sont les personnes conscientes des quelques points (pourtant basiques) énumérés ci-dessus.. Et la France possède quelques banques qui ont des bilans très exposés. Personne peut jurer aujourd'hui, que certaines d'entre elles ne risquent pas de finir comme Natixis.

PS/ T'as qu'à l'appeler le Point-Coug :mrgreen: :mrgreen:
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By Jester
#144051 Pour ceux qui lisent de la SF et en VO, je recommande chaudement : "The Ocean at the end of the lane" de Neil Gaiman.

Une histoire fantastique qui ressemble un peu à "Neverwhere", avec des réminiscences de Lord Dunsany. Court, et vraiment très bien. Gaiman a le don de raconter des histoires en donnant l'impression que ce sont des contes qui ont toujours fait partie de l'inconscient collectif de l'humanité.

Je recommande aussi chaudement "Shaman" de Kim Stanley Robinson, où l'on suit des hommes de cro magnon dans plusieurs années de "sur"-vie. Ma femme n'a pas aimé, trop lent et contemplatif à son goût, mais j'ai adoré. On se retrouve sur une Terre complètement vierge, ou l'homme qui sort de sa caverne est en permanence à l'affut pour éviter de se faire bouffer par des bêtes plus grosses que lui. Vraiment sympa.
By nicolasL
#144077 Je termine sans trop me presser l'Enéide de Virgile pour enchainer avec Notre-Dame de Paris, Noces et l'été de Camus et peut être Elles et toi de Sacha Guitry.

@Simon: La nutrition de la force est vraiment abordable et la base théorique n'est pas aussi indigeste que pas mal de livres de biochimie.
Dans la même lignée les livres de Christophe Carrio sont intéressants.
By James ex S
#144085 [quote="nicolasL"]
@Simon: La nutrition de la force est vraiment abordable et la base théorique n'est pas aussi indigeste que pas mal de livres de biochimie.
Dans la même lignée les livres de Christophe Carrio sont intéressants.

Julien Venesson a réussi à vulgariser, sans simplifier ni faire de raccourci graveleux, ce qui est remarquable. Il fait des vrais liens entre un contenu très théorique (et très technique) et la réalité du terrain (ce qui se passe vraiment sous la barre à la salle de sport ou dans ton organisme quand tu prends ton premier repas après un entraînement).
J'ai lu des livres beaucoup plus poussés notamment sur l'aspect biochimique (dégradation des molécules, calculs des besoins très précis...) mais qui tournent vite à la masturbation intellectuelle et qui ne sont pas d'une grande utilité dans la pratique.

J'avais rendu un travail la dessus à l'époque et pour avoir lu un tas de bouquins sur le sujet, je me suis vite rendu compte qu'un grand nombre de spécialistes n'avaient jamais mis les pieds dans une salle de sport ou sur un terrain. Comme toujours il y a un monde entre la théorie et la pratique.

Je n'ai pas encore lu les livres de Christophe Carrio mais je sais qu'ils avaient travailler ensemble avec Julien Venesson. Merci du conseil
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By Ventel
#144277 [quote="nicolasL"]Je termine sans trop me presser l'Enéide de Virgile pour enchainer avec Notre-Dame de Paris, Noces et l'été de Camus et peut être Elles et toi de Sacha Guitry.


Nicolas, tu vas adorer Notre-dame de paris.
La figure de Frollo est vraiment intéressante.
J'ai l'impression que lorsqu'il rédigeait son roman, il savait que sa femme allait le tromper.
Et dire qu'il ignorait tout de la liaison entre Sainte-Beuve et Adèle est sûrement une petite erreur.

PS : Au niveau de la forme, tu verras que Hugo utilise toujours l’adverbe "Cependant" après un alinéa. Tu ne pourras plus les compter tellement qu'il l'utilise !
Pense-y lors de ta lecture, ça t'amusera ! :mrgreen:
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By Maurice
#144859 Le Rouge et le Noir ne se donne pas à lire avec facilité, on rentre doucement dans l'ouvrage, le style est sec - comme le reconnaît lui-même l'auteur, et le sens de quelque passages peut nous échapper, faute de référence, mais aussi par manque de délayé dans le style : le lecteur est ainsi convié à faire jouer son imagination pour tenter de bien comprendre, ce qui retarde la lecture, mais peut aussi la rendre plus agréable - et je n'étais pas d'humeur très liseuse fin décembre, mais avec bonheur sans aucun doute. Mon programme de lecture a pris un sacré coup, tant pis : mieux vaut la qualité à la quantité !

On y trouvera la plus brillante analyse des intermittences du (jeune) coeur jamais faite jusqu'à Proust, tant du côté féminin que du côté masculin. Cette relecture m'a fait plonger dans une triste aventure qui m'avait terrriblement marqué lorsque j'avais 20 ans : grâce à celle-ci, j'ai enfin pu mettre un mot sur le comportement, que je trouvais totalement irrationnel - et pour tout dire traumatisant, passant très rapidement de l'adoration au mépris, de la belle d'alors.

J'ai pour ma part deux visages connus derrière les deux personnages féminins, et j'ai comme dans l'idée qu'il en sera peut-être de la plupart d'entre nous : la femme femme et la femme enfant, peut-être...

Du XIXème siècle, j'en viens vraiment à préférer Balzac et Stendhal à Hugo et Zola, préférant ce miroir que l'on promène sur l'existence plutôt que l'esprit de système des deux derniers (même s'ils ne sont pas que ça), toujours se méfier de l'esprit de système, qui cherche à vous faire rentrer Paris dans une bouteille, et pour ce faire rabote la réalité pour qu'elle se conforme à l'idée qu'on s'en fait.
Il y a chez Stendhal cette incapacité à dissocier le psychologique du sociologique qui en fait tout le prix. C'est aussi une lecture qui élève l'âme et qui vous donne envie de mordre le monde, à l'opposé d'un Flaubert qui est tellement déprimant. J'avais lu ce livre trop jeune, à 15 ans et je n'en avais pas retenu ses leçons alors, mais pour une personne de 18-20 ans, c'est un livre totalement recommandable, peut-être prioritaire dans le choix d'une culture littéraire à cet âge-là. Oui, il vaut mieux être haï que méprisé.

Certaines vérités fulgurantes aussi. Exemple, cette sortie quasi-nietzschéenne avant l'heure, à propos du clergé : "Ce sont cependant là les seuls professeurs de morale qu'ait le peuple, et sans eux, que deviendrait-il ? Le journal pourra-t-il jamais remplacer le curé ?"

J'y retourne avec de m'endormir....
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By Stéphane
#144864 [quote]Il y a chez Stendhal cette incapacité à dissocier le psychologique du sociologique qui en fait tout le prix.
+1.

Très masculin, au passage, cette qualité ;)
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By Ventel
#144868 [img]http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/9/2/0/9782070323029.jpg[/img]

Il y a deux Camus : celui que les profs de lycée simplifient avec l’Étranger ; et puis l'autre, le Camus qu'on découvre par soi-même après la lecture de l'Homme révolté et du Premier homme.

L'avantage avec cet auteur, c'est qu'il parle à ceux qui ont toujours vu l'existence comme une lutte pour la survie et non pas une course pour la délectation. Il plaît davantage aux battants qu'aux appréciateurs : le type en manque de mère/père, l’amoureux des femmes qui n'arrive pas à atteindre l'absolu qui le ronge, l'ado vivant dans un milieu précaire et qui ressent un dédain profond pour l'ordre et la société cerneront rapidement la notion d'absurde et de révolte. Une révolte qui ne résume pas à lancer des débris de verre sur des CRS, à une acceptation dans le malheur ou au suicide, mais à l'adoption d'une attitude révoltée loin de la violence gratuite et de l'anarchisme.
Avec Camus, on s'éloigne de la pensée mystique, du sacré, de la divination, de la raison, et de la philosophie ; on comprend habilement qu'on figure dans un monde qui n'est certainement pas à notre avantage et que seule la lutte pourra nous distraire avant la mort.

De plus, je m'accorderai le privilège de dire que cet auteur reste avant tout un écrivain accompli. Sa mort, tragique et prématurée, lui a permise d'être un personnage clé de l'absurde. Camus est parti dans l'absurdité la plus totale ; il a été fauché en plein succès, en pleine gloire, au moment où il forgeait fièrement sa pensée. Il a été le rat de laboratoire de sa propre théorie. Il la vécut jusqu'à la fin. La fatalité, la malchance, et la scoumoune auront eu raison de lui (et pas de la manière la plus douce ; mourir dans un accident de voiture doit être une bien dégueulasse affaire à endurer, même si ça ne dure que deux secondes).
Ainsi, Dieu ne se sera pas soucié de préserver cet auteur des vicissitudes du hasard. Ceux qui contestent l'existence du Seigneur n'ont pas de privilèges et finissent aussi à la trappe.

Certains de ce forum savent que le supplice qui m’effraie le plus, c'est que nous soyons tous prisonniers de l'univers qui nous a permis de passer de l'expérience non vivante à l'expérience vivante. En fait, pour être plus simple, je crains énormément la réincarnation (autant qu'un chrétien pourrait redouter l'apparition du Diable sur terre).
J'ai peur que les atomes qui constituent ce monde nous obligent, après notre mort, à revivre à chaque fois avec une nouvelle conscience (diminuée ou augmentée selon l'espèce que nous aurons acquise par les aléas du sort). Cette réincarnation incarnerait une sorte d'éternité morbide et insignifiante puisqu'elle ne nous permettrait pas d'atteindre l'élévation. Une immortalité dont nous pourrions sortir — le néant n'existant pas ; nous serons contraints d'exister à jamais dans la matière.

Bref, nous sommes en plein mythe de Sisyphe.
La seule clémence que nous pourrions désirer, ça serait celle d'être sauvé de cette vilaine éternité (engendrée par la réincarnation) par la volonté qui a rendu cet univers possible ; mais quand je vois comment ont fini Saint Saint-Exupéry, Camus ou Desproges, je me dis que celui qui est en haut ne doit pas vraiment accorder de la valeur ou de la considération à ceux d'en bas...