- Jeu Mar 27, 2014 7:52 pm
#149418
@ Ventel, ça peut se terminer comme ça aussi : [url]http://www.sudinfo.be/966192/article/actualite/faits-divers/2014-03-21/alexandra-sereda-tellement-battue-par-son-ex-qu-elle-ressemble-a-un-zombie-sort[/url]
Pour info, on trouve partout
Autant en emporte le vent sur internet en pdf (je crois que c'est encore un peu tôt, l'auteur est morte renversée par une voiture en 1949, mais pour le Canada, c'est bon...). Je me suis ainsi éviter de recopier manuellement l'extrait qui suit, contrairement aux précédents extraits.
Un peu comme dans la rubrique "Témoignages", "Journal" et "Rencontres", imaginez que ce soit Rhett qui écrive en quelque sorte ce qui suit.
Attention : je déconseille à ceux qui ont envie de lire l'œuvre de lire ce qui suit ainsi que mon petit commentaire (partant du principe que l'entrée dans un livre vierge de presque tout savoir offre un plaisir (encore) plus grand qu'en en connaissant les tenants et les aboutissants). Ceux qui ont vu le film peuvent sans doute le faire, par contre. Ainsi, je me demande ce que vous pensez de l'attitude de Butler, qui sait s'appuyer par ailleurs sur les multiples cadeaux qu'il lui a fait à elle et à sa famille (nous sommes en guerre et en période de pénurie) et qui ne lui coûtent pas grand chose à lui alors qu'ils sont très précieux pour celles à qui il les offre.
[quote]
Rhett -Oui, l'armée est diablement à court d'hommes sans quoi on ne ferait pas appel à la Garde locale. Quant à la question des retranchements, eh bien! on attribue une certaine valeur aux fortifications en cas de siège. Le général se prépare à livrer ici son ultime bataille.
Scarlett - Un siège! Oh! faites demi-tour. Je rentre chez moi, chez moi à Tara, tout de suite!
- Qu'est-ce qui vous prend?
- Un siège! Oh! mon Dieu, un siège! J'en ai entendu parler. Papa a assisté à un siège, à moins que ce ne soit son père, et papa m'a dit ...
- Quel siège?
- Le siège de Drogheda lorsque Cromwell a battu les Irlandais. Ils n'avaient rien à manger. Papa m'a dit qu'ils mouraient de faim dans la rue et qu'ils ont fini par manger des chats et des rats et même des cancrelats. Et il m'a dit qu'avant de se rendre ils se sont mangés entre eux. Il est vrai que je n'ai jamais su s'il fallait croire ça ou non. Et quand Cromwell a pris la ville, toutes les femmes ont été ... Un siège! Sainte Vierge!
- Vous êtes la jeune personne la plus affreusement ignorante que j'aie jamais vue. Le siège de Drogheda a eu lieu en seize cent et quelque chose et M. O'Hara ne pouvait pas être né à cette époque-là. D'ailleurs Sherman n'est pas Cromwell...
- Non, mais il est pire. On dit ...
- Quant aux viandes que les Irlandais ont mangées pendant le siège... pour ma part je préférerais un rat bien juteux aux victuailles qu'on m'a servies récemment à l'hôtel. Je crois que je vais être obligé de retourner à Richmond. On mange bien là-bas, à condition d'y mettre le prix.
On voyait dans ses yeux qu'il se moquait de la frayeur peinte sur le visage de sa compagne. Vexée d'avoir montré son trouble, Scarlett s'écria:
- Je ne vois pas pourquoi vous restez ici! Vous ne pensez qu'à votre confort, qu'à manger et... et aux choses du même ordre.
- Je ne connais pas de façon plus agréable de passer le temps que de manger et, hum ... les choses du même ordre. Maintenant, si vous voulez savoir pourquoi je reste, eh bien! j'ai lu pas mal d'histoires sur les sièges, mais je n'en ai pas vu un seul. Aussi, je pense que je resterai ici en curieux. N'étant pas combattant, je ne risque guère d'être blessé, du reste je tiens à tenter cette expérience. Il ne faut jamais refuser une expérience, Scarlett, ça enrichit l'esprit.
- J'ai l'esprit assez riche comme ça.
- Vous savez peut-être mieux que moi à quoi vous en tenir sur ce point, mais ... mais non, je ne dirai rien, ce ne serait pas galant. Je reste peut-être aussi pour voler à votre secours quand le siège aura commencé. Je n'ai encore jamais sauvé de jeune femme en péril. Ça aussi, ce sera une nouvelle expérience. Scarlett savait qu'il la taquinait, mais elle devina qu'au fond il parlait sérieusement. Elle hocha la tête.
- Je n'aurai pas besoin de vous pour me sauver. Merci, je suis assez grande pour me tirer d'affaire toute seule.
- Ne dites pas cela, Scarlett. Pensez-le si ça vous fait plaisir, mais ne le dites jamais à un homme! C'est ça qui est agaçant chez les jeunes filles yankees. Elles seraient délicieuses si elles ne passaient pas leur temps à vous dire merci et à ajouter qu'elles sont assez grandes pour se tirer d'affaire toutes seules. En général elles disent vrai, Dieu leur vient en aide. Aussi les hommes les laissent-ils se débrouiller toutes seules.
- Vous avez une façon d'arranger les choses, fit Scarlett sèchement, car il n'y avait pas pire insulte que d'être comparée à une jeune fille yankee. Je suis persuadée que vous mentez à propos du siège. Vous savez très bien que les Yankees n'arriveront pas
jusqu'à Atlanta.
- Je vous parie qu'ils seront ici avant un mois. Je vous parie une boîte de bonbons contre ... (Ses yeux sombres errèrent jusqu'à ses lèvres.) Contre un baiser.
Quelques instants auparavant, la crainte d'une invasion yankee lui avait étreint le cœur, mais au mot « baiser» Scarlett s'empressa d'oublier tout cela. Elle se retrouvait sur un terrain familier, bien plus intéressant que celui des opérations militaires. Elle eut peine à réprimer un sourire de satisfaction. Depuis le jour où il lui avait offert la capeline verte, Rhett ne lui avait fait aucune avance. Malgré les efforts qu'elle avait déployés, il avait toujours évité les sujets personnels,
mais maintenant, sans qu'elle eût déployé le moindre artifice, il se mettait à parler de baiser.
- Je n'aime pas beaucoup ce genre de conversations, fit-elle d'un ton froid tout en l'accompagnant d'un froncement de sourcils.
D'ailleurs j'aimerais encore mieux embrasser un porc.
- Les goûts ne se discutent pas et j'ai toujours entendu dire que les Irlandais avaient un faible pour les cochons, qu'ils allaient même jusqu'à les faire coucher sous leur lit. Pourtant, Scarlett, vous avez grand besoin qu'on vous embrasse. C'est là que le bât vous blesse. Tous vos soupirants ont eu trop de respect pour vous, Dieu seul sait pourquoi. Ou bien ils ont eu trop peur de vous pour faire ce qu'il fallait. Le résultat, c'est que vous êtes d'une arrogance insupportable. Il faudrait que vous soyez embrassée par quelqu'un qui sache s'y prendre.
La conversation ne prenait pas du tout la tournure que Scarlett avait souhaitée. Il en était toujours ainsi quand elle se trouvait avec Rhett. C'était toujours un duel dans lequel elle avait le dessous.
- Et je suppose que vous vous figurez, être la personne qu'il me faut ? railla-t-elle, bien qu'elle eût du mal à se contenir.
- Oui, si je voulais m'en donner la peine, fit-il avec indolence. On prétend que j'embrasse fort bien.
- Oh! commença-t-elle, indignée par cet affront à ses charmes. Comment, vous..., mais, dans sa confusion, elle s'arrêta court.
Rhett souriait et cependant, au fond de ses yeux, une petite flamme dure avait lui pour s'éteindre aussitôt.
- Bien entendu, vous vous êtes sans doute demandé pourquoi je n'avais pas essayé de profiter de mon avantage après le chaste baiser dont je vous ai gratifiée le jour où je vous ai apporté cette capeline.
- Je ne me suis jamais ...
- Eh bien! vous n'êtes pas gentille, Scarlett, et je suis navré de l'apprendre. Toutes les jeunes personnes vraiment gentilles s'étonnent quand les hommes n'essaient pas de les embrasser. Elles savent qu'elles ne devraient pas désirer qu'on les embrasse et qu'elles doivent jouer l'indignation si on le fait, mais enfin, elles souhaitent que les hommes les embrassent ... Allons, ma chère, du courage. Un de ces jours, je vous embrasserai et ça vous fera plaisir. Mais pas maintenant, aussi vous prierai-je de ne pas vous impatienter.
Scarlett savait qu'il la taquinait, mais comme toujours ses taquineries la mettaient hors d'elle. Il y avait toujours trop de vrai
dans ce qu'il disait. En tout cas, il ne fallait pas qu'il songeât aller plus loin. Si jamais il était assez mal élevé pour essayer de prendre des libertés avec elle, elle lui montrerait de quel bois elle se chauffait.
- Seriez-vous assez aimable pour faire demi-tour, capitaine Butler? J'aimerais retourner à l'hôpital.
- Vraiment, mon ange de charité? Les poux et les eaux sales valent donc ma conversation? Allons, loin de moi la pensée d'empêcher une paire de mains bénévoles de travailler pour notre glorieuse Cause. Il fit faire demi-tour au cheval et la voiture repartit vers le passage à niveau.
- Maintenant, poursuivit-il d'un ton suave, comme si Scarlett ne lui avait pas signifié que le sujet était clos, si vous voulez savoir pourquoi je n'ai pas profité de la situation, c'est parce que j'attends que vous ayez encore un peu grandi. Vous comprenez, ce ne serait pas très drôle pour moi de vous embrasser en ce moment, et je suis très égoïste dans mes plaisirs. Embrasser des enfants ne m'a jamais rien dit.
Du coin de l'oeil il vit la poitrine de Scarlett se soulever sous l'empire d'une rage contenue et il réprima un sourire.
- Et puis, continua-t-il d'une voix douce, j'attendais aussi que s'effaçât le souvenir de l'estimable Ashley Wilkes. Au nom d'Ashley, Scarlett se sentit traversée par une douleur subite et des larmes brûlantes lui montèrent aux yeux. S'effacer? Le souvenir d'Ashley ne s'effacerait jamais, même s'il était mort depuis un millier d'années. Elle pensa à Ashley. Elle le vit blessé; il se mourait loin d'elle, dans une geôle yankee; il n'avait pas de couvertures pour se réchauffer; personne n'était là pour lui tenir la main. Scarlett éprouva une haine violente pour l'homme repu assis à ses côtés, pour cet homme dont le sarcasme perçait sous un ton doucereux.
Elle était trop en colère pour parler et, pendant un certain temps, ils roulèrent en silence.
- Maintenant, reprit Rhett, je lis à peu près clairement votre jeu à vous et à Ashley. J'ai commencé à comprendre le jour de la scène peu élégante que vous avez faite aux Douze Chênes, et depuis j'ai glané bien des choses en ouvrant les yeux. Quelles sont ces choses? Eh bien! que vous continuez de nourrir pour lui une passion romantique de collégienne et qu'il vous rend la pareille dans la mesure où le lui permet son honorable nature. Que Mme Wilkes ne sait rien et qu'en cela, à vous deux, vous lui avez joué un joli tour. Je comprends pratiquement tout, sauf une chose et qui pique ma curiosité. L'honorable Ashley a-t-il jamais exposé son âme immortelle en vous embrassant?
Pour toute réponse, Scarlett détourna la tête.
- Oh! c'est parfait, alors, il vous a embrassée. Je suppose que ça s'est passé lorsqu'il était en permission. Et maintenant qu'il est probablement mort vous vous repaissez de ce baiser. Mais j'ai la conviction que vous prendrez le dessus et, quand vous aurez oublié ce baiser, je ...
Scarlett se retourna, furieuse.
- Vous, vous ... allez au diable! dit-elle avec violence, ses yeux verts brillants de rage. Laissez-moi descendre de cette voiture avant que je saute sur les roues. Je ne veux plus vous adresser la parole. Rhett arrêta la voiture, mais avant qu'il ait pu
sauter à terre pour l'aider à descendre, Scarlett s'élança. Sa crinoline s'accrocha à la roue et, pendant un moment, les passants aperçurent un flot de jupons et de jambes de pantalons. Alors Rhett intervint et dégagea rapidement la jupe. Scarlett s'éloigna sans un mot, sans même se retourner. Rhett se mit à rire doucement et, d'un claquement de langue, fit repartir son cheval.
Je rappelle qu'on est dans une autre époque, où les choses prennent plus leur temps et où coucher, pour une femme non prostituée, signifie la plupart du temps "être mariée" et que si ce n'est pas le cas, il vaut mieux que ça ne se sache pas.
Ce que j'y lis :
- "sexuation" discrète mais totalement inconvenante.
- prise en compte du plan de vie personnel de Scarlett (pas assez mûre pour lui en l'état actuel des choses).
- chutes du piédestal d'autant plus grandes que la Scarlett vit très haut perchée. Je dis bien chutes, car il est absolument sans pitié, avec pièges tendus dans laquelle elle tombe comme une débutante dans le jeu de la séduction (alors qu'elle en est une experte, en ayant tous les hommes de la ville à ses pieds).
- faculté à s'amuser de tout, et surtout d'elle, alors qu'il la veut manifestement et apparemment elle et elle seule.
- il varie les tons, de telle sorte qu'il lui apparaît totalement imprévisible, comme un chat qui joue avec une souris et se maîtrise en tout comme il la maîtrise elle : feignant de lui donner un peu de liberté pour avoir le plaisir de la reprendre ensuite.
- évidemment, derrière la peinture, il y a les murs porteurs qui soutiennent l'ensemble.