- Mer Avr 09, 2014 11:49 pm
#150147
Disponible à l'écoute gratuite encore pour une semaine, cette très intéressante émission du Libre journal de Radio Courtoisie dont le thème de la première partie est "La Littérature vue de droite" (en forme de semi boutade quand même).
Parmi les invités, Philippe d'Hugues, auteur des Causeries du Dimanche : l'émission prend la forme d'une causerie elle aussi, avec pour toile de fond l'idée de savoir si un grand écrivain est nécessairement un écrivain écrivant bien. Elle donne l'envie de découvrir ou redécouvrir des auteurs. Sont cités : Sainte-Beuve, Balzac, Proust, Roger Nimier, Paul Morand, Audiberti, Jacques Laurent (et son pseudonyme Cecil Saint Laurent), Hölderlin, Dostoïevski.
La deuxième partie est toute aussi intéressante, puisqu'il est fait mention de la question de la responsabilité de la Première Guerre Mondiale. On développe la thèse, claire pour moi, que la responsabilité incombe pour grande part, et malheureusement, à Raymond Poincaré, au pouvoir français, mais aussi des Russes. Quelle catastrophe que cette guerre qui nous a ramené au rang de nation de second plan pour une victoire et une récupération de l'Alsace-Lorraine qui, à mon sens, ne valaient pas cette effroyable boucherie.
http://www.radiocourtoisie.fr/19008/lib ... formation/Pour ma part, après avoir terminé
Autant en emporte le vent, me voici dans
Crime et châtiment de Dostoïevski. Tout autre ambiance, c'est le cas de le dire ! J'avoue avoir un peu de mal à rentrer dedans. Passer de la grande fresque épanouissante à la dissection d'esprits passablement dérangés et ayant pas mal de difficultés à vivre - personnages semblant prendre plaisir à faire en gros le contraire de ce qui est enseigné ici -, c'est un peu comme manger une huître après avoir englouti un mille-feuille... Bref, j'ai un peu de mal à rentrer dedans, mais je vais persister dans mon effort !
Voici la première page :
[quote]Par une soirée extrêmement chaude du début de juillet, un jeune homme sortit de la toute petite chambre qu’il louait dans la ruelle S... et se dirigea d’un pas indécis et lent, vers le pont K...
Il eut la chance de ne pas rencontrer sa propriétaire dans l’escalier.
Sa mansarde se trouvait sous le toit d’une grande maison à cinq étages et ressemblait plutôt à un placard qu’à une pièce. Quant à la logeuse qui lui louait la chambre avec le service et la pension, elle occupait un appartement à l’étage au-dessous, et le jeune homme, lorsqu’il sortait, était obligé, de passer devant la porte de sa cuisine, la plupart du temps grande ouverte sur l’escalier. À chaque fois, il en éprouvait une sensation maladive de vague effroi, qui l’humiliait, et son visage se renfrognait. Il était terriblement endetté auprès de sa logeuse et il redoutait de la rencontrer. Ce n’était point qu’il fût lâche ou abattu par la vie ; au contraire, il se trouvait depuis quelque temps dans un état d’irritation et de tension perpétuelle, voisin de l’hypocondrie. Il avait pris l’habitude de vivre si renfermé en lui-même et si isolé qu’il en était venu à redouter, non seulement la rencontre de sa logeuse, mais tout rapport avec ses semblables. La pauvreté l’écrasait. Ces derniers temps cependant, cette misère même avait cessé de le faire souffrir. Il avait renoncé à toutes ses occupations journalières, à tout travail.
Au fond il se moquait de sa logeuse et de toutes les intentions qu’elle pouvait nourrir contre lui, mais s’arrêter dans l’escalier pour y entendre des sottises, sur tout ce train-train vulgaire, dont il n’avait cure, toutes ces récriminations, ces plaintes, ces menaces, et devoir y répondre par des faux-fuyants, des excuses, mentir...
Mon édition en deux volumes correspond au deux livres du bas sur la photo. Il s'agit de l'édition du Club de la Femme, 1963. Jolie couverture, excellent papier, mais malheureusement assemblage qui me semble désastreux et j'espère que la colle va tenir jusqu'à la fin et que je ne vais pas me retrouver avec un... mille-feuille d'une autre nature ! (les pages ne semblent pas trop vouloir rester sagement en place même si pour le moment ça tient cahin caha...)
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