Itou

Modérateurs: animal, Léo

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By Ventel
#149848 J'ai encore fait des folies.
Pfff. Pire qu'une gonzesse qu'on aurait lâché dans un magasin de chaussures.
(Par contre, Dracula et Frankenstein sont presque terminés).

Voltaire - L'Ingénu.

[img]http://www.devoir-de-philosophie.com/images_dissertations/37791.jpg[/img]

Emile Zola
Thérèse Raquin
(écrit à 26 ans avant qu'il ne tombe dans son naturalisme morbide).

[img]http://static.fnac-static.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/4/7/0/9782253010074.jpg[/img]
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By Ventel
#149854 En 1867, Zola n'a pas encore commencé les Rougon-Macquart. A cet époque de vie, il écrit les Contes à Ninon et des histoires culcul qui se vendent mal.

Pour moi, Thérèse Raquin, c'est un roman de transition. C'est une œuvre où écrit un Zola encore très poétique (et influencé par le romantisme)et le Zola qui se forme à devenir naturaliste, et qui écrira, quelques années plus tard, les chefs-d'oeuvre de son temps : L'Assomoir, Le ventre de Paris, etc.

PS : non je n'ai jamais lu Thérèse Raquin. Zola était un auteur qui ne m'attirait pas beaucoup... J'avais juste lu L’Oeuvre, le Bonheur des dames, et L’Assommoir.
Je me remets à cet auteur parce qu'il faut bien admettre qu'il a un style très fluide et agréable à lire !
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By Maurice
#149856 Je crois que Ventel veut faire la course. Bon, mon bouquin compte triple, ok ? :D

****

Un jour, une élève m'a dit : mais pourquoi qu'on ne lui avait donné à lire que des trucs déprimants depuis le collège ?

Pour ma part, au lycée j'ai eu droit à :
Camus : la Peste
Balzac : Un ténébreuse affaire
Giono : Regain
Voltaire : Candide
Baudelaire : Les Fleurs du Mal
Molière : Tartuffe (dont on arrivait à en faire un truc sinistre... fallait le faire quand même).
et des choses pas très enthousiasmantes non plus par ailleurs. Ah si : les Fausses Confidences de Marivaux. J'aime bien Marivaux.

*****

Première mesure du jour où je deviens dictateur de la république : le professorat de français est réservé exclusivement aux hommes qui ont par ailleurs l'obligation de faire minimum une heure de gym par jour, assouplissements compris :D
Les bidules vaguement féminin tout gris qui m'ont si souvent servi de prof de français seront confinés à la bibliothèque avec interdiction formelle de mettre les pieds à nouveau dans une salle de classe !
By JulienH
#149857 J'ai lu Thérèse Raquin justement parce que c'était une lecture imposée, mais je ne me souviens plus à quel moment dans ma scolarité. Vu l'âpreté du truc, 1ère voire Terminale peut être ?

Sinon je me souviens de :

- La modification, de Michel Butor. Jamais lu un truc aussi nul.
- Rhinocéros, de Ionesco. Une bouse.
- Le Rouge et le Noir évidemment.
- Candide
- Les lettres persanes
- Les fleurs du Mal, me suis d'ailleurs tapé "L'Albatros" au bac de français.

Le reste je ne m'en souviens pas (et j'étais en littéraire).

Mon meilleur souvenir : Bel Amant. A ce jour Maupassant reste d'ailleurs (et de loin) mon auteur favori, mais mes connaissances en la matière sont loin d'être encyclopédiques.
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By Ventel
#149860 J'ai eu droit à :

Huit-clos, de Sartre.
La peste, de Camus (le bouquin qui fait rêver tous les lycéens ; et pourtant, il serait plus intéressant de d'abord lire La peste ou Le mythe de Sisyphe).
L'école des femmes, de Molière.
Le rouge et le noir (analyse de 3 mois avec une prise de note ultrachiante à chaque heure de cours ; je luttais pour ne pas m'endormir comme dans le sketch de Mister Bean à l'Eglise).
L'écume des jours, de Boris Vian.
Madame Bovary, Flaubert (il fallait choisir dans une liste de livres pour préparer un exposé).
Phèdre, de Racine.
Rhinocéros, Ionesco (OUI, LA BOUSE).
— La poésie de Mallarmé.

J'ai lu 3 fois Madame Bovary depuis ma majorité.
La première fois, j'ai presque eu la nausée et je me suis arrêté à la page 132.
La deuxième fois, j'ai tout lu toute l’œuvre et j'ai pris le soin d'analyser le style de l'auteur.
La troisième... J’ai tout ressenti.. l'ennui d'Emma... sa frustration... ses petites aventures... son ennui... et sa douleur...
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By Ventel
#149862 *L'Etranger de Camus.

J'écris vraiment comme une brèle.
Pour me faire pardonner, je m'en vais :
- Réviser (avant 1h30) 3 règles de grammaire du Cherdon* ;
- réciter 4 Ave Maria ;
- dormir.


*
[img]http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782804146412.jpg[/img]
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By Maurice
#150147 Disponible à l'écoute gratuite encore pour une semaine, cette très intéressante émission du Libre journal de Radio Courtoisie dont le thème de la première partie est "La Littérature vue de droite" (en forme de semi boutade quand même).
Parmi les invités, Philippe d'Hugues, auteur des Causeries du Dimanche : l'émission prend la forme d'une causerie elle aussi, avec pour toile de fond l'idée de savoir si un grand écrivain est nécessairement un écrivain écrivant bien. Elle donne l'envie de découvrir ou redécouvrir des auteurs. Sont cités : Sainte-Beuve, Balzac, Proust, Roger Nimier, Paul Morand, Audiberti, Jacques Laurent (et son pseudonyme Cecil Saint Laurent), Hölderlin, Dostoïevski.

La deuxième partie est toute aussi intéressante, puisqu'il est fait mention de la question de la responsabilité de la Première Guerre Mondiale. On développe la thèse, claire pour moi, que la responsabilité incombe pour grande part, et malheureusement, à Raymond Poincaré, au pouvoir français, mais aussi des Russes. Quelle catastrophe que cette guerre qui nous a ramené au rang de nation de second plan pour une victoire et une récupération de l'Alsace-Lorraine qui, à mon sens, ne valaient pas cette effroyable boucherie.

http://www.radiocourtoisie.fr/19008/lib ... formation/

Pour ma part, après avoir terminé Autant en emporte le vent, me voici dans Crime et châtiment de Dostoïevski. Tout autre ambiance, c'est le cas de le dire ! J'avoue avoir un peu de mal à rentrer dedans. Passer de la grande fresque épanouissante à la dissection d'esprits passablement dérangés et ayant pas mal de difficultés à vivre - personnages semblant prendre plaisir à faire en gros le contraire de ce qui est enseigné ici -, c'est un peu comme manger une huître après avoir englouti un mille-feuille... Bref, j'ai un peu de mal à rentrer dedans, mais je vais persister dans mon effort !

Voici la première page :

[quote]Par une soirée extrêmement chaude du début de juillet, un jeune homme sortit de la toute petite chambre qu’il louait dans la ruelle S... et se dirigea d’un pas indécis et lent, vers le pont K...

Il eut la chance de ne pas rencontrer sa propriétaire dans l’escalier.

Sa mansarde se trouvait sous le toit d’une grande maison à cinq étages et ressemblait plutôt à un placard qu’à une pièce. Quant à la logeuse qui lui louait la chambre avec le service et la pension, elle occupait un appartement à l’étage au-dessous, et le jeune homme, lorsqu’il sortait, était obligé, de passer devant la porte de sa cuisine, la plupart du temps grande ouverte sur l’escalier. À chaque fois, il en éprouvait une sensation maladive de vague effroi, qui l’humiliait, et son visage se renfrognait. Il était terriblement endetté auprès de sa logeuse et il redoutait de la rencontrer. Ce n’était point qu’il fût lâche ou abattu par la vie ; au contraire, il se trouvait depuis quelque temps dans un état d’irritation et de tension perpétuelle, voisin de l’hypocondrie. Il avait pris l’habitude de vivre si renfermé en lui-même et si isolé qu’il en était venu à redouter, non seulement la rencontre de sa logeuse, mais tout rapport avec ses semblables. La pauvreté l’écrasait. Ces derniers temps cependant, cette misère même avait cessé de le faire souffrir. Il avait renoncé à toutes ses occupations journalières, à tout travail.

Au fond il se moquait de sa logeuse et de toutes les intentions qu’elle pouvait nourrir contre lui, mais s’arrêter dans l’escalier pour y entendre des sottises, sur tout ce train-train vulgaire, dont il n’avait cure, toutes ces récriminations, ces plaintes, ces menaces, et devoir y répondre par des faux-fuyants, des excuses, mentir...


Mon édition en deux volumes correspond au deux livres du bas sur la photo. Il s'agit de l'édition du Club de la Femme, 1963. Jolie couverture, excellent papier, mais malheureusement assemblage qui me semble désastreux et j'espère que la colle va tenir jusqu'à la fin et que je ne vais pas me retrouver avec un... mille-feuille d'une autre nature ! (les pages ne semblent pas trop vouloir rester sagement en place même si pour le moment ça tient cahin caha...)

[img]http://193.164.196.30/images/152/152414017800402.jpg[/img]
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By la mouche
#150151 Attention Maurice, tu arrives sur mon auteur préféré :mrgreen: .

Heureusement, Crime et Chatiment n'est pas mon ouvrage préféré. Il est effectivement assez dur de rentrer dans cette écriture obsessionnelle sans ressentir des séquelles douloureuses. Dans un genre plus court, je conseille Le sous sol (qui a été publié aussi sous le nom Carnet du sous sol,...) qui a mon sens est le meilleur des récits courts qu'ait publié Dostoievsky, puisqu'il reprend cette thématique de ces fous obsessionnels malades qu'il aime à décrire tout en l'entrecoupant de digressions intellectuelles passionnantes (sur la souffrance entre autre) qui allège la lecture. C'est sans doute un des livres de Dostoievsky qui est lisible si on a des racines athées (les autres romans parleront plutôt aux gens qui ont des racines religieuses)

Dans sa série de roman fleuve, le meilleur pour moi, c'est sans doute les frères Karamazov, livre qui m'a profondément touché, principalement par les dialogues d'Aliocha Karamazov ainsi que la représentation de certaines personnages christiques comme le staretz (sorte de moine orthodoxe). Dostoievsky, rien que par ces deux personnages, qui mêlent la bonté à une culpabilité profonde, est l'un des écrivains ayant le mieux compris la notion de péché, de pardon, de sainteté. A part, peut-être, l'immense Léon Bloy et la femme pauvre.
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By Ventel
#150153 [quote="la mouche"] Dostoievsky, rien que par ces deux personnages, qui mêlent la bonté à une culpabilité profonde, est l'un des écrivains ayant le mieux compris la notion de péché, de pardon, de sainteté. A part, peut-être, l'immense Léon Bloy et la femme pauvre.

Et Victor Hugo ? :roll:
Tu oublies la figure de Jean Valjean ?
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By la mouche
#150157 J'ai jamais eu une grande passion pour Hugo, j'avais, il y a longtemps, débuté les Misérables, j'avais pas accroché. Tu m'as incité à en lire certains extraits, j'ai cherché au hasard et je suis tombé sur le portrait de Javert (j'ai aussi fait Cosette et Valjean).[url]http://www.ralentirtravaux.com/lettres/textes/javert.php[/url]

C'est d'une extrême naiveté, il ne fait que résumer un personne pas deux traits de caractère, fait un ensemble de métaphore assez commune pour décrire son physique, on a l'impression qu'il nie la complexité de l'être humain. J'avais eu la même impression en lisant Notre Dame de Paris ou encore une fois, les personnages peuvent se résumer par un mot, le séducteur, la bohémienne, le bossu... Et surtout, contrairement à Molière (qui utilise aussi ces archétypes), il n'arrive pas à décrire la complexité de ces personnages à une seule facette.

Donc je n'ai pas honte de le dire: Hugo est sans doute un meilleur styliste que Dostoievsky (encore que, j'ai pas lu dosto en russe), mais il n'atteint pas la qualité psychologique qu'on ne trouve que chez Dostoievsky.

Cela dit, si tu es prêt à prendre un passage d'Hugo (rapport à l'aspect christique) et de m'en montrer la finesse psychologique, je le lirai et le commenterai avec plaisir!


Petit extrait pour Maurice, pris au hasard dans le Le Désespéré (précision: Léon Bloy est un chrétien extrémiste et anticlérical, même si les termes peuvent paraître antinomique):

[quote]Il était expirant de soif depuis si longtemps ! Son incrédule père n'avait pas cru devoir s'opposer à ce semblant d'instruction religieuse que des simulacres de prêtres, empaillés de formules, tordent comme du linge sale de séminaire, sur de jeunes fronts inintéressés. Il avait fait sa première communion sans malice et sans amour. Les deux seules facultés qui parussent vivantes en lui, - les deux seules anses par lesquelles on pût espérer de le saisir, - la mémoire et l'imagination, avaient tout simplement reçu cette vague empreinte littérale du symbolisme chrétien que de sacrilèges entrepreneurs jugent suffisante pour être admis au bachot de l'Eucharistie. Aucun débitant de formules ne s'étant avisé de s'enquérir de son coeur, le pauvre enfant n'avait pu rien garder de ce pain mal cuit, et comme tant d'autres, l'avait revomi presque aussitôt sur ce chemin verdoyant de la quinzième année où l'on voit rôder le grand lion à tête de porc de la Puberté.


C'est un des passages les moins littéraire. Pour un passionné de vocabulaire et de langue comme toi Maurice, Léon Bloy, ce devrait être une mine d'or!
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By Ventel
#150159 Je suis d'accord avec toi, la mouche.

Hugo reste avant tout un idéaliste, un poète, et un conteur. C'était un idéaliste qui avait des visions très utopistes sur le genre humain et qui était bien loin de deviner l'horreur qui allait ronger le début et la moitié du 20e siècle — d'ailleurs, s'il voyait, à l'heure où l'on s'écrit, ce qu'on a fait de l'histoire depuis 1894, je crois qu'il ne s'en remettrait pas.

Néanmoins, je le préfère à Zola et à toute la littérature russe, parce qu'il nous offre encore le pouvoir de rêver et de croire en l'homme ; quel que soit son milieu, ses croyances, ses complexes ou ce qu'il a pu être dans son passé.

Les trois mots que tu as cités plus haut (pêché, pardon, sainteté) résument assez bien la vie de Jean Valjean (et son parcours initiatique) ; il a été un forçat qui a tenté de se racheter toute sa vie ; et puis, il a fini sa vie comme un saint, auprès de Marius et la petite Cosette.
Pour moi, Hugo a totalement compris le concept du pêché, de pardon, et de sainteté. Toute son œuvre s'intéresse de près à ces trois notions, car le poète a toujours été un homme qui s'est senti "exclu" de la religion et qui a vécu en contradiction avec lui même.