Livres, films, lieux : ce qui touche à la séduction (de près ou de loin)

Modérateurs: animal, Léo

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By La pure classe
#135341 Sexy INC. de Sophie Bissonette

"Documentaire explorant l'hypersexualisation de notre environnement ainsi que ses effets nocifs sur les jeunes. Nos enfants sont-ils poussés à devenir de petits adultes avant l'heure? La réalisatrice dénonce la culture malsaine dans laquelle baignent les enfants et les adolescents. Proposant plusieurs pistes d'action afin de lutter contre l'hypersexualisation et l'érotisation de l'enfance, le film nous invite à nous mobiliser pour mettre un terme à ce phénomène inquiétant."

Une copie du film est disponible sur Youtube :
[url]http://www.youtube.com/watch?v=6kW8huwiLt0[/url]

Mon avis :
Le documentaire est une porte sur le monde de l'hyper-sexualisation des jeunes filles, de la femme-objet et sur la perte des repères dans notre société. La qualité première du film est de mettre des mots sur le phénomène alarmant de la généralisation de l'érotisation, de la visibilité accrue de contenus à caractère sexuel. Sophie Bissonette, psychologue auprès des enfants, des adultes et des intervenants pointe du doigt le caractère insidieux du phénomène : depuis le début des années 2000, le sexe est partout. Clips musicaux, magazines jeunesse, vêtements pour enfant, publicités...le matraquage est intensif.

Loin d'être sans gravité, l'hyper-sexualisation a un impact fort sur le développement des jeunes. On observe une réduction des modèles. Un stéréotype domine : celui d'une femme qui veut plaire, consommer et être dominer par l'homme. Les valeurs et la Morale sont substituées par un libéralisme extrême.

Désormais, si une fille veut être acceptée au sein d'un groupe social, elle devra être "belle et sexy", mince et lascive. Par peur de ne pas être respectée et heureuse, la fille se soumet au modèle unique.

Par mimétisme, les enfants et les adolescents copient leurs aînés : ils se maquillent, s'habillent de façon suggestive et se comportent comme des adultes. On assiste à une crise de l'identité chez les jeunes. Qu'est-ce qu'être enfant aujourd'hui?
Les enfants organisent leur vie amoureuse et cherchent des réponses sur la sexualité auprès des infirmières scolaires et d'internet. Les parents, petit à petit, sont exclus de l'intimité de leurs enfants.

Le glissement vers les sites de pornographie se fait parfois avant même la puberté et devient...banal.
Cela a une incidence sur la sexualité des jeunes :
-rapports sans préservatif,
-rapports sans préliminaires,
-méconnaissance du corps,
-domination homme/femme,
-course à la performance,
-insultes, injures, crudité du langage...
Il existe une confusion entre la sexualité "normale" et la pornographie.

Le "pouvoir" de la sexualité est le seul pouvoir proposé aux jeunes filles. En résulte une situation inégalitaire.
D'autres conséquences sont constatées :
-faible estime de soi,
-dépression,
-troubles alimentaires,
-troubles de la personnalité,
-normalisation du phénomène...

Les solutions proposées pour lutter contre ce phénomène sont la prévention, la réduction de la visibilité des contenus à caractère sexuel, se cultiver, affûter son esprit critique, avoir une approche saine et réfléchie de la sexualité, décupler son estime de soi, forger sa propre personnalité...

On regrettera cependant que le documentaire n'explore pas plus en profondeur le phénomène et que le rôle des parents ne soit pas plus mis en avant.

Pour aller plus loin :
[url]http://cdeacf.ca/dossier/dossier-special-lhypersexualisation-jeunes-filles-phenomene[/url]
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By Transcendantal
#135351 Pourquoi y a-t-il que des femmes qui parlent dans ce doc ?

L'hypersexualisation des filles instrumentalisée par le capitalisme est un fait incontestable, mais la réponse à ma question n'est pas que nous sommes dans un monde dominé par les hommes.

Sur les mecs justement, on en parle jamais, mais n'y a-t-il pas un pb aussi pour eux, au-delà des risques accrus d'aggressions sexuelles ? Je parle pour leur développement personnel, si vous me permettez l'utilisation de cette expression galvaudée. Car je remarque qu'en parallèle à l'hypersexualisation des filles, on éduque les garçons dans une non-sexualisation qui les empêche d'affirmer leur virilité. Donc ils deviennent timides, physiquement inconsistants (maigreur) et ont peur des filles. Je le sais, je l'ai vécu en plein, et ça me demande bcp d'efforts pour en sortir. C'est pas pour rien que j'ai un physique étroit...

Sur la faible estime des nanas, c'est drôle, j'en ai parlé hier sur un autre sujet, et il faut avouer qu'effectivement, les nanas les plus sexy à 20 ans ne sont pas forcément celles qui ont la plus haute estime d'elle-même. Elles le cachent par leur côté féminin super affirmée, voire trop parfois (hypersexualisation donc), et c'est ce qui fait flipper les mecs.

Je me répète, mais il faut aussi parler, en lien avec cette hypersexualisation des filles, de tous ces garçons malheureux car éduqués dans l'incapacité à s'affirmer comme ce qu'ils sont biologiquement : des hommes.
By jazzitup_
#135357 [quote]Donc ils deviennent timides, physiquement inconsistants (maigreur) et ont peur des filles. Je le sais, je l'ai vécu en plein, et ça me demande bcp d'efforts pour en sortir. C'est pas pour rien que j'ai un physique étroit...

Hors-sujet:

Complexe pas sur ton physique. Quand on s'est croisés, Stéphane avait arrêté le fitness et faisait retoucher l'emmanchure de ses polos.

Bien sûr que si tu complexes sur ton BMI de 18.5, comme je le faisais ado, ça te bloquera complètement. Ce complexe s'est liquidé tout seul depuis (parce que j'en ai bavé et me suis accompli sur d'autres domaines), et "le Temps ramène les plaisirs".

Que tu sois tout fin ou tout gonflé, il y a des femmes qui aimeront ta bite.
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By Transcendantal
#135360 Tu crois vraiment qu'il n'y a aucun rapprochement à faire entre le dévoilement des filles (sapées très sexy voire vulgaire) et le fait des garçons de se cacher derrière, comme le dit la psychologue, des fringues larges et complètement deserotisés ? crois-tu vraiment que la coïncidence entre ce phénomène de filles hypersexualisees et ces garçons maigres, impersonnels et plats est une... coïncidence justement ?

Le timide maigre est une réalité récurrente, et je ne nie pas qu'il y ait des timides baraqués, le physique robuste ou non n'étant qu'une manifestation parmi d'autres du problème que je pointe. Parce que y'a aussi une manière, virile ou non, de faire usage de ce physique robuste.

Les faits récurrents sont la, et tout le monde le dit : nos sociétés ne demandent plus aux garçons d'être robustes. Et a côte de ça, les filles se dévoilent à un degré intense.

Et à aucun moment la psychologue ne fait ce rapprochement. Non, pour elle, les garçons se sapent large, donc ils ne souffrent pas.

Bref, le pb est bcp plus subtil que ce que ce doc laisse entendre.

Et t'inquiète, je sais bien que pas mal de minettes aimeraient que je leur montre le loup, même à 60 kg ;)
By jazzitup_
#135366 Je pense que le rapprochement est le suivant: c'est une perte complète du rapport au corps, qui est ignoré et négligé, torturé ou objectivé.

Ignoré et négligé particulièrement chez les hommes, tu mentionnes le fait de se cacher dans ses vêtements, on peut y ajouter la mauvaise alimentation, le manque d'exercice physique (en force et en souplesse), une posture déficiente (95% des gens de ma génération et suivantes ne se tiennent plus droit), la coupe de cheveux, voire des problèmes d'hygiène. Dans les études, on les trouve souvent dans les matières très abstraites/cérébrales.

Torturé quand il s'agit d'obtenir une maîtrise de son corps; je ne pense pas seulement aux problèmes d'alimentation mais aussi aux mutilations de la chirurgie esthétique (pourquoi font-elles ça bordel???).

Objectivé quand son corps est traité comme un objet, comme une voiture à laquelle on ajoute des options. Ca, tu le vois essentiellement chez les femmes - d'ailleurs cette hypersexualisation qu'on voit de plus en plus jeune est une parodie de la vraie sensualité. Mais tu le rencontres aussi chez les hommes, chez les homos mais pas que. Exemple: ce camarade d'études hyper maigre qui se gonfle au fitness et mesure son biceps chaque matin.

Le rapport au corps a tellement été perdu qu'il nous faut maintenant des gadgets pour savoir si on a bien dormi.

[url]https://jawbone.com/up[/url]

Non mais allô quoi.
By JulienH
#135375 Davantage que le rapport au corps, c'est le bon sens que certains ont perdu, en même temps que celui des responsabilités, et pas seulement dans ce domaine. Les gens ne savent plus, ne veulent plus assumer. On se fait licencier ? Le patron est un con. Une entreprise coule ? C'est la crise. La secrétaire oublie de faire une commission ? Elle avait des problèmes persos. Un sportif se fait prendre en flag de dopage ? C'est la faute du système.

A un moment, avec ce concept de "société", il y a cette idée de fuir les responsabilités : car derrière ce terme (comme celui de "marchés" par exemple, ou "grand capital", ou "système", que sais-je) il s'agit bien de gens, bien vivants, bien réels, et bien cons dans le cas présent.

Rien n'empêche les parents de ne pas suivre aveuglément cette "société", de ne pas s'agglutiner bêtement à la masse. Rien, sinon leur propre médiocrité. Etre "à la masse", finalement, ça veut bien dire ce que ça veut dire.

Or, j'ai survolé le reportage histoire de voir à quoi ressemblent les parents de ces petites filles ou adolescentes (10-15 ans) : peine perdue, on ne les voit pas. C'est peut être trop dérangeant de nous montrer des cons, on préfère nous montrer des psys [size=85](moches), [/size]sur le mode "vous êtes entre de bonnes mains, dormez bien on s'occupe de tout". Cette déresponsabilisation est entretenue et arrange bien tout le monde, en fait.

"Et à part ça ? Et ben, ça va, s'y s'passe quelque chose on vous le dira" chantait Renaud il y a 30 ans [size=85](oui j'ai pas lu Nietzche encore ...)[/size]
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By animal
#135376 [quote="Triumph"]
A un moment, avec ce concept de "société", il y a cette idée de fuir les responsabilités : car derrière ce terme (comme celui de "marchés" par exemple, ou "grand capital", ou "système", que sais-je) il s'agit bien de gens, bien vivants, bien réels, et bien cons dans le cas présent.
Bien résumé, et bien dit.
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By Transcendantal
#135386 N'est-ce pas le système qui nous éduque ? L'éducation n'a-t-elle pas une part de responsabilité, justement, dans les moeurs des individus, et en l'occurrence, dans la manière qu'ils entretiennent un rapport avec leurs corps (puisque c'est là le vrai sujet du doc) ?

Et puis, fondamentalement, à quoi ça sert de dire que ces gens sont médiocres, et de s'arrêter en route sans proposer de solution au problème fondamental du rapport au corps chez les filles et les garçons ?
By jazzitup_
#135390 [quote]et de s'arrêter en route sans proposer de solution au problème fondamental

Parce que la solution, tu as intérêt à la trouver toi-même, en écoutant tes tripes pour trouver le chemin.

Prends par exemple le mag. Psychologies, censé apporter des réponses, avec trois pages de rédactionnel "faire la paix avec soi" et trois pages de pub, l'une pour des produits de beauté, l'autre pour Cofidis, et la troisième pour un gadget inutile.


[quote]A un moment, avec ce concept de "société", il y a cette idée de fuir les responsabilités : car derrière ce terme (comme celui de "marchés" par exemple, ou "grand capital", ou "système", que sais-je) il s'agit bien de gens, bien vivants, bien réels, et bien cons dans le cas présent.

Cela dit, la société désigne et promeut ceux qu'elles considère. Après tu te retrouves avec des petits chefs qui lisent les mémoires de Jack Welch, CEO de GE, et ses brillantes idées maoïstes comme virer chaque année les 10% les moins performants. Et un cadre de travail de merde où il est difficile (mais pas impossible) d'être un être humain doué de bon sens.
By JulienH
#135400 [quote="Transcendantal"]N'est-ce pas le système qui nous éduque ? L'éducation n'a-t-elle pas une part de responsabilité, justement, dans les moeurs des individus, et en l'occurrence, dans la manière qu'ils entretiennent un rapport avec leurs corps (puisque c'est là le vrai sujet du doc) ?

Et puis, fondamentalement, à quoi ça sert de dire que ces gens sont médiocres, et de s'arrêter en route sans proposer de solution au problème fondamental du rapport au corps chez les filles et les garçons ?
Mais le système c'est quoi, concrètement, c'est qui ?

Rien d'autre qu'une somme d'individus, tu es toi-même un individu, en ce sens tu ne vaux pas moins qu'eux et tu es donc parfaitement fondé à trouver ta propre voie et fixer ton propre cadre. Ce problème du rapport au corps existe chez ceux qui le laissent s'installer, comme n'importe quel pseudo "phénomène de société" : addiction à internet, pornographie, obésité, drogues, alcool, que sais-je encore. Il n'y a aucune fatalité là dedans.

Comme le dit Jazzitup, à chacun de trouver sa solution. Chaque individu en a les moyens.

Ce que je reproche aux "médiocres", ça n'est pas de ne pas trouver de solution (car ça n'a rien d'évident). C'est d'abandonner, voire de ne rien chercher du tout en rejetant la faute sur le "système", ce monstre qui rappelle à certains égards, celui que les gosses s'inventent sous leurs lits pour ne pas aller se coucher seuls.
By jazzitup_
#135403 [quote]Ce que je reproche aux "médiocres"

Un peu de compassion ne fait pas de mal. Personnellement, s'il n'y avait pas eu quelques rencontres pour me montrer un chemin possible, je serai probablement resté médiocre. Pour vraiment comprendre à quel point notre société s'est fourvoyée sur le rapport au corps, il faut se rapprocher de traditions qui ont conservé une intimité avec celui-ci - je reçois beaucoup via le théâtre ou la calligraphie chinoise, il y a bien d'autres pistes.

Et ça ne m'empêche pas de trouver le catéchisme ambiant aussi dégueulasse que celui que servait l'Eglise il y a deux siècles.

Cela dit, je te rejoins sur le fait de se trouver des excuses. Mes meilleurs conseillers n'ont jamais accepté que je stagne en raison du cynisme ambiant, de la société pourrie, des cartes à jouer reçues à ma naissance, etc...

Quand à se comparer aux autres pour se sentir au-dessus du médiocre, il faut faire attention. Trop d'orgueil aveugle et empêche de recevoir des leçons fondamentales. Et la société est injuste, il n'y a pas de places pour tous - je pense à ce chômeur qui s'est suicidé à force de rechercher désespérément un travail.
By JulienH
#135405 [quote="jazzitup_"]Un peu de compassion ne fait pas de mal. Personnellement, s'il n'y avait pas eu quelques rencontres pour me montrer un chemin possible, je serai probablement resté médiocre
Bien entendu. Les mots sont mal choisis, et les ai mis entre guillemets afin de les atténuer. Je sais trop ce que je dois aux gens d'ici pour maintenant, tomber dans le panneau du pseudo-néo-alpha et faire le malin. Et puis tout simplement, je suis tellement loin du compte.

[quote]Quand à se comparer aux autres pour se sentir au-dessus du médiocre, il faut faire attention. Trop d'orgueil aveugle et empêche de recevoir des leçons fondamentales. Et la société est injuste, il n'y a pas de places pour tous
Tu as raison bien sûr. Je reçois volontiers les leçons, et certains problèmes n'ont rien d'évident, je l'ai dit.

Mais il est aussi des domaines sur lesquelles on peut, et même on doit, avoir prise. C'est le cas ici.
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By Transcendantal
#135408 Triumph, je te rejoins ; il faut juste faire attention aux mots que l'on emploie. On peut tout reprocher à une communauté de gens. Néanmoins, même si tu voulais atténuer tes mots, c'est limite de dire que qqn est médiocre et de le laisser en plan comme ça. Mets-toi à la place de ces gens : n'est-ce pas légitime de se sentir vexé et méprisé ? Par conséquent, quelle utilité d'avancer de tel propos ? Le débat en est-il enrichi ?

Car, quand on fait de la sociologie, donc de la philosophie, on ne peut pas se permettre de faire la cuisine.

Mais tout ceci et cette histoire de se laisser guider par le système, ne concernent pas ce doc, ou alors de manière trop indirecte. D'autant que même l'homme le plus indépendant du monde, le plus novateur du monde, est un pur produit de son système (il tire son éducation et son émancipation de celui-ci).

Fin du HS.
By JulienH
#135410 [quote="Transcendantal"] Mets-toi à la place de ces gens : n'est-ce pas légitime de se sentir vexé et méprisé ?
Quels gens ?

Je crains qu'on ne se soit pas compris. Ce ne sont pas ces enfants qui manquent de repères que je fustige, ce sont ceux chargés de leur en donner, et qui se cachent.

Sinon, je suis parti au large parce que j'ai lu des allusions à la "société", au "capitalisme", au "monde qui nous entoure". Avec derrière, des notions d'oppression et de fatalité qui me gênent. Nous faisons au moins autant la société qu'elle ne nous façonne, non ? Et quand bien même nous n'en serions pas capables, ou ne le voudrions pas, ou que cela nous dépasse tout simplement, rien ne nous empêche de bâtir notre propre modèle ?

J'en ai fini également, je ne voudrais pas radoter et encore moins faire de philo ou de socio, je voulais juste ne pas être mal compris.

PS : à propos du "produit" du système, il conviendrait peut être aussi de distinguer produit brut et produit fini.