- Lun Aoû 31, 2015 5:29 pm
#173506
Aout s'achève. J'adore ce mois. Paris se vide, les gens sont plus zen, il y a moins de monde dans ma salle ou en piscine la nuit, mes
N+1 et
N+2 sont en congés avec leurs ribambelle de gosses et les filles sont on ne peut plus dénudées. Un défilé de jupes courtes et de shorts moulants qui oblige ces demoiselles à soigner l'épilation, le bronzage. J'aime bien la combinaison jupe/peau dorée/spartiates, surtout lorsqu'elles se terminent d'orteils fins et délicats (souvent le cas).
Ma Russe s'est barrée le 10 Aout. Son visa ayant expiré ce fut la fin de notre idylle. Elle a terminé ses études d'art et n'ayant pas trouvé de job a du rentrer à
Novossibirsk. On a quand même fait l'amour, sous ma très forte "suggestion", fenêtres grandes ouvertes et lumières éteintes.
Le lendemain je l'ai perdu. Une fois l'affaire consommée elle s'est senti bizarre, triste et a eu une traversée du désert d'une semaine environ ou elle a refusé de me parler ou de répondre à mes SMS. Elle disait qu'elle cherchait à se marier, à trouver le mari de ses enfants en France parce que chez elle, les mecs de > 30 ans célibataires, sobres et ayant les moyens de se marier ca n'existe pas (je reprends ses mots). Elle parlait aussi d'une "épidémie" dans sa ville d'origine ou les mecs de sa génération sont des gnomes (elle fait 1m80), sans oublier l'autre handicap lié à la situation en Russie : une crise qui oblige les sociétés à lâcher du lest sur les dépenses superflues, et donc, les jobs en publicité/communication (son travail d'origine). En clair, elle disait qu'elle n’était plus sure d'avoir les moyens de revenir à Paris ou bien ca lui prendrais plus de temps pour économiser. J'ai adoré sa franchise, son absence de chichi. Au moins il n'y avait rien à décoder.
[quote]On n'a qu'à se marier. on pourrait avoir une vie simple à Paris. tu veux ?
j'ai du lui dire un truc du genre. C’était la dernière fois que je l'ai vu. La semaine suivante elle a bien répondu avec joie à mes invitations, mais c'était de la connerie pour gagner du temps. J'avais compris ca et interprété comme une volonté de ne plus "fauter" avec moi; depuis le début de nos rencontres il me semble qu'elle cédait inconsciemment à mes sollicitations. "chaque fois c'est pire". c'est ce qu'elle disait, mais ca ne l’empêchais pas de revenir.
J'ai proposé de l'accompagner le dernier jour à l’aéroport, je voulais l'aider avec ses bagages (3 grosses valises pleines) mais aussi je n'aimais pas l'idée qu'elle parte toute seule de Paris. Elle a accepté avec joie en disant que c’était très gentil.. blabla. sauf que deux jours avant son départ quand je l'ai relancé (histoire de prendre une demi journée du boulot), elle m'a annoncé que ses amis allait la conduire en voiture. Là j'ai pigé qu'elle voulait juste garder son petit confort durant sa dernière semaine et qu'elle avait planifié de ne plus me voir 2 semaines avant. Je l'ai supprimé.
Je suis passé à autre chose. 3 semaines après j'ai du crever l’abcès. Elle s'appelait Irina.
---
Quand j'arrive le matin au Boulot je trouve R. déjà bien installé. en lui serrant la main il me dit "Bonjour!" de la même façon : toujours une tête penchée d'un coté, toujours le même son (imaginez
Jean Rocherfort au début de l’émission
Winnie L'Ourson) puis revient toujours aussi rapidement vers son écran en me regardant le moins possible). Écran qu'il ne quitte plus jusqu'à midi (pile) ou il sort manger puis revient 30 minutes exactement reprendre sa place. il répète la même opération jusqu'à 18H00. puis part en nous disant "Bonne soirée" (sur le même ton).
Cela fait 4 mois qu'il bosse avec nous et je crois ne l'avoir jamais vu porter une tenue différente, il doit avoir 45-50 ans, avec une longue carrière d'expertise en Big Data, une avarice à tout épreuve et un nom de famille d’Europe de l'Est.. à part ca on ne sait rien sur lui. C'est simple : il ne parle jamais.
Je suis probablement le dernier à lui jeter la pierre, étant donné mes années de timidité maladive et d'autisme, mais je fais des efforts, d'ailleurs on peut toujours les faire, on n'en meurt jamais (A moins de faire une blague de mauvais gout sur une terrasse avec
Kim Jong Un..), pendant les pauses dej avec les collègues on peut dire que je suis un bon "
lunch partner" je crois.. cependant le cas de R. m'intrigue.
Une fois nous sommes resté les derniers sur le plateau, j'ai tenté une approche en parlant de cinéma et des dernières sorties (possibles activités du week-end), il a commencé par écouter, puis dire des "Ah oui".. on a dévié sur Batman (je ne me rappelle plus comment) il m'a dit alors qu'il avait aimé le film avec le Pingouin et
Jack Nicholson dans le role du Joker.. J'ignore pourquoi, mais j'ai eu l'impression vu sa façon de parler que cette époque était la dernière ou il avait fréquenté le cinéma et qu'il n'y était plus retourné. Comme si sa vie était sur pause.
Je pense aussi qu'il a du changer pour une raison ou une autre. Il n'a pas les traits d'un gars qui a souffert dans la durée et on peut même l'imaginer avec un physique très avantageux durant sa jeunesse (très grand, blond..). J'avais lu dans un roman une fois (
Kenzaburo Oe - Agwii), l'histoire d'un mec qui s'est effondré après le décès de son fils nouveau-né et avait décidé de ne plus laisser aucune trace dans le monde, ne plus interagir avec aucun humain.. il marchait une fois dans la rue et il y avait des maçons qui bossait, il a marché sur la chaussée et il y avait l'empreinte de son pied. il a alors exigé qu'elle soit effacé. Il est allé jusqu'à proposer de l'argent pour ca.. au grand étonnement des passants.
Peut être que R. a cette motivation.
---
[color=#808080]Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur - matthieu 6:21[/color]
