- Mar Mar 03, 2009 1:14 am
#69829
[quote]
GQ : La barbarie à visage humain et ce mouvement des "Nouveaux philosophes", c'était une critique du communisme. En 1989 et 1991, le communisme a chuté, et, à ce tournant-là, vous auriez pu essayer de critiquer le capitalisme, au lieu de ça, vous avez trouvé un nouvel ennemi : le terrorisme islamiste que vous avez baptisé le "Fascislamisme". Pourquoi ne pas avvoir analysé ce qui n'allait pas dans notre système occidental ?
BHL Vous avez raison. Mais d'abord la vie est courte et on ne peut pas tout faire. Le fascislamisme me semble un danger plus sérieux que l'ultralibéralisme.
GQ : Notre propre système est en train de s'effondrer, quand même
BHL : Je ne cois pas. Il est en train de se réformer, de se réguler, de se débarasser de ses escrocs, de les clouer au pilori, de se donner des systèmes d'alerte plus sophistiqués et à la hauteur de l'extraordinaire sophistication à laquelle étaient parvenus les "traders" dont vous parlez. Mais que le capitalisme soit en train de s'effondrer, là, non, ne rêvez pas... Je crois juste que la société idéale n'existe pas, qu'il faut renoncer à la viser et même à l'espérer, et que la politique la moins criminelle est celle qui s'en tient au moindre mal. Alors voilà. La dictature de l'image, la tyrannie de la marchandise, la pub, peut-être que c'est mal; mais c'est un moindre mal. Peut-être qu'il faut éviter de se prosterner devant ces idoles mais ce n'est pas non plus le fascisme. Peut-être qu'il faut les critiquer et j'ai d'ailleurs écrit trente-six mille textes plaidant pour la taxe Tobin, contre le capitalisme prédateur, mais...
GQ : ...mais vous êtes davantage préoccupé par la montée d'un nouveau fascisme intégriste.
BHL : Oui, je pense que l'humanité contemporaine a eu à faire face à trois menaces mortelles : le nazisme, le communismes et, maintenant, la version intégriste de l'islam, qui est une version arabe du fascisme. Vous m'avez bien entendu, n'est-ce pas ? Dans "Fascislamisme", le mot important n'est pas "islam", c'est "fascisme". L'ffaire, autrement dit, n'est pas religieuse mais politique, et il faut la traiter politiquement.
L'interview est vraiment enrichissante, c'est pas banal comme mode d'entrevue, j'aime beaucoup le style.
