- Lun Jan 14, 2008 4:41 pm
#32709
Bonjour,
je n'ai pas pu résister... voici le message adressé par la(le) DRH d'une société française de prestation intellectuelle (enfin...), à tous les employés.
[quote]
Cher(e)s tou(te)s,
depuis notre installation à BIP, je m'interroge sur le fait de savoir si
le
modernisme de l'architecture n'a pas eu quelque impact malheureux sur le ton
vestimentaire BIP, déjà parfois mis à mal par le passé.
Pendant les premiers mois qui ont suivi notre arrivée, j'ai d'abord voulu
croire
que les créatures androgynes que je croisais vêtues comme des sacs
appartenaient à nos voisins du 4ème (tant nous savons tous depuis "Huis clos"
que l'enfer, c'est les autres).
Puis j'ai pensé naïvement que le déménagement étant pour les cartons un
traumatisme logistique, les tenues cool (yo man) qui faisaient parfois
ressembler nos collaborateurs à des déménageurs tatoués, s'expliquaient
aisément par le fait que chacun(e) continuait dans une tenue jugée adaptée la
quête des archives égarées dans le maelstrom de notre arrivée.
J'ai imaginé enfin que le port de fripes, ces vestes de velours sans forme,
ces tissus dont on hésite même à penser qu'ils soient du jean, ces chaussures
curieuses (je parle là aux plus anciens d'une madeleine de Proust) qui
peuvent évoquer la "Piste aux étoiles" de notre enfance, étaient un hommage
rendu au fondateur d'Emmaüs juste après sa disparition.
Las, j'ai du me résoudre à constater que le spectacle qui s'offrait à moi
était probablement une nouvelle "poussée expressionnelle qui faisait sens en
conjuguant coolitude, sympathicalité et révolte" comme sauraient le dire les
socio-strato-bobo-consultants toujours avides de vendre leurs analyses de
perlinpinpin. A moins que ce "fripstyle" soit devenu à la mode ce que le
politiquement correct est au débat d'idées, un affaissement navrant.
Bien sûr, je ne puis aller jusqu'à espérer que la "BIP attitude", si
essentielle à notre identité, fasse sienne le mot d'un ancien et prestigieux
tennisman français : "le style, l'élégance, la beauté du geste ont autant
d'importance que l'exploit lui-même".
Mais comme il est impossible d'imaginer que ce défilé tout juste post-pubère
soit l'image que nous souhaitons véhiculer chez nos clients, je recommande à
chacun(e), sinon de se mettre au tennis pour tenter de retrouver le fluide
perdu, mais à tout le moins de se souvenir que nous ne travaillons ni dans un
centre de réadaptation à la vie professionnelle pour anciens drogués, ni dans
un atelier clandestin, pas plus que dans une agence de pub pour créateurs
déjantés.
Merci d'avance de garder le folklore pour vos vacances (et -pourquoi pas- de
profiter des soldes).
Très cordialement
"ça balance pas mal à Paris"
je n'ai pas pu résister... voici le message adressé par la(le) DRH d'une société française de prestation intellectuelle (enfin...), à tous les employés.
[quote]
Cher(e)s tou(te)s,
depuis notre installation à BIP, je m'interroge sur le fait de savoir si
le
modernisme de l'architecture n'a pas eu quelque impact malheureux sur le ton
vestimentaire BIP, déjà parfois mis à mal par le passé.
Pendant les premiers mois qui ont suivi notre arrivée, j'ai d'abord voulu
croire
que les créatures androgynes que je croisais vêtues comme des sacs
appartenaient à nos voisins du 4ème (tant nous savons tous depuis "Huis clos"
que l'enfer, c'est les autres).
Puis j'ai pensé naïvement que le déménagement étant pour les cartons un
traumatisme logistique, les tenues cool (yo man) qui faisaient parfois
ressembler nos collaborateurs à des déménageurs tatoués, s'expliquaient
aisément par le fait que chacun(e) continuait dans une tenue jugée adaptée la
quête des archives égarées dans le maelstrom de notre arrivée.
J'ai imaginé enfin que le port de fripes, ces vestes de velours sans forme,
ces tissus dont on hésite même à penser qu'ils soient du jean, ces chaussures
curieuses (je parle là aux plus anciens d'une madeleine de Proust) qui
peuvent évoquer la "Piste aux étoiles" de notre enfance, étaient un hommage
rendu au fondateur d'Emmaüs juste après sa disparition.
Las, j'ai du me résoudre à constater que le spectacle qui s'offrait à moi
était probablement une nouvelle "poussée expressionnelle qui faisait sens en
conjuguant coolitude, sympathicalité et révolte" comme sauraient le dire les
socio-strato-bobo-consultants toujours avides de vendre leurs analyses de
perlinpinpin. A moins que ce "fripstyle" soit devenu à la mode ce que le
politiquement correct est au débat d'idées, un affaissement navrant.
Bien sûr, je ne puis aller jusqu'à espérer que la "BIP attitude", si
essentielle à notre identité, fasse sienne le mot d'un ancien et prestigieux
tennisman français : "le style, l'élégance, la beauté du geste ont autant
d'importance que l'exploit lui-même".
Mais comme il est impossible d'imaginer que ce défilé tout juste post-pubère
soit l'image que nous souhaitons véhiculer chez nos clients, je recommande à
chacun(e), sinon de se mettre au tennis pour tenter de retrouver le fluide
perdu, mais à tout le moins de se souvenir que nous ne travaillons ni dans un
centre de réadaptation à la vie professionnelle pour anciens drogués, ni dans
un atelier clandestin, pas plus que dans une agence de pub pour créateurs
déjantés.
Merci d'avance de garder le folklore pour vos vacances (et -pourquoi pas- de
profiter des soldes).
Très cordialement
"ça balance pas mal à Paris"
Boys ! Rock your girls ! They'll get wild, wild, wild
Bran Van 3000
Bran Van 3000