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By euclid666
#9209 A travers ce sujet, je vous propose de faire partager humblement un ou plusieurs poèmes de votre choix qui représentent (ou non) quelque chose pour vous.

Je commence par L'Usure de Raymond Queneau qui ouvre son recueil Battre la campagne, parut en 1968.

[img]http://img266.imageshack.us/img266/5194/queneauusurevd3.jpg[/img]

PS: Le premier qui traite Queneau d'AFC se verra obligé de me copier toutes les combinaisons des dix sonnets de ses Cent mille milliards de poèmes sur feuille A4 ;)
By Pimax
#9210 En voyant que tu parles d'un "poeme qui représente quelque chose pour nous" je me suis souvenu du premier poème que j'ai lu en dehors du cadre scolaire et que ma mere avait même affiché sur la porte de ma chambre quand j'étais gamin (jdevais alors avoir 7-8 ans) c'est "Tu seras un homme mon fils" de Rudyard Kipling. Je viens donc de le retrouver sur le net et de m'appercevoir qu'en de plus de m'évoquer ma plus tendre enfance, il contient quelques notions sur la séduction :

[quote]Si... Tu seras un homme, mon fils
de Rudyard Kipling
Traduction d'André Maurois (1918)

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

A noter le "Si tu peux être amant sans être fou d'amour" qui évoque déjà le refus de l'AFCisme...
ByFabicheri
#9220 Il a écrit une suite à ce pôeme, moins célèbre :

[quote]Si... Tu seras un timide en voie de guérison, mon fils
de Rudyard Kipling
Si tu péchos des meufs sans avoir à le dire
Et qu'en stoppant meetic tu parviens à survivre,
Si tu fermes ta gueule même si tu peux l'ouvrir
Bien que tu aies lu des livres ;

Si tu peux rester digne en ayant dégueulé
Sur tes pompes en croco devant ta obsession amoureuse
Et que la salle entière tu t'en vas saluer
Tout en leur faisant la bise ;

Si quand tu y repenses tu étais une vraie buse
Qui courait - trop content - après des fille,
C'était en CM1, maintenant ça t'amuse
De draguer en passant des mains ;

Si t'as tout compris Spike en lui filant ton flouz
Que ta mère t'as filé pour payer le ciné
Que t'as changé de fut' "car l'autre c'était une bouse"
Tu seras un timide en voie de guérison, mon fils.


A noter le "Tu seras un timide en voie de guérison, mon fils" qui évoque encore le refus de l'AFCisme...
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By Ben
#9226 l'Hymne à la Beauté, de Beaudelaire.



Hymne à la beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
By Icebrake
#9231 Mais quel voleur ce Ben !! :D

Autre poème de Baudelaire, il est hot celui-là :)

LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE

La femme cependant de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
— « Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !

Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras veloutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi
Les Anges impuissants se damneraient pour moi !"

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux dans ma froide épouvante,
Et, quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.
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By Ben
#9233 prem's [img]http://yelims4.free.fr/MDR/MDR51.gif[/img]


il est top le dernier :shock: [img]http://yelims5.free.fr/TopOuNul/Super01.gif[/img]