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By Stéphane
#12399 "Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre"
A l'ombre des jeunes filles en fleur,
Marcel Proust.


Introduction.


Depuis quelques temps je vivais une retraite paisible à l’ombre des rayonnages de bibliothèques quand – la chair est faible – [url=http://www.frenchtouchseduction.com/board/la-vie-est-une-histoire-pleine-de-bruit-et-de-fureur-vt3257.html]le bruit et la fureur[/url] commencèrent à me manquer. Le samedi qui suivit cette constatation, j’allai chercher le killer-costume qui dormait au pressing comme la cape de Bruce Wayne et fit le plein de mp3 de Cowboy Bebop dans mon baladeur. Quelques minutes plus tard, je me saoulais aux odeurs d’alcool dans les rayons parfums des grands magasins.

A la manière des chambres d’hôtel dont la blanchisserie ne masque jamais le mélange âcre des odeurs (trop) humaines qui s’y sont succédées, les rayons parfumerie, derrière la bergamote et la vanille de synthèse, recèlent toujours la puanteur du troupeau. Sous-vêtements approximatifs pour les messieurs et toilettes intimes bâclées pour les dames, l’air chargé de sudation et des postillons de l’énervement, la nature humaine ne se digère que lorsqu’elle est consommée avec parcimonie et je filai par l’escalier de secours vers les étages supérieurs.


A venir : chapitre I, ils sont affreux vos pulls.


Chapitre I : mais qu’ils sont moches vos pulls


Le premier étage du printemps de l’homme est toujours aussi volontairement branché, et donc ridicule. Comme disait Beigbeder dans je ne sais plus lequel de ses bouquins, les endroits designs sont fait pour attirer les touristes et les éloigner de ceux que je fréquente. Entre les notes de basses de la musique trop forte, une voix d’hôtesse essaie de vanter les mérites de la carte Printemps. Elle le fait d’une voix totalement neutre, à égale distance de la vérité et du mensonge ; elle doit être comédienne, c'est-à-dire que ses parents doivent lui payer des cours chez Florent.


Le second étage paraît en comparaison bien strict, il recèle donc évidemment bien plus d’originalité. Je remarque une paire de chaussures Jean-Claude Monderer fines, basses et élancées. Ce seront mes prochaines. Mais j’irai à la boutique, on est mieux servi, c’est moins cher, la vendeuse est plus mimi et les sacs sont de meilleure qualité. En face, au stand Dolce Gabbana, la grosse brune en minijupe s’ennuie derrière sa caisse parce que personne n’achète. Finalement les gens ne jamais aussi bêtes qu’on croît.


Le troisième étage est plus populaire et les filles y sont donc plus gamables. C’est là que je décidai d’installer mon piège à loup.
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Beurk, mais ils sont super moches vos pulls, comment vous pouvez vendre ça ?

Ca m’avait échappé et un rictus de dégoût me déformait légèrement le sourire. C’est vrai qu’ils étaient moches, non de Dieu. Oranges, à capuche, avec des inscriptions barbouillées en blanc et parfaitement illisibles, le coton était laid et la coupe inexistante. De vraies merdes, mais je me retins.
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M : Je ne savais pas que vous vendiez des serpillières au Printemps. On n’arrête pas la diversification
E : :? Ce sont des sweat-shirts
M : Non ce n’est pas ça, je le sais j’en ai mis, moi, des sweat-shirts, quand j’étais jeune.
E : Si, regardez (et elle m’en déplia un. Je vis que c’était une B, son regard était doux, ses gestes bienveillants, elle n’était manifestement qu’occasionnelle ici et les tics de la profession (pratique assidue du mensonge, esprit retord, méchanceté à la marge) semblaient glisser sur elle comme l’eau sur les plumes d’un canard. Je décidai de la séduire.


A venir, chapitre II : Mais si vous ne me plaisiez pas, je ne serais pas revenu...
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By Stéphane
#12400 Chapitre II : si vous ne me plaisiez pas, je ne serais pas revenu

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M : Allez, avouez qu’ils sont affreux ces pulls, d’ailleurs vous ne travaillez pas vraiment ici, enfin vous n’êtes pas vraiment employée
E : Non, comment vous le savez ? Je suis là juste pour les 8 jours en or
M : Ca se voit à la façon dont vous pliez les vêtements
E : … Vous travaillez ici ?
M : Oui.
E : Aaaaaaaaah d’accord, et vous faites quoi ?
M : Un peu de ci un peu de ça ; un peu de ménage, un peu de vaisselle pour le bar d’en haut.
E (regarde ma tenue, j’avais un pantalon Dolce Gabana, des chaussures pointues et une K-chemise) : Pffffff vous vous moquez de moi
M : Jamais. Ce n’est pas mon genre. Alors vous faites quoi dans l’existence à part vendre ces merdes ?
E : Je suis styliste
M : Ah tiens, d’habitude les stylistes s’habillent toujours n’importe comment. Vous ça va encore.
E : Oui (m’explique pourquoi, sautons). Et vous ?
M : Consultant (ne jamais tout dire d’un coup, la laisser tirer la ficelle et vous amener à elle)
E : En quoi ?
M : En management
E : Ah. Ca consiste à faire quoi ?
M : Du marketing
E (tête d’Homer Simpson qui lirait la métaphysique des mœurs de Kant)
M : Je pilote
E : Vous pilotez quoi ?
M : Des projets (notez les réponses en 3-4 syllabes, à la Cary Grant dans Notorious avec Ingrid Bergman)
E : Hmm hmm
M : Ben oui j’aurais voulu piloter des Formule 1 mais il faut mesurer moins d’1m75
E : Hi hi. En tous cas dans votre style vous devriez aller voir les vestes, là bas, au stand d’à côté. Ils ont un modèle classique avec une capuche à l’intérieur, moi j’aime bien.

Méfiant (les femmes ont souvent mauvais goût en matière d’habillement et préfèrent toujours la fanfreluche à la qualité), j’allai faire semblant de regarder pour lui faire plaisir. Effectivement, c’était une veste de costume - en tissu merdique - avec une capuche de sweatshirt. Passons. De loin, je lui fis un grand signe de la main plein de sous-entendus, de ceux qu’on fait en mojo time quand tout est permis.


2 étages plus bas, je réalisai que je venais de rejeter à l’eau un poisson tout ferré, par une charité inexplicable. En préparation des soirs de pluie, je retournai l’attraper dans mon épuisette.
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M : C’est à quelle heure votre pause ? (Evidemment je ne demandai pas si elle a une pause, et encore moins si elle voulait la passer avec moi, la réponse eut été non)
E : Euh ben je sais pas, je l’ai pas encore prise
M : Dans une heure vous m’offrez le café ?
E : Ben euh… Faut que je demande à ma responsable (Jackpot, same player plays again)

Je partis voir sa responsable, une grosse immonde semi-goth :
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M : Bonjour, j’aimerais prendre un café avec votre vendeuse, vous permettez ?
E : (Yeux d’Homer simpson qui…) Ah mais elle fait ce qu’elle veut

En partant, la nouvelle circulait dans les rayons et les collègues immobiles me regardaient avec l’air gourmand d’un enfant voyant passer le marchand de beignets sur la plage.


Pendant la pause, profitant de la maïeutique (Qui a bu boira, qui a dit oui redira oui), et rompant exceptionnellement avec une de mes règles, je la datai le soir même, annulant par la même des plans fuck-close qui ne m’intéressaient pas plus que ça.

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M : Vous avez l’air fatiguée
E : Oui
M : Ce soir ça va être terrible
E : Oui
M : Après le boulot vous rentrez vous reposer
E : Oui
M : Mais vous allez vous ennuyer ?
E : Euh, je vais peut-être aller au cinéma
M : Toute seule ?
E : Oui
M : J’ai une bonne nouvelle pour vous : vous n’allez pas au cinéma toute seule, vous allez prendre un verre avec moi.
E : Hein ah bon euh ah oui
M (Merci Socrate)
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By Stéphane
#12401 Chapitre III et fin : le protège kiss-close


5h plus tard, Le bar du Kong.


On n’est désirable qu’en se dosant, en n’étant jamais *totalement* soi-même. Ainsi dans mes endroits de séduction je joue en alternance les rôles de player, d’amoureux en date ou bien de pote dans un petit groupe. Ce soir-là ce fût entrée ET plat de résistance : player solitaire puis date en petit couple.


Vers 22h, une vague connaissance de soirée m’offrait de partager sa bouteille de vin blanc en me parlant de son job quand Aurélie arriva ; il était photographe et travaillait régulièrement avec Karl Lagerfeld, mon social proof était donc suffisant pour une styliste, sans compter que Soko la serveuse numclosée mais jamais rappelée me souriait souvent.


Quelques minutes plus tard je parvins à évincer de leurs tabourets de bar deux touristes hollandais avinés pour y installer ma petite poupée rencontrée quelques heures auparavant. Quel doux moment. Comme dit Bigard dans le lâcher de salopes, le meilleur, c’est quand tu l’as dans le viseur, juste avant que le coup y parte ; parce qu’après, il faut bien avouer que ça retombe…
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M : Alors tu dessines quoi comme genre de vêtements ?
E : Des trucs pour enfants bla bla bla
M : Tu pourrais me faire un bavoir ? Et un biberon personnalisé avec « Spike » dessus.
E : hi hi hi

Quand je la sentis mûre, je passai mes jambes d’une part et d’autre de ses petites cuisses, puis serrai un peu, elle ne fît aucune résistance. J’étais comme Ali ayant franchi le cap des premiers rounds contre Foreman, et voyant en lui le dead man walking ; je savais que j’allais gagner, il suffisait de ne pas me précipiter. Float like a butterfly, and then sting like a bee :
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M (désignant la languette de son blouson en cuir qui faisait une forme bizarre devant son menton) : Ca sert à quoi ? C’est pour ne pas qu’on t’embrasse ?
E : [réponse inintéressante]
M (je l’écartai fermement de la main et l’embrassai doucement, elle se laissa faire tout en détournant quand même légèrement la tête)
E : Pas ici, il y a trop de monde
M : Ne t’inquiète pas, je les connais, ce sont des amis

Au fond de moi j’étais plutôt content qu’elle résistât un peu, à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Dans l’ascenseur qui nous emmenait à l’extérieur à la recherche d’un taxi, je finissait le baiser entamé plus haut. Divine surprise, elle embrassait rudement bien, comme souvent les filles qui ont une petite langue.


Nous finimes la soirée à nous rouler des pelles et nous caresser sur les banquettes du Man-Ray. Ses seins remplissaient exactement mes mains. 90B.


Le lendemain vers le milieu de l’après midi elle m’appelait pour m’inviter à une vente de livres d’art, bien entendu je ne décrochais pas, mais je pensais à une nouvelle de Moravia, écrite dans un de ses seuls moments d’optimisme. Cette nouvelle s’intitule : Une bien bonne soirée !