Itou

Modérateurs: animal, Léo

By Heli
#104566 A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
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By Pier-Yves
#104675 :?
By Heli
#104683 Second degré le titre, Messieurs.
Je ne vais pas juger Beaudelaire par un seul poème...

Je l'ai lu par hasard et je trouvai qu'il représentait bien la sensation de plaisir et de frustration que l'on ressent lorsque l'on croise une minette, dans la rue, sans avoir le courage/le temps de l'aborder :

"Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, "
C'est ça qui m'a fait ajouter AFC.

Après je vous l'accorde la section n'est peut-être pas appropriée pour juste un poème (peut-être un hors sujet ?).
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By Vala
#104685 [quote="supernova"]http://fr.wikisource.org/wiki/Moesta_et_errabunda_ (la plus belle prose)

Sublime. On ressent des frissons à la lecture. Merci...