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Modérateurs: animal, Léo

By Ultrabrite
#116448 C'est mon premier témoignage ici et je demande humblement une certaine indulgence. Soyez critiques, mais trop cruels, disons :wink:
Etant clairement à un niveau "débutant" dans la séduction, et ne pouvant pour le moment même simplement imaginer aborder des inconnues dans la rue - la peur du rejet étant bien trop forte pour que je me lance tête baissée dans une démarche aussi casse-gueule, soyons conscients de nos limites n'est-ce pas - j'ai donc choisi la facilité pour commencer et me suis inscrit sur Adopteunmec.
Je crois savoir que certains ici regardent de haut les sites de rencontres, et peut-être avec raison ; toutefois, il me semble que ça peut être une assez bonne entrée en matière et permet de faire des vraies rencontres, le but étant évidemment de passer le plus vite possible de l'interface à la réalité.

Et d'ailleurs bingo : je commence assez vite à correspondre avec une femme, 39 ans, cadre, avec qui le feeling par pixels semble plutôt prometteur. Brune à cheveux courts : miam. Et plutôt vive d'esprit, même si cette incontestable intelligence est gâchée à l'écrit par l'abus de "lol". C'est pénible, ces nanas qui ponctuent leurs phrases avec des LOL tout le temps, non ? Bref.
Echange de msn suivi rapidement d'échange de numéros, une conversation téléphonique plus tard rendez-vous est acté un vendredi soir au centre-ville pour prendre un verre.

Précision : elle a d'abord proposé un endroit "sympa et pas trop loin de chez elle" et j'ai doucement mais fermement réfuté en imposant un endroit à moi ; d'abord parce que j'avais envie de me savoir à l'aise dans une place que je connaissais. Et ensuite parce que son indice de motivation se mesure aussi au déplacement qu'elle accepte d'effectuer. En plus c'était à perpéte les oies son bistrot et zut, faut pas déconner non plus hein. Gentleman mais pas pigeon, quoi.

Frémissant et anxieux, je me rase de près - j'ai un début de barbe qui offre des peelings gratuits quand j'embrasse, m'a t-on fait souvent remarqué...- et je vais au RDV. Déjà premier point positif : elle se pointe, donc pas de lapin. Nous entrons dans le bar, commandons et commençons à papoter...

C'est là que ça se corse.
Pendant un heure d'horloge, elle n'a parlé que d'elle.
Et je veux bien dire : QUE d'elle. À aucun moment elle ne m'a posé la moindre et anodine petite question sur moi.
Hum. À première vue, cela inaugurait mal de la suite.
Ce n'était pas que ce n'était pas intéressant par ailleurs : elle avait beaucoup voyagé et avait des aperçus pertinents sur pas mal de choses.
C'est juste qu'on était pas mais alors pas du tout dans un processus de séduction, là...
L'écoutant, je me suis donc posé la question de la planter là parce que cette absence d'interaction frôlait carrément l'absence de politesse même élémentaire ; je me suis retenu, parce que..."quelque chose" me poussait à la faire. Un ressenti, rien que de l'impalpable mais qui a suffit à ce que je la laisse mouliner.

Et au bout d'une heure, je lui ait dit (de mémoire) :

- Excuse moi de t'interrompre mais il y a quelque chose qui me gêne, en ce moment.
- (étonnée) Mh, oui, quoi.
- Ça fait très exactement une heure que tu parle de toi et à aucun moment tu ne m'a posé une seule question sur moi.
- (destabilisée) Heu...ah bon ?...non mais je suis désolée, je ne m'en étais pas rendu compte...
- Attends, ce n'est pas grave (sourire) ; seulement met toi à ma place : je me suis demandé si je n'avais pas en face de moi une de ces nanas complètement solipcisées et incapables d'empathie. Or je pense que tu n'est pas comme ça, j'en suis certain, même. Alors, la question est : pourquoi tu me met à distance comme ça ? Mh ?

Basculement complet de la situation.
En trois phrases, je passe d'écouteur passif - qui s'ennuyait un peu, aussi quand même...- à celui qui reprend le contrôle de la situation en ayant renversé le rapport de force : c'est moi qu'elle écoute, et c'est moi qui dirige l'interaction.
Elle finit par m'avouer que ce mur de paroles était en fait là pour répondre à une trop forte anxiété de la rencontre, suite à des échecs, et de mauvaises interactions précédentes : parler parler parler, combler le vide et mettre à distance...même si le bonhomme en face lui plaisait. À un moment donné, il fallait briser le paradoxe, parce que sinon on en sortait plus.

L'heure et demie suivante fût du coup considérablement plus plaisante, détendue, nous avons pu échanger et davantage entrer dans un rapport davantage basé sur la séduction, avec signes d'intérêts manifestes de sa part.
Sortis du bar, elle me proposa de ma raccompagner en voiture chez moi.
Et arrivés en bas de chez moi, je pris mon courage à deux mains -j'ai toujours une minute d'angoisse avant de passer à l'acte... - et tentais de l'embrasser.
Ce qu'elle accepta le plus volontiers du monde.

On en resta là pour ce soir précis, et nous nous revîmes le lendemain chez elle pour...mais ça devient du domaine intime, maintenant. Préservons un peu de pudeur, voulez-vous ? :mrgreen:

Il me semble que le point le plus important de ce témoignage est le moment où je décidai d'en finir avec mon rôle passif et de lui mettre le déséquilibre d'interaction en pleine face - avec les manières toutefois : on lui envoie une brique symbolique dans la tête pour casser la mécanique, il ne fallait surtout pas être agressif ou paraître exaspéré, mais calme, posé et bienveillant. Avec le sourire, quoi. :) Et par la suite, elle même admit que si je ne l'avais pas fait, probable qu'on se serait quitté à l'issue de la soirée...sans qu'il se passe rien de plus.
ByThe Man Outside
#116452 [quote="Ultrabrite"]une de ces nanas complètement solipcisées

J'aime bien ce néologisme. 8)
By Ultrabrite
#116453 Merci, c'est de moi. :idea:

Et je pense que ça décrit plutôt bien nombre de femmes...ainsi que d'hommes par ailleurs :ils sont "solipsisés". Ils n'ont d'autres réalités qu'eux-mêmes...Et sont pénibles, partant. :cry:
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By BelAmant
#116454 [quote="Ultrabrite"]- Excuse moi de t'interrompre mais il y a quelque chose qui me gêne, en ce moment.
- (étonnée) Mh, oui, quoi.
- Ça fait très exactement une heure que tu parle de toi et à aucun moment tu ne m'a posé une seule question sur moi.
- (destabilisée) Heu...ah bon ?...non mais je suis désolée, je ne m'en étais pas rendu compte...
- Attends, ce n'est pas grave (sourire) ; seulement met toi à ma place : je me suis demandé si je n'avais pas en face de moi une de ces nanas complètement solipcisées et incapables d'empathie. Or je pense que tu n'est pas comme ça, j'en suis certain, même. Alors, la question est : pourquoi tu me met à distance comme ça ? Mh ?

Excellent.

Je vous suis sur cette logique de solipsisme généralisée, mais à mon sens, son attitude est normale.

Un peu de psychologie féminine:

A un premier niveau, rencontre d’un inconnu sur internet, elle est intimidée. Et elle n’a pas envie de donner l’image d’une fille timide, donc elle mouline. Sur quoi ? Sur sa zone de confort, elle.

A un deuxième niveau elle redoute viscéralement les blancs et ce de manière consciente. Parler de tout et de rien est une de ses armes pour palier à cette crainte. On revient encore à elle.

Mais c’est positif car elle est impliquée.

A un troisième niveau, par habitude des mecs inintéressants qui maintiennent leur trame factuelle et ennuyeuse et leurs questions bateau classiques dites entretiens d’embauches, elle parle d'elle.
Et je ne parle même pas des mecs passifs se laissant porter par la trame de la fille, validant ses paroles comme on coche des cases sur un listing pour se faire valider eux même.

Parler d’elle est une manière de contrôler la trame au risque de se faire chier. Et elle est en stand by, elle remplie le vase, dans l’attente de savoir qu’elle est entre les mains d’un mec qui gère. C’est une femme, c’est comme ça.

Il y en a qui seront plus passives et attendrons que le mec gère direct, il y en a qui seront plus expérimentées et contrôleront mieux le jeu de ping pong, mais en espérant que le mec gère et puisse les porter.

Surtout pour des rendez-vous internet : « Faites qu’il ne soit pas chiant, faites que je ne me fasse pas chier, comme avec l’autre la dernière fois ». Même si par rapport à internet, leur question première c’est « faites qu’il ne soit pas bizarre, comme l’autre la dernière fois ».

Et c’est une torture pour elle car les mecs chiants ne s’en rendent même pas compte et ne voient pas qu’elle vomie de l’intérieur.

Lui permettre d’être elle-même, voilà ce que tu as fait. Casser cette carapace informelle (à sa manière, parler d'elle) qu’elle adopte en protection social à tous les corps anonymes ambulant sortis du virtuel.

Quand tu as pris les choses en main, tu lui as fait comprendre que tu existes, que tu as des choses à dire (au demeurant intéressantes), qu’une conversation (et un jeu de séduction) se joue à deux, que maintenant on peut se laisser aller, tu peux souffler, mets-toi à l’aise, c’est bon.

Pour moi, l'idée c'est : "Je veux savoir qui tu es vraiment, je vais te mettre à l’aise et te dire qui je suis pour ça. Je ne veux pas voir ce que tu me donnes formellement, je veux rendre ce moment authentique."

Mais son attitude est normale, et elle n’attendait que ça.



Deux remarques (pas trop cruels ;)):

1. Tu as été extrêmement passif pendant une heure. Je veux bien qu’elle parle d’elle, et je suis dans la logique de ne pas «forcer» les choses pour devoir m’imposer.

Mais tout de même, pour ce recadrage, une heure c’est long. Et si tu te faisais chier, crois-moi elle se faisait chier aussi. Pendant qu’elle moulinait de paroles sur elle, dans sa tête ça devait hurler « mais quand va-t-il prendre la main ?». Elle n’était pas capable de te la passer.


2. Une question de forme :
[quote="Ultrabrite"]Alors, la question est : pourquoi tu me met à distance comme ça ? Mh ?
Ça fait un peu petit garçon (ou gentil garçon). Après bien sûr, tout dépend du ton. Mais en t’incluant dans sa logique, tu recherches subtilement sa validation.

J’aurais personnellement généralisé sur les hommes.
« Tu mets tous les hommes que tu rencontres à distance comme ça ? Pourquoi, c’est ta manière à toi de ne pas mieux les connaitre ? »

Mais bon, je chipote (beaucoup). Tout s'est joué dans ce recadrage, coucher avec n’est que la continuité logique.

Bien joué.
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By Elan
#116457 Un excellent exemple de situation où tout le monde se faisait chier même si personne ne le disait !

Comme déjà dit, son comportement n'a, en soit, rien de choquant pour un tel rencard.

Que tu aies pu l'amener à l'avouer et partir sur un échange plus personnel, c'est simplement l'idéal puisque tu t'es, de fait, placé sur un autre plan que tous les autres mecs qu'elle avait dû rencontrer.
By Ultrabrite
#116458 @ Elan : ce n'était pas exactement qu'on se faisait "chier" : c'était que c'est parti d'emblée sur un malentendu installé par elle...et qui aurait pu se prolonger jusqu'à ce que l'un des deux en ait marre et jette l'éponge.
De fait, j'ai eu une bonne intuition en restant, on dirait.^^

@ BelAmant : tu as très bien analysé la situation d'une brillante manière, vraiment. J'en suis presque jaloux - et la jalousie, c'est mal, hein :oops:
C'est sans doute pour ça que je suis resté, que j'ai écouté mon pressentiment : malgré tout son blablabla, je la sentais impliqué, intéressée par la rencontre, "dans" la rencontre et pas sur son nuage à se regarder le nombril.

[quote] Casser cette carapace informelle (à sa manière, parler d'elle) qu’elle adopte en protection sociale à tous les corps anonymes ambulant sortis du virtuel.

Voilà qui est dit le mieux du monde.

Il y a vraiment une spécificité à la rencontre par Internet : une femme sera souvent intimidée, pour le coup elle sort clairement de sa zone de confort - devant son clavier, au chaud, avec la possibilité de renvoyer balader l'inconnu sans conséquences ni même à devoir s'expliquer - pour aller dans un endroit de la ville où elle ne met pas les pieds, pour rencontrer un type dont elle ne connaît que la projection virtuelle, et en plus en ce moment, il fait froid...
Bon, il faut quand même que la motivation de départ soit élevée, tout de même. :)

C'est pour ça qu'en effet son attitude a été, quand on y réfléchit, parfaitement normale.
Mais qu'il fallait néanmoins briser cette glace pour pouvoir qu'on se rencontre vraiment.

Ensuite oui, j'ai peut-être attendu trop longtemps, je l'admet. Disons que j'aurais pu nous économiser une bonne demi-heure :wink: Je le saurais la prochaine fois.
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By wu-weï
#116473 C'est la phase inverse de celle de Blusher : "Dis-moi quelque chose d'intéressant sur toi."
By Kaito
#116549 J'ai trouvé ça assez intéressant. J'ai personnellement assez peur de prendre la parole comme ça, quand je m'emmerde : j'ai peur d'être trop agressif. Au contraire de BelAmant, je trouve que tu as mis les formes qu'il fallait pour qu'elle l'accepte le plus naturellement du monde, sans passer pour un connard en somme, par contre, je suis d'accord, une heure c'est très long, elle aurait pu se barrer.