- Lun Sep 22, 2008 9:27 pm
#59273
Y'avait cette fille que j'avais vaguement remarqué dans l'autre groupe de l'institut aéronautique.
Au premier regard, je ne la trouvais pas franchement canon. Mais ça ne vous fait pas ça, à vous ? au début on ne voit que les petits défauts du visage. puis, en regardant un peu plus attentivement, on se dit qu'après tout elle n'est pas mal. Pas mal du tout, même. De plus elle porte un tatouage en bas du dos. un peu plus bas on distingue même des sous-vêtements aussi troublants que son regard est franc.
Mais pour l'heure, je suis occupé à retirer les baskets d'un gars que je connais à peine (un cadre supérieur qui a tout plaqué pour devenir steward, tellement il aime les avions). Le récit de ses nuits en Russie avec une escort-girl m'avait bien plu. En particulier la façon avec laquelle cet homme réservé et précautionneux assume de se taper des filles d'1,80 mètre à 250 euros l'heure. C'est-à-dire tout naturellement.
Si je lui retire ses baskets (qui jurent atrocement avec son pantalon à pince et sa chemise blanche), c'est que nous répétons des " mise en situations " auxquelles nous allons être confrontés : en effet, dans deux jours on passe le diplôme de steward, le CFS.
Donc après avoir pansé une luxation de la cheville, réduit une fracture du tibia, de l'humérus, du poignet, aseptisé une brûlure, conçu une attelle avec des magazines et ranimé un mannequin aussi plastique qu'androgène, l'heure est venue de repartir travailler à l'hôpital. Coup de bol, la belle Juliette (vous allez comprendre pourquoi ce pseudo) a sa voiture parquée à Versailles où je travaille. Donc, nous prenons le RER comme un vieux couple de banlieusards moyens.
_" Bon alors et toi, pourquoi tu veux devenir hôtesse ? " Je précise que je viens de passer quelques jours très éprouvants, je ne suis pas dans mon assiette, c'est pourquoi j'ai un peu de mal à être " cocky-funny " ou simplement original. Sa réponse doit être tout aussi plate, mais à ce moment nous apercevons de loin une belle blonde.
_" Là-bas, ça doit être une hôtesse. " me dit-elle.
En la croisant dans son uniforme bleu, on en a la confirmation.
_ " ou alors, elle ne sait pas s'habiller. Qu'est-ce que ça fait coincé du cul, le chignon."
Elle rigole. Il faut dire qu'avec son blouson de cuir rouge sang assorti aux mèches de cheveux, elle a du mal à passer pour la petite fille sage. Pourtant, elle me parle de son job de contrôleuse de gestion, de ses vacances en Turquie avec sa mère, de combien elle est étouffante mais qu'avec son père... blablablabla. D'un coup elle se dresse sur son tatouage en pointant du doigt un avion qui décolle. Elle me dit que ça la fait rêver.
Bref, j'étais sur le point de simuler un décollement de la plèvre pour me faire emmener d'urgence à l'hôpital quand le train a eu la bonne idée d'arriver.
Je la coupe dans sa description de Youyou, son bichon, son " petit garçon ", en lui disant que son papillon sur la hanche est très joli.
_ " Ah, tu as remarqué ? " dit-elle avec des yeux de biche-prise-dans-les-phares-d'une-voiture. " C'est comme avec les mecs, je papillonne ".
Et elle monte dans le wagon.
Moi, j'étais habillé selon l'humeur du moment (chaussures vernies noires, pantalon noir, chemise noire, lunettes noires, montre noire, bracelet noir, collier noir, veste marron), je ne le sais pas encore, mais du statut de meneur charismatique que je souhaite acquérir, je vais passer à celui du pathétique brochet qui s'est fait berné par un pauvre hameçon un peu trop brillant et frétillant. Et ce en prononçant une simple phrase :
" Bon bah si t'aimes tant que ça les avions, on a qu'à aller à Pontoise, y'a un meeting ce week-end ".
(Bon OK, j'imagine que c'est pas en proposant ça que Brad Pitt a séduit Angélina Jolie, mais je fais comme je peux)
Devant un tel débordement de romantisme, la belle Juliette n'a pu que décliner.
_ " heu, c'est gentil, mais je suis avec mon copain " (version à peine amélioré de l'immémorial " je peux pas, je tiens le sac à ma copine " de nos boums d'antan)
_ " Ah bon, mais je croyais qu'il était en Suisse ce week-end ? "
_ " Euh bah... mon autre copain, quoi. " avec ce même regard et ce même sourire de gamine prise le doigt dans le pot de confiture.
Qu'auriez-vous fait à ma place ?
La partie est perdue. Je plie les gaulles, mais pour ne pas perdre la face (en plus d'un demi-litre de sueur, heureusement inaperçu) j'ai décidé d'essuyer le refus avec le sourire, et d'essayer de comprendre un peu plus cette fille admirable. J'ai ainsi découvert que, parti de Rungis (Ah, romantisme, romantisme) avec la vertueuse Justine, je suis sorti du train avec la démoniaque Juliette. (Et oui, " Juliette " c'est Sade et pas Shakespeare ! ).
J'évite de tombé dans le glauque en racontant l'anecdote, mais en mon fort intérieur je ne peux m'empêcher de penser à cette femme dont je me suis occupé à l'hôpital. Très belle. Très "Bon chic bon genre" versaillais, assurément intelligente, la voie douce. Elle avait deux godemichés coincés dans le [ SECRET MEDICAL ]
_ " Dis moi, Juliette, à croquer des hommes comme ça, t'as dû de forger une méga-carapace. Assez jolie, d'ailleurs "
_ " Pas plus que ça. Chaque fois que je quitte un mec, ça me fait toujours mal. Je suis même restée quatre ans avec quelqu'un. Mais ça ne pouvait pas durer. Il était trop gentil. "
_ " Ah, ça me fais plaisir ce que tu me dis, là ! ça me conforte dans ce que je pensais !
_ ?????
_que les filles sont tellement bassinées pendant leur enfance avec le Prince charmant des contes, qu'arrivées à maturité et dans un loft du quinzième arrondissement, elles ne fantasment qu'à passer leurs nuits avec une bonne vieille racaille des cités."
A ce moment de l'histoire, nous conversons joyeusement sur ses passions, ses amours, ses " fuck-friends ", son goût certain pour les challenges. C'est véritablement admiratif que je bois ses paroles. Cette admiration pour sa détermination et de la façon dont elle conduit sa vie, grandira encore lorsqu'elle me dira qu'elle n'a pas d'amis.
Elle n'en veux pas. Elle n'aurait des amis que par intérêt. Que c'est très bien comme ça et qu'il n'y a aucune raison que cela change !
Arrivé à destination, je lui ai demandé, un peu sur le ton de l'humour son numéro de téléphone, que je n'aurais pas (évidemment, est-ce qu'on a envie de passer la nuit avec un clown ?) Mais comme certain de mes meilleurs amis qui ont marqué ma vie, elle aura laissé elle aussi son empreinte.
Au premier regard, je ne la trouvais pas franchement canon. Mais ça ne vous fait pas ça, à vous ? au début on ne voit que les petits défauts du visage. puis, en regardant un peu plus attentivement, on se dit qu'après tout elle n'est pas mal. Pas mal du tout, même. De plus elle porte un tatouage en bas du dos. un peu plus bas on distingue même des sous-vêtements aussi troublants que son regard est franc.
Mais pour l'heure, je suis occupé à retirer les baskets d'un gars que je connais à peine (un cadre supérieur qui a tout plaqué pour devenir steward, tellement il aime les avions). Le récit de ses nuits en Russie avec une escort-girl m'avait bien plu. En particulier la façon avec laquelle cet homme réservé et précautionneux assume de se taper des filles d'1,80 mètre à 250 euros l'heure. C'est-à-dire tout naturellement.
Si je lui retire ses baskets (qui jurent atrocement avec son pantalon à pince et sa chemise blanche), c'est que nous répétons des " mise en situations " auxquelles nous allons être confrontés : en effet, dans deux jours on passe le diplôme de steward, le CFS.
Donc après avoir pansé une luxation de la cheville, réduit une fracture du tibia, de l'humérus, du poignet, aseptisé une brûlure, conçu une attelle avec des magazines et ranimé un mannequin aussi plastique qu'androgène, l'heure est venue de repartir travailler à l'hôpital. Coup de bol, la belle Juliette (vous allez comprendre pourquoi ce pseudo) a sa voiture parquée à Versailles où je travaille. Donc, nous prenons le RER comme un vieux couple de banlieusards moyens.
_" Bon alors et toi, pourquoi tu veux devenir hôtesse ? " Je précise que je viens de passer quelques jours très éprouvants, je ne suis pas dans mon assiette, c'est pourquoi j'ai un peu de mal à être " cocky-funny " ou simplement original. Sa réponse doit être tout aussi plate, mais à ce moment nous apercevons de loin une belle blonde.
_" Là-bas, ça doit être une hôtesse. " me dit-elle.
En la croisant dans son uniforme bleu, on en a la confirmation.
_ " ou alors, elle ne sait pas s'habiller. Qu'est-ce que ça fait coincé du cul, le chignon."
Elle rigole. Il faut dire qu'avec son blouson de cuir rouge sang assorti aux mèches de cheveux, elle a du mal à passer pour la petite fille sage. Pourtant, elle me parle de son job de contrôleuse de gestion, de ses vacances en Turquie avec sa mère, de combien elle est étouffante mais qu'avec son père... blablablabla. D'un coup elle se dresse sur son tatouage en pointant du doigt un avion qui décolle. Elle me dit que ça la fait rêver.
Bref, j'étais sur le point de simuler un décollement de la plèvre pour me faire emmener d'urgence à l'hôpital quand le train a eu la bonne idée d'arriver.
Je la coupe dans sa description de Youyou, son bichon, son " petit garçon ", en lui disant que son papillon sur la hanche est très joli.
_ " Ah, tu as remarqué ? " dit-elle avec des yeux de biche-prise-dans-les-phares-d'une-voiture. " C'est comme avec les mecs, je papillonne ".
Et elle monte dans le wagon.
Moi, j'étais habillé selon l'humeur du moment (chaussures vernies noires, pantalon noir, chemise noire, lunettes noires, montre noire, bracelet noir, collier noir, veste marron), je ne le sais pas encore, mais du statut de meneur charismatique que je souhaite acquérir, je vais passer à celui du pathétique brochet qui s'est fait berné par un pauvre hameçon un peu trop brillant et frétillant. Et ce en prononçant une simple phrase :
" Bon bah si t'aimes tant que ça les avions, on a qu'à aller à Pontoise, y'a un meeting ce week-end ".
(Bon OK, j'imagine que c'est pas en proposant ça que Brad Pitt a séduit Angélina Jolie, mais je fais comme je peux)
Devant un tel débordement de romantisme, la belle Juliette n'a pu que décliner.
_ " heu, c'est gentil, mais je suis avec mon copain " (version à peine amélioré de l'immémorial " je peux pas, je tiens le sac à ma copine " de nos boums d'antan)
_ " Ah bon, mais je croyais qu'il était en Suisse ce week-end ? "
_ " Euh bah... mon autre copain, quoi. " avec ce même regard et ce même sourire de gamine prise le doigt dans le pot de confiture.
Qu'auriez-vous fait à ma place ?
La partie est perdue. Je plie les gaulles, mais pour ne pas perdre la face (en plus d'un demi-litre de sueur, heureusement inaperçu) j'ai décidé d'essuyer le refus avec le sourire, et d'essayer de comprendre un peu plus cette fille admirable. J'ai ainsi découvert que, parti de Rungis (Ah, romantisme, romantisme) avec la vertueuse Justine, je suis sorti du train avec la démoniaque Juliette. (Et oui, " Juliette " c'est Sade et pas Shakespeare ! ).
J'évite de tombé dans le glauque en racontant l'anecdote, mais en mon fort intérieur je ne peux m'empêcher de penser à cette femme dont je me suis occupé à l'hôpital. Très belle. Très "Bon chic bon genre" versaillais, assurément intelligente, la voie douce. Elle avait deux godemichés coincés dans le [ SECRET MEDICAL ]
_ " Dis moi, Juliette, à croquer des hommes comme ça, t'as dû de forger une méga-carapace. Assez jolie, d'ailleurs "
_ " Pas plus que ça. Chaque fois que je quitte un mec, ça me fait toujours mal. Je suis même restée quatre ans avec quelqu'un. Mais ça ne pouvait pas durer. Il était trop gentil. "
_ " Ah, ça me fais plaisir ce que tu me dis, là ! ça me conforte dans ce que je pensais !
_ ?????
_que les filles sont tellement bassinées pendant leur enfance avec le Prince charmant des contes, qu'arrivées à maturité et dans un loft du quinzième arrondissement, elles ne fantasment qu'à passer leurs nuits avec une bonne vieille racaille des cités."
A ce moment de l'histoire, nous conversons joyeusement sur ses passions, ses amours, ses " fuck-friends ", son goût certain pour les challenges. C'est véritablement admiratif que je bois ses paroles. Cette admiration pour sa détermination et de la façon dont elle conduit sa vie, grandira encore lorsqu'elle me dira qu'elle n'a pas d'amis.
Elle n'en veux pas. Elle n'aurait des amis que par intérêt. Que c'est très bien comme ça et qu'il n'y a aucune raison que cela change !
Arrivé à destination, je lui ai demandé, un peu sur le ton de l'humour son numéro de téléphone, que je n'aurais pas (évidemment, est-ce qu'on a envie de passer la nuit avec un clown ?) Mais comme certain de mes meilleurs amis qui ont marqué ma vie, elle aura laissé elle aussi son empreinte.
" Je vise invariablement le sommet, c'est encore là où on est le moins encombré "