- Jeu Oct 10, 2013 1:59 pm
#138950
[size=150]Acte I[/size]
Un dimanche de fin juin, sur le Canal Saint Martin.
Je me sens bien, je viens de donner un cours de guitare à un élève gay de 50 ans qui m'éclate particulièrement, et ai donné rendez-vous à un ami et une amie pour boire une bière chez Prune. Nous discutons de tout et de rien, d'un mec qui fait des graffitis ultra stylés, et il fait beau, dans le ciel comme dans ma tête. Commençant à avoir un peu faim, je propose de nous faire un pique-nique sur le bord du canal.
Notre amie souhaite passer chercher sa veste chez l'autre ami, qui habite près du canal. Parfait, pendant ce temps, j'irai faire les courses pour le pique nique. J'y vais donc, prends du pain, du vin, du houmous, du fromage et quitte le Super U enchanté à l'idée d'aller partager tout ça avec eux. On est censés se retrouver à un endroit précis, sous un arbre à côté de l'écluse de la rue de Lancry, à l'angle du canal, pour ceux qui connaissent.
J'arrive à cet endroit. Ils n'y sont pas encore, mais en revanche une (fort) jolie demoiselle est en train de lire, précisément là où nous devons nous retrouver avec mes deux compères. Elle m'adresse un regard et un sourire et baisse les yeux. Je me dis que l'occasion est trop belle. J'ai de plus, besoin d'un tire-bouchon. Je marche donc vers la fille et lui demande si elle en a un.
[quote]- (sourire et énergie) Bonjour, excusez-moi mais j'ai une bouteille de vin et n'ai rien pour l'ouvrir, j'ai vu que vous en aviez une d'ouverte, auriez-vous un tire-bouchon ?
- (grand sourire) Ah non mais par contre je pense que vous pouvez aller la faire ouvrir dans le restaurant juste là
- Ok, parfait, je vais faire ça
J'y vais et reviens vers elle. Mes amis ne sont toujours pas arrivés
[quote]- Bon, et bien puisque vous m'avez conseillé, je vais partager mon vin avec vous !
- Ah ben génial ! (me tend son verre)
Nous commençons à discuter. Elle habite Montréal et a fait un voyage dans toute l'Europe, se terminant par trois semaines à Paris (trois semaines qui ont commencé la veille, cool!). Mes amis n'arriveront que beaucoup plus tard, car ils ont choisi un autre endroit et m'ont bombardé de textos entretemps, que je ne regardais pas. Du style "quand tu auras niqué la fille, tu pourras nous rejoindre, on est en face de la Poste ". Mon pote (bon pote ) m'a vu avec la fille et a, intelligemment, choisi de me laisser tranquille, avant de venir me voir 3 heures plus tard, se disant que j'avais dû dire à la fille que j'attendais des gens. Il a pensé à me gratifier de cette démonstration sociale, c'est un natural C'est bon d'avoir des amis de cette trempe. Ami qui est entre temps (cette histoire date un peu), devenu mon associé dans les affaires.
A un moment de la conversation, je lui propose de partager ce que j'ai dans mon sac. Nous réalisons, étonnés et amusés, que nous avons exactement la même chose : pain, vin, houmous, fromage. Rien d'extraordinaire, vous me direz (et aurez raison), mais ça a pas mal renforcé un certain sentiment de connexion entre nous.
Avec cette demoiselle, nous discutons tout l'après-midi et l'échange est très détendu, intellectuel mais pas trop, légèrement sexué par moments (mais pas trop non plus). Elle me dévoile son secret agenda, je lui pose des questions sur son collier, ses bracelets, elle me laisse les toucher, mais je prends mon temps et n'insiste pas trop. Elle me dira plus tard avoir apprécié que je prenne ce temps. Il commence à se faire tard (je l'ai rencontrée à 18h, il est maintenant 22h) lorsque je lui propose de changer d'endroit, d'aller boire une bière chez Prune, juste à côté. Elle est partante.
Nous nous y retrouvons donc et recommençons à parler, de plein de choses, de plus en plus personnelles, et qui nous saisissent de plus en plus. Au moment où l'on se raconte des histoires que l'on a connu, chacun de notre côté, en rencontrant des SDF dans la rue, je vois ses yeux briller, et les miens brillent aussi de par l'intensité des histoires de vie que nous nous racontons. A ce moment, elle m'a définitivement séduite, car j'ai compris qu'elle voyait plus loin dans la vie que le bout de son nez. Ce sentiment de parler à une fille dont l'ambition est d'améliorer le monde, et non d'améliorer sa vie/carrière/situation, même s'il est naïf et maladroit, m'a toujours cloué.
Nous allons fumer une cigarette dehors, revenons, et discutons toujours. Lors d'un moment de silence, où nous nous regardons, je lui ramène les cheveux en arrière en lui caressant le crâne, puis l'embrasse. J'avance à peine mon visage, et elle colle littéralement sa bouche sur la mienne, pour un baiser long et langoureux. Un des meilleurs baisers que je n'ai jamais connu. Peu après, elle me propose de prendre un thé chez elle
Nous nous retrouvons dans l'appart qu'une de ses amies parisiennes lui a prêté le temps de son voyage en France. Le thé, oui, nous le préparons, mais ne le boirons jamais. Nous avions mieux à faire.
Après un amour long (j'étais passablement éméché, entre le vin et la bière) et intense (elle fait preuve d'une grande expérience et d'une certaine fougue, du haut de ses 23 ans, me surprenant même alors que j'en ai 30), nous discutons encore un long moment avant de nous endormir dans les bras l'un de l'autre. Au matin, tôt car elle doit partir chercher sa "maman" (comme elle l'appelle, et qui vient passer une semaine en sa compagnie), qui vient d'arriver du Québec, à l'aéroport, nous nous quittons en nous serrant longuement dans les bras. Elle me donne son Facebook (n'ayant pas de téléphone en France).
En partant au travail, je sais que je m'emballe, et pourtant je ne peux cesser de me dire qu'une relation longue vient de commencer. Mais je parviens à me détacher, me disant que même si je ne la revois jamais, ce moment était parfait. Je suis heureux.
Un dimanche de fin juin, sur le Canal Saint Martin.
Je me sens bien, je viens de donner un cours de guitare à un élève gay de 50 ans qui m'éclate particulièrement, et ai donné rendez-vous à un ami et une amie pour boire une bière chez Prune. Nous discutons de tout et de rien, d'un mec qui fait des graffitis ultra stylés, et il fait beau, dans le ciel comme dans ma tête. Commençant à avoir un peu faim, je propose de nous faire un pique-nique sur le bord du canal.
Notre amie souhaite passer chercher sa veste chez l'autre ami, qui habite près du canal. Parfait, pendant ce temps, j'irai faire les courses pour le pique nique. J'y vais donc, prends du pain, du vin, du houmous, du fromage et quitte le Super U enchanté à l'idée d'aller partager tout ça avec eux. On est censés se retrouver à un endroit précis, sous un arbre à côté de l'écluse de la rue de Lancry, à l'angle du canal, pour ceux qui connaissent.
J'arrive à cet endroit. Ils n'y sont pas encore, mais en revanche une (fort) jolie demoiselle est en train de lire, précisément là où nous devons nous retrouver avec mes deux compères. Elle m'adresse un regard et un sourire et baisse les yeux. Je me dis que l'occasion est trop belle. J'ai de plus, besoin d'un tire-bouchon. Je marche donc vers la fille et lui demande si elle en a un.
[quote]- (sourire et énergie) Bonjour, excusez-moi mais j'ai une bouteille de vin et n'ai rien pour l'ouvrir, j'ai vu que vous en aviez une d'ouverte, auriez-vous un tire-bouchon ?
- (grand sourire) Ah non mais par contre je pense que vous pouvez aller la faire ouvrir dans le restaurant juste là
- Ok, parfait, je vais faire ça
J'y vais et reviens vers elle. Mes amis ne sont toujours pas arrivés
[quote]- Bon, et bien puisque vous m'avez conseillé, je vais partager mon vin avec vous !
- Ah ben génial ! (me tend son verre)
Nous commençons à discuter. Elle habite Montréal et a fait un voyage dans toute l'Europe, se terminant par trois semaines à Paris (trois semaines qui ont commencé la veille, cool!). Mes amis n'arriveront que beaucoup plus tard, car ils ont choisi un autre endroit et m'ont bombardé de textos entretemps, que je ne regardais pas. Du style "quand tu auras niqué la fille, tu pourras nous rejoindre, on est en face de la Poste ". Mon pote (bon pote ) m'a vu avec la fille et a, intelligemment, choisi de me laisser tranquille, avant de venir me voir 3 heures plus tard, se disant que j'avais dû dire à la fille que j'attendais des gens. Il a pensé à me gratifier de cette démonstration sociale, c'est un natural C'est bon d'avoir des amis de cette trempe. Ami qui est entre temps (cette histoire date un peu), devenu mon associé dans les affaires.
A un moment de la conversation, je lui propose de partager ce que j'ai dans mon sac. Nous réalisons, étonnés et amusés, que nous avons exactement la même chose : pain, vin, houmous, fromage. Rien d'extraordinaire, vous me direz (et aurez raison), mais ça a pas mal renforcé un certain sentiment de connexion entre nous.
Avec cette demoiselle, nous discutons tout l'après-midi et l'échange est très détendu, intellectuel mais pas trop, légèrement sexué par moments (mais pas trop non plus). Elle me dévoile son secret agenda, je lui pose des questions sur son collier, ses bracelets, elle me laisse les toucher, mais je prends mon temps et n'insiste pas trop. Elle me dira plus tard avoir apprécié que je prenne ce temps. Il commence à se faire tard (je l'ai rencontrée à 18h, il est maintenant 22h) lorsque je lui propose de changer d'endroit, d'aller boire une bière chez Prune, juste à côté. Elle est partante.
Nous nous y retrouvons donc et recommençons à parler, de plein de choses, de plus en plus personnelles, et qui nous saisissent de plus en plus. Au moment où l'on se raconte des histoires que l'on a connu, chacun de notre côté, en rencontrant des SDF dans la rue, je vois ses yeux briller, et les miens brillent aussi de par l'intensité des histoires de vie que nous nous racontons. A ce moment, elle m'a définitivement séduite, car j'ai compris qu'elle voyait plus loin dans la vie que le bout de son nez. Ce sentiment de parler à une fille dont l'ambition est d'améliorer le monde, et non d'améliorer sa vie/carrière/situation, même s'il est naïf et maladroit, m'a toujours cloué.
Nous allons fumer une cigarette dehors, revenons, et discutons toujours. Lors d'un moment de silence, où nous nous regardons, je lui ramène les cheveux en arrière en lui caressant le crâne, puis l'embrasse. J'avance à peine mon visage, et elle colle littéralement sa bouche sur la mienne, pour un baiser long et langoureux. Un des meilleurs baisers que je n'ai jamais connu. Peu après, elle me propose de prendre un thé chez elle
Nous nous retrouvons dans l'appart qu'une de ses amies parisiennes lui a prêté le temps de son voyage en France. Le thé, oui, nous le préparons, mais ne le boirons jamais. Nous avions mieux à faire.
Après un amour long (j'étais passablement éméché, entre le vin et la bière) et intense (elle fait preuve d'une grande expérience et d'une certaine fougue, du haut de ses 23 ans, me surprenant même alors que j'en ai 30), nous discutons encore un long moment avant de nous endormir dans les bras l'un de l'autre. Au matin, tôt car elle doit partir chercher sa "maman" (comme elle l'appelle, et qui vient passer une semaine en sa compagnie), qui vient d'arriver du Québec, à l'aéroport, nous nous quittons en nous serrant longuement dans les bras. Elle me donne son Facebook (n'ayant pas de téléphone en France).
En partant au travail, je sais que je m'emballe, et pourtant je ne peux cesser de me dire qu'une relation longue vient de commencer. Mais je parviens à me détacher, me disant que même si je ne la revois jamais, ce moment était parfait. Je suis heureux.
[size=85]“Knowing your own darkness is the best method for dealing with the darknesses of other people.”
“If one does not understand a person, one tends to regard him as a fool.”
- Carl Jung[/size]
“If one does not understand a person, one tends to regard him as a fool.”
- Carl Jung[/size]