- Lun Déc 03, 2007 11:35 pm
#26829
à Paris ...
La Bibliothèque nationale de France (BNF) ouvre pour la première fois les portes de "l'enfer" et expose à Paris ses livres et gravures "contraires aux bonnes moeurs", gardés au secret depuis plus de 150 ans.
[img]http://i172.photobucket.com/albums/w34/ms_ptitcha/CPS_HRV44_031207162609_photo00_phot.jpg[/img]
Interdite exceptionnellement aux moins de 16 ans, l'exposition "Eros au secret" retrace, à partir de mardi et jusqu'au 2 mars, cinq siècles d'érotisme, illustrés de manuscrits de Sade ou d'Apollinaire, d'estampes obscènes et de photos pornographiques.
"L'enfer", c'est un lieu imaginaire, une cote créée en 1844 à BNF pour répertorier les ouvrages "licencieux" ou carrément salaces.
Le XVIè siècle fournit les premiers ouvrages, mais c'est le XVIIIè, le siècle du libertinage, qui approvisionne les collections. On célèbre alors le plaisir joyeux et les écrits légers, les images de saillies monumentales et de phallus démesurés circulent sous le manteau.
Sade, pour qui le plaisir est indissociable de la souffrance, inverse bientôt la tendance. "Eros au secret" présente des manuscrits, des éditions originales de ses textes écrits pour la plupart en prison : "La philosophie dans le boudoir" ou "Les infortunes de la vertu".
Avec la Révolution de 1789 vient le temps des pamphlets orduriers au service de la politique. Marie-Antoinette est accusée de coucher avec tout le monde, et les curés en rut excitent l'imagination populaire.
La collection s'enrichit au hasard des saisies policières chez des amateurs et des éditions confidentielles. Au point qu'en 1844, la Bibliothèque royale décide de les regrouper sous une même cote, dont la consultation est étroitement contrôlée.
Parmi d'autres curiosités, la BNF présente aujourd'hui quelques guides pratiques de l'époque, dont l'"Almanach des adresses des demoiselles de Paris", avec leurs tarifs et leurs spécialités (1791).
Au XIXè siècle, "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire (1857), dont la publication provoque un énorme scandale, mais aussi des textes de Mérimée ou Verlaine rejoignent "l'enfer", au côté des premières photos pornos qui, compte tenu des temps de pose de l'époque, relèvent de l'exploit.
[img]http://i172.photobucket.com/albums/w34/ms_ptitcha/CPS_HRV44_031207162609_photo01_phot.jpg[/img]
Guillaume Apollinaire ouvre le XXè siècle avec "Les 11.000 verges" (1907)
et travaille au premier catalogue imprimé des collections. Des éditions clandestines de Sade circulent alors et les surréalistes ajoutent quelques pages résolument au dessous de la ceinture aux collections nationales : "Le con d'Irène" (1928) d'Aragon, ou "Les rouilles encagées" (1954) de Benjamin Peret.
Pierre Mac Orlan, Georges Bataille, Pierre Lous, dont on découvre après sa mort en 1925 "les textes érotiques d'une violence incroyable", puis "Histoire d'O" de la mystérieuse Pauline Réage, les rejoignent en enfer jusqu'au milieu du XXè. Au point qu'avec eux, la cote longtemps synonyme de relégation devient peu à peu une forme de consécration.
"Eros au secret" revisite cette littérature polissonne ou pornographique française et présente les collections : photos, estampes japonaises, "transparents obscènes" et scènes de sexe en tous genres.
En 1968, quand la BNF a voulu célébrer le 50è anniversaire de la mort d'Apollinaire, nombre de ses manuscrits étaient encore en enfer et pouvaient difficilement être exposés. On les a d'abord déclassés, puis "l'enfer" a été fermé un an plus tard.
La Bibliothèque nationale de France (BNF) ouvre pour la première fois les portes de "l'enfer" et expose à Paris ses livres et gravures "contraires aux bonnes moeurs", gardés au secret depuis plus de 150 ans.
[img]http://i172.photobucket.com/albums/w34/ms_ptitcha/CPS_HRV44_031207162609_photo00_phot.jpg[/img]
Interdite exceptionnellement aux moins de 16 ans, l'exposition "Eros au secret" retrace, à partir de mardi et jusqu'au 2 mars, cinq siècles d'érotisme, illustrés de manuscrits de Sade ou d'Apollinaire, d'estampes obscènes et de photos pornographiques.
"L'enfer", c'est un lieu imaginaire, une cote créée en 1844 à BNF pour répertorier les ouvrages "licencieux" ou carrément salaces.
Le XVIè siècle fournit les premiers ouvrages, mais c'est le XVIIIè, le siècle du libertinage, qui approvisionne les collections. On célèbre alors le plaisir joyeux et les écrits légers, les images de saillies monumentales et de phallus démesurés circulent sous le manteau.
Sade, pour qui le plaisir est indissociable de la souffrance, inverse bientôt la tendance. "Eros au secret" présente des manuscrits, des éditions originales de ses textes écrits pour la plupart en prison : "La philosophie dans le boudoir" ou "Les infortunes de la vertu".
Avec la Révolution de 1789 vient le temps des pamphlets orduriers au service de la politique. Marie-Antoinette est accusée de coucher avec tout le monde, et les curés en rut excitent l'imagination populaire.
La collection s'enrichit au hasard des saisies policières chez des amateurs et des éditions confidentielles. Au point qu'en 1844, la Bibliothèque royale décide de les regrouper sous une même cote, dont la consultation est étroitement contrôlée.
Parmi d'autres curiosités, la BNF présente aujourd'hui quelques guides pratiques de l'époque, dont l'"Almanach des adresses des demoiselles de Paris", avec leurs tarifs et leurs spécialités (1791).
Au XIXè siècle, "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire (1857), dont la publication provoque un énorme scandale, mais aussi des textes de Mérimée ou Verlaine rejoignent "l'enfer", au côté des premières photos pornos qui, compte tenu des temps de pose de l'époque, relèvent de l'exploit.
[img]http://i172.photobucket.com/albums/w34/ms_ptitcha/CPS_HRV44_031207162609_photo01_phot.jpg[/img]
Guillaume Apollinaire ouvre le XXè siècle avec "Les 11.000 verges" (1907)
et travaille au premier catalogue imprimé des collections. Des éditions clandestines de Sade circulent alors et les surréalistes ajoutent quelques pages résolument au dessous de la ceinture aux collections nationales : "Le con d'Irène" (1928) d'Aragon, ou "Les rouilles encagées" (1954) de Benjamin Peret.
Pierre Mac Orlan, Georges Bataille, Pierre Lous, dont on découvre après sa mort en 1925 "les textes érotiques d'une violence incroyable", puis "Histoire d'O" de la mystérieuse Pauline Réage, les rejoignent en enfer jusqu'au milieu du XXè. Au point qu'avec eux, la cote longtemps synonyme de relégation devient peu à peu une forme de consécration.
"Eros au secret" revisite cette littérature polissonne ou pornographique française et présente les collections : photos, estampes japonaises, "transparents obscènes" et scènes de sexe en tous genres.
En 1968, quand la BNF a voulu célébrer le 50è anniversaire de la mort d'Apollinaire, nombre de ses manuscrits étaient encore en enfer et pouvaient difficilement être exposés. On les a d'abord déclassés, puis "l'enfer" a été fermé un an plus tard.