- Ven Mai 02, 2008 12:52 pm
#46698
Aujourd'hui je prends 10 minutes pour vous parler d'un film que j'ai vu hier et qui m'a littéralement epoustouflé, j'ai nommé :
[img]http://img407.imageshack.us/img407/822/funnygamespostereo0.jpg[/img]
Funny Games Us, remake d'un film autrichien du même réalisateur (Michael Haneke) que je n'ai pas vu mais qui, d'après ce que j'ai entendu dire serait le même film quasiment plan par plan.
Un mot du scénario tout d'abord.
Imaginez faire partie d'une famille américaine assez aisée. Vous avez une résidence secondaire dans laquelle vous passez la plupart de vos vacances. Et justement ce week-end s'annonce magnifique, le soleil brille, le voilier vient d'être réparé et promet de beaux après-midi de navigation.
Alors que vous préparez tranquillement le déjeuner, un jeune homme vient demander des oeufs de la part d'une voisine. D'habitude vous vous méfiez des étrangers mais comment se méfier d'une telle bouille de gendre parfait :
[img]http://img385.imageshack.us/img385/5452/funnygamesposterjpg2kb8.jpg[/img]
Vous auriez dû pourtant!
Funny Games US, comme son nom l'indique, base son intrigue sur un jeu diabolique et, que vous le vouliez ou non, vous faites partie de ce jeu. Vous avez payé, vous êtes assis devant l'écran non? D'ailleurs l'un des bourreaux du film nous le fait bien comprendre en s'adressant à une ou deux reprises directement aux spectateurs. D'où cette étrange impression de malaise, de voyeurisme qui restera pendant tout le film.
La mise en scène implacable nous plonge au coeur de cette maison, assis dans un coin du salon à regarder les choses horribles qui se déroulent sous nos yeux. Funny Games US ressemble à une pièce de théâtre tant les coupes sont rares et les plans-séquences nombreux. Haneke est un grand fondu du hors-champ. Il utilise toute la capacité de suggestion du cinéma et rares sont les scènes vraiment insoutenables au sens propre. C'est au spectateur de créer son propre film. Lors d'une scène de torture, il préférera toujours observer le visage, les réactions d'un personnage extérieur à la torture. Celle-ci n'est présente que par le son et les expressions de ce personnage filmé donc.
Haneke crache, à travers ce film, toute sa haine, mais aussi sa fascination, pour le cinéma hollywoodien grand public qui élève la violence au rang de simple produit de consommation. Le message est donc : Peu importe la violence tant que le divertissement (le fameux entertainment américain!) est là! Et il s'amuse ces deux jeunes, comme des petits fous même! Ils représentent en quelque sorte l'exacerbation des travers de notre société.
[img]http://img241.imageshack.us/img241/6812/funnygamespic1eg6.jpg[/img]
Société dans laquelle nous sommes tous connectés par milles et un moyens de communication (téléphone portable, internet, télévision) mais qui est pourtant incapable de voir qu'on est en pris en otage (scène hallucinante ou des voisins viennent rendre visite aux otages, les bourreaux se présentent comme des neveux, et personne n'y voit que du feu!)
Société des apparences, où deux jeunes gens en polos blancs, polis et souriants ne peuvent pas être des potentiels psychopathes.*
Société de loisirs, où tout tout est prétexte à l'amusement, même la barbarie et la souffrance humaine.
Que dire du reste? Acteurs impeccables qui sont réellement leur personnage plutôt que de seulement les incarner. Le talentueux Michael Pitt (sur la photo) qui joue vraiment sur le même registre qu'Alex (je ne me souviens plus du nom de l'acteur) dans Orange mécanique : terrifiant d'intelligence et de cruauté! Musique absente tout le long du film, ce qui renforce la sécheresse et l'obscurité du propos.
Un fim à voir absolument donc. A éviter en date (à moins de vouloir pourrir l'ambiance pour le reste de la soirée!) mais à voir plutôt avec un pote amateur de bon cinéma. Voilà, pour ceux qui l'ont vu vous en avez pensé quoi? Quelqu'un a-t-il vu l'original, j'aimerai savoir si c'est vraiment le même. A très bientôt!
[img]http://img407.imageshack.us/img407/822/funnygamespostereo0.jpg[/img]
Funny Games Us, remake d'un film autrichien du même réalisateur (Michael Haneke) que je n'ai pas vu mais qui, d'après ce que j'ai entendu dire serait le même film quasiment plan par plan.
Un mot du scénario tout d'abord.
Imaginez faire partie d'une famille américaine assez aisée. Vous avez une résidence secondaire dans laquelle vous passez la plupart de vos vacances. Et justement ce week-end s'annonce magnifique, le soleil brille, le voilier vient d'être réparé et promet de beaux après-midi de navigation.
Alors que vous préparez tranquillement le déjeuner, un jeune homme vient demander des oeufs de la part d'une voisine. D'habitude vous vous méfiez des étrangers mais comment se méfier d'une telle bouille de gendre parfait :
[img]http://img385.imageshack.us/img385/5452/funnygamesposterjpg2kb8.jpg[/img]
Vous auriez dû pourtant!
Funny Games US, comme son nom l'indique, base son intrigue sur un jeu diabolique et, que vous le vouliez ou non, vous faites partie de ce jeu. Vous avez payé, vous êtes assis devant l'écran non? D'ailleurs l'un des bourreaux du film nous le fait bien comprendre en s'adressant à une ou deux reprises directement aux spectateurs. D'où cette étrange impression de malaise, de voyeurisme qui restera pendant tout le film.
La mise en scène implacable nous plonge au coeur de cette maison, assis dans un coin du salon à regarder les choses horribles qui se déroulent sous nos yeux. Funny Games US ressemble à une pièce de théâtre tant les coupes sont rares et les plans-séquences nombreux. Haneke est un grand fondu du hors-champ. Il utilise toute la capacité de suggestion du cinéma et rares sont les scènes vraiment insoutenables au sens propre. C'est au spectateur de créer son propre film. Lors d'une scène de torture, il préférera toujours observer le visage, les réactions d'un personnage extérieur à la torture. Celle-ci n'est présente que par le son et les expressions de ce personnage filmé donc.
Haneke crache, à travers ce film, toute sa haine, mais aussi sa fascination, pour le cinéma hollywoodien grand public qui élève la violence au rang de simple produit de consommation. Le message est donc : Peu importe la violence tant que le divertissement (le fameux entertainment américain!) est là! Et il s'amuse ces deux jeunes, comme des petits fous même! Ils représentent en quelque sorte l'exacerbation des travers de notre société.
[img]http://img241.imageshack.us/img241/6812/funnygamespic1eg6.jpg[/img]
Société dans laquelle nous sommes tous connectés par milles et un moyens de communication (téléphone portable, internet, télévision) mais qui est pourtant incapable de voir qu'on est en pris en otage (scène hallucinante ou des voisins viennent rendre visite aux otages, les bourreaux se présentent comme des neveux, et personne n'y voit que du feu!)
Société des apparences, où deux jeunes gens en polos blancs, polis et souriants ne peuvent pas être des potentiels psychopathes.*
Société de loisirs, où tout tout est prétexte à l'amusement, même la barbarie et la souffrance humaine.
Que dire du reste? Acteurs impeccables qui sont réellement leur personnage plutôt que de seulement les incarner. Le talentueux Michael Pitt (sur la photo) qui joue vraiment sur le même registre qu'Alex (je ne me souviens plus du nom de l'acteur) dans Orange mécanique : terrifiant d'intelligence et de cruauté! Musique absente tout le long du film, ce qui renforce la sécheresse et l'obscurité du propos.
Un fim à voir absolument donc. A éviter en date (à moins de vouloir pourrir l'ambiance pour le reste de la soirée!) mais à voir plutôt avec un pote amateur de bon cinéma. Voilà, pour ceux qui l'ont vu vous en avez pensé quoi? Quelqu'un a-t-il vu l'original, j'aimerai savoir si c'est vraiment le même. A très bientôt!
"We are the middle children of history, man. No purpose or place. We have no great war, or great depression. Our great war is a spiritual war. Our great depression is our lives."