- Dim Oct 26, 2008 4:33 pm
#61667
Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager ce passage :
« J’étais amoureux de cette demoiselle, mais la fille de Silvia, avec laquelle je n’avais autre plaisir que celui de souper en famille, affaiblissait cet amour qui ne me laissait plus rien à désirer. Nous nous plaignons des femmes qui, malgré qu’elles nous aiment, et qu’elles soient sûres d’être aimées, nous refusent leurs faveurs ; et nous avons tort. Si ces femmes-là nous aiment, elles doivent craindre de nous perdre, et par conséquent elles doivent faire tout ce qu’elles peuvent pour tenir toujours vivant le désir que nous avons de parvenir à les posséder. Si nous y parvenons, il est certains que nous ne les désirerons plus, car on ne désire pas ce qu’on possède ; les femmes donc ont raison de se refuser à nos désirs. Mais si les désirs des deux sexes sont égaux pourquoi n’arrive-t-il jamais qu’un homme se refuse à une femme qu’il aime, et qui le sollicite ? La raison ne peut-être que celle-ci : L’homme qui aime sachant d’être aimé fait plus de cas du plaisir qu’il est sûr de faire à l’objet aimé que de celui que le même objet pourra lui faire dans la jouissance. Par cette raison il lui tarde de le contenter. La femme préoccupée par son propre intérêt doit faire plus de cas du plaisir qu’elle aura elle-même que de celui qu’elle donnera ; pour cette raison elle diffère tant qu’elle peut, puisque se rendant, elle a peur de perdre ce qui l’intéresse le plus : son propre plaisir. Ce sentiment est propre à la nature du sexe féminin, et il est uniquement la cause de la coquetterie que la raison pardonne aux femmes, et qu’elle ne saurait jamais pardonner à un homme. Aussi ne la voit-on dans l’homme que très rarement. »
(in Histoire de ma vie, Casanova, Folio classique, pages232-233)
[img]http://ecx.images-amazon.com/images/I/41Y03PBYNGL._SS500_.jpg[/img]
« J’étais amoureux de cette demoiselle, mais la fille de Silvia, avec laquelle je n’avais autre plaisir que celui de souper en famille, affaiblissait cet amour qui ne me laissait plus rien à désirer. Nous nous plaignons des femmes qui, malgré qu’elles nous aiment, et qu’elles soient sûres d’être aimées, nous refusent leurs faveurs ; et nous avons tort. Si ces femmes-là nous aiment, elles doivent craindre de nous perdre, et par conséquent elles doivent faire tout ce qu’elles peuvent pour tenir toujours vivant le désir que nous avons de parvenir à les posséder. Si nous y parvenons, il est certains que nous ne les désirerons plus, car on ne désire pas ce qu’on possède ; les femmes donc ont raison de se refuser à nos désirs. Mais si les désirs des deux sexes sont égaux pourquoi n’arrive-t-il jamais qu’un homme se refuse à une femme qu’il aime, et qui le sollicite ? La raison ne peut-être que celle-ci : L’homme qui aime sachant d’être aimé fait plus de cas du plaisir qu’il est sûr de faire à l’objet aimé que de celui que le même objet pourra lui faire dans la jouissance. Par cette raison il lui tarde de le contenter. La femme préoccupée par son propre intérêt doit faire plus de cas du plaisir qu’elle aura elle-même que de celui qu’elle donnera ; pour cette raison elle diffère tant qu’elle peut, puisque se rendant, elle a peur de perdre ce qui l’intéresse le plus : son propre plaisir. Ce sentiment est propre à la nature du sexe féminin, et il est uniquement la cause de la coquetterie que la raison pardonne aux femmes, et qu’elle ne saurait jamais pardonner à un homme. Aussi ne la voit-on dans l’homme que très rarement. »
(in Histoire de ma vie, Casanova, Folio classique, pages232-233)
[img]http://ecx.images-amazon.com/images/I/41Y03PBYNGL._SS500_.jpg[/img]
"Mes goûts sont simples: je me contente de ce qu'il y a de meilleur" Oscar Wilde, écrivain irlandais