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Modérateurs: animal, Léo

By HipsterInTraining
#168800 Bonjour à tous,

J'ai longtemps tergiversé avant d'écrire ce journal. La faute à un naturel peu prompt à se livrer, mais également à une charge de travail délirante en ce moment.

Mes buts sont simples :

  • coucher sur papier quelques unes de mes expériences, les nombreuses idées qui me viennent pendant la journée, et tenter de les développer

  • utiliser le fait que des gens vont lire (j'espère) mes posts pour me pousser à les rendre le plus clair et le plus structuré possible,

  • essayer de synthétiser -modestement- ces idées et expériences,

  • et peut-être, en tirer des leçons


Allez, c’est décidé, je me lance.

Nota: comme vous vous en doutez (ou pas), le titre de ce journal est purement anecdotique. Si vous me connaissiez, vous sauriez qu’il m’est impossible, de par mon origine et ma construction socio-culturelle, d’être ce qu’on appelle un hipster.
By HipsterInTraining
#168801 Ginette

Episode 1 : toujours y aller, toujours

Un jeudi fin octobre. N’ayant pas abordé dans la rue depuis plusieurs semaines, je décide de m’y remettre.

Le froid commence à venir. Pas encore le froid qui mord, mais celui qui vient juste avant. Et avec lui, l’idée persistante qu’il faudra que j’attende encore 6 mois pour que le soleil me re-brule la peau.

Au forum des Halles, j’aborde 2-3 filles, mais le courant ne passe pas. Je n’ai absolument aucune énergie. Normal après une journée de boulot. Enfin non, pas normal. Depuis 3 ans, je dors mal, très mal. Les siestes de 20 minutes me font plus de bien que les nuits de 8 heures.

J’aperçois une brune qui mâche vulgairement son chewing-gum, l’épaule contre le mur. Elle est fine. Elle a les yeux des gens qui aiment blaguer, qui ont du répondant. Nous l’appellerons Ginette. Le chewing-gum me fait penser que c’est peut-être une énième parisienne blasée qui va me faire une réponse de pétasse. En plus elle a un Blackberry. Pour une raison floue, je HAIS les Blackberry. Ce téléphone pue le « j’ai pas le temps » par tous les interstices de ses touches.

De toutes façons c’était trop tard, j’avais déjà fait le premier pas dans sa direction, contre l’avis de ce putain de cerveau primitif. Qui comme les banques face aux demandes de crédit des petits entrepreneurs, émet généralement un « avis négatif ».

Vu la durée de l’interaction, très courte, l’énergie d’étoile de mer que j’y ai mise, et son air peu convaincu lorsqu’elle a mis son numéro dans mon téléphone, je m’attendais à un flake. Le lendemain, je pesais encore le pour et le contre dans ma tête, quand je reçois un SMS.

S’ensuit une discussion légère sur la qualité comparée du cinéma de Xavier Dolan et de The Expendables/JCVD*.

Nous convenons de nous voir 3 jours plus tard dans un bar, où elle me dit qu’elle se trouvera « avec des amis ». Sachant ce que cela veut généralement dire, je réponds quand même oui, poussé par ma très bonne humeur du moment, et son corollaire (logique ?), une confiance en moi au beau fixe. Je me suis dit que je pouvais toujours y aller : si ces amis étaient trop nombreux/pas coopératifs/ennuyeux, je pouvais toujours m’éclipser. A ce moment précis je me sens incassable.

Arrivé sur place, d’amis, il n’y a point, à part le barman (qui effectivement en est un, d'ami). Nous discutons pendant 2 ou 3 heures de choses et d’autres. Pendant la première heure, l’attraction n’est pas là. Elle finit par venir, cette bougresse, dans les trois derniers quart-d’heures. Je ne sais plus ce qu’elle m’a dit exactement, mais je me souviens de l'effet. Sa phrase a transpercé ma carapace et a atteint le coeur avec une précision qui fait douter de sa spontanéité, mais en même temps donne envie de succomber. Génie féminin ?

Je la raccompagne au métro. Nous nous embrassons. Je lui propose de venir avec moi, elle refuse.

*Jean Claude Van Damme
By HipsterInTraining
#169419 Deux jours plus tard, nous nous revoyons dans un autre bar, dans un autre arrondissement.

Chacun ayant une soirée de prévue ensuite, nous venons au rendez-vous dans l’idée qu’il ne durera qu’une heure. Assez rapidement, nous devons réviser nos plans. Une bulle s’installe entre nous. Nous sommes comme dans un monde à part, séparés des autres, alors qu’ils sont à moins d’un mètre. Le simple contact de ses mains m’électrise. C’est irréel.

Elle dégage une douceur incroyable. Quelque chose du sud, aurait sûrement dit Nino Ferrer.

Par moments je me retrouve à contempler la scène d’un point de vue extérieur. Comme si en se plaçant à l’extérieur de la scène, mon cerveau voulait ne rien en rater, en s’en éloignant puis en s’en rapprochant de nouveau pour vérifier, comme on le ferait avec un tableau dont certaines couleurs et formes nous intriguent.

Après coup, je réaliserai qu’elle n’a absolument aucune aigreur. Personne n’est responsable de ses maux, desquels d’ailleurs elle ne parle pas.

A la puissance romantique du moment, s’ajoute une petite touche comique : c’est Halloween, et tout le staff du bar est déguisé. Imaginez vous trouver au milieu d’une conversation chargée de tension avec une femme... et Shrek débarquer pour vous resservir du vin.

Nous décidons de poser un lapin à ceux qui nous attendent, et marchons dans Paris main dans la main, à discuter de tout et de rien. Je me sens bien. Bien comme pendant les soirées d’été de mon enfance, quand je marchais dans ma ville natale. Chez moi, la nuit venue, le soleil perd son caractère étouffant. Ses rayons qui de jour, vous trouent la peau, se dissolvent dans l’air, et cessent de vous brûler pour vous envelopper d’une chaleur bienveillante. Dans ces moments-là, une certaine inconscience, très enfantine, s’empare de vous, et l’avenir vous paraît tout à coup plus serein.

Je découvrirai plus tard que sans avoir été tragiques ou marquées par un évènement trop grave, son enfance et son adolescence ont été mouvementées. Sa retenue n’a fait qu’augmenter mon respect pour elle, pendant que notre relation physique augmentait toujours plus en qualité.

J’ai du mal à y croire : une oasis de douceur, dans Paris, cet océan paradoxal fait d’apparences extérieures parfaites et d’intérieurs n’ayant généralement pas grand chose à donner ?

Je balaie ces considérations métaphysiques d’un revers de la main imaginaire, et me laisse aller. Je profite de la soirée.

J’allais bientôt redescendre de mon nuage.

(Note : c’est grâce à ce forum que j’ai pris conscience d’une chose très simple mais que je n’ai pas vu par manque de discernement - et de femmes : éviter les filles à problème. Merci :) )