Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

Avatar de l’utilisateur
By roland
#8156 N'ayant pas de amis dispos hier (samedi 09/06/07), je me demandais si j'allais faire du street seul à Paris, mais je doutais du climat et de mon niveau d'énergie. Je suis resté chez moi, peut-être à tort, mais je n'ai pas perdu mon temps puisque j'ai lu le livre de Pierre Louÿs : la Femme et le Pantin.
Ceci dit, j'enivsage à partir de la semaine prochaine de faire du street tous les week end ou presque (selon emploi du temps), et des soirées.
Copie de mail ci-dessous, comme ça tout le monde en profite.
____________
Coucou Spike,

Reçu par la poste le livre de Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin, je rédigerai un FR quand je l’aurai lu. J’avais également, dans la foulée, commandé un livre de Serge Brussolo, Les Inhumains.
Je ne connais pas tes goûts littéraires en dehors de la sociologie et de la séduction, mais si tu t’intéresses à la SF française, je te recommande Serge Brussolo. Son imagination est débridée, ce que permet ce genre littéraire, et il pousse jusqu’à l’extravagance, tout en gardant une intrigue plausible comme fil conducteur. Alors, voici une petite sélection (trouvables sur amazon.fr, alapage.com et / ou fnac.com) :

- Le Carnaval de Fer : un vieillard anciennement reclus se fait rajeunir artificiellement, et se retrouve embarqué malgré lui dans une quête spirituelle en compagnie d’une femme mysthique, limite sociopathe. Le tout, dans un monde post apocalyptique. Une peau de banane les attend.
Leur parcours n’est pas de tout repos ; dans la Ville des Fêtes, où tout le monde baise et picole, ce qui masque une guerre officieuse, on peut se prendre dans la tronche des confettis empoisonnés, acheter sans le savoir des masques qui vous refilent la lèpre… Sans compter la Farandole : une file de danseurs hilares, qui sont en fait des robots, et qui vous prennent par la main, laquelle se retrouve scotchée via une colle dermique, et vous traînent jusqu’à ce que l’épuisement vous tue.
Passage épique : la traversée de la Mer des Nains (d’anciens lits de fleuve ou lac asséchés, remplis de nains mutants très musclés. Leurs pieds palmés sont des racines (ils sont à moitié végétaux), et pour traverser en barque, sur leurs mains, il faut leur balancer un engrais spécial. Au risque de se faire chavirer et dépecer.

- Portrait du Diable en chapeau melon : une prison oubliée, genre l’Ile aux Enfants, version cauchemardesque. Les pensionnaires sont comme de grands enfants, surveillés par des nourrices robots de 5 mètres de haut, sous un dôme ciel aux nuages peints. La bouffe et la boisson disponibles sont drogués pour maintenir leur âge mental à 6 ou 8 ans, et contraceptifs pour baiser sans risques d’enfantement (car c’est là, on l’apprend plus tard, la raison de la prison)…
Les seuls moyen pour rester lucide : crever de faim, ou s’évader, possibilité peu plausible pour des gens qui ont pratiquement grandi là…

- Ce qui mordait le Ciel : suite à une erreur administrative, la Terre a livré à une lointaine colonie, à l’autre bout de la galaxie, des cristaux à croissance rapide au lieu de vaccins, inoculés à un troupeau de thomocks.
Les thomocks sont des sortes de bovins mammouths énormes. Les cristaux inoculés par erreur étaient destinés à des moines guerriers : pour que leur corps ne soit pas souillés après la mort, les cristaux développent à la vitesse grand V une carapace transparente, inattaquables à l’acide ou aux laser. Un cercueil indestructible.
Mais ce sont les thomocks livrés qui en bénéficient, à raison de cent doses par tête… Ce qui fait que la pauvre planète sous développée se retrouve encombrée de gigantesques montagnes de «cristal» totalement invulnérables.

Dans le genre épouvante, thriller psychologique :
- L’Enfer, c’est à quel étage ? : Jeanne, une paumée à la limite de la clochardisation, trouve un boulot de modèle nu dans un hôtel particulier, la maison Van Karkesh dans l’impasse Verneuve. Ce richissime salopard est mort au début du 20ème siècle, dans des circonstances glauquissimes : son cadavre aurait été dépecé et jeté aux tigres du zoo privé servant de cour intérieure, conséquences d’un testament aux clauses démoniaques (au sens pur du terme)...
Des cauchemars récurrents assaillent Jeanne (elle se voit, rêve après rêve, découpée en morceaux) et se rend compte que la sorcellerie était le passe-temps favori du patriarche de cette famille de tarés.
Une plongée ébouriffante dans le monde des satanistes, on a toujours un doute : manifestations réellement surnaturelles, ou mise en scène sinistre ? La fin est curieusement annoncée à l’avance, par une phrase du concierge, mais ça en rend la claque plus sévère à mon goût.

- Les emmurés : une journaliste, qui a trop joué à la fière, se retrouve à devoir faire un reportage à sensation dans la maison Malestrazza. Ledit Malestrazza était un architecte sociopathe aux théories flippantes : pour prémunir un édifice des risques de séismes ou d’affaissements de terrain, il faut le sanctifier en emmurant vivants, après les avoir chloroformés, des humains. C’est leur terreur, quand ils se réveillent, qui protège l’édifice.
Dans la maison en question, des corps avaient été retrouvés, mais Malestrazza avait mystérieusement échappé à son arrestation. Alors on chuchote qu’il y a encore des corps emmurés, et que l’architecte sociopathe rôde dans la maison, via des passages secrets. La dernière partie de ce livre est un chef d’œuvre de démence et de terreur claustrophobe. A lire.

Serge Brussolo a également rédigé des polars intéressants, la Fille de la Nuit, par exemple (une fille a survécu à une balle dans la tête, et bien qu’amnésique, découvre qu’elle a peut-être été une redoutable tueuse à gages) ; des polars médiévaux comme Les Pélerins des Ténèbres (génial !), et en ce moment, rédige les aventures de Peggy Sue (je n’en ai lu aucun pour l’instant), c’est du Fantastique destiné aux enfants.

Voilou ! A plus,
Roland
______________________________
Donc, lu hier "La Femme et le Pantin". Il y a, à mon sens, 3 sortes de livres. Ceux qui sont chiants. Ceux qui ont une intrique intéressante et qu'on a plaisir à lire, et qu'on lit uniquement ou justement par plaisir.
Et ceux qui, en plus d'être plaisants à lire, vous apprennent des choses.

La Femme et le Pantin fait partie, pour moi, de la dernière catégorie. On y voit, ce qui arrive à certains malchanceux et / ou inexpérimentés, qui se font piéger par une manipulatrice (à noter que la réciproque existe, les jeux de pouvoir abusif se pratiquant aussi par des hommes).
Dans le cas de Mateo, il perd tous sens des réalités tout en s'en rendant compte. Concha le game à plusieurs reprises, mais pas dans l'intention de closer, son but étant de le rabaisser plus bas que terre. Il a droit à toute la panoplie : avez-vous vu que dans leurs dialogues, elle lui fait du 90%-10%? Puis, les contraintes de temps, l'absence, le Hard to Get, le chaud et le froid. Même quand elle accepte de coucher, c'est dans des circonstances glauques : elle prétend l'aimer parce qu'il l'a cognée, c'est une autre façon de le ridiculiser et de le faire ramper...
Refuser de coucher est un forme de pouvoir : le gars, ou la fille, bave. Accepter de coucher est aussi du pouvoir : on tient le ou la partenaire en esclavage (dans le cas d'une relation destructrice).
Toutes les humiliations possibles et imaginables de la part de Concha lui sont balancées dans la tronche, ainsi que le racket financier, elle lui demande tout et n'importe quoi, et lui, il paye... Si Concha est un personnage abject, Mateo en devient méprisable dans ses concessions ahurissantes, surtout qu'il se rend compte de sa déchéance. Mais, il l'aime.
Cela dit, personne n'est à l'abri, selon moi, de tomber sous la coupe d'une domination psychologique. Il est toujours plus aisé d'avoir du recul quand ça arrive à quelqu'un d'autre.
Tomber amoureux n'est pas une tare honteuse selon moi, bien au contraire, le problème c'est si on tombe sur une partenaire dangereuse, ou si on perd le minimum d'objectivité froide et impartiale qu'on devrait toujours avoir... Facile à dire, j'en conviens ! Il n'y a que ceux qui ne tent rien qui croient ne pas se tromper.

Et comme on le voit dans le livre, André Stévenol, malgré l'avertissement, s'apprête à tomber lui aussi dans le piège, et le peu d'intrigue qu'on lit annonce que ce serait le même résultat potentiel qu'avec Mateo.
Le livre, pourtant, n'est pas un concentré de misogynie hargneuse. Exemple, p.49 (édition Livre de Poche) :
"Il est deux sortes de femmes qu'il ne faut connaître à aucun prix : d'abord celles qui ne vous aiment pas , et ensuite, celles qui vous aiment. _ Entre ces deux extrémités, il y a des milliers de femmes charmantes, mais nous ne savons pas les apprécier."
Tout est dit...

Bref, les cours de séduction, j'ne viens à me dire que ça devrait être obligatoire pour, peut-être, éviter les pires pièges. Mais qu'est-ce que je dis, moi ?!! Les rues seraient remplis de concurrents !!
___________
Ca me rappelle un reportage sur des Sadus en Inde. Un jeune Sadu expliquait qu'avant sa conversion, une fille était tombée raide amoreuse de lui. Lui n'en avait rien à foutre, et s'amusait même à la faire souffrir, plutôt que de rompre proprement. Mais ça a mal tourné : elle s'est suicidée.
Accablé de remords, il raconte s'être mutilé de façon à ne jamais avoir d'enfants, puis il est devenu Sadu.

Voilà, petite précision pour que je ne passe pas pour un misogyne. J'aime les femmes, mais sans les idolâtrer, un peu comme les chats : c'est mignon tout plein, c'est tout doux, ça ronronne, mais je n'oublie jamais qu'elles ont des griffes ! :D
____________________________________
Où est-ce qu'elles sont, les petites cocottes?!
Latex (LMDMF) :mrgreen: :mrgreen:
Modifié en dernier par roland le Lun Juin 11, 2007 1:43 pm, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
By tochester
#8160 A noter que la femme et le pantin est en fait un extrait des mémoires de casanova.
Intéressant d'ailleurs de lire les mémoires de ce personnage mythique, histoire de se forger sa propre opinion