- Lun Déc 31, 2007 12:53 pm
#30710
J'avais fait une ébauche d'article sur ce livre, je vais poster ce qui était déà prêt :
Le Mystère Luchini de Jean-Dominique Brierre aurait pu être un excellent livre si l'écriture avait été plus travaillée. On ne remarque pas spécialement tout de suite la simplicité du style, mais il arrive un moment dans le livre où on s'essouffle dangereusement. Certains passages, certains chapitres paraissent même longs, à l'inverse d'autre chapitres qui captivent vraiment, parmi eux
Lorca, Les femmes jouissent d'abord par l'oreille, La solitude du diseur de fond et
La pudeur de l'exhibitioniste.
Je vous propose d'ailleurs un extrait du chapitre
Les femmes jouissent d'abord par l'oreille, où on reconnaît les qualités de séducteur que tout le monde s'accorde à octroyer à Luchini teintées d'un brin de naïveté (peut-être fortement romancée, mais très agréable) :
Luchini est au restaurant avec Polac, cinéaste, dans le Var
[quote][…]Au cours du repas, trois femmes entrent dans le restaurant. Trois femmes du Sud dont la sensualité le renvoie à celle du paysage derrière la baie vitrée. « Elles étaient remplies de promesses de peaux sucrées, de cheveux parfumés. Qu’on soit hors saison les rendait d’autant plus désirables à mes yeux. Sans la foule des vacanciers, elles s’individualisaient. Ce n’était plus la proposition frelatée de l’été symbolisée par les mauvaises odeurs, la mer polluée, le sable envahi par les corps. Au contraire, c’était la pureté des lignes. Elles n’étaient plus prises dans une masse, dans un magma. »
Comment établir le contact ? Sans se lever, il adresse la parole à ses voisines de table, les fait rire. Leur déjeuner fini, elles sortent du restaurant. Sans réfléchir, il les suit et les voit monter dans un cabriolet Volkswagen.
[…] Avant qu’elles démarrent, il demande aux trois femmes s’il pourrait les revoir, explique qu’il tourne un film dans la région pour lequel on cherche des figurants. Cela les intéresserait-il ? L’une d’elle sort un stylo et lui écrit son numéro de téléphone sur un bout de papier. Quelques jours plus tard, il appelle et les revoit toutes les trois. […] Le lendemain, il passe à la boutique où travaille l’une d’elles. Trouvant porte close, il laisse un mot : « Je serai au café à 7 heures, sur le port. Ou bien… » « Elle est venue. Et elle m’a dit : « Je suis venue pour le
ou bien. » J’avais trouvé une formule ouverte, où je n’investissais pas, et cela lui avait plu. »