Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

By john dilinger
#141309 La "street", un si nouveau concept ? :wink:

[quote]Quand j'ai quitté la marine, je me suis trouvé une chambre au Village, a-t-il commencé en rassemblant ses cartes, il me suffisait de descendre dans le métro. C'était comme d'aller à la pêche. Je descendais dans le métro, et je remontais avec une fille.
[...]
Elle avait quitté son Minnesota depuis trois mois quand on s'est rencontrés. Il m'a suffi de descendre dans le métro pour la remonter avec moi. Eh oui, ça se passait comme ça, en 1948.
- Philip Roth, La tache
By john dilinger
#141408 [quote]C'est lui qui coupa court à ma méditation. Il apparut soudain dans la porte vitrée de la brasserie et s'avança vers moi, avec des grimaces et des gestes expressifs en direction d'une jeune fille assise à une table devant une tasse de café. Il s'assit près de moi sans la quitter des yeux et me demanda : « Qu'en dis-tu ? »
Je me sentis honteux. C'était vrai ; j'étais si profondément plongé dans mon livre que je n'avais pas encore remarqué la jeune fille ; il fallait admettre qu'elle était belle. Au même moment, elle redressa le buste, appela le maître d'hôtel au nœud papillon noir : elle voulait payer.
« Paye toi aussi ! » m'ordonna Martin.
Nous pensions déjà qu'il faudrait courir après elle dans la rue, mais nous eûmes la chance qu'elle s'arrête encore au vestiaire. Elle y avait laissé un sac qu'une employée alla chercher je ne sais où avant de le poser devant elle sur le comptoir. Puis la jeune fille tendit quelques pièces de dix centimes à l'employée et, à ce moment-là, Martin m'arracha des mains mon gros livre allemand.
« Mettons ça ici, dit-il avec un naturel souverain, et il rangea soigneusement le livre dans le sac de la demoiselle qui sembla étonnée mais ne sut que dire.
─ Ce n'est pas facile de tenir ce truc à la main », dit encore Martin, et il me reprocha de ne pas savoir me conduire, car la jeune fille s'apprêtait à porter elle-même le sac.
- Milan Kundera, La pomme d'or de l'éternel désir