- Sam Juil 26, 2014 5:37 pm
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Emménager dans une grande ville, prendre un appartement, commencer des études dans une université qui compte plus de 13'000 étudiants, naïvement, je pensais qu’une infinité de possibilités s’offraient à moi. Tout était à découvrir, des nouveaux lieux de sortie, de nouvelles rencontres, des nouveaux cercles d’ « amis », des soirées étudiantes ainsi que toutes les possibilités qui sont données aux étudiants pour socialiser, bref, je rêvais naïvement de grandiose et la simplicité de notre rencontre me déprimait. Je pensais l’avoir séduite trop facilement et la croyais acquise, ce qui ne m’empêcha pas de continuer à la voir. Cette prétention ne dura pas plus longtemps que quelques semaines après mon emménagement.
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Une froide nuit de l’automne 2012. Je pourrais replonger dans mes classeurs, dans un dossier que j’aurais pu appeler « fait divers » pour vous retrouver la date exact de cette soirée mais premièrement je n’en ai pas envie et deuxièmement ça n’a aucune importance pour la suite des événements.
La soirée avait commencé, comme souvent avec Julie, par un concert et s’était prolongée sur un coup de tête dans un lieu que j’appréciais particulièrement à plus de 40 minutes de voiture de là. Il était tard étonnement je me rappelle parfaitement de l’heure, puisque j’eus à la noter à de nombreuses reprises sur des formulaires et autres déclarations : 02h15 un samedi soir, ou plutôt un dimanche matin.
Après une agréable soirée, nous nous dirigeons vers ma voiture garée non loin de là. On s’installe, je lui demande de s’attacher et, juste après avoir mis un bon CD, je démarre.
(Je me suis souvent fait la réflexion après cette histoire que je n’avais quand même pas eu de chance cette nuit-là). Les portes de ma voiture se ferment automatiquement à clé lorsque je commence à rouler et dépasse les 15 ou 20km/h. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Parce qu’au moment de sortir du parking et de m’engager sur la route, je devais rouler à la vitesse du pas, tout juste 10km/h, un homme se jette sur mon capot, frappe contre mon par brise et avant que je n’aie le temps de réagir, ouvre la portière pour s’en prendre à Julie. Il essaie de la sortir de la voiture mais comme elle est attachée il ne réussit pas. Il se penche alors à l’intérieur, la brutalise, et tente de la détacher. Je l’en empêche comme je peux depuis mon siège avant qu’il ne me frappe de toute ses forces au visage. Même si je ramasserais de nombreux coup plus tard, je pense que c’est à ce moment-là qu’il me cassa le nez. Il parvient à la détacher, la sort de la voiture et je le revois la jeter par terre de toutes ses forces.
On en parlait il y a quelques mois sur ce même forum, dans ce genre de cas, on ne se demande pas qu’elle enchainement qu’on a appris à notre dernier cours de Krav-Maga on va bien pouvoir lui faire, on agit. Je suis sorti de la voiture et alors qu’il était sur elle, sans doute en train d’essayer d’en finir je n’ai eu qu’un seul réflexe : non pas lui sauter dessus pour le massacrer (ce qui aurait d’abord été physiquement impossible au vu de ses 10 cm et 20 kilos de plus mais qui de plus se serait retourné contre moi quelques mois plus tard lors du procès. J’ai avant tout cherché à protéger Julie en m’interposant. J’ai donc pris les coups, et ils furent nombreux, à sa place, en lui laissant juste assez de temps pour s’éloigner et se réfugier vers les gens qui accouraient dans la rue après avoir entendu ses cris. Il se calma rapidement avec l’intervention de tiers et certaines personnes qui le connaissaient parvinrent à le calmer et l’éloigner.
Lui rentrera seul chez lui ce soir-là pendant que je conduisais d’abord jusqu’à l’hôpital puis à la police.
Julie était en état de choc, tremblait en ne supportait pas qu’on la touche. Il ne se prononça presque pas un mot sur le trajet qui nous mena aux urgences. J’essayai ensuite de la réconforter comme je pouvais dans les couloirs blancs et sans vie de l’hôpital mais elle ne se laissait presque pas toucher. Une fois chez les forces de l’ordre, je dus me battre pour qu’on ne nous sépare pas pour confronter nos versions. Julie était en état de choc et il était exclu de la laisser seul. Bonne décision ou non, j’en apprendrai énormément pendant nos dépositions, puisqu’il a fallu déposer deux plaintes différentes, les blessures n’étant pas de la même gravité chez elle et chez moi. «
Ah mais vous voyez, monsieur, chez mademoiselle ça ne se voit pas alors que chez vous, c’est de l’ordre des lésions corporelles assez sérieuses.» D’une grande finesse la police, d’une grande finesse.
Il y a un moment particulier de notre déposition dont je me rappelle, c’était à la suite d’une des questions de l’officier en face de nous :
[quote]Est-ce que vous connaissiez cet homme avant et si oui, quels étaient les liens que vous entreteniez avec lui ?
Je répondis pour ma part que je le connaissais de vue, je savais comment il s’appelait et que je le croisais fréquemment dans les lieux en commun que nous fréquentions. Je lui expliquais aussi, que je savais qu’il aimait bien Julie, ce qu’il ne daigna pas noter dans le rapport. La réponse du Julie, du moins les quelques mots qu’elle essaya de prononcer en regardant par terre, m’apprirent que c’était un ex, et quand l’officier lui demanda à quand remontait cette relation, elle répondit :
« il y a 6 mois (lors d’un de mes voyage). »La soirée se prolongea donc, malgré nous jusqu’au lever du jour et après l’avoir raccompagnée chez elle, je rentrais soigner mon visage comme je pouvais et dormir quelques heures puisque je savais que nous devions revenir faire une déposition le lendemain.
[img]http://24.media.tumblr.com/tumblr_m8rxf7IoP01rxebiio1_500.jpg[/img]
Vous ne serez pas étonnés si je vous dis qu’à partir de ce moment-là, quelque chose avait changé, mais c’est le lendemain, alors que nous nous étions donné rendez-vous devant le poste de police et à la façon extrêmement froide dont elle me salua que je compris que les choses avaient définitivement changées.