- Mar Fév 25, 2014 2:10 pm
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Je hais les premiers amours. Et les premiers amours vous haïssent aussi. Je vous vois, vous qui lisez ça, qui probablement êtes aussi dans cette spirale infernale qu’on nomme l’amour, me dire que non, l’amour n’est pas si horrible. Je la connais cette sensation. Oui, ces papillons dans le ventre comme disait l’autre en face de LA personne - oui parce que ne serait ce que pour un temps c’est LA personne - qui vous mettent à la fois en panique totale, et vous basculent cependant dans un émerveillement absolu. On est comme des enfants le jour de Noël, sachant pertinemment qu’un cadeau est là - et ça fait toujours plaisir un cadeau- mais au final se demandant si c’est le bon. Le cadeau souhaité. Mais vous avez raison, l’amour, c’est merveilleux.
C’est merveilleux car la vie paraît autre. Plus simple, plus jolie, plus folle. C’est comme si on avait chauffé la colle de vos semelles qui vous maintenaient les pieds sur terre telle un parpaing maintient un cadavre de la mafia au fond du fleuve. Pardon pour l’image, mais elle correspond. Quoiqu’il arrive, il ou elle, vous entraînera là où vous ne le souhaitiez pas vraiment. Mais peu importe, c’est aussi ça la magie. Ce doux parfum qu’il laisse sur vos draps, sur vos cols, l’accoutumance à son odeur. Bien loin de moi l’idée de s’appesantir sur l’acte sexuel en lui même mais ne nous cachons pas. Il ou elle est surement le meilleur amant que vous ayez jamais eu. Si tant est que vous en ayez eu un auparavant. Et oui premier amour ne veut-il pas dire premier amant? A une époque oui, mais dans celle où nous vivons, où réseaux sociaux et jeux vidéos ont remplacés poésie et bal du dimanche, permettez- moi d’en douter. Mais ceci est une autre histoire.
La notre, ou plutôt la mienne - oui qui c’est qui écrit- à commencé au lycée. Pas vraiment le lycée dont tout le monde rêve, pas américain pour un sou, ni même parfumé de la romance d’un navet au succès planétaire nommé « Twilight ». Un histoire somme toute banale, dans un endroit plutôt banal. Quoique…
L’endroit était joli. Un lycée de campagne, qui accueillait en son sein une équipe de football. Un internat, de grandes étendues de verdures séparant le bâtiment dédié aux cours de ce dernier, et voici notre décor planté. Pour 3 ans. C’est long vous me direz, et encore, je vous ai fait grâce de ne pas redoubler. Elle si par contre, une ou deux fois, je ne sais même plus.
Elle était belle. Constat criant de normalité. Mais c’est le cas. Bien qu’étant une demi-portion, avoisinant les 1m63, elle avait de long cheveux blonds comme les blés. Comme je me plaisait à lui dire quelques années plus tard, ses yeux,certes marrons, étaient vraiment très beaux. Elle avait un de ses regards qui vous transperce de sincérité, et des courbes vertigineuses. Nous n’étions qu’en seconde, très jeunes, mais déjà, je fantasmais de pouvoir la couvrir de caresses et de baisers. Elle était belle. Comme toutes filles, qui vous plaisent. Vous en croiserez, et moi aussi j’en suis persuadé, quelques une comme elle au fil des semaines qui vont suivre, mais moi je la trouvais spéciale. Elle l’était. Elle était aussi convoitée.
La plus convoitée de toutes. En même temps, les concurrentes à sa beauté n’étaient pas légion dans ce petit lycée de campagne. Mais entouré de jeunes mâles, pour la moitié hyper-sportifs au bagout indéniable, et aux styles impeccables hérités de la bourse de papa et maman, mes concurrents étaient un peu plus qu’une armée de 300 soldats. Bon peut être n’étaient ils pas autant, mais j’avais l’impression de me dresser contre un mur.
Je n’avais rien du quaterback - fini les allusions américaines- qui fait envie à toute les filles. Une allumette, la comparaison n’était pas flatteuse, mais idéale pour mon physique de l’époque. Grand fluet, des dents qui n’ont pas héritées d’un appareil dentaire comme tout le monde, j’avais toutefois hérité d’une superbe paires de yeux bleus. Comme ce bleu là, qu’on aperçoit sur des photos de mer exotique. Ouf, le constat n’est donc pas si alarmant. Ah si. Je suis loin d’être le meilleur de l’équipe, je suis assez turbulent, et ait été recruté par chance et du fait d’un énorme travail de ma personne. Des heures d’entraînement bien trop ennuyeuses pour être racontées afin de réussir mes tests d’entrées. Mais qu’importe, cette fille là je ne l’ai côtoyé qu’à la fin de l’année.
Je ne l’ai pas remarquée sur le tard, non. Elle m’est apparu comme un ange dès les premiers jours d’écoles, mais semblait si lointaine. Je m’adresse aux garçons normaux. Pas les séducteurs nés. On a tous eu à un moment de notre vie, un pincement dans notre coeur d’artichaut, pour une fille qui semblait si loin, au moins autant que la lune, qu’il paraissait impossible de lui parler, ou pire, ou mieux, d’imaginer la moindre chose avec elle. C’est ce qui s’est passé pour moi. Pendant de longs mois. Regarder les garçons populaires lui parler, regarder ses sous-vêtements qui dépassait pendant les cours - oui, on a 15 ans à cette époque, et on est pas forcément fins-, être le confident de leur fantasme d’être son LUI à elle. La vie d’un nombre incalculable de garçon d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Alors pourquoi l’écrire, et relater une histoire qui sent si bon le réchauffé, comme les restes du dimanche soir que votre mère vous servait.
Pas pour faire le message que tout est possible, si on a la force d’y croire. Pour ça il y a tous ces auteurs de livre de développement personnel disponible dans un rayon bien trop poussiéreux d’une librairie. Je l’écris, et j’espère qu’elle sera ma première lectrice si un jour cela sort de mon disque dur, car j’en ai besoin. Quelque chose a réveillé cette envie en moi d’arrêter de me conter mes propres histoires dans ma tête, d’utiliser ce semblant de talent, ou de folie, afin de coucher ces mots sur du papier. Pour créer quelque chose, m’en souvenir, je ne sais pas vraiment. Frôler la mort vous change. Je ne vous avez pas dit que la vie, c’est merveilleux? Ou peut être était ce l’amour.
Flash back. Retour en seconde. Ça y est, la sonnerie vous appelant en cours résonne de nouveau en vous? Je peux donc poursuivre. L’année s’écoule donc lentement, très lentement. Les bulletins trimestriels faisant de moi un cancre arrivent les uns après les autres, je ne réussi pas vraiment en sport, effectue les quatre cents coups du lycéen basique et infantile, et nous voici propulsé en fin d’année.
A une époque où passé 14h, le soleil dépose sur votre peau une chaleur lancinante qui vous donne envie de tout, sauf d’écouter le prof. C’est a cette époque que j’ai commencé à lui parler. C’était il y a des années, et au risque de passer pour un con, je ne me souviens que vaguement - ok pas du tout- quels ont été nos premiers mots, nos premiers échanges de sms. Je vivais simplement un rêve éveillé, et des rêves, on en garde souvent que le meilleur, le plus croustillant, le plus enivrant. Il y a juste une petite coquille qui subsiste. Dans sa tête à elle, la case « Lui », homme, petit copain, amour, était occupé. Demi déception pour le grand timide que j’étais qui de toute façon était vachement heureux de ne serait ce que lui parler. Vachement, il n’est pas beau ce mot, mais me rappelle l’amour vache, que nous vivrons des années plus tard.
De facto, j’étais plus ce qu’on appelle un meilleur ami gay, un confident, qu’un prétendant fièrement assumé. C’était pas grave elle me parlait, elle, plongeait ses yeux marrons dans les miens. Je sentais presque son parfum. Elle ne le laissait pas toute suite sur moi, pas plus que dans mes draps mais ça me suffisait, j’étais en contact avec. Et souvent. Un rêve bleu.
Son apollon à elle, était un garçon à problème. Interné ou emprisonné, je ne sais plus, Toujours est il qu’il n’était pas là. Il jouait le LUI. J’étais sa présence. Ça me suffisait. Au début du moins. Comme toutes les bonnes choses, enfin non, toutes les choses normales, il y a une fin à l’année scolaire. J’était à une centaine de kilomètres du domicile familial, et cette promesse, qu’on appelle vacances d’été qui nous tendait les bras, sonnait en moi comme la fin malheureuse d’un film. On passa les dernières semaines de cours les plus merveilleuses de ma vie. Notamment un moment. Celui où j’ai posé la premières fois mes mains sur elle.
Le soleil brille, les oiseaux chantent, tout est parfait. Un groupe d’ami allongés dans l’herbe, discutant de tout et de rien, le décor est planté. il ne manquait plus que cet demande d’un massage, théorème assez maladroit pour démontrer que l’on a envie des mains de l’autre sur notre corps, notre peau. Quel pied ! Pardon, ce n’est qu’un massage, mais cette peau, la première à me faire vibrer comme ça, était si douce, si parfumée… J’étais bel et bien au niveau zéro de la moindre relation amoureuse, mais j’étais déjà éperdument amoureux. Quelle merveille l’amour!
Mais vint les au revoir, les envies de déjà se revoir, le désir que ces deux mois passent à une vitesse folles. J’ai cru percevoir la même lueur dans ces yeux que les miens. L’envie de se jeter à son cou, l’embrasser tendrement, ne pas partir en vacances, rester enfermés dans cette après midi ensoleillée à jamais, tous les deux. Mais par pudeur, par peur, et aussi parce qu’au final elle avait quelqu’un, ce fut un au revoir à la fois plat et chaleureux, teinté du regret de ne pas avoir gouté à ses lèvres.
Elle m’envoutait, réellement. J’ai passé les semaine suivantes à entretenir une correspondance avec elle. A se raconter nos journées, même si elle était vides, s’appeler sans motif. A mi chemin entre une romance démoniaque et une amitié indéfectible.
Je hais les lundis. Mais pas les dimanches. C’était un dimanche. Une demande de discussion instantanée émanant d’elle. Sans la fraicheur habituelle. Elle avait des problèmes, besoin de moi. N’étais je pas son meilleur ami après tout? Je passe les détails d’une discussion pour le moins sordide d’une jeune femme à bout de souffle, ayant tous nos pèriodes plus ou moins noires, pour me rappeler d’une phrase de cette conversation. Ou plutôt ma réponse. qui scella, les trois prochaines premières belles années de ma vie. A son souhait et sa constatation d’abandonner la vie et que personne ne la regretteraient, je lui ai répondu, et je lui répondrais la même chose s’il fallait recommencer: « Moi je te regretterais. Parce que je t’aime. »
Il y a de ces réponses simples et pleines d’amour qui change une vie, et avec le recul et mon expérience actuelle des femmes, je ne sais même pas pourquoi ça à marché. Mais ça a été le cas, et ça à plutôt bien marché. En pleine période estivale, nous avons convenu que je l’inviterais aux vacances familiales, peu importe si c’est la première fois que nous nous voyons en tant que couple. Je savais que ça irais, j’en étais intimement persuadé. J’étais au dessus des nuages, rempli de bonheur, que ce petit ange aux cheveux blond soit mien. Du moins pour un temps. Car je vous l’ai dit je hais les premiers amours. Tellement de souvenirs, de belles années, de sensations incomparables. Des rires, des pleurs, des larmes, des griffures, des paris. J’ai cru que ce serait le pari d’une vie. Je me suis trompé. Mais ça m’a tenu, vivant, émerveillé. Elle m’a rendu fou, un peu plus homme, un peu plus amour. D’ailleurs, n’est ce pas merveilleux l’amour? Mais ça ne dure pas.