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Modérateurs: animal, Léo

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By Sébastian
#97859 [url=http://img132.imageshack.us/i/photo1cv.jpg/][img]http://img132.imageshack.us/img132/4061/photo1cv.jpg[/img][/url]


...Est la question à laquelle tente de répondre le Philomag de cet été.
Comme à son habitude, le magazine propose une réponse de fond éclairée et appuyée par des exemples concrets pris dans la vie de tous les jours, sous le regard des grands noms de la philo, tels que Nietzsche, Spinoza ou encore Sartre.
Ce n'est donc pas un article de développement personnel pur et dur, vous n’y trouverez pas de programme personnalisé en 6 semaines clés en main avec grilles d’évaluations et tout le tremblement.

Il s’agit plutôt d’une réflexion de fond sur les différentes possibilités et conditions de changement : l’introspection ou l’action ? Tout planifier ou laisser-aller ? Accomplir avec les autres ou à leur détriment ? Changer tout d’un coup ou petit à petit ? Etc.

Le dossier se conclut par une interview intéressante de Peter Sloterdijk, auteur du bouquin Tu dois changer, qui parle notamment de l’importance du sport et du dépassement physique dans le processus de changement.

Pour 5€50, il n’y a pas de raison de s’en priver

[quote]Le sens commun juge sévèrement les transfuges, ceux qui rompent avec eux-mêmes et qui connaissent l’extraordinaire aventure de pouvoir se préférer autre

Et pour ceux qui seraient intéressés par les anciens numéros --> http://www.philomag.com/list-anciens-numeros.php
By Melgo
#97860 ça m'intéresse ! Merci Sébastian !

[size=75]Et en plus ils livrent à l'étranger. Bonheur.[/size]
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By jazzitup
#97861 Je viens de lire le parcours de trois grands : Louis Pauwels, Cary Grant, Jean-Laurent Cochet.

Nulle trace d'éloge frénétique du changement. Surtout pas en réaction aux événements extérieurs, à la "crise économique" comme le chapeaute philosophie magazine.

Pourtant les trois traitent de transformation ou d'accomplissement. Pauwels dans l'Apprentissage de la sérénité. Cary Grant dans une longue série d'articles biographiques. Et le dernier quand il parle du parcours du comédien.

Quand, après, je parcours ce type d'article (c'est à la mode depuis Obama), j'ai l'impression d'être pris pour un con. Pourquoi ?

[size=150]Il y a une vaste arnaque dans le business du changement.[/size] Insidieusement, la notion de révolte a disparu.

[img]http://cubez.files.wordpress.com/2009/01/who-moved-my-cheese.jpg[/img]

Ce bouquin était distribué dans les multinationales américaines lors des restructurations. C'est pratique, car ainsi on mélange tout : accomplissement de soi et adaptation aux nouvelles règles du jeu.

C'est une arnaque qui pousse chaque jour des milliers de salariés à se dépasser pour les objectifs qu'on leur fixe, au mépris de leur existence propre.

[url=http://www.lafauteadiderot.net/spip.php?article288]Mais arrêtons là la critique, nous glissons gentiment vers la politique.[/url]

Je préfère vous recopier quelques lignes de Pauwels (mon gourou pour l'été) :

[quote]Sans possession de nous-même, nous aspirons constamment à quelque changement des choses, du monde, des autres, qui nous modifierait nous-même. Mais le plus grand des changements, c'est quand nous n'avons plus besoin, pour nous-même, de changement.

L'homme qui vit comme sur la montagne se fait, dans le privé, un bonheur de la régularité de son existence. Il n'est pas esclave de règles de vie et d'habitudes : il utilise celles-ci comme instruments de son unité; ce sont les expressions de son vouloir-être.
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By TucH
#97862 J'ai trouvé l'article sur le changement de vie un peu moyen. Et les témoignages de personnes ayant changé de vie font vraiment magazine féminin à deux balles.

S'il faut l'acheter c'est plutôt pour le zoom sur Sade.
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By ignomo
#97863 [quote]Ce bouquin était distribué dans les multinationales américaines lors des restructurations. C'est pratique, car ainsi on mélange tout : accomplissement de soi et adaptation aux nouvelles règles du jeu.

C'est une arnaque qui pousse chaque jour des milliers de salariés à se dépasser pour les objectifs qu'on leur fixe, au mépris de leur existence propre.


As-tu déjà essayé de leur 'ouvrir les yeux' ? J'ai essayé, tous m'ont pris pour un idiot idéaliste, tous pensent que ce sont les heures passées au travail et le travail le plus intensif possible qui donne la promotion et, donc, la consécration d'une reconnaissance de par son supérieur.

Ca continue aujourd'hui avec les fameuses bourses "au mérite", qui font croire que c'est le mérite et le travailler plus qui sont nécessaires, alors que seul le travailler mieux est utile.
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By Sébastian
#97870 @ Jazzitup : Qu’il y ait une véritable arnaque dans le business du changement, ce n’est pas nouveau : que des charlatans vendent des remèdes miracles et du rêve facile (Obama, puisque tu l’as cité, qui est d’ailleurs critiqué par ce fameux Peter Sloterdjik, page 53) à des moutons qui ne demandent qu’à rester dans leur léthargie tout en voulant se prouver le contraire (personne n’aime être un légume), ce n’est pas nouveau.

L’article de Philomag n’est pas - comme je l’ai précisé - une énième ode à l’épanouissement personnel sur fond de conneries new-age. C’est un article de fond , qui analyse la question du changement d’un point de vue philosophique, à partir des réflexions de penseurs contemporains comme Foucault et Deleuze (pour ne citer qu’eux).

La question que tu soulèves concernant la crise économique ne me semble donc pas avoir de raison d’être puisque :
1/ il n’en est fait mention qu’à titre anecdotique dans les 3 dernières pages du dossier consacré au changement de vie (le dossier sur la crise est un autre dossier, à part)
2/ Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas un article de développement personnel, c’est à dire que l’analyse dérive forcément sur les domaines politique et social. Dire que les crises que traverse l’Europe (et par conséquent, l’homme européen) influent sur les individus et les poussent à une forme de changement, ça ne me semble pas fabulatoire ; les mentalités, tout comme les société, évoluent aussi dans la discontinuité, par ruptures, par réaction à une mentalité passée.

Concernant l’article d’Axel Honneth, 2/3 choses me viennent en tête.
Je doute qu’à la lecture de ce simple article, on puisse en déduire qu’untel à tord et qu’untel à raison. Honneth utilise les mêmes procédés rhétoriques qu’il reproche à Sloterdjik pour le disqualifier. Et lorsque je lis ce dernier paragraphe :

[quote]Cette légèreté à couper le souffle peut paraître risible. Mais ce serait oublier que celui qui la profère est la coqueluche des médias, enfant chéri des politiques, ainsi qu’un intellectuel paré des plus hautes distinctions académiques. Du coup, il peut y en avoir quelques-uns à qui viendrait l’idée de se demander si notre culture démocratique n’aurait pas atteint un degré de déréliction et de superficialité tel qu’elle en vient à renoncer à ses propres exigences.

Je pense plus à une querelle d’intellectuels qu’à une réelle critique, pondérée et objective. De plus je ne trouve pas qu’une théorie politique fondée sur l’idée de colère et de dette soit plus saugrenue et plus « foutage de gueule » qu’une théorie de la reconnaissance organisée selon trois sphères qui s’appuient sur la reconnaissance amoureuse, elle-même reposant sur…le rapport originel liant la mère au nourrisson.
Permets-moi d’ajouter à cela qu’Honneth est aujourd’hui le plus grand représentant allemand du néo-hégélianisme (donc d’une conception téléologique de l’Histoire, d’un « projet historique»), et tu conviendras que les deux philosophes ne peuvent qu'avoir une vision différente de l’Histoire, et donc, se mordre joyeusement les fesses par journaux interposés, comme le faisaient en leur temps Camus et Sartre.
Mais de toute manière, la question ne se pose pas, puisque je ne défends pas le livre de Sloterdjik (je ne l’ai pas lu) mais bien ses quelques lignes d’interview sur la place du sport dans le développement.

Par ailleurs, je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire par « Insidieusement, la notion de révolte a disparu » ? De quelle révolte parles-tu ?

Enfin, lorsque Pauwels écrit que « le plus grand des changements, c'est quand nous n'avons plus besoin, pour nous-même, de changement », je me rappelle qu’il a été l’auteur du Matin des magiciens (très bon livre au demeurant), rédacteur du journal Planète, et qu’il a baigné presque 30 ans dans l’ésotérisme, le paranormal et les « délires » extraterrestres avant de se convertir au catholicisme. Pas de changement, pas de changement…


@Tuch : Oui, je suis d'accord, les témoignages (surtout celui de la mère de famille) sont plutôt concons.
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By Elan
#97879 [quote="jazzitup"]Nulle trace d'éloge frénétique du changement. Surtout pas en réaction aux événements extérieurs, à la "crise économique" comme le chapeaute philosophie magazine.

Pourtant les trois traitent de transformation ou d'accomplissement. Pauwels dans l'Apprentissage de la sérénité. Cary Grant dans une longue série d'articles biographiques. Et le dernier quand il parle du parcours du comédien.À mon sens une contradiction dans ce domaine c'est celle entre le changement au sens transformation, mûrissement, et la philosophie du tout, tout de suite qui fait qu'on devrait avoir le droit de changer ce qu'on n'aime pas pour aller vers un meilleur soi - qui reste défini par le soi actuel qui, de son propre aveu, n'est pas terrible et donc risque de définir des objectifs foireux.

En ce sens, ne plus avoir besoin de changer ce n'est pas arrêter de changer. C'est juste qu'on peut faire autre chose de son temps que changer.
Des récits sur ce forum-même rendent parfois perplexe, on a parfois l'impression que toute l'activité de telle ou telle personne est focalisée sur le changement qu'elle apporte, qu'il y a toujours un barreau mieux placé sur l'échelle, et qu'il n'y a rien de mieux à faire que l'escalader.
ByEquus
#97880 [quote="Sébastian"]Comme à son habitude, le magazine propose une réponse de fond éclairée et appuyée par des exemples concrets pris dans la vie de tous les jours, sous le regard des grands noms de la philo, tels que Nietzsche, Spinoza ou encore Sartre.
Oulah, ça fait peur.
J'accorde la plus grande circonspection quant à la lecture de ce genre de périodique. Quant à l'utiliser pour allumer un barbecue, je crains qu'il ne dégage des vapeurs toxiques... :?
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By TucH
#97911 ahaha Equus :)

Il faut se trouver une sagesse existentielle personnelle.
Après le changement se fait et dans le bon sens (oui, oui y'a un sens :) )

En général on veut changer, car on a suivi ce que les autres voulaient faire de nous, et puis un jour tu te dis merde, c'est pas ça que je veux.
Oui, parce qu'avant tu savais même ce que tu voulais en général.

[quote]"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. " JP Sartre.

Pour reprendre la métaphore de la maison :
Construis ta propre maison, qu'elle est un peu de gueule !
Te retrouve pas dans les lotissements avec les maisons jumelées, t'entasse pas dans un HLM :D

Construis ta propre existence.

Mais ce n'est pas soit par l'introspection soit par l'action (comme le préconise le magazine), c'est les 2 !
C'est l'un puis l'autre. Connais-toi toi même, puis agis.

Tout comme la vision de Foucault (toujours avoir l'objectif final en tête) et Deleuze (laisser le hasard choisir).
Ce n'est pas l'un soit l'autre. C'est l'un et l'autre. Avoir son pourquoi dans la vie et embrasser les opportunités qui s'offrent à toi. Pour illustrer ce dernier point, je citerais Stéphane : "Une vie dans laquelle ne peut rentrer l'imprévu est une chambre dans laquelle ne peut rentrer la lumière".

Le spécial bonus :
Synopsis du cours -sur Nietzsche - de Michel Onfray (mes "gourous" à moi- « Il m’est odieux de suivre autant que de guider » )

C'est simple, limpide. Il rend la philosophie accessible.
http://michel.onfray.pagesperso-orange. ... 1mai09.htm
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By jazzitup
#97917 Sébastian : j'attends d'avoir les articles en main pour les commenter. Merci pour tes précisions qui donnent envie d'aller plus loin.

Le reste une réaction sur les clichés du changement. Libre aux modos de déplacer sur un topic à part ou de supprimer.

Sur la révolte : je n'aime pas la formule "tu dois changer", ça sonne comme "tu dois arrêter de fumer" ou "tu dois perdre du poids". Le vrai changement s'amorce de l'intérieur suite à un déclic : "je n'accepte pas XXX". Se révolter contre les habitudes qu'on a prises, le rôle qu'on nous fait jouer, ou une situation socio-économique donnée.

Sur Grant/Cochet/Pauwels : ce qui m'a frappé à leur lecture, ce que l'accomplissement de soi semblait couler de source, comme si on se rappelait petit à petit d'un rêve de gosse qu'on avait oublié.

La bio de Grant est puissante.


[quote]No, I think I wrote this much because so many journalists have made it their profitable business to mind
my business by writing what they think I believe, and how, according to them, I feel.

[quote]Well, there you are. That was my trouble. Always trying to impress someone. Now wouldn’t you think that
with a new, shiny, expensive open car, and an open-neck shirt, with a pipe in my mouth to create a carefully
composed study of nonchalance, sportiveness, savoir-faire and sophistication, I would cut quite a swath amongst
ladies? Wouldn’t you? Wouldn’t you? Nothing of the sort.


[quote]My family name is Leach. To which, at my christening, was added Archibald Alexander, with no
opportunity for me to protest. For more than half my fifty-eight years I have cautiously peered from behind the
facade of a man known as Cary Grant. The protection of that facade proved both an advantage and a
disadvantage. If I couldn't clearly see out, how could anyone see in?


[url=http://www.archieleach.com/auto1.html]Ici.[/url]
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By Sébastian
#97960 [quote="jazzitup"]Sur la révolte : je n'aime pas la formule "tu dois changer", ça sonne comme "tu dois arrêter de fumer" ou "tu dois perdre du poids". Le vrai changement s'amorce de l'intérieur suite à un déclic : "je n'accepte pas XXX". Se révolter contre les habitudes qu'on a prises, le rôle qu'on nous fait jouer, ou une situation socio-économique donnée. Sur Grant/Cochet/Pauwels : ce qui m'a frappé à leur lecture, ce que l'accomplissement de soi semblait couler de source, comme si on se rappelait petit à petit d'un rêve de gosse qu'on avait oublié.

D’accord, je vois ce que tu veux dire : prôner le changement pour le changement est devenu une tendace ; il n’y a qu’à voir comme les émissions du type "je me suis révélé/je suis un homme nouveau/ j’ai brusquement trouvé ma voie" font un tabac.
Et notre époque immobile et molle a coupé à la racine la véritable envie de révolte, puisqu’elle nous a enlevé cette capacité de discernement, de libre pensée sur nous-mêmes en échange de la sécurité rassurante d'un petit confort bourgeois.
Reste donc le placebo, ce vaste marché du changement accessible à tous, à usage unique et – à l’image de la société de consommation – immédiat et sans effort.

C’est probablement pour ça que si peu de changements semblent "couler de source", comme tu le dis.