Comme son nom l'indique

Modérateurs: animal, Léo

By Pat o'Gruyer
#183176 Enfin je dis "on", je devrais sans doute dire "je".
Bonjour à tous,
Nouveau sur ce forum, j'ai une question fondamentale me concernant qui résonnera peut-être chez d'autres et sur laquelle vous avez peut-être un éclairage à me donner. J'aurais bien réservé un phone coaching mais pour l'instant je suis en mode économie et je dois donc jouer les radins et essayer d'avoir un éclairage gratos. C'est veule, je sais, mais je tente quand même.
J'ai soixante ans, ce qui va faire grimper certains au plafond s'ils lisent ça, parce que je pense être un peu beaucoup au dessus de la moyenne d'âge ici. Peut-être que mon expérience vous sera également bénéfique, qui sait?

Au test elle-lui, j'ai obtenu 76/24, ce qui m'a choqué parce que j'ai toujours pensé avoir une bonne dose de F. Je me vois plus 70/30 max. Je ne m'entends bien qu'avec les femmes en général et me sens beaucoup plus proches d'elles que des hommes. Toutes mes amitiés proches, durables et profondes sont avec des femmes.
J'ai un double métier, je suis dans la technique (H) et également dans l'écriture (F?). Le premier est uniquement pour payer le loyer, l'autre pour la passion et le besoin physique de créer.
Ma vie sentimentale et de couple s'est construite sur des relations longues. J'ai eu quelques affaires d'un jour mais qui m'ont toujours énormément déçu (c'est pour cela qu'elles n'ont duré qu'un jour). J'ai toujours considéré le couple comme une manière de progresser ensemble, le tout étant supérieur à la somme de ses parties et, sans doute à cause de cela, chacun des huit couples que j'ai formés dans ma vie a été fondamentalement différent. Chaque partenaire (entre trois et dix ans ensemble) m'a aidé à franchir un cap dans ma vie, à découvrir de nouvelles choses, à grandir et je me suis efforcé de donner la même chose à l'autre. Je n'en étais pas conscient à l'époque mais maintenant, avec le recul, je comprends que c'est ce qui s'est passé. Et lorsqu'il n'y avait plus de progression possible, lorsque le couple avait atteint en quelque sorte son but, c'était la séparation sur deux chemins différents. Je n'ai pas d'enfants parce que je n'ai pas construit ma vie dans un but de stabilité finale qui ne finirait jamais. J'ai essayé avec ma première épouse que j'adorais mais ça s'est très mal terminé. À partir de là, j'ai fait un choix de vie et de refus d'attachement inaliénable.

Pour en venir au fait, mon problème personnel, qui me poursuit depuis le début, est que, même en étant en couple très uni avec quelqu'un, je ne pouvais m'empêcher d'en désirer une autre. Même au pic de ma relation la plus intense, amoureuse, absolue, j'avais toujours une autre femme en vue. Je suis resté fidèle, à part une fois quand j'étais encore immature, mais j'ai toujours eu besoin d'avoir une autre femme sur laquelle fantasmer, à courtiser. Plus fort que moi. Comme si j'avais toujours besoin de me rassurer sur mon aptitude à séduire, parfois à prendre des râteaux, comme si le désir pour ma partenaire réelle ne pouvait exister sans également avoir une partenaire idéalisée et différente. Et souvent inaccessible. Mon activité d'écrivain est, en partie, une sublimation de cela. Je ne vais pas m'étendre sur ce point, ceux qui écrivent comprendront.

Aujourd'hui, j'entretiens une relation stable depuis des années et le schéma se répète, depuis le tout début en fait. Il y a toujours deux ou trois cibles à mon adoration mais, par élimination, j'ai réduit cela à une seule femme, avec qui j'ai vécu autrefois et avec qui j'ai renoué des relations d'amitié à peu près en même temps que j'ai rencontré ma compagne actuelle. Elle est donc le pendant fantasmé à ma partenaire réelle. Bien évidemment, elle est mariée et heureuse en couple, a une fille et même une petite fille mais, curieusement, elle aussi encourage cette relation que nous avons. Aucune déclaration mais les signes d'intérêts sont là. J'ai fait le test des 15 jours avec elle et ça n'a pas raté, elle ne peut pas rester plus de 14 jours sans me relancer d'une façon ou d'une autre. J'apprécie également sa compagnie et si je ne la vois pas pendant trop longtemps, elle me manque et j'ai besoin de la voir. Elle n'hésite pas à me toucher, m'appeler parfois pour de longues discussions et nous avons énormément de points en commun. Je fais aussi office de décodeur pour elle parce que je l'ai aidée à découvrir de nouveaux trucs auxquels elle s'est ensuite attachée avec plus de détermination que moi et qu'elle s'est lancée récemment dans la création artistique (femme Lego?). Elle fait un boulot où je peux passer la voir de temps à autre, une à deux fois par mois en moyenne, et nous discutons pendant des heures pendant qu'elle tient sa boutique. Je lui amène souvent des petits cadeaux pas coûteux, des trucs utiles pour elle, et elle me fait des petits cadeaux en retour. Donc évidemment, ces marques d'intérêts ne font rien pour m'aider à me détacher d'elle, même si je sais qu'elle serait probablement horrifiée à l'idée de passer à l'acte, mais ça sert bien mon schéma répétitif. Et ça ne diminue en rien le plaisir que j'ai avec ma compagne actuelle, ça l'aide même sans doute, parce que ça maintient une tension entre nous puisqu'elle connaît notre amitié et je lui dis (pas toujours) quand je vais voir mon amie, etc. Notre couple n'en aurait probablement pas besoin car je fréquente d'autres femmes dans mon activité professionnelle, mais j'en ai besoin.

Bref, voilà. Mon agenda personnel est, je crois, de finir mes jours avec une compagne stable (à mon âge je ne fais plus rêver personne et je n'ai pas envie de me trimballer la charge émotionnelle de passer à l'acte avec une femme que je viens de rencontrer, même si j'aime courtiser et badiner avec les femmes). Le seul truc qui me fait peur, c'est cette obsession à toujours vouloir voir ailleurs si l'herbe n'est pas plus verte. Est-ce que c'est un mécanisme d'auto-défense pour ne pas être vulnérable en face d'une partenaire unique, est-ce que c'est une obsession malsaine qui tend à constamment mettre en danger mon couple, est-ce que je suis un salaud complet, un éternel insatisfait ou simplement un esthète qui ne peut vivre sans manifester de l'admiration pour un objet inaccessible?

Il me semble que si je pouvais trouver une réponse à cette question fondamentale, je pourrais comprendre cette pulsion récurrente et la dépasser et peut-être être capable de construire enfin une relation stable et durable. Ou alors c'est un mécanisme naturel que tous les hommes connaissent et qui entretient en fait le désir. Je ne sais pas. Merci de m'avoir lu jusqu'ici, si vous avez des avis ou des conseils, je suis preneur.
By Pat o'Gruyer
#183179 Un élément de réponse, le syndrome du "gros béta romantique" dans le sujet de conférence "l"homme nait-il infidèle".
[url]https://youtu.be/SRqksTsCUkg[/url]
Donc peut-être un excès de sentiment romantique qui exacerbe Eros chez l'homme. À méditer.
By Messaoud
#183185 Dans l'Antiquité grecque, il y avait dissociation de l'amour envers sa compagne et du désir amoureux. Ta question n'aurait donc aucun sens.

Dans la vision religieuse (chrétienne ou musulmane) , il y a une entité malfaisante qui cherche à détourner les humains. Ta légitime, c'est celle qui va te permettre de réaliser ton souhait de finir tes jours "dans une relation stable". Ton "amie", c'est une tentation. Nous sommes tous tentés et nous devons apprendre à vivre avec. Le bonheur ne serait alors pas de ne plus être tenté, mais de dominer ses tentations. Cette vision semble suggérer que tu devrais prendre garde à ne pas dépasser certaines limites avec ton "amie".

D'un point de vue biologique, le mâle veut se reproduire au maximum, et la femelle veut porter les enfants du mâle le plus dominant possible. Ces impératifs seraient encore présents chez nous et dictés par notre cerveau reptilien. Tu remarqueras que si cela est bon pour perpétuer l'espèce, cela n'est pas bon pour le bonheur des individus. Mâle comme femelle sont dans l'insatisfaction permanente, entre deux courtes jouissances.

Dans la vision contemporaine, il y a un feeling indescriptible qui s'appelle le "sentiment amoureux" et qu'il ne faut jamais trahir, pour ne pas finir malheureux. Tu es donc bien évidemment un salaud qui ment à sa femme, et un lâche qui n'ose pas "suivre son coeur".
By James ex S
#183187 J'allais te renvoyer à la conférence avec Delavier. Le paradoxe entre le côté romantique et animal de l'homme:

[video]https://www.youtube.com/watch?v=SRqksTsCUkg&feature=youtu.be[/video]

Est-ce que tu as du contenu de Stéphane? Les séminaire sur le logiciel F et H par exemple?
By Pat o'Gruyer
#183188 Merci James, j'ai effectivement vu cette conférence ensuite, dans ma quête de réponses. Cela apporte un intéressant élément de réponse qui me permet de déculpabiliser un peu et de mieux assumer ma nature. Je n'ai fait aucun des séminaires, simplement découvert la chaîne de Stéphane qui m'apporte déjà énormément de réponses pratiques et que je n'ai pas fini d'explorer. Mon but étant bien évidemment de m'améliorer et d'être un meilleur partenaire et compagnon, les réponses obtenues jusqu'à présent m'aident déjà énormément, en juste quelques semaines de pratique. Merci à vous.
By Hannibal
#183194 Bien sûr que le désir continue malgré une relation. La vraie question est: es-tu satisfait de celle en cours?
Et les tentations, elles prouvent que tu es en vie et que le sang circule. Il faut vivre avec, en les acceptant positivement. Quant à ton amie, fais-la disparaître de ta vie puisqu'elle te tente trop, elle risque d'apporter plus de mal que de bien.
By Pat o'Gruyer
#183195 Merci Hannibal. Pas certain que je veuille sacrifier ma longue amitié pour B (et je n'ai vraiment aucun reproche à lui faire pour réaliser cela) mais je vais peut-être essayer de l'éduquer en douceur sur le principe de l'amitié homme-femme de façon à établir une distance stable entre nous qui ne laisse place à aucune ambiguïté et qui nous permette l'un et l'autre d'en profiter sans mettre à mal nos couples respectifs. Après il faut que je travaille sur moi-même pour utiliser mon attirance naturelle pour l'autre sexe comme un moteur d'entretien de désir pour ma vraie relation actuelle. J'ai commencé et toutes ces infos sont extrêmement utiles et me permettent de mieux comprendre et de mieux gérer les dynamiques des relations, du désir, etc.
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By pantin
#183196 Je vais reformuler à ma manière des idées déjà à juste titre par les autres membres.

Plusieurs choses:

-L'attachement et le désir sont deux phénomènes bien distincts même si ils s'entrecoupent.
Mais bien souvent l'attachement au fur et à mesure de sa structuration amenuise le paramètre désir.

(ex: une activité sexuelle répétée génère de l'ocytocine, hormone de l'attachement).

-la propriété numéro 1 du désir est qu'il est sans fin et qu'il s'impose à nous. (En substance "je manque du manque".)
On ne choisir pas de désirer ou non, ça désire en nous, après on choisit de le vivre ou non.

On n'atténue sa tension momentanément, puis il redémarre et heureusement. Et les gens qui perdent cela vont généralement très mal (dépression) mais même quand ils vont très mal, ce désir n'est jamais mort, il se contente d'être en sommeil.

-L'homme est biologiquement programmé pour maximiser ses chances reproductives par la quantité. Il a beaucoup de gamètes qu'il cherche à répandre au maximum

-la conquête/la parade amoureuse sont inscrites dans H subséquemment.

Force est de constater que tes questions légitimes, ont pour base des choses qui sont comme cela, on n'y peut rien. Cela fonctionne comme cela. Pourquoi le ciel est bleu? parce qu'il l'est.

Le fait de n'avoir pas obtenu le fruit ultime de l'attachement (l'enfant) t'ont conduit à un renoncement à vivre des attachements en CDD, que tu équilibres ton couple par (non pas des amitiés, cela me parait un terme impropre) par des amitiés amoureuses ou érotisées, sur le fil du rasoir.

Les conseils qui te disent de stopper les relations externes ne sont pas pertinents, pourquoi?

-tu ne le feras pas
-C'est inscrit dans ta dynamique, il te faut un porte avion mais également partir en mission, l'un sans l'autre ne fonctionnerait pas

A l'aube de tes 60 ans, il y a un enjeu d'autant plus fort, que tu sens que ton pouvoir de séduction ira décroissant, ce qui doit renforcer une certaine angoisse ne plus avoir ce pouvoir protecteur de ton moi.

Je trouve que tu as l'air d'un type qui assume ce qui est une qualité que beaucoup d'hommes n'ont pas, qui préfère faire l'ange en société pour aller ensuite se faire fouetter dans les clubs SM.

Cesse de te torturer avec ce contre quoi on ne peut rien....
By Pat o'Gruyer
#183199 Merci Pantin pour ce résumé très complet que je vais m'efforcer de bien digérer. J'apprécie que vous preniez tous le temps de me répondre et le fait de pouvoir parler ainsi librement de mon problème a déjà des effets très constructifs. C'est beaucoup plus facile d'assumer et de gérer ce genre de dilemmes quand on commence à en comprendre les mécanismes. Merci encore, c'est de l'aide qui m'est très précieuse, en toute honnêteté. Bon, j'ai encore tout plein de vidéos, phone coaching et podcasts à étudier. J'aurais aimé avoir toutes ces infos il y a trente ou quarante ans mais si mon cas peut servir à d'autres, je m'en réjouis.