- Sam Jan 19, 2013 11:15 pm
#130794
Je lance ce sujet à cause d’une situation dans laquelle je suis plongé depuis à peu près deux moi. Je vous demande vos avis et vos conseils, mais j’ai aussi l’intention de lancer un débat et j’espère que cette discussion pourra servir à d’autres personnes. C'est une situation qui rejoins un peu le poste de hopkins "vivre pour travailler ou travailler pour vivre". Mais là, c'est un peu plus précis, ou en tous cas plus particulier.
Je voudrais quand même préciser que je débute dans la vie professionnelle, je n’ai que peu d’expérience, je vous demande donc un peu d’indulgence si ce post peut paraître naïf sur certain points.
Au départ, un nouveau départ :
Je dois remonter à septembre 2011 pour que vous ayez toutes les cartes en mains. Je venais d’avoir mon diplôme d’architecte. Quelques mois plus tard, je commençai mon premier job, dans une petite agence alsacienne. Le dream-job comme on dit : des projets super intéressant, un patron pédagogue et sympa et des collègues avec qui je m’entendais à merveille, tous entre 23 et 28 ans. Mais comme les bonnes choses ont une fin, mon contrat ne fut pas reconduit : plus de boulot.
Là je ne travaille pas pendant trois mois : je prépare deux mémoires qui finalisent totalement mes études. On arrive en octobre 2012. Je me remets à chercher un boulot, mais hors d’Alsace cette fois-ci, j’avais envie de bouger, d’aller voir ailleurs. Et deux semaines plus tard, j’ai un entretien, qui se passe plutôt bien, et je suis embauché : je commence le lundi de la semaine suivante : un contrat de deux mois, qui viens de s’achever, puis un contrat de six mois, que je viens de commencer, et enfin, si tout se passe bien (ou pas), un CDI.
La boîte :
D’abord il y a le patron. A une paire d’année de la quarantaine, gérant, 60% des parts de la boîte. Ma première impression : il a un caractère bien trempé. Pendant l’entretien, il n’hésite pas à me brusquer. Pendant les premiers jours, je vois qu’il s’énerve assez rapidement, et pour à peu près n’importe quoi. Il m’inspire un mélange de respect et de crainte : on a l’impression qu’il peut exploser à tout moment.
Ensuite il y a les autres collaborateurs : six architectes et moi. Dans cette équipe il y a deux filles d’à peu près mon âge et fraîchement recrutées également, avec qui je m’entends plutôt bien. Les autres architectes sont plus âgés et tous associés. Ils travaillent sans relâche, et ce qui me frappe, c’est la salle ambiance qui règne au bureau : ils croulent tous sous le boulot, sont fatigués, énervés et je n’entends pas grand-chose de positif sortir de leur bouche.
Enfin, il y a le boulot qu’on me demande. J’en apprends des tonnes et mon intérêt pour leurs travaux est assez élevé. J’ai quelque chose à tirer de mon travail dans cette entreprise. A côté de ça, on m’en demande beaucoup. On est en sous-effectif, le boulot ne manque pas.
L’investissement : jusqu’où aller pour le boulot ?
C’est là qu’intervient ma première question. Par la force des choses, je me retrouve vite à bosser assez tard et à rester quelques week end (pour être précis, deux week end en 2,5 mois). C’est une pratique plutôt rependue dans les agences d’archi : on travaille par à-coups, pour résumer. Mais j’imagine que ça doit être le cas dans beaucoup d’autres secteurs.
Là où ça pose problème, c’est que je ne savais pas ce que j’allais avoir en échange. Je me suis dit la chose suivante : je me défonce au boulot au départ, et j’attends de voir : si je ne reçois rien du tout, j’en donne moins. Les deux filles dont je vous ai parlé plus haut avaient une stratégie bien différente, plutôt du genre : je ne donne rien si je ne suis pas sûr d’avoir quelque chose en échange.
Résultat : le contrat de l’une d’elle n’a pas été renouvelé, j’ai été augmenté et ai touché une prime là où l’autre n’a rien reçu.
Au résultat, j’aurais tendance à dire que l’attitude que j’ai adoptée était plutôt appropriée. Mais qu’en pensez-vous ? Sachant qu’on va vite me redemander de bosser comme un acharné. Où fixer vous votre limite ? Jusqu’où allez-vous dans le sens de ce qu’on vous demande ?
Je vous pose cette question parce que j’ai beaucoup de doutes et que je suis plutôt méfiant. J’ai peur qu’on essaie de m’amadouer avec un peu de pognon et des promesses et que je me retrouve enfermé dans une logique d’asservissement envers mon boss. D'un autre côté, les promesses ont été tenues, et j'ai été augmenté au bout de deux mois... Mais je vois les autres qui ont mis leurs de côté et qui bossent comme des chiens... et les deux jeunettes qui se montent la tête en disant que le patron est un esclavagiste manipulateur...
Ce qui amène ma deuxième question :
Comment se positionner dans les rapports de force propre à une entreprise ?
OK, c’est large comme question, on pourrait sûrement écrire un bon gros bouquin là-dessus. Je vous la pose donc sous l’angle particulier de mon entreprise.
Je parlais d’asservissement, parce que j’ai l’impression que c’est ce dont il s’agit pour mes collègues (exceptées les deux filles). Ils travaillent en permanence. Je ne veux pas dire qu’ils ne font pas de pauses, je veux dire que je pourrais prendre n’importe quelle jour de l’année, si je passais au bureau à 23h30, ils seraient tous-là. N’importe quel jour. Deux d’entre eux viennent quasiment tous les week-end.
Alors on pourrait se dire que c’est normal, qu’ils sont associés. Mais ça dépasse la norme. Je n’ai jamais eu vent d’une agence de taille comparable dont les associés étaient dans la même situation. Et puis il y a ce côté un peu malsain de la relation qu’ils entretiennent avec le gérant, ou plutôt qu’il entretient avec eux.
Pour simplifier, ils en ont une peur bleue. Du moins c’est mon interprétation. Ils ne contestent aucune décision. Certains sont (bien) plus âgés, plus expérimentés sur certains aspects du plan professionnel, et ils se laissent piétiner : aucune trace de respect dans les paroles du gérant, il leur parle comme s’ils avaient mon âge… De mon côté, le gérant semble plutôt m’apprécier, et ne le cache pas aux autres collègues.
Les relations entre collègues sont elles plutôt tendues. Il y a une sorte de mélange d’entraide et de coups-bas entre les associés. Ils sont tous dans le même bateau mais veulent tous plaire au capitaine. Mais il y a une grosse différence entre les associés d’un côté et les simples employés de l’autre, à savoir les deux filles (plus qu’une maintenant en fait) et moi. Nous sommes sans cesse évalués, tout ce qui est dit/fait fini par atterrir dans l’oreille du gérant. Et la où les associés s’entraide, j’ai parfois l’impression que nous n’avons droit qu’aux coups-bas, à la salle ambiance et aux remarques parfois véhémentes de certains collègues.
Comment y répondre quand on vient d’arriver dans une petite société, qu’on a pas ou peu d’expérience et qu’on est beaucoup moins âgé que la moyenne de ses collègues ? Comment jouez-vous de ce genre de situation si vous y avez affaire ? Le peu d’expérience que j’ai me permet quand même de penser que ça ne doit pas être le lot de n’importe quelle entreprise. J’ai l’impression qu’il y a ici quelque chose de plus malsain qu’ailleurs, qui passe par l’image un peu despotique que véhicule le gérant...
Pour le moment, ça va. Mais je me rends compte que là où je me voyais rester deux ans si possible dans cette boîte, j’ai réduit à cette période à un an, voire à la fin de mon CDD, dans six mois. Je sens commence à serrer les dents par moments, et c’est pas bon.
Une fois de plus, désolé pour la longueur du post, et merci de m’avoir lu.
Je voudrais quand même préciser que je débute dans la vie professionnelle, je n’ai que peu d’expérience, je vous demande donc un peu d’indulgence si ce post peut paraître naïf sur certain points.
Au départ, un nouveau départ :
Je dois remonter à septembre 2011 pour que vous ayez toutes les cartes en mains. Je venais d’avoir mon diplôme d’architecte. Quelques mois plus tard, je commençai mon premier job, dans une petite agence alsacienne. Le dream-job comme on dit : des projets super intéressant, un patron pédagogue et sympa et des collègues avec qui je m’entendais à merveille, tous entre 23 et 28 ans. Mais comme les bonnes choses ont une fin, mon contrat ne fut pas reconduit : plus de boulot.
Là je ne travaille pas pendant trois mois : je prépare deux mémoires qui finalisent totalement mes études. On arrive en octobre 2012. Je me remets à chercher un boulot, mais hors d’Alsace cette fois-ci, j’avais envie de bouger, d’aller voir ailleurs. Et deux semaines plus tard, j’ai un entretien, qui se passe plutôt bien, et je suis embauché : je commence le lundi de la semaine suivante : un contrat de deux mois, qui viens de s’achever, puis un contrat de six mois, que je viens de commencer, et enfin, si tout se passe bien (ou pas), un CDI.
La boîte :
D’abord il y a le patron. A une paire d’année de la quarantaine, gérant, 60% des parts de la boîte. Ma première impression : il a un caractère bien trempé. Pendant l’entretien, il n’hésite pas à me brusquer. Pendant les premiers jours, je vois qu’il s’énerve assez rapidement, et pour à peu près n’importe quoi. Il m’inspire un mélange de respect et de crainte : on a l’impression qu’il peut exploser à tout moment.
Ensuite il y a les autres collaborateurs : six architectes et moi. Dans cette équipe il y a deux filles d’à peu près mon âge et fraîchement recrutées également, avec qui je m’entends plutôt bien. Les autres architectes sont plus âgés et tous associés. Ils travaillent sans relâche, et ce qui me frappe, c’est la salle ambiance qui règne au bureau : ils croulent tous sous le boulot, sont fatigués, énervés et je n’entends pas grand-chose de positif sortir de leur bouche.
Enfin, il y a le boulot qu’on me demande. J’en apprends des tonnes et mon intérêt pour leurs travaux est assez élevé. J’ai quelque chose à tirer de mon travail dans cette entreprise. A côté de ça, on m’en demande beaucoup. On est en sous-effectif, le boulot ne manque pas.
L’investissement : jusqu’où aller pour le boulot ?
C’est là qu’intervient ma première question. Par la force des choses, je me retrouve vite à bosser assez tard et à rester quelques week end (pour être précis, deux week end en 2,5 mois). C’est une pratique plutôt rependue dans les agences d’archi : on travaille par à-coups, pour résumer. Mais j’imagine que ça doit être le cas dans beaucoup d’autres secteurs.
Là où ça pose problème, c’est que je ne savais pas ce que j’allais avoir en échange. Je me suis dit la chose suivante : je me défonce au boulot au départ, et j’attends de voir : si je ne reçois rien du tout, j’en donne moins. Les deux filles dont je vous ai parlé plus haut avaient une stratégie bien différente, plutôt du genre : je ne donne rien si je ne suis pas sûr d’avoir quelque chose en échange.
Résultat : le contrat de l’une d’elle n’a pas été renouvelé, j’ai été augmenté et ai touché une prime là où l’autre n’a rien reçu.
Au résultat, j’aurais tendance à dire que l’attitude que j’ai adoptée était plutôt appropriée. Mais qu’en pensez-vous ? Sachant qu’on va vite me redemander de bosser comme un acharné. Où fixer vous votre limite ? Jusqu’où allez-vous dans le sens de ce qu’on vous demande ?
Je vous pose cette question parce que j’ai beaucoup de doutes et que je suis plutôt méfiant. J’ai peur qu’on essaie de m’amadouer avec un peu de pognon et des promesses et que je me retrouve enfermé dans une logique d’asservissement envers mon boss. D'un autre côté, les promesses ont été tenues, et j'ai été augmenté au bout de deux mois... Mais je vois les autres qui ont mis leurs de côté et qui bossent comme des chiens... et les deux jeunettes qui se montent la tête en disant que le patron est un esclavagiste manipulateur...
Ce qui amène ma deuxième question :
Comment se positionner dans les rapports de force propre à une entreprise ?
OK, c’est large comme question, on pourrait sûrement écrire un bon gros bouquin là-dessus. Je vous la pose donc sous l’angle particulier de mon entreprise.
Je parlais d’asservissement, parce que j’ai l’impression que c’est ce dont il s’agit pour mes collègues (exceptées les deux filles). Ils travaillent en permanence. Je ne veux pas dire qu’ils ne font pas de pauses, je veux dire que je pourrais prendre n’importe quelle jour de l’année, si je passais au bureau à 23h30, ils seraient tous-là. N’importe quel jour. Deux d’entre eux viennent quasiment tous les week-end.
Alors on pourrait se dire que c’est normal, qu’ils sont associés. Mais ça dépasse la norme. Je n’ai jamais eu vent d’une agence de taille comparable dont les associés étaient dans la même situation. Et puis il y a ce côté un peu malsain de la relation qu’ils entretiennent avec le gérant, ou plutôt qu’il entretient avec eux.
Pour simplifier, ils en ont une peur bleue. Du moins c’est mon interprétation. Ils ne contestent aucune décision. Certains sont (bien) plus âgés, plus expérimentés sur certains aspects du plan professionnel, et ils se laissent piétiner : aucune trace de respect dans les paroles du gérant, il leur parle comme s’ils avaient mon âge… De mon côté, le gérant semble plutôt m’apprécier, et ne le cache pas aux autres collègues.
Les relations entre collègues sont elles plutôt tendues. Il y a une sorte de mélange d’entraide et de coups-bas entre les associés. Ils sont tous dans le même bateau mais veulent tous plaire au capitaine. Mais il y a une grosse différence entre les associés d’un côté et les simples employés de l’autre, à savoir les deux filles (plus qu’une maintenant en fait) et moi. Nous sommes sans cesse évalués, tout ce qui est dit/fait fini par atterrir dans l’oreille du gérant. Et la où les associés s’entraide, j’ai parfois l’impression que nous n’avons droit qu’aux coups-bas, à la salle ambiance et aux remarques parfois véhémentes de certains collègues.
Comment y répondre quand on vient d’arriver dans une petite société, qu’on a pas ou peu d’expérience et qu’on est beaucoup moins âgé que la moyenne de ses collègues ? Comment jouez-vous de ce genre de situation si vous y avez affaire ? Le peu d’expérience que j’ai me permet quand même de penser que ça ne doit pas être le lot de n’importe quelle entreprise. J’ai l’impression qu’il y a ici quelque chose de plus malsain qu’ailleurs, qui passe par l’image un peu despotique que véhicule le gérant...
Pour le moment, ça va. Mais je me rends compte que là où je me voyais rester deux ans si possible dans cette boîte, j’ai réduit à cette période à un an, voire à la fin de mon CDD, dans six mois. Je sens commence à serrer les dents par moments, et c’est pas bon.
Une fois de plus, désolé pour la longueur du post, et merci de m’avoir lu.
Professor Shorthair