Les films que vous avez vus, à travers le filtre de la séduction, du lifestyle, et du look

Modérateurs: animal, Léo

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By Dje
#112391 J'ai dernièrement regardé quelques documentaires, et quatre d'entre eux m'ont suffisamment plu pour me donner envie de les partager avec vous.

[size=150]Metallica: Some Kind of Monster (2004)[/size]
http://www.imdb.com/title/tt0387412/

En 2001, alors que Metallica envisage de travailler sur son prochain album, le bassiste Jason Newsted est remercié sous prétexte que son projet personnel, Echobrain, handicape le groupe. Metallica traverse alors une période de doute qui met en péril sa survie. Un psychothérapeute spécialisé dans l’aide aux stars du milieu est engagé pour permettre un retour de l’unité, et ainsi redevenir créatif.

Ce docu m’a paru intéressant essentiellement pour l’énorme contraste qu’on y trouve. Lorsqu’on pense à Metallica, on entend un son et des paroles très durs, on voit des chevelus en pantalons de cuir headbanger sur scène, on pense alcool et drogue. Mais ici tout change. Ce sont des pères de famille, des artistes qui connaissent la scène et le succès depuis plus de trente ans. Ces types ne sont plus des durs, ils parlent amour, dépendance, jalousie, désespoir, doute… On entre dans la dimension parallèle d’un groupe qui est à la fois une passion, un gagne-pain, une famille, en bref une vie, mais sans jamais tomber dans le vice d’un reality show.

C’est filmé avec vérité, mais aussi avec pudeur, dans une atmosphère chargée de trente ans d’émotions et d’histoires.


[size=150]Anvil! The Story of Anvil(2008)[/size]
http://www.imdb.com/title/tt1157605/

Vous connaissez Metallica ? Motörhead ? Slayer ? Guns ‘N Roses ? Anthrax ? Pour peu que vous aimiez le hard rock, oui. Et Anvil ? Probablement pas. Pourtant ce dernier groupe a considérablement influencé les premiers, qui ont vendu des millions d’albums, joué devant des centaines de milliers de personnes. Les canadiens d’Anvil ont failli percer. Ils ont joué au Japon en 1984 aux côtés d’inconnus notoires comme Bon Jovi ou Scorpions, de petits groupes en somme. Pour tous les contemporains la machine a décolé. Pour eux, le crash.

Dans le docu, on les retrouve trente ans après. « Lips », le chanteur et lead-guitariste du groupe, prépare des plats pour les écoles. « Robb », le batteur, travaille dans le bâtiment. Pas vraiment le rêve de rockstar qu’ils avaient.

Ils ont continué à enregistrer, continué à jouer, continué à essayer de percer. Maintenant cinquantenaires, ils sont toujours là. Ils jouent dans des bars miteux en Europe de l’Est sans être payés, dorment dans des gares ferroviaires, sont programmés en début de festivals, à 11 heures, quand personne n’est encore là. Le management est inexistant, la promotion aussi. La production est réduite à sa plus modeste expression.
Et pourtant, ils n’en démordent pas, ils vont percer. Enfin. Demain. Parce qu’ils le doivent. C’est devenu leur vie, une vie d’espoirs déçus, de rêve dissipé à la seconde où ils l’ont touché du doigt.

Ce docu est émouvant. Ces gars se démènent de jour en jour pour enfin vivre le succès qu’ils méritent. Ils ont une vie merdique, et ils n’en peuvent plus. C’est incroyable. Ca prend aux tripes. Ca donne un sens au vieux dicton : « Ca pourrait être pire ». Non, ça ne pourrait pas.

Mais trente ans plus tard, ça va changer...


[size=150]Senna (2010)[/size]
http://www.imdb.com/title/tt1424432/

Etant de 1985, je me souviens de peu de disparitions de personnalités au début des années 90. Je me souviens de celle de Freddie Mercury en 1992, et de celle d’Ayrton Senna en 1994. Dans la maison de mes parents, on ne regardait jamais la Formule 1, pas plus que n’importe quel autre sport. On n’aurait pas qualifié ça de sport d’ailleurs. On trouvait que c’était un peu vain de faire 60 tours sur un circuit, de rouler toujours plus vite, plus fort, plus bruyamment, que c’était un peu primaire en somme. Autant dire que je n’ai pas été bercé dans l’amour de la mécanique.

Et pourtant, je me souviens bien de son nom. Bien sûr, sa disparition a été tragique, mais d’une manière un peu étrange j’avais admis bien avant ça qu’il y avait là une forme de prestige.

Le documentaire raconte l’ascension d’Ayrton Senna, charismatique pilote qui a considérait que la course se jouait dans les virages et dans les pole-positions plutôt que dans les poignées de mains. On y voit le portrait émouvant d’un homme qui était défini par son pilotage. Preneur de risques inconsidérés pour certains, génie pour d’autres, il avait dit que si on cessait de combattre à tout prix pour la victoire on cessait dans un même temps d’être un coureur automobile.

On y voit l’amour et le combat d’un homme qui ne pouvait exister que s’il continuait à rouler. Il est impossible de rester insensible aux difficultés rencontrées, ou aux images filmées depuis la voiture. On y voit des étincelles voler au dessus de l’asphalte, des mécaniques gronder dans des tonnerres d’accélération. On en arrive presque à sentir les virages, les freinages violents, les redémarrages en fin de courbe. Je trouve ce documentaire beau.


[size=150]PSG : 40 ans de fièvre (2010)[/size]

Un quatrième un peu à part, mais qui vaut vraiment le détour. Il est très rare de prononcer ces trois lettres et d’obtenir un retour en demie-teinte. Que ça vienne de supporters de l’équipe, d’autres équipes, d’amoureux du foot ou de détracteurs compulsifs, c’est systématique. Le PSG déchaîne les passions, en bien comme en mal, et le doit en grande partie au Parc des Princes.

Il y a ceux qui frissonnent en entendant parler du Parc, parce qu’ils savent ce que cette chose est, et les autres. Ceux là, sachez que le Parc est (était) quelque chose de très particulier, mieux, de magique. Dans les années 90 il y avait cette âme, cette respiration, ces chants, cette fête perpétuelle. On entrait là dedans comme dans une arène de jeux antiques. Une foule pleine de gens qui n’ont plus d’histoire, plus de vie, plus de métier. Il n’y a plus que des spectateurs, tous égaux devant ce qu’il va se passer sur la pelouse.

Bien sûr, je mets volontairement de côté la partie violente de l’histoire du Parc, le revers. Tout le monde la connait, et même un peu trop. J’ai constaté autour de moi que bien peu parmi ceux qui voyaient les casseurs au JT ont jamais assisté à un match au Parc. Ici, c’est la face de la médaille, et je vous garantis qu’elle est émouvante.

Dans ce documentaire on découvre un stade qui vit. On traverse les époques Ginola, Valdo, Lama, Weah, Rai, Djorkaeff, Leonardo, Simone, Ronaldinho et Pauleta. On peut ne pas aimer le foot actuel, mais on ne peut qu’aimer le football de ce film. Personne ne peut rester insensible devant l’humanisme de Weah et les pleurs de Rai à son jubilé.

À voir d’urgence, surtout si on n’a jamais accroché au foot, et plus encore si on est étranger au plaisir d'être dans un stade comble.
By Woland
#112407 Merci pour le partage, tes descriptions donnent clairement envie de tous les regarder, notamment celui sur Anvil ...
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By Tizit
#112467 Je viens de regarder celui sur Anvil.

Très intéressant en effet. Malheureusement, comme le dit Lemmy "You need to be to the right place at the right time.".
Malgré tout, je pense que l'absence de succès du groupe s'apparente au manque de profondeur, dans le fond, et la forme, de leurs chansons. Je ne sais pas si ils sont condamnés à continuer à tourner en première partie de grands groupes (AC/DC, Saxon, récemment), mais l'état d'esprit d'Anvil et sa persévérance est radicalement différente de ceux qui ont percé.
En tout cas, un très beau documentaire sur le "dedicated mind", le leitmotiv du reportage.

Concernant Some Kind of Monster, je l'ai plusieurs fois regardé. Pour moi, c'est la suite logique du succès, du manque d'inspiration, et d'un questionnement profond de l'existence de Metallica. Ils s'en sont bien remis, et James est pour moi celui qui a le plus travaillé sur lui-même durant cette période. D'ailleurs, les interviews qu'il donne actuellement sont d'une incroyable intensité et profondeur*.
Quoi qu'il en soit, l'album sorti à l'issue de ce documentaire est brut, sous-mixé, et balance toute la rage et la maturité accumulées durant 20 ans.
D'ailleurs, je pense que cet album a servi "d'éponge" musicale, car Death Magnetic, sorti il y a trois ans maintenant, est beaucoup plus travaillé, et est clairement issu de St. Anger.

En tout cas, merci Dje pour le partage ;).

N.B. : je conseillerai aussi celui sur Lemmy Kilmister, chanteur/bassiste de Motörhead, intitulé "Lemmy". De dominante biographique, il est clairement bon à regarder. Tout l'esprit du rock Anglais, Américain, et du metal de la Bay Area réunis pour rendre hommage au roi du rock'n'roll :).

* : http://www.youtube.com/watch?v=dQntKoLyqdA / http://www.youtube.com/watch?v=UrpY8V5J ... re=related / http://www.youtube.com/watch?v=vMsmoUum ... re=related
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By Dje
#112471 J'ai tendance à penser que Anvil s'est cloisonné dans un style qui plait plus aux nostalgiques qu'il ne permet de percer de nos jours. L'ironie veut que ce soit justement cet enfermement qui fasse leur cachet aujourd'hui, qui crée le "hype" autout d'eux. Ils sont pris dans une sorte de bulle temporelle en somme.
L'absence de recherche d'un renouveau me laisse dubitatif, mais comme tu le dis leur détermination est incroyable.

Quant à Metallica, c'est amusant parce que j'ai tendance à voir James un peu plus coupable ;)
À son retour, il a certes fait un gros travail sur lui même, mais le reste du groupe a clairement la sensation d'avoir été abandonné. On peut voir à 100 kilomètres la frustration, ou même la colère, sur le visage de Lars lorsque James se met à utiliser le pronom "nous" pour désigner le groupe. À cet instant, il ne considère plus James comme membre à part entière du groupe.
On retrouve l'unité à un moment clé : celui où ils s'inquiètent ensemble du sentiment d'appartenance au groupe que le thérapeute a développé. Ils se (ré)unissent dans la recherche d'un élément étranger au groupe, et dans sa mise à l'écart.
Dans ce documentaire, toute la dynamique sociale tourne autour de "qui en est" et "qui n'en est pas".
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By Elan
#112472 Tant qu'on y est dans les documentaires musicaux, je vous conseille Dig! (http://www.imdb.com/title/tt0388888/), qui parle des carrières parallèles de deux groupes de rock , les Brian Jonestown Massacre et les Dandy Warhols.

D'un projet commun au début, les trajectoires s'éloignent petit à petit, les premiers s'accrochant à leur indépendance sous l'influence du leader Anton Newcombe, alors que les seconds acceptent d'intégrer l'industrie musicale tout en conservant des liens avec leurs anciens complices.

Ça illustre d'une façon frappante comment deux groupes au début très similaires peuvent avoir des trajectoires totalement opposées, et ce indépendamment de la qualité musicale (avis perso, je préfère largement les BJM).
By Woland
#112485 ... Et "Smile" sur le making of de l'album du même nom par Brian Wilson (leader des Beach Boys).

C'était l'album qui était sensé surpasser Sergeant Pepper des Beatles ... mais une série de "malédictions" ont fait que Brian Wilson ne l'a terminé que ... 35 ans plus tard.

Le documentaire est très intéressant sur la façon de travailler de Brian Wilson, sur ce qu 'il est, sur son rapport à la musique et la vision qu'il a de ce à quoi elle sert.

Et la musique ... elle est comme Audrey Hepburn : merveillleuse.