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Modérateurs: animal, Léo

By Pascin
#92230 L'écriture n'existe que par la rature. Rature d'une phrase, raté d'une vie.

On ne parle les choses, on ne les écrit que parce qu'à un moment les évènements nous ont sorti du schéma préétabli de notre plaisir. D'un coup quelque chose résiste, la somnolence disparait et l'acuité s'éveille. Qu'est ce qui se passe ?

L'écriture est la fille de ce mécanisme. Le foutre devient encre faute d'éjaculation.

Sublimons, sublimons, mais sans oublier que le sublime n'existe pas sans la frustration.

Je commence donc ce journal humblement. Journal d'un soir, journal d'un an. Aucune idée. La vie est trop riche en rebondissements pour savoir.
Modifié en dernier par Pascin le Ven Mar 26, 2010 8:31 pm, modifié 2 fois.
By Pascin
#92231 "J'aime bien ton gilet. Assez décolleté pour laisser apparaitre la naissance de tes seins et donner envie de le déboutonner."

Amie d'une année, nos relations ont toujours eu un soupçon d'ambiguïté. Sans que ca aille plus loin. L'un était en couple, puis l'autre. L'un était dépressif, l'autre happé par un projet. Ce qu'on appelle des rencontres manquées. Plus que les bonnes personnes, il faut aussi le bon moment.

"Oui, mais c'est pas pour toi."

J'aime bien quand les filles disent ce genre de phrases. Elles me paraissent toujours se le dire à elles même plus qu'à moi, se rappelant ainsi à l'ordre. Il lui aura fallu une bonne minute avant se reprendre le flot de son discours pour simplement me dire "Merci".

Quelques minutes plus tard, elle me dira :" Je sais pas si tu en as conscience, mais tu parles beaucoup de toi. Tu ne poses pas beaucoup de questions."

Maquillé sous le jugement pointait ses propos véritables : "Intéresse toi à moi ! Sois curieux de moi !"

Mes propos sur son décolleté l'avaient de nouveau fait repenser à une histoire potentielle. Pour aussitôt être fauchée par ce qui la dérangeait chez moi.

Pour peu qu'une femme soit intéressée, elle donne des clés. Le reste s'emporte à l'audace.
By Pascin
#92234 Stagiaire pigiste dans le média où je travaille, j'avais du aller l'aider.

Elle avait une robe à fleurs. Elle annonçait le printemps aussi surement que son décolleté donnait le vertige. Alors quand je l'entends dire qu'elle fait ce métier pour raconter des histoires, c'est aussi mon cerveau qui s'enflamme.

C'est la créativité qui ne sait pas encore s'annoncer qui habite cette phrase.

C'est fou ce qu'un simple décolleté provoque comme imagination.

Je l'avais taquiné quand elle revenait de ses micros trottoirs " Alors, les gens préfèrent ils les patates ou la purée ?" Et nous avions discuté de l'absurdité des médias. De leur capacité à n'exister que par le vide. Peut être aussi que pour le vide.

A d'autres moments, je l'ignorais. Mon regard ne suivait pas mes pensées, et dans l'absence, j'insufflais à cette femme mon idéal.

De même que j'hésite toujours à parler à un inconnu non par timidité mais par peur que dans sa présence banale se dessine les contours d'un autre merveilleux. Et que cet autre me manque.

Ce soir, c'était son dernier jour. Je ne l'avais pas croisé. En quittant mon boulot, je la vois revenir, bardée de son sac, d'une interview. Nous nous arrêtons, nous discutons cinq minutes.

"Je viendrais peut être ici en tant que pigiste bientôt. On se recroisera peut être."

Peut être aurais je pu forcer le destin. Le dompter à coup d'audace anodine. Peut être aurais je du. Mais je n'ai pas saisi son invitation. Je suis bien trop instable en ce moment pour avoir l'énergie de croire que ça vaille la peine.
By john dilinger
#133638 Beau journal. Dommage qu'il n'y ait pas eu de suite.