- Lun Fév 08, 2016 10:49 pm
#176884
Voici quelques temps que je ne m'étais plus connecté sur le forum (euphémisme). Pour ma défense, et avec une extrême mauvaise foi, mon départ à Montréal en août et le téléchargement du programme timidité m'a quelque peu accaparé.
Ce post s'adresse principalement à des étudiants juristes, mais elle pourra intéresser les curieux qui voudraient comprendre ce qu'est le droit dans la société française* du XXI siècle. L'idée m'est venue après quelques discussions avec des amis , dont la confiance envers les juristes semblait proche du zéro. À dire vrai, j'ai pu constater une certaine contradiction:
-d'une part, des "profanes", des "non-initiés"** qui considèrent "qu'il y a un problème" (mais lequel?)
-d'autre part, des professeurs d'université, des praticiens juristes qui ont une conception du droit très nébuleuse et surtout très négative: ce qu'on apprend aux étudiants, c'est que le droit n'est ni le juste, ni l'équitable, ...Et c'est probablement là que le bas blesse: en six ans d'études et deux diplômes en poche, on m'avait bien enseigné ce que le droit n'était pas, mais certainement pas ce qu'il était.
Heureusement, en flânant par hasard dans les allées de la bibliothèque, je suis tombé sur une pépite, que dis-je, un trésor:
http://www.puf.com/Quadrige:La_formatio ... ue_moderne
L'auteur, Michel Villey, y expose les différentes philosophies qui ont traversé le droit, de l'antiquité gréco-romaine au 16è siècle. Surtout, il critique le mode de pensée dominant qui est en vigueur au sein des facultés , parce que celui-ci renvoie à une notion, une définition du droit qui est incomplète, critiquable et qui nie toute possibilité d'attribuer ne serait-ce qu'un semblant de Justice (qu'il faut prendre ici en tant que valeur) dans la société .
Personnellement, le bouquin m'a plu parce qu'il permet à l'idéaliste que je suis de me redonner foi aux raisons pour lesquelles j'ai commencé de telles études. À ce niveau là, on ne peut pas dire que les facultés de droit donnent aux étudiants la motivation pour se sortir les doigts et avoir un minimum d'esprit critique. Le but étant principalement de former des avocats:
-qui officieront dans de gros cabinets d'affaire, soit max 10% des problèmes vécus dans une société;
-cabinets qui prendront toute leur vie en charge (salaires, avantages en nature, couverture par la firme en cas d'erreur);
-cabinets qui en échange, exigeront une totale passivité de la part de leurs employés***.
Mais ça, c'est un autre débat...
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*je prends l'exemple de la France parce que son mode de pensée juridique, ce qu'on appelle le système civiliste, se retrouve dans plus de la moitié des pays du monde.
** déjà là, les termes employés dans les facultés de droit devraient mettre la puce à l'oreille à tout étudiant un tant soi peu observateur; on ne parle quand même pas de religion hein...
***pour plus d'informations, voir le livre de Duncan Kennedy, L'enseignement du droit et la reproduction des hiérarchies
Ce post s'adresse principalement à des étudiants juristes, mais elle pourra intéresser les curieux qui voudraient comprendre ce qu'est le droit dans la société française* du XXI siècle. L'idée m'est venue après quelques discussions avec des amis , dont la confiance envers les juristes semblait proche du zéro. À dire vrai, j'ai pu constater une certaine contradiction:
-d'une part, des "profanes", des "non-initiés"** qui considèrent "qu'il y a un problème" (mais lequel?)
-d'autre part, des professeurs d'université, des praticiens juristes qui ont une conception du droit très nébuleuse et surtout très négative: ce qu'on apprend aux étudiants, c'est que le droit n'est ni le juste, ni l'équitable, ...Et c'est probablement là que le bas blesse: en six ans d'études et deux diplômes en poche, on m'avait bien enseigné ce que le droit n'était pas, mais certainement pas ce qu'il était.
Heureusement, en flânant par hasard dans les allées de la bibliothèque, je suis tombé sur une pépite, que dis-je, un trésor:
http://www.puf.com/Quadrige:La_formatio ... ue_moderne
L'auteur, Michel Villey, y expose les différentes philosophies qui ont traversé le droit, de l'antiquité gréco-romaine au 16è siècle. Surtout, il critique le mode de pensée dominant qui est en vigueur au sein des facultés , parce que celui-ci renvoie à une notion, une définition du droit qui est incomplète, critiquable et qui nie toute possibilité d'attribuer ne serait-ce qu'un semblant de Justice (qu'il faut prendre ici en tant que valeur) dans la société .
Personnellement, le bouquin m'a plu parce qu'il permet à l'idéaliste que je suis de me redonner foi aux raisons pour lesquelles j'ai commencé de telles études. À ce niveau là, on ne peut pas dire que les facultés de droit donnent aux étudiants la motivation pour se sortir les doigts et avoir un minimum d'esprit critique. Le but étant principalement de former des avocats:
-qui officieront dans de gros cabinets d'affaire, soit max 10% des problèmes vécus dans une société;
-cabinets qui prendront toute leur vie en charge (salaires, avantages en nature, couverture par la firme en cas d'erreur);
-cabinets qui en échange, exigeront une totale passivité de la part de leurs employés***.
Mais ça, c'est un autre débat...
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*je prends l'exemple de la France parce que son mode de pensée juridique, ce qu'on appelle le système civiliste, se retrouve dans plus de la moitié des pays du monde.
** déjà là, les termes employés dans les facultés de droit devraient mettre la puce à l'oreille à tout étudiant un tant soi peu observateur; on ne parle quand même pas de religion hein...
***pour plus d'informations, voir le livre de Duncan Kennedy, L'enseignement du droit et la reproduction des hiérarchies
Je veux que tu saches, au lieu d’en avoir peur, que tu saches que tu mourras un jour.
Fight Club, Tyler au narrateur
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