Itou

Modérateurs: animal, Léo

ByOxymore
#46270 Au détour d'une crise existentielle, ils ont été mis sur notre route. Un titre, un mot d'une personne. Notre misère du moment nous donnait soif, nous rendait curieux. Nous nous sommes renseignés. Et avons été bouleversés. Happés dans des visions du monde étranges, au premier abord. Puis s'est établi un dialogue avec ces génies. Pendant des jours, des mois. Chaque phrase lue procurait une sensation d'ivresse tant tout semblait limpide. Comme si on voyait le monde avec un oeil nouveau.

Et puis nous nous sommes habitués. Avons adoptés certains mécanismes de pensées, certaines interprétations. Notre conception du monde était définitivement changée.


Ce soir je viens d'achever Pitié pour les femmes. de Montherlant. Il y a là un talent littéraire, des analyses fines.

Mais je n'ai pas ressenti cette magie que j'ai pu avoir en découvrant d'autres auteurs. Nietzsche, Jung. ( Vous me direz, ce sont des philosophes et Montherlant un écrivain. Mais que ce soit dans un cas ou dans l'autre, à mes yeux, c'est une vision du monde qui se dégage. Et Montherlant réussit bien dans le domaine.)

Je n'ai pas ressenti cette ivresse alors qu'il y avait matière. Des tas de petits moments d'enthousiasme, devant une pensée, un fragment poétique. Mais pas l'ivresse. C'est un peu la différence de joie qu'il doit y avoir entre mettre la dernière pierre à la maison qu'on vient de construire et celle qu'on éprouve en finissant de mettre la dernière couche de peinture sur les murs de son salon.


J'ai muri depuis. Bati aussi ma propre interprétation du monde. C'est là que se situerait la différence ?

Devant moi, il ne resterait que de l'enthousiasme, plus de grandes découvertes ? Plus d'ivresse ?

J'avais envie de poster ca. De faire appel à l'expérience des plus vieux. Qu'en a t'il été pour vous ?

Edit : Trompé de titre concernant le bouquin de Montherlant. J'ai édité, mais ca rend le commentaire de deckard abscons, du coup.
Modifié en dernier par Oxymore le Lun Avr 28, 2008 11:26 pm, modifié 1 fois.
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By deckard
#46276 Moi d'après mes faibles souvenirs de ce livre. Je me rappelle juste avoir été très impressionné par le rythme et l'émotion de la scène de marche à deux dans les rues de la capitale. Le reste du livre m'a pas plus passionné que ça. Donc je sais pas si on peut citer ce livre comme une référence ou une source d'ivresse.
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By Kashmir
#46280 [quote="Oxymore"] De faire appel à l'expérience des plus vieux. Qu'en a t'il été pour vous ?

Comme Spike le rappelle régulièrement, la série des Jeune Filles ne prend son véritable intérêt qu'à partir du 2ème tome, cad Pitié pour les Femmes.

J'avais lu Les jeune Filles car j'aime bien faire les choses dans l'ordre, mais la suite est mille fois plus puissante, en fond comme en forme.
By Teaser
#46281 Peut être que l'intensité de l'émotion suscitée est la même, mais qu'on s'y est simplement habitués. ça veut juste dire qu'on est intéressés/attirés/excités au même niveau, mais qu'on a ressent moins de surprise. ça n'enlève pas à la puissance de ce qu'on ressent, juste à la force du souvenir?
ByOxymore
#46282 [quote="Kashmir"][quote="Oxymore"] De faire appel à l'expérience des plus vieux. Qu'en a t'il été pour vous ?

Comme Spike le rappelle régulièrement, la série des Jeune Filles ne prend son véritable intérêt qu'à partir du 2ème tome, cad Pitié pour les Femmes.

J'avais lu Les jeune Filles car j'aime bien faire les choses dans l'ordre, mais la suite est mille fois plus puissante, en fond comme en forme.


Je voulais parler de Pitié pour les femmes. Je sais pas d'où est venue la confusion. Pas de femme qui se ballade nue pour me distraire ce soir, pourtant.

Je vais éditer, qu'au moins les gens comprennent ma pensée.
By Memphis
#46284 Je crois qu'Oxymore posait la question de manière générale, pas juste par rapport à Montherlant.

[quote="Oxymore"]Devant moi, il ne resterait que de l'enthousiasme, plus de grandes découvertes ? Plus d'ivresse ?

J'avais envie de poster ca. De faire appel à l'expérience des plus vieux. Qu'en a t'il été pour vous ?

De ma petite expérience à moi, si, il peut toujours y avoir de grandes découvertes, heureusement. Mais plus ça va, plus il faut élargir son champ de recherches, ou s'orienter ailleurs, en s'informant sur ce qui sort, par exemple. Ca peut donner des idées.
Je me souviens de ma grande joie lorsque j'avais découvert Paul Auster par exemple. J'étais fasciné par son style et surtout par la construction de ses romans.
Dans un autre genre, il y a moins longtemps, ce fut Krishnamurti. La rigueur qu'il apporte à sa pensée, à ses raisonnements, m'ont impressionné pour longtemps. Et je suis persuadé que ça m'a amené à réfléchir différemment sur moi-même, à être plus réaliste, plus intransigeant sur moi.
Ce sont deux découvertes que je dois au hasard de discussions, même si je lis beaucoup. De l'importance de ne pas rester calfeutré chez soi, une fois de plus :-)
Un autre qui m'avait vraiment marqué, c'est Maurice Dantec. Ma relation longue de l'époque m'avait offert "Les racines du mal". Et depuis, j'ai toujours suivi ce qu'il faisait, mais ses essais, son journal, m'intéressent plus que ses romans. Il a une pensée que j'ai du mal à suivre, mais qui a le mérite d'aller à l'encontre d'un certain politiquement correct.

Pour ces trois là, ça a été pour moi ce que tu résumes très bien en disant "Happés dans des visions du monde étranges, au premier abord".
Et je sais qu'il y en aura probablement d'autres.
Marc Danielewski était intéressant aussi, vraiment hors normes, mais je n'ai pas trop accroché.

Je mettrai des liens si ça intéresse quelqu'un d'avoir des références.
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By Orphée
#46285 [quote="Oxymore"]
J'ai muri depuis. Bati aussi ma propre interprétation du monde. C'est là que se situerait la différence ?

Devant moi, il ne resterait que de l'enthousiasme, plus de grandes découvertes ? Plus d'ivresse ?


C'est peut-être bien là le problème. Peut-être que, mentalement, sur ta planète à toi, tu as (crois avoir) découvert tous les continents et toutes les terres inconnues, et tu penses qu'il ne te restes alors plus qu'à contempler le paysage.

Ou bien il est également possible que ce soit le livre qui ne t'ait tout simplement pas transcendé. Certains crient au génie pour une œuvre, alors qu'elle laissera d'autres totalement indifférente.

Et je pense que, qu'importe d'ailleurs le genre littéraire ou les idées mises en pages, on a tous déjà ressenti ça. Découvrir un livre ou un style de récit qui nous laisse complètement sur le cul et une fois qu'on approfondi vraiment la chose, on s'y habitue et on ne retrouve jamais l'ivresse du premier. Ça marche pour tout : les pilotes de formule1 n'éprouvent sans doute pas la même sensation au bout de leur 500e fois où ils montent dans une voiture de courses, le parachutiste ne retrouvera sans doute jamais la sensation du premier saut etc.

La vraie question finalement c'est : est-ce que c'est la première fois ou ressens-tu ça avec tous les livres que tu lis ?

Peut-être est-il temps pour toi de te tourner vers d'autres questions, d'autres problématiques, d'autres intérêts, d'autres thèses ; car tu sembles tourner en rond.
By Megoy
#46645 lis Dostoïevski, si ce n'est pas déjà fait ;)
Je le classe au dessus de tous les autres romanciers (même un cran au dessus de Céline, ce n'est pas peu dire...).