- Mer Sep 19, 2007 6:13 pm
#16439
Stefan Zweig est un des meilleurs auteurs qu’il m’a été donné de lire, je me rappelle avec distinction de chacune de ses histoires. La description des sentiments et des émotions est ardue, Stefan Zweig la maitrise.
24h de la vie d’une femme est en effet un très bon livre, je le recommande, on retrouve ici son style qui consiste imbriquer le récit principal dans un autre.
Le joueur d’échec est le premier livre que j’ai lu de Zweig, celui-ci raconte l’histoire d’un homme mis en isolement sous le régime nazi. Seul un livre sur les échecs lui tenait compagnie. Si mes souvenirs sont bons, Zweig aimait à étudier les gens fascinés par une seule et unique chose, fascination dans laquelle ils peuvent se rapprocher de la folie, mais également de l’infini…
@oxymore
Tout à fait d’accord, la version que j’ai retenue est la suivante :
« J'ai personnellement plus de plaisir à comprendre les hommes qu'à les juger »
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Pour en revenir aux livres, Zweig c’est aussi
Amok
[img]http://www.fleitour.com/LectureYann/Fichiers%20originaux/LectureYann062-StefanZweig-Amok.jpg[/img]
Trois nouvelles composent ce livre :
Amok ou le fou de Malaisie, l’histoire d’une médecin pris d’un amour fou et de folie pour une femme au cœur de la jungle, original, très sympathique a lire.
Lettre d’une inconnue, ma préférée, cette nouvelle conte la confession d’une femme de son amour pour un homme qui ne lui a jamais vraiment porté attention. C’est surtout le portrait d’un séducteur.
La ruelle au clair de lune, très atypique encore, j’aime ce genre d’histoires.
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La confusion des sentiments
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‘Un professeur, à la veille de sa retraite, se souvient d'une rencontre déterminante qui s'est déroulée dans sa jeunesse. Récit sur la force destructrice d'une passion contraire à la morale et analyse de la figure du Père dont Freud salue la finesse.’
C’est également un bon exemple de la notion de manque, relatif à la séduction.
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Brûlant secret, moins connu, mon préféré.
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‘Comment le désir et la passion, enracinés au fond de chaque être, peuvent le révéler à lui-même et bouleverser son destin ? Quatre nouvelles publiées en 1938. Dans Brûlant Secret, qui donne le titre et commence ce recueil, un homme et une femme vivent une idylle contrariée par le fils de cette dernière. Dans Conte crépusculaire, un adolescent vit une histoire d'amour surprenante. Dans La Nuit fantastique, un dandy orgueilleux, retranché dans la dignité et la froideur du mondain se frotte à la Vie et se découvre. Enfin, dans Les Deux Jumelles (conte drolatique), deux sœurs vont brûler des cartouches peu recommandables et la vie leur rendra les cendres de l'abus.’
Je retiens particulièrement Brûlant secret, une histoire de séduction dans laquelle le monsieur se rapproche de la dame en question par l’intermédiaire de son fils, qui ne reconnait alors aucunement le danger d’adultère. Morceau choisi :
« …Au-dehors, dans la nuit sombre, les arbres s’agitaient bruyamment au sein des ténèbres, mais il n’avait plus peur. Il avait perdu toute impatience en face de la vie, depuis qu’il savait combien elle était riche. Il lui semblait qu’aujourd’hui les choses s’étaient montrées à lui dans leur nudité – non plus enveloppées des milles mensonges de l’enfance, mais dans toute leur beauté redoutable et voluptueuse. Il n’avait jamais pensé que ses jours pussent être si remplis, si plein de changements, de souffrances et de joies multiples ; il était heureux en songeant qu’il avait encore devant lui une multitude de jours semblables, que toute une existence l’attendait pour lui dévoiler son secret. Il avait à présent une idée de la variété de l’existence. Il semblait avoir compris la nature des hommes et que ceux-ci avaient besoin les uns des autre, même quand ils paraissaient être séparés par l’inimitié ; il avait compris la douceur d’être aimé d’eux. Il se sentait incapable de penser avec haine à n’importe quoi ou à n’importe qui ; et même à l’égard du baron, son grand ennemi, il éprouvait une certaine gratitude, parce que c’était lui qui lui avait ouvert la porte de ce monde des premières expériences. … »
La nuit fantastique, si je devais ne citer qu’une seule histoire, je choisirais probablement celle-ci, qui m’a touchée au plus haut point car elle me rappelle un peu ma propre histoire. L’histoire d’un homme désenchanté, oisif et insensible. Il suffira d’une seule nuit.
« …Celui qui n’a jamais eu conscience d’une heure pareille comprendra aussi peu que j’aurais pu moi-même le comprendre, il y a de cela six mois, que quelques épisodes, éphémères et en apparence sans aucune liaison entre eux, d’une seule nuit fussent capables de rallumer si magiquement une destinée pour ainsi dire déjà éteinte. Devant lui je n’ai aucune honte, il ne me comprendra pas. Mais, celui qui connaît l’enchaînement des choses se garde bien de juger et n’a point d’orgueil. Devant lui non plus je n’ai pas de honte, il me comprend. Une fois que quelqu’un s’est trouvé lui-même, il ne peut plus rien perdre dans ce monde. Et dès que quelqu’un a compris l’être humain qu’il y a en lui il comprend tous les humains. »
Je trouve ces dernières lignes particulièrement puissantes.
Je me souviens, pour finir, avoir lu ‘La peur’, il y a très longtemps, une histoire sur un pickpocket, à Paris, m’a marquée. Il y en a d'autres que je n'ai pas lu. pas encore =)
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En spécial bonus track : «Les hommes sont surtout fascinés par ce qui est le plus éloigné d'eux.»
[Stefan Zweig] – Clarissa
Cela ne vous rappelle rien ?
Je me suis aidé d’evene.fr pour ce post.
[img]http://www.voltaireonline.org/fczweig/fcimages/portrait.jpg[/img]
' I'm just an ordinary man with nothing to lose '
American Beauty.