- Mar Nov 28, 2017 9:07 am
#183480
Je commets ma première critique ici, vos retours sont les bienvenus !
Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, ou comment s’adresser à F pour atteindre 500 000 ventes.
Suite à une discussion récente avec deux connaissances qui vantaient les mérites de ce livre je leur ai emprunté, histoire de voir de quoi il en retournait. Il a failli me tomber des mains dès la première page (bon, d’accord, dès la lecture du titre), mais j’avais du temps libre et je lis vite, donc je me suis forcé à finir ces 250 pages.
Alors aucun suspense : c’est une daube infâme.
Mais ce qui est extrêmement intéressant, c’est qu’il complète parfaitement les séminaires de Stéphane sur la logique F.
L’histoire est identique à celle des 12 500 livres de développement personnel vendus chez Nature et Découvertes, et recommandés par toute la presse féminine et autres “Psychologie Magazine” ; une quarantenaire mariée à un hétéro binaire de base, avec un enfant, pas épanouie dans son travail de commerciale itinérante, subit une crevaison au milieu de la nuit dans la forêt. Au lieu de changer la roue, elle marche et sonne à la première maison venue, où un homme (âgé, riche, cultivé et qui n’a rien d’autre à faire ce soir-là) l’écoute raconter ses malheurs et lui propose de la coacher gracieusement pour qu’elle change de vie. Ils se revoient une vingtaine de fois en 6 mois, elle suit ses consignes à la lettre (et passe des heures à l’appeler pour se plaindre, le bombarde de SMS) et au final réussit à changer de métier, à sauver son couple, à maigrir (!), à élever son enfant et décide d’elle aussi aider les autres.
Ouf.
Pourquoi F a acheté ce livre (mon interprétation d'après "logique des femmes"):
- Le marketing a tout misé sur l’aspect “feel good”. Le titre fait “développement personnel”, mais comme il est long ça donne aussi un air sérieux.
- Lecture facile. Le style est atterrant (je ne suis pas forcément difficile mais ça pique vraiment les yeux) : exemple de citation
“Pour éviter les bouchons du vendredi soir, j'avais décidé de couper par les petites routes. Tout plutôt que de subir les grands axes sursaturés et les affres d'une circulation en accordéon ! Pas question d'être une Yvette Horner de la route ! Mes yeux essayaient vainement de déchiffrer les panneaux, tandis que la bande de dieux, là-haut, s'en donnait à cœur joie en jetant un maximum de buée sur mes vitres, histoire de corser mon désarroi. Et comme si ce n'était pas suffisant, mon GPS décida tout à coup, en plein milieu d'un sous-bois obscur, qui lui et moi ne ferions plus route ensemble. Un divorce technologique à effet immédiat : j'allais tout droit et lui tournait en rond. Ou plutôt ne tournait plus rond !”
- Les conseils donnés par le “thérapeute”, s’ils ne sont pas fondamentalement faux, font soupirer ou sourire : écrire ses pensées positives sur un carnet, mettre une pièce dans une tirelire quand on broie du noir, découper des photos de célébrités qu’on admire et les accrocher au mur. Ah oui, le premier c’est “faire le ménage et repeindre la cuisine”.
- Elle se fait aider gracieusement par un homme riche, âgé, intéressant, cultivé (cf les nombreuses citations introduites au chausse-pied dans les conversations pour briller en soirée- le pauvre Platon n’avait pourtant rien demandé) alors qu’elle avoue elle-même qu’elle ne lui apporte rien et qu’elle est insipide (ressemblance avec le fameux Fifty Shades!)
-Elle exerce un métier H (ingénieur commercial) qui rapporte de l’argent MAIS elle ne s’y sent pas à sa place, alors elle demande un temps partiel qui ne change rien. Et elle décide de tout plaquer et de devenir dessinatrice de vêtements de luxe à louer et écologiques pour bébés. (Bien entendu, comme ce livre doit faire rêver, Jean-Paul Gaultier vient en personne lors de l’inauguration : il est ami avec le thérapeute et devait sûrement s’ennuyer aussi ce jour-là)
- Son mari, un hétéro binaire de base choisi par défaut, ne sert à rien. Il gagne “plus qu’elle” mais c’est tout, il regarde la télé le soir et est fan de foot ; par contre lorsqu’elle se met en nuisette et redevient aguicheuse il craque et “pleure car il a peur de ne pas être à la hauteur”
Au final, c’est une lecture facile dans laquelle la ménagère de moins de 50 ans peut tout à fait se reconnaître ; un espèce de gloubi-boulga de pensée positive et de méthode Coué, parsemé de citations “philosophiques”, qui ne demande pas trop d’investissement intellectuel. Si d’éventuelles lectrices décidaient d’appliquer ces conseils au jour le jour, comme elles n’ont pas trop besoin de sortir de leur zone de confort, elles ne devraient pas évoluer non plus, mais là n’est pas l’objectif : en revanche, elles pourront le mettre en évidence sur leur étagère et dire “ouais je l’ai lu, c’est génial, c’est très profond”.
Peut-être est-ce un livre de Stéphane, écrit sous pseudonyme, pour appuyer les théories de ses séminaires et devenir riche…
Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, ou comment s’adresser à F pour atteindre 500 000 ventes.
Suite à une discussion récente avec deux connaissances qui vantaient les mérites de ce livre je leur ai emprunté, histoire de voir de quoi il en retournait. Il a failli me tomber des mains dès la première page (bon, d’accord, dès la lecture du titre), mais j’avais du temps libre et je lis vite, donc je me suis forcé à finir ces 250 pages.
Alors aucun suspense : c’est une daube infâme.
Mais ce qui est extrêmement intéressant, c’est qu’il complète parfaitement les séminaires de Stéphane sur la logique F.
L’histoire est identique à celle des 12 500 livres de développement personnel vendus chez Nature et Découvertes, et recommandés par toute la presse féminine et autres “Psychologie Magazine” ; une quarantenaire mariée à un hétéro binaire de base, avec un enfant, pas épanouie dans son travail de commerciale itinérante, subit une crevaison au milieu de la nuit dans la forêt. Au lieu de changer la roue, elle marche et sonne à la première maison venue, où un homme (âgé, riche, cultivé et qui n’a rien d’autre à faire ce soir-là) l’écoute raconter ses malheurs et lui propose de la coacher gracieusement pour qu’elle change de vie. Ils se revoient une vingtaine de fois en 6 mois, elle suit ses consignes à la lettre (et passe des heures à l’appeler pour se plaindre, le bombarde de SMS) et au final réussit à changer de métier, à sauver son couple, à maigrir (!), à élever son enfant et décide d’elle aussi aider les autres.
Ouf.
Pourquoi F a acheté ce livre (mon interprétation d'après "logique des femmes"):
- Le marketing a tout misé sur l’aspect “feel good”. Le titre fait “développement personnel”, mais comme il est long ça donne aussi un air sérieux.
- Lecture facile. Le style est atterrant (je ne suis pas forcément difficile mais ça pique vraiment les yeux) : exemple de citation
“Pour éviter les bouchons du vendredi soir, j'avais décidé de couper par les petites routes. Tout plutôt que de subir les grands axes sursaturés et les affres d'une circulation en accordéon ! Pas question d'être une Yvette Horner de la route ! Mes yeux essayaient vainement de déchiffrer les panneaux, tandis que la bande de dieux, là-haut, s'en donnait à cœur joie en jetant un maximum de buée sur mes vitres, histoire de corser mon désarroi. Et comme si ce n'était pas suffisant, mon GPS décida tout à coup, en plein milieu d'un sous-bois obscur, qui lui et moi ne ferions plus route ensemble. Un divorce technologique à effet immédiat : j'allais tout droit et lui tournait en rond. Ou plutôt ne tournait plus rond !”
- Les conseils donnés par le “thérapeute”, s’ils ne sont pas fondamentalement faux, font soupirer ou sourire : écrire ses pensées positives sur un carnet, mettre une pièce dans une tirelire quand on broie du noir, découper des photos de célébrités qu’on admire et les accrocher au mur. Ah oui, le premier c’est “faire le ménage et repeindre la cuisine”.
- Elle se fait aider gracieusement par un homme riche, âgé, intéressant, cultivé (cf les nombreuses citations introduites au chausse-pied dans les conversations pour briller en soirée- le pauvre Platon n’avait pourtant rien demandé) alors qu’elle avoue elle-même qu’elle ne lui apporte rien et qu’elle est insipide (ressemblance avec le fameux Fifty Shades!)
-Elle exerce un métier H (ingénieur commercial) qui rapporte de l’argent MAIS elle ne s’y sent pas à sa place, alors elle demande un temps partiel qui ne change rien. Et elle décide de tout plaquer et de devenir dessinatrice de vêtements de luxe à louer et écologiques pour bébés. (Bien entendu, comme ce livre doit faire rêver, Jean-Paul Gaultier vient en personne lors de l’inauguration : il est ami avec le thérapeute et devait sûrement s’ennuyer aussi ce jour-là)
- Son mari, un hétéro binaire de base choisi par défaut, ne sert à rien. Il gagne “plus qu’elle” mais c’est tout, il regarde la télé le soir et est fan de foot ; par contre lorsqu’elle se met en nuisette et redevient aguicheuse il craque et “pleure car il a peur de ne pas être à la hauteur”
Au final, c’est une lecture facile dans laquelle la ménagère de moins de 50 ans peut tout à fait se reconnaître ; un espèce de gloubi-boulga de pensée positive et de méthode Coué, parsemé de citations “philosophiques”, qui ne demande pas trop d’investissement intellectuel. Si d’éventuelles lectrices décidaient d’appliquer ces conseils au jour le jour, comme elles n’ont pas trop besoin de sortir de leur zone de confort, elles ne devraient pas évoluer non plus, mais là n’est pas l’objectif : en revanche, elles pourront le mettre en évidence sur leur étagère et dire “ouais je l’ai lu, c’est génial, c’est très profond”.
Peut-être est-ce un livre de Stéphane, écrit sous pseudonyme, pour appuyer les théories de ses séminaires et devenir riche…