- Sam Oct 06, 2007 1:20 pm
#18983
Je m’étais promis de ne pas prendre part aux échanges sur ce forum avant d’avoir atteint un niveau suffisant, pour prétendre apporter une valeur ajoutée. J’en suis encore loin. Je me permets cependant, en cette heure avancée de la nuit et en proie à l’insomnie, de partager avec vous un film de Hitchcock, To Catch A Thief (La main au collet). Ce n’est certes pas le plus fameux, mais il revêt pour moi une signification particulière. Je crois qu’il est récemment passé à la télé, et je m’en veux de ne pas avoir pu voir le documentaire qui le suivait.
Bien avant avoir connu FTS et Spike Seduction, j’ai été fortement marqué par ce film et par le personnage magnétique de Cary Grant. Il était même inconsciemment devenu pour moi un modèle, mais j’en ignorais les raisons. Lorsque, après quelques mois de pérégrinations sur le Net, en recherche, j’ai découvert, grâce à FTS, un type qui parlait de Cary Grant, j’ai tout de suite senti que j’étais en phase avec lui. L’article de Spike sur Notorious m’a alors rétrospectivement ouvert les yeux sur l’attrait que Cary Grant exerçait sur moi.
(Je n’apporte rien de nouveau, Spike a presque déjà tout dit sur Grant, mais ça me fait plaisir de parler de ce film).
[img]http://artfiles.art.com/images/-/Cary-Grant-Grace-Kelly-Photograph-C10039678.jpeg[/img]
To Catch A Thief raconte l’histoire, somme toute assez banale, d’un voleur repenti qui reprend ses escapades discrètes pour prouver qu’il n’est pas la source de nouveaux vols qui portent étrangement sa marque . La présence d’une blonde américaine qui s’éprend de lui peut ne sembler que l’énième reprise d’un thème galvaudé, mais l’essentiel n’est pas là.
Ce qui fait à mes yeux la beauté et la grandeur de ce film, ce sont Cary Grant et Grace Kelly. La future princesse de Monaco est dans ce film craquante et délicieuse, maligne et malicieuse, d’une grand classe (à tel point qu’on se demande si ce genre de fille existe dans la vraie vie). C’est d’ailleurs lors du tournage du film, en 1954, qu’elle rencontre son futur époux, Rainier. Grant, quant à lui, incarne à la perfection l’homme séduisant, d’un comportement d’une grande classe. Performance d’autant plus remarquable que Grant est à l’époque en bisbille avec sa troisième épouse, et en proie aux doutes sur sa carrière d’acteur.
Les rapports Grant-Kelly dans le film ressemblent au jeu du chat et de la souris, mais on ne sait plus qui est le chat et qui est la souris. Hitchcock joue sur la confusion en baptisant le personnage de Grant « John Robie the Cat ». Il est le chat qui chasse son rival inconnu, sous les délicieux paysages provençaux, et la souris chassée par Kelly. Celle-ci incarne une jeune héritière américaine qui, ennuyée par les jeunes hommes riches sans relief qu’elle fréquente, cherche un homme « vrai ». Le film est une parfait illustration du fameux “fuis moi je te suis”.
[img]http://www.carygrant.net/fotogallery/tocatchathief/tcat-27.jpg[/img]
D’un point de vue séduction, de nombreux éléments sont remarquables. La dynamique voulue par Hitchcock prend naissance lorsque Grace Kelly est attirée par la prestance de Grant. Elle est surprise par l’indifférence de ce dernier, ce qui la pousse à le provoquer. Le mystère et la tension tournant autour des agissements de Grant et son refus d’avouer sa véritable identité captivent la jeune fille (prise comme une souris au piège du chat…) qui, après d’être révoltée, tombe définitivement et sérieusement amoureuse. Elle fait tout par la suite pour gagner Grant. Celui-ci ne se départit pas de son langage corporel puissant, de son assurance et de son petit sourire mi-narquois mi-amusé.
En effectuant une analyse « technique », on découvre que Grant utilise toutes les ressources de la séduction : langage corporel impeccable, tenue vestimentaire irréprochable, contact visuel soutenus et sourires mystérieux, jeux de mots C&F à double sens et sous entendus, gestion des silences, jeu du regard (à rapprocher de la scène de Notorious qui se déroule sur le balcon de Rio entre Cary Grant et Ingrid Bergman)… Tout n’est pas réaliste, mais le cinéma a au moins la vertu de nous dessiner des idéaux à atteindre.
Un exemple parmi d’autres :
Grace Kelly, proposant du poulet à Grant lors de la promenade sur la corniche surplombant Cannes :
-you want a leg or a breast ? (intense contact visuel)
-you make the choice ! (contact visuel + sourire d’alpha)
Au delà de la fameuse course poursuite en voiture qui peut nous paraître un peu fade aujourd’hui, au delà de l’intrigue et du dénouement un peu trop classique et prévisible et en dépit des quelques longueurs, ce film est à mon sens incontournable. On comprend pourquoi Cary Grant a été pressenti pour incarner le personnage de James Bond dans Dr No, avant que son refus n’entraîne le casting de Sean Connery.
[img]http://www.carygrant.net/fotogallery/tocatchathief/tcat-5.jpg[/img]
Le Cary Grant de To Catch A Thief peut être pris pour modèle, à tel point que Hitchcock, qui avait bien compris les dynamiques qui sous-tendent la séduction, le fait explicitement savoir dans le film par la bouche de la mère de Kelly s’adressant à elle:
- For my money he is a real man. Not one of this little snob you gently take up with !
Ce Grant est une parfaite synthèse entre le coté obscur mystérieusement attirant du Bad Boy et la classe du gentlemen. Peut-être une projection des pulsions inassouvies du pauvre Hitchcock… En tout cas puissante.
En espérant vous avoir donné le désir de voir ce film…
PS : A visionner en VO, évidemment…
Bien avant avoir connu FTS et Spike Seduction, j’ai été fortement marqué par ce film et par le personnage magnétique de Cary Grant. Il était même inconsciemment devenu pour moi un modèle, mais j’en ignorais les raisons. Lorsque, après quelques mois de pérégrinations sur le Net, en recherche, j’ai découvert, grâce à FTS, un type qui parlait de Cary Grant, j’ai tout de suite senti que j’étais en phase avec lui. L’article de Spike sur Notorious m’a alors rétrospectivement ouvert les yeux sur l’attrait que Cary Grant exerçait sur moi.
(Je n’apporte rien de nouveau, Spike a presque déjà tout dit sur Grant, mais ça me fait plaisir de parler de ce film).
[img]http://artfiles.art.com/images/-/Cary-Grant-Grace-Kelly-Photograph-C10039678.jpeg[/img]
To Catch A Thief raconte l’histoire, somme toute assez banale, d’un voleur repenti qui reprend ses escapades discrètes pour prouver qu’il n’est pas la source de nouveaux vols qui portent étrangement sa marque . La présence d’une blonde américaine qui s’éprend de lui peut ne sembler que l’énième reprise d’un thème galvaudé, mais l’essentiel n’est pas là.
Ce qui fait à mes yeux la beauté et la grandeur de ce film, ce sont Cary Grant et Grace Kelly. La future princesse de Monaco est dans ce film craquante et délicieuse, maligne et malicieuse, d’une grand classe (à tel point qu’on se demande si ce genre de fille existe dans la vraie vie). C’est d’ailleurs lors du tournage du film, en 1954, qu’elle rencontre son futur époux, Rainier. Grant, quant à lui, incarne à la perfection l’homme séduisant, d’un comportement d’une grande classe. Performance d’autant plus remarquable que Grant est à l’époque en bisbille avec sa troisième épouse, et en proie aux doutes sur sa carrière d’acteur.
Les rapports Grant-Kelly dans le film ressemblent au jeu du chat et de la souris, mais on ne sait plus qui est le chat et qui est la souris. Hitchcock joue sur la confusion en baptisant le personnage de Grant « John Robie the Cat ». Il est le chat qui chasse son rival inconnu, sous les délicieux paysages provençaux, et la souris chassée par Kelly. Celle-ci incarne une jeune héritière américaine qui, ennuyée par les jeunes hommes riches sans relief qu’elle fréquente, cherche un homme « vrai ». Le film est une parfait illustration du fameux “fuis moi je te suis”.
[img]http://www.carygrant.net/fotogallery/tocatchathief/tcat-27.jpg[/img]
D’un point de vue séduction, de nombreux éléments sont remarquables. La dynamique voulue par Hitchcock prend naissance lorsque Grace Kelly est attirée par la prestance de Grant. Elle est surprise par l’indifférence de ce dernier, ce qui la pousse à le provoquer. Le mystère et la tension tournant autour des agissements de Grant et son refus d’avouer sa véritable identité captivent la jeune fille (prise comme une souris au piège du chat…) qui, après d’être révoltée, tombe définitivement et sérieusement amoureuse. Elle fait tout par la suite pour gagner Grant. Celui-ci ne se départit pas de son langage corporel puissant, de son assurance et de son petit sourire mi-narquois mi-amusé.
En effectuant une analyse « technique », on découvre que Grant utilise toutes les ressources de la séduction : langage corporel impeccable, tenue vestimentaire irréprochable, contact visuel soutenus et sourires mystérieux, jeux de mots C&F à double sens et sous entendus, gestion des silences, jeu du regard (à rapprocher de la scène de Notorious qui se déroule sur le balcon de Rio entre Cary Grant et Ingrid Bergman)… Tout n’est pas réaliste, mais le cinéma a au moins la vertu de nous dessiner des idéaux à atteindre.
Un exemple parmi d’autres :
Grace Kelly, proposant du poulet à Grant lors de la promenade sur la corniche surplombant Cannes :
-you want a leg or a breast ? (intense contact visuel)
-you make the choice ! (contact visuel + sourire d’alpha)
Au delà de la fameuse course poursuite en voiture qui peut nous paraître un peu fade aujourd’hui, au delà de l’intrigue et du dénouement un peu trop classique et prévisible et en dépit des quelques longueurs, ce film est à mon sens incontournable. On comprend pourquoi Cary Grant a été pressenti pour incarner le personnage de James Bond dans Dr No, avant que son refus n’entraîne le casting de Sean Connery.
[img]http://www.carygrant.net/fotogallery/tocatchathief/tcat-5.jpg[/img]
Le Cary Grant de To Catch A Thief peut être pris pour modèle, à tel point que Hitchcock, qui avait bien compris les dynamiques qui sous-tendent la séduction, le fait explicitement savoir dans le film par la bouche de la mère de Kelly s’adressant à elle:
- For my money he is a real man. Not one of this little snob you gently take up with !
Ce Grant est une parfaite synthèse entre le coté obscur mystérieusement attirant du Bad Boy et la classe du gentlemen. Peut-être une projection des pulsions inassouvies du pauvre Hitchcock… En tout cas puissante.
En espérant vous avoir donné le désir de voir ce film…
PS : A visionner en VO, évidemment…