- Lun Nov 25, 2013 4:48 pm
#141618
Pas la plus élégante mais sans doute la plus déterminante.
Ça remonte à 5 ans. J'avais demandé une augmentation substantielle (j'étais très mal payé), mais on m'avait envoyé paître. J'ai forcé la main à ma boîte qui, dans un ultime sursaut de fierté, m'envoie un de ses chiens de garde (un autre manager que le mien, réputation de beau parleur un peu branleur). Une heure d'un entretien que je n'oublierai jamais.
Il m'a expliqué en long en large et en travers que j'avais tout faux, que la société ne pouvait pas vraiment m'augmenter sans se mettre en péril, que de toutes façons je demandais trop, blablabla. Du bullshit au kilomètre et n'importe quel débutant aurait senti la spatule de lubrifiant lui tartiner le cul.
Les deux dernières minutes du rendez-vous ont donné approximativement :
[quote]Lui : Ce que tu demandes, tu comprends, c'est trop. Même ceux qui ont 5 ans d'expérience n'ont pas ça. Si tu demandes moins, il y a peut-être moyen de trouver une solution.
Moi : J'ai trouvé du boulot ailleurs, donc je ne vais pas revenir sur ce que je demande.
L : Je suis d'accord avec toi, si ça ne tenait qu'à moi j'aurais dit oui, bien sûr. Mais la décision ne dépend pas de moi.
(après un silence qui m'a semblé durer une éternité)
M : Bah alors à quoi tu me sers ?
Là dessus je me suis levé et je suis parti.
J'ai descendu les escaliers au trot et je suis allé me cacher dans le parking pour me calmer. J'étais surexcité, incapable de tenir en place. J'avais cloué le bec à un type qui avait mon âge en expérience, je le tenais par les couilles, et je venais en plus de lui mordre l'oreille. Je n'en revenais pas d'avoir spontanément pensé cette réponse et en plus d'avoir eu le cran de le dire.
15 jours plus tard j'avais mes 30%. Il restait 2 semaines sur mon préavis de démission.
À ce jour, c'est l'un des trois moments les plus importants de ma carrière.