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Modérateurs: animal, Léo

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By Concept
#138950 [size=150]Acte I[/size]

Un dimanche de fin juin, sur le Canal Saint Martin.

Je me sens bien, je viens de donner un cours de guitare à un élève gay de 50 ans qui m'éclate particulièrement, et ai donné rendez-vous à un ami et une amie pour boire une bière chez Prune. Nous discutons de tout et de rien, d'un mec qui fait des graffitis ultra stylés, et il fait beau, dans le ciel comme dans ma tête. Commençant à avoir un peu faim, je propose de nous faire un pique-nique sur le bord du canal.

Notre amie souhaite passer chercher sa veste chez l'autre ami, qui habite près du canal. Parfait, pendant ce temps, j'irai faire les courses pour le pique nique. J'y vais donc, prends du pain, du vin, du houmous, du fromage et quitte le Super U enchanté à l'idée d'aller partager tout ça avec eux. On est censés se retrouver à un endroit précis, sous un arbre à côté de l'écluse de la rue de Lancry, à l'angle du canal, pour ceux qui connaissent.

J'arrive à cet endroit. Ils n'y sont pas encore, mais en revanche une (fort) jolie demoiselle est en train de lire, précisément là où nous devons nous retrouver avec mes deux compères. Elle m'adresse un regard et un sourire et baisse les yeux. Je me dis que l'occasion est trop belle. J'ai de plus, besoin d'un tire-bouchon. Je marche donc vers la fille et lui demande si elle en a un.

[quote]- (sourire et énergie) Bonjour, excusez-moi mais j'ai une bouteille de vin et n'ai rien pour l'ouvrir, j'ai vu que vous en aviez une d'ouverte, auriez-vous un tire-bouchon ?
- (grand sourire) Ah non mais par contre je pense que vous pouvez aller la faire ouvrir dans le restaurant juste là
- Ok, parfait, je vais faire ça :)

J'y vais et reviens vers elle. Mes amis ne sont toujours pas arrivés

[quote]- Bon, et bien puisque vous m'avez conseillé, je vais partager mon vin avec vous !
- Ah ben génial ! (me tend son verre)

Nous commençons à discuter. Elle habite Montréal et a fait un voyage dans toute l'Europe, se terminant par trois semaines à Paris (trois semaines qui ont commencé la veille, cool!). Mes amis n'arriveront que beaucoup plus tard, car ils ont choisi un autre endroit et m'ont bombardé de textos entretemps, que je ne regardais pas. Du style "quand tu auras niqué la fille, tu pourras nous rejoindre, on est en face de la Poste :)". Mon pote (bon pote :) ) m'a vu avec la fille et a, intelligemment, choisi de me laisser tranquille, avant de venir me voir 3 heures plus tard, se disant que j'avais dû dire à la fille que j'attendais des gens. Il a pensé à me gratifier de cette démonstration sociale, c'est un natural :) C'est bon d'avoir des amis de cette trempe. Ami qui est entre temps (cette histoire date un peu), devenu mon associé dans les affaires.

A un moment de la conversation, je lui propose de partager ce que j'ai dans mon sac. Nous réalisons, étonnés et amusés, que nous avons exactement la même chose : pain, vin, houmous, fromage. Rien d'extraordinaire, vous me direz (et aurez raison), mais ça a pas mal renforcé un certain sentiment de connexion entre nous.

Avec cette demoiselle, nous discutons tout l'après-midi et l'échange est très détendu, intellectuel mais pas trop, légèrement sexué par moments (mais pas trop non plus). Elle me dévoile son secret agenda, je lui pose des questions sur son collier, ses bracelets, elle me laisse les toucher, mais je prends mon temps et n'insiste pas trop. Elle me dira plus tard avoir apprécié que je prenne ce temps. Il commence à se faire tard (je l'ai rencontrée à 18h, il est maintenant 22h) lorsque je lui propose de changer d'endroit, d'aller boire une bière chez Prune, juste à côté. Elle est partante.

Nous nous y retrouvons donc et recommençons à parler, de plein de choses, de plus en plus personnelles, et qui nous saisissent de plus en plus. Au moment où l'on se raconte des histoires que l'on a connu, chacun de notre côté, en rencontrant des SDF dans la rue, je vois ses yeux briller, et les miens brillent aussi de par l'intensité des histoires de vie que nous nous racontons. A ce moment, elle m'a définitivement séduite, car j'ai compris qu'elle voyait plus loin dans la vie que le bout de son nez. Ce sentiment de parler à une fille dont l'ambition est d'améliorer le monde, et non d'améliorer sa vie/carrière/situation, même s'il est naïf et maladroit, m'a toujours cloué.

Nous allons fumer une cigarette dehors, revenons, et discutons toujours. Lors d'un moment de silence, où nous nous regardons, je lui ramène les cheveux en arrière en lui caressant le crâne, puis l'embrasse. J'avance à peine mon visage, et elle colle littéralement sa bouche sur la mienne, pour un baiser long et langoureux. Un des meilleurs baisers que je n'ai jamais connu. Peu après, elle me propose de prendre un thé chez elle :)

Nous nous retrouvons dans l'appart qu'une de ses amies parisiennes lui a prêté le temps de son voyage en France. Le thé, oui, nous le préparons, mais ne le boirons jamais. Nous avions mieux à faire.

Après un amour long (j'étais passablement éméché, entre le vin et la bière) et intense (elle fait preuve d'une grande expérience et d'une certaine fougue, du haut de ses 23 ans, me surprenant même alors que j'en ai 30), nous discutons encore un long moment avant de nous endormir dans les bras l'un de l'autre. Au matin, tôt car elle doit partir chercher sa "maman" (comme elle l'appelle, et qui vient passer une semaine en sa compagnie), qui vient d'arriver du Québec, à l'aéroport, nous nous quittons en nous serrant longuement dans les bras. Elle me donne son Facebook (n'ayant pas de téléphone en France).

En partant au travail, je sais que je m'emballe, et pourtant je ne peux cesser de me dire qu'une relation longue vient de commencer. Mais je parviens à me détacher, me disant que même si je ne la revois jamais, ce moment était parfait. Je suis heureux.
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By animal
#138958 [quote="Concept"]En partant au travail, je sais que je m'emballe, et pourtant je ne peux cesser de me dire qu'une relation longue vient de commencer. Mais je parviens à me détacher, me disant que même si je ne la revois jamais, ce moment était parfait. Je suis heureux.
Bon ben c'est moi qui vais te mettre la claque: c'est juste du cul avec une étrangère qui est de passage à Paris pour le moment, on en reparle dans 6 mois pour la relation longue. Entre temps, ne te prends pas trop la tête, n'en attends rien de particulier, et profite de la vie.
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By Safari
#138967 De la rencontre dans un lieu public à l'acte en moins de 5h, c'est plutôt pas mal non?

[quote="animal"]Bon ben c'est moi qui vais te mettre la claque: c'est juste du cul avec une étrangère qui est de passage à Paris pour le moment, on en reparle dans 6 mois pour la relation longue. Entre temps, ne te prends pas trop la tête, n'en attends rien de particulier, et profite de la vie.

Il y aura une suite, ça s'est déroulé fin juin.
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By la mouche
#138968 [quote="Concept"][size=150]Acte I[/size]
A un moment de la conversation, je lui propose de partager ce que j'ai dans mon sac. Nous réalisons, étonnés et amusés, que nous avons exactement la même chose : pain, vin, houmous, fromage. Rien d'extraordinaire, vous me direz (et aurez raison), mais ça a pas mal renforcé un certain sentiment de connexion entre nous.

J'ai particulièrement apprecié ce passage. Rien ne me plait plus que voir ces petits signes lorsque je discute avec une fille

J'attends la suite avec impatience
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By animal
#138984 [quote="Safari"]De la rencontre dans un lieu public à l'acte en moins de 5h, c'est plutôt pas mal non?
Oui, je me suis emporté sur la "relation longue" au bout d'une heure et j'ai un peu oublié que le reste était parfait.

[quote="Safari"][quote="animal"]Bon ben c'est moi qui vais te mettre la claque: c'est juste du cul avec une étrangère qui est de passage à Paris pour le moment, on en reparle dans 6 mois pour la relation longue. Entre temps, ne te prends pas trop la tête, n'en attends rien de particulier, et profite de la vie.

Il y aura une suite, ça s'est déroulé fin juin.
Au temps pour moi, fais péter la suite alors!!
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By Concept
#139084 [img]http://fr.topic-topos.com/image-bd/france/75/tunnel-entre-le-depot-de-bastille-et-le-canal-saint-martin-arsenal.jpg[/img]

[quote="Doc Love"]Avoid the unlucky and the unhappy
[quote="Concept"]But what about those who face their unluckyness with bravery, focus and happiness... ?

Nous sommes début juillet... 2012. Une semaine auparavant, je rencontrais cette créature venue du froid, dans ce que je pensais être une rencontre sans faute. Sans faute, probablement, excepté sur mon illusion quant à ma capacité à garder la tête froide. J'aurais pourtant dû m'en douter, cette fille comme cette rencontre, enchaînement improbable de circonstances cumulées, étaient parfaites. Ce qui cache toujours quelque chose. Surtout quand cette perfection vous apparaît très vite, très fort.

Après une tentative ratée de nous voir dans mon monde, elle choisit le dimanche après-midi suivant pour me proposer le sien - de monde. Et je n'allais pas être déçu. Car ce à quoi je venais de me faire inviter, était tout simplement une soirée sans prétention sur le bord du canal, à l'endroit même de notre rencontre, avec une de ses amies québécoise, de passage à Paris pour trois jours, et... oui, vous lisez bien, sa Maman, comme elle l'appelle toujours.

Devant cette proposition, qui s'affiche devant mes yeux incrédules, je comprends que j'ai affaire à une personnalité complexe et décomplexée à la fois. Je souhaite revoir cette fille. Et interprète cette demande comme étant le reflet de trois choses, qui me seront confirmées par la suite :

    - une mère collante, voire envahissante, d'autant plus que n'ayant pas vu sa fille depuis 8 mois, et la retrouvant pour quelques jours
    - une certaine forme d'insécurité, ayant refusée mon initiative et me proposant celle-ci, au milieu de ses répères
    - et enfin, quelque chose de bien plus sournois, que je ressens alors, sans savoir tout à fait pourquoi


Je pèse. Le pour, le contre. D'un certain côté, j'ai l'impression de tomber dans un piège. De l'autre, je sais - intuitivement - que si je refuse, c'est fini. D'un troisième côté, je dois admettre que cette sensation de piège m'intrigue. Comme si un grand panneau "ne vas pas par là" s'affichait devant moi. Ma curiosité l'emportera, et dimanche soir, une semaine exactement après nos premiers ébats, me voici de nouveau sur le Canal Saint Martin, arrivant dans ce qui semble être une agréable petite soirée, entre Mika, sa maman, et son amie. Le malaise qui m'envahit durant le trajet se dissipera immédiatement lors de mon arrivée, devant la convivialité avec laquelle je suis reçu, et l'ambiance bon enfant qui règne.

Nous discutons tous les quatre, racontons des anecdotes. La cordialité québécoise n'est pas une légende. J'ai l'impression de voyager dans un autre monde, et ce monde, je dois l'admettre, me séduit. A propos de séduction, je mets bien plus d'énergie à séduire la mère que la fille. Séduction dénuée de toute connotation sexuelle, cela va sans dire.

A un moment, l'amie de Mika souhaite rentrer se coucher, et Mika l'accompagne. Je reste seul avec sa Maman. Nous discutons un peu plus "entre adultes", et elle commence à se confier avec une désarmante sincérité et une authentique vivacité. Tout, sauf de l'apitoiement. Une simple volonté de témoigner d'une histoire qu'elle trouve extraordinaire. C'est lors de ces échanges enflammés que m'est révélée la cage qui est en train de se construire autour de moi. Accrochez-vous.

[quote]Maman, comme nous pourrions l'appeler, me raconte son hisoire. Elle a rencontré un gentleman parisien lors d'un voyage dans nos contrées, lorsqu'elle avait 20 ans. Ce gentleman s'est empressé de la mettre enceinte. Revenue au Québec, Maman reçoit de son gentleman une proposition en mariage, ainsi qu'une invitation à le rejoindre en terre parisienne. Proposition aussitôt acceptée. Quelques soucis logistiques et 10 mois plus tard, Maman et la poussette de sa fille foulent de nouveau le sol français et retrouvent leur héros parisien... qui s'est entretemps marié (oui, marié, comme un malpropre, sans avertissement) avec une autre femme, française.

Nous sommes en 1989. Maman est alors au fond du trou. Elle s'en retourne, dépitée, dans sa campagne Québécoise, accompagnée de son désespoir et de sa fille. Mika. Qui a désormais 22 ans. Qui vient elle aussi de rencontre un gentleman français, lors d'un voyage dans nos contrées.

Quelques heures et bécots plus tards (Maman a trouvé bon de s'éclipser, au bout d'un moment - tout de même), dans la voiture qui me ramène vers ma solitude nocturne, je suis mitigé. Partagé entre cette voix qui me dit que le terrain est glissant, et cette sensation, très nette et très précise, que la fille que j'ai rencontré est une personne qui se bat, et avec le sourire s'il-vous-plaît. Des projets pleins la tête, une vie active dirigée vers un but précis et conscient, un goût artistique prononcé, un intérêt assumé pour les choses de la réalité, un secret agenda qu'elle m'a dévoilé dès nos premières minutes de conversation, lors de notre rencontre, et que la vie confirmera par la suite. Et détail important pour moi, chanteur et guitariste devant l'éternel : elle connaît presque toutes les chansons des Beatles par coeur, et la perspective de les interpréter à deux me grise d'avance.

Cette sensation pressante d'avoir rencontré quelqu'un qui est spirituellement au-dessus du lot (et de moi), sans pourtant de spéciale prétention à l'être, et sans l'attrait malsain et exagéré pour ces domaines que l'on retrouve souvent chez les gens paumés qui en font une bouée de sauvetage, ainsi qu'une attirance sexuelle prononcée (et que je sais mutuelle), me poussent à m'enfoncer encore dans cette cage qui m'ouvre grand sa porte.
By jazzitup_
#139089 [quote]Cette sensation pressante d'avoir rencontré quelqu'un qui est spirituellement au-dessus du lot (et de moi), sans pourtant de spéciale prétention à l'être, ainsi qu'une attirance sexuelle prononcée (et que je sais mutuelle), me poussent à m'enfoncer encore dans cette cage qui m'ouvre grand sa porte.


Putain ça fait plaisir de lire un aussi joli compliment.
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By Concept
#140387 [img]https://dl.dropboxusercontent.com/u/65786945/eiffel-tower-fuck.png[/img]

Le lendemain de la chaleureuse soirée québécoise au bord de l'eau, vers midi, je reçois un message qui me fait sourire :

[quote]Hey :) C'était une superbe soirée hier. Merci d'être venu. Tu as fait fureur hihi. J'espère te revoir très bientôt..avant de repartir. Je t'inviterais volontiers à des fêtes parisiennes, mais malheureusement je ne suis pas chez moi ici ;) bonne journée
PS: je dois huiler mon opinel donc on doit se revoir haha
Sourire de paix, car bien sûr, j'ai déjà commencé à m'enticher de cette personne. Trop vite, oui, je sais, mais après tout, la vie est faite pour être vécue.

Je me laisse bercer la journée durant par l'idée du prochain rendez-vous qu'annonce ce message, sans y répondre encore. Le lendemain, vers 17h, une conviction aussi soudaine que puissante m'envahit : elle m'a renvoyé un message. Je consulte ma boîte mail avec une certaine quiétude, car je sais que quelque chose m'y attend. Bingo, Facebook indique "envoyé il y a 2 minutes", c'est-à-dire au moment précis où l'idée s'est imposée à moi. Qui parle de connexion ?

[quote]- Ce soir, quai de Seine si ça te dit ? xoxox
- Retrouvons-nous à 20h30 au Pont neuf, juste sous la grande statue du mec à cheval
- okay :) Je sais que c'est mal, mais j'aimerais, un peu, secrètement pouvoir te dire que Je serai là...Je te dit Nous serons là ;) à tantôt
ok, donc Maman sera de nouveau de la partie. C'est curieux, j'ai l'impression que les rôles se sont inversés, entre elles. Sensation pressante que la fille balade sa mère comme une mère baladerait sa fille. Soit, je le prends comme tel, et accepte ce rendez-vous teinté d'obligation parentale inversée sans broncher (ou plutôt, sans le montrer, car intérieurement je bronche tout de même un peu).

C'est donc dans le parc en contrebas du Pont Neuf que débutera notre course poursuite. Rappel des faits : nous avons passé une nuit ensemble il y a 10 jours de cela, et depuis, le désir de cette fille me hante. Désir de la connaître corps et esprit, de l'apprivoiser, de la faire mienne. Un seul mot : curiosité.

20:34 : let's meet
Arrivée au Pont Neuf. Bise à Maman, discret smack, on descend par les escaliers qui s'enfoncent sous le pont, puis on s'installe au bord de l'eau. Badinages, discussions, et Mika sort un jeu de cartes qui va nous occuper pendant quelques temps. On part manger un bout dans un café situé non loin. Pendant que Maman est sortie fumer sa clope (qui aura l'intelligence de durer pas mal de temps), nous nous roulons des pelles à n'en plus finir et j'ai l'impression de retourner en adolescence lorsqu'elle se recule, me regarde et me dit dans un mélange d'étonnement et de curiosité, que :
[quote="Mika"]Wow, c'est fou, tu embrasses bien !
Commence alors une réflexion. Elle vit chez sa copine avec sa Maman, et nous sommes trop loin de chez moi pour nous y rendre ce soir. Le sujet brûlant du moment devient, comment va-t-on s'organiser pour donner à cette soirée le ton que nous souhaitons tous deux lui donner ?

22:20 : allez Maman, à la maison !
Maman décide de plier bagages (sans blague, tu n'avais pas l'impression de commencer à déranger ?), mais bien sûr il faut la raccompagner car elle est perdue dans Paris. Je disais quoi sur l'inversion des rôles mère-fille ? Allons-y, nous la raccompagnons donc (et en voiture s'il-vous-plaît). La perspective de nous en savoir prochainement libérés m'aide à rester carrément jovial à son égard, puisque je dois l'avouer, la présence qu'elle nous a imposée jusqu'ici commence à me courir, et la fille le sent mais semble apprécier ma discrétion à ce sujet.

22:45 : let the night begin
Je stationne en double-file pour laisser Maman sortir de la voiture et il faut bien sûr que sa fille l'accompagne pour faire les 40 mètres qui la séparent de son logis de circonstance. Jamais vu autant d'instinct maternel chez une fille envers sa mère, et de besoin de protection chez une mère envers sa fille. J'ai depuis belle lurette compris que cela faisait partie du package et c'est ok, de toutes façons, j'ai déjà commencé à réfléchir à la suite des évènements de la nuit. Et ce soir, nous n'avons pas spécialement envie de danser. Au milieu de ces réflexions, Mika revient dans la voiture avec un énorme sourire :
[quote="Mika"]Bonjour Monsieur, alors il paraît que vous souhaitiez me voir ?
Vroum vroum, nous voilà partis vers un endroit que j'affectionne et que je sais tranquille le soir venu.

23:08 : le veilleur de nuit
Voiture garée près de Bastille. Nous nous tenons la main et marchons vers le port de l'Arsenal tout en discutant. J'apprends à la connaître davantage, et plus j'en connais sur elle, plus ça me plaît, et plus je suis curieux du reste. Nous passons devant un de ces tags "Regarde le ciel", qui deviendra plus tard un des repères de notre relation, et philosophons dessus.

Parfait ! Le parc du port est fermé, je n'en attendais pas moins. J'escalade la grille et elle me suit. Il y a une autre grille au milieu de l'escalier en colimaçon qui nous amène en contrebas, et la franchir demande une certaine dose d'acrobatie, et aussi de se suspendre au-dessus du vide. Je m'y emploie, et me retourne pour regarder Mika en faire de même, me dévoilant à l'occasion les dessous de sa jupe qui laissent entrevoir un court instant l'endroit où les deux jambes de ses collants noirs se rejoignent, et cette vision n'en est que plus sensuelle dans la pénombre des lumières de la nuit.

Ouf ! Nous voici tous deux sur la terre ferme. Elle me prend la main. Dans nos têtes, le déroulé des prochaines minutes semble fixé. Nous regardons en avant, et tombons nez-à-nez avec le veilleur de nuit du parc, dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Maître-chien, qui plus est. Celui-ci nous aveugle littéralement avec sa lampe torche (puissante), et nous beugle dessus :
[quote="Veilleur de nuit"]Bande de voyous ! Qu'est-ce que vous faites ici, ça va pas non ? Sortez d'ici immédiatement ! Voyous ! Racaille !
Wow ! Bel accueil... Après avoir vainement tenté de le raisonner en lui expliquant que "Mais enfin c'est débile, vous voyez bien qu'on n'est pas méchants !", nous décampons par ce même escalier, qui de Stairway to Heaven vient de se transformer en Highway to Hell.

23:21 : on ne va pas se laisser abattre
D'un commun accord : Ah, Paris ne veut pas de nous ce soir ! Qu'à cela ne tienne, le droit qu'on ne nous donne pas, nous allons le prendre. Un nouveau retour à l'adolescence sous la forme d'un pelotage mutuel en règle qui durera quelques minutes, et nous voici de retour dans la voiture, pour une petite visite à la Grande Dame de Fer.

De nouveau, durant le trajet, d'intenses discussions germent, fixant le ton de nos rapports initiaux. Elle me teste, elle essaie d'en savoir plus sur moi, sur mes plans de vie, et dans le même temps me parle des siens.

23:42 : on n'a jamais vraiment fait le tour de Madame Eiffel
Champs de Mars. L'heure tardive et le fait que nous soyons en semaine nous permet d'y être quasiment seuls. Nous marchons, je repère un coin d'herbe plutôt isolé et tout à fait accueillant. J'étends ma veste par terre et l'invite à s'y asseoir, ce à quoi elle s'exécute avec grâce. Sa gestuelle me rend fou. Comment est-il possible de rassembler autant de classe et de féminité chez une personne de 23 ans ? J'en aurai une des explications un jour, mais ce n'est pas ici le propos.

Elle me parle de son court séjour à San Sebastian, avant de rejoindre Paris.

[quote="Mika"]- C'était vraiment le fun, j'ai fait du surf. J'avais rencontré une bande de mecs dans l'auberge où je restais et il m'avaient emmené voir leur spot favori. Mais c'était un endroit assez secret, et ils ne voulaient pas le dévoiler à des touristes, donc ils m'ont bandé les yeux durant le trajet !
- blabla blabla bla
- (baiser langoureux)
- (je commence à farfouiller)
- J'ai des collants et des bottes, ce n'est pas très pratique...
- Enlève tes bottes, enlève tes collants, et remets tes bottes
- Wow... ok
La caméra s'arrêtera comme de coutume à la porte de la chambre à coucher. Mais en l'absence de porte, ce soir-là, les quelques seuls mots qui furent prononcés à mi-voix, quasi-chuchotements laissant deviner le timbre suraïgu d'une voix de soprane fine et presque enfantine, restèrent audibles :

[quote]... oh fuck... c'est trop bon
Tout le reste ne fût que regards, sous la bienveillance calme et paisible de Madame Eiffel.

00:08 : je crois qu'on nous filme...
Cinq minutes après être restés tranquillement là, sans bouger, nous sentons deux types, passablement racailleux, passer derrière nous. Ils tiennent leurs distances, mais il me semble bien qu'ils pointent un téléphone portable en notre direction. Nous aurons peut-être l'honneur de servir d'inspiration à leurs longues soirées de solitude, lorsqu'ils souhaiteront égayer leur monotonie Youpornesque. Soit. Si cela peut rendre service, nous en sommes quittes.

Mais nous rhabillons et retournons dans la voiture, non sans nous offusquer avec humour de "ce pays où l'on ne peut même plus faire l'amour tranquillement sur l'herbe, le soir venu". Non mais, il n'y a plus de libertés...

00:16 : voyager en voiture, tout en restant garé
Pas démontés pour si peu, nous reprenons notre désormais bien établi mode de communication, qui consiste peu ou prou à des alernances de dis-moi qui tu es, et montre-moi ce que tu me fais. Jusqu'à cinq heures du matin, nous continuerons à nous découvrir l'un l'autre. Folle intensité de ce que nous pensons encore n'être qu'un amour de vacances, qui s'arrêterait aussi vite qu'il a commencé. Nous écoutons Jazz FM et nous regardons dans les yeux, sans dire mot, pendant trois-quatre minutes. C'est ce moment que choisit une chanson pour nous singer : "regarde-moi du plus profond de tes yeux verts...". Nous faisons encore l'amour et cette fois, c'est une voiture de police qui s'arrête à notre niveau. Les deux occupants nous regardent brièvement puis repartent. On éclate de rire.
[quote]- Mais c'est pas possible ! Est-ce si anormal, ce que nous faisons ?
- Non, je crois juste que les gens ont perdu le sens de ce que c'est.
By john dilinger
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