Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

By Chando
#132657 [quote]le fait que ELLE vous parle de ses petits soucis (après quelques rendez-vous) est l'indicateur d'un bon niveau d'intérêt.

Cas vécu en ce moment même et en plus avec quelqu'un qui a le courage de se remettre en question et de reconnaître sa responsabilité pour certains d'entre eux...

Rare et intelligent. Du coup c'est MON niveau d'intérêt qui est monté en flèche...( et en plus elle est toute mimi :wink: )

Sujet très intéressant...Pour moi c'est clair, confier ses défauts en début de relation est un manque absolu de confiance en soi et un signe de recherche de validation...
By john dilinger
#132862 C'est en faisant mes courses au Monop' que je me suis fait une réflexion en rapport avec le thème des confessions trop hâtives.

Pour ce qui est des effets, la messe est dite : se confier trop, trop tôt à une personne que vous appréciez n'est pas la chose à faire, au risque de la voir s'éloigner.

Je m'étais alors interrogé sur les causes.

Considérons un autre. Cet autre n'est pas forcément une fille, une petite-amie. Considérons que c'est une connaissance que nous connaissons depuis peu, mais avec laquelle on se découvre une certaine affinité intellectuelle.
Les sujets de conversation avec cet autre sont légers et en même temps intellectuellement nourrissants.

Soudain cet autre décide de rompre cette corde fragile de conversation légère pour évoquer un sujet grave, lourd, sérieux.

Qu'est-ce qui, dans l'esprit humain, fait que nous ne recevons pas le pathos de manière au pire neutre ou indifférente, mais bien avec une certaine répulsion ?

Je pense qu'un élément de réponse est donné dans la situation que je viens de poser : la transformation du léger en lourd.
L'être humain est plus fort que la Physique : il est capable d'alourdir une conversation. Pied de nez à Newton !

Cette notion de légèreté/pesanteur n'est pas anodine* : « Quel boulet ! », « Quel lourd ! », « Porter sa croix ».
Les gens empreints de pensées lourdes vivent leur vie au ralenti, sans énergie, comme s'il portait sur leur dos l'équivalent d'un piano à queue.

Autre élément de réponse : l'empathie. Tout le monde possède de l'empathie. Cette capacité à recevoir et prendre avec soi le ressenti de l'autre.
Ce qui est malheureux avec cette empathie c'est que, d'une part il faut que l'autre s'exprime pour qu'elle puisse fonctionner, d'autre part elle est plus sensible à la tristesse qu'à la joie.

Si cet autre évoque ses problèmes, mon humanité ne va pas avoir d'autres choix que de recevoir ces problèmes et de construire sa peine dans ma tête pour la faire mienne. On peut comme si on vous lancer un cactus en criant attrape.
Vous n'êtes pas insensible aux cris d'un enfant qui pleure ; une récente connaissance qui se confie, c'est un enfant qui pleure.

Par notre empathie, donc, nous prenons avec nous la peine de l'autre. Et quelle impression est-ce que de recevoir ce cadeau empoisonné alors que nous le connaissons à peine ?
La même impression que de visiter un appartement sale et pas rangé,
la même impression que d'écouter un groupe qui vrille les tympans.
On a beau se dire que c'est mieux (que ça va mieux) la plupart du temps, on a du mal à vous construire une autre représentation.

Ce n'est pas la première impression qu'on a de l'autre, mais c'est une des premières impressions, et elle est mauvaise.

* Lire l'excellent « L'insoutenable légèreté de l'être » de Milan Kundera.
By john dilinger
#132865 A l'instar du bon vin, les confessions ont bien meilleur goût avec le temps.

Je connais un de mes amis depuis plus de 4 ans. Encore aujourd’hui, on s'appelle régulièrement.
Très pudique, il ne s'est jamais vraiment épanché sur ses doutes profonds.
Dernièrement, sans que je m'y attende, il m'a parlé d'un comportement de ses parents à son égard qui a pu lui posé quelques obstacles dans sa vie (on ne saura jamais à quel point nos parents ont vraiment eu une influence dans notre développement).
Il en a parlé avec pudeur, j'ai écouté, puis il a parlé d'autres choses.
J'ai été très touché par sa confession et, avec le recul, elle a participé à embellir la représentation que je me fais de lui.

C'est ce qu'on appelle, encore avec une juste métaphore, avoir de la profondeur.

Un inconnu qui vous confie ses malheurs ne montre pas de la profondeur, c'est un boulet. Un boulet qui vous tire vers le bas comme le parpaing entraîne le condamné au fond du fleuve.

Un ami que vous connaissez et qui, par vos conversations, a enrichi sa personnalité d'un terreau généreux de légèreté peut creuser les galeries de ses (encore si bien trouvés) « passages à vide ».

Mais à mon sens, il n'est jamais trop tard pour se confier (alors qu'il est souvent trop tôt).
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By Dje
#132866 Attention de ne pas confondre empathie et sympathie ;)
L'empathie suppose que tu comprends, que tu es capable de te projeter, mais pas forcément que tu compatis.

Sans aller si loin dans ton analyse, je dirais qu'épargner le mauvais relève de la simple politesse. La confiance, la proximité, peuvent se construire autrement.

Une autre façon de le présenter serait la suivante :
- je sais que tu as ce problème en particulier, puisque tu viens de me le dire
- mais que tu aies besoin d'en parler avec moi, un inconnu, suppose que tu as un autre problème. Celui là est plus gros, et de celui là je ne veux pas dans ma vie.

Maintenant, la tendance inverse peut également être néfaste. Ne pas se livrer du tout peut agacer à la longue.
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By itjustbegun
#132868 Confier ses défauts, ça sonne un peu comme un avoeu de gosse qui cherche le câlin (la validation) de maman.
Alors, bon, évidemment, en 2013, il y a du public pour tout et surtout n'importe quoi, mais quand une femme (pas une femen) porte des talons et les porte bien, même si ça fait mal, même si ça fait pute, même si c'est difficile et que ça prend une plombe pour descendre un escalier, il me semble que cette femme mérite un peu mieux que [url=http://www.youtube.com/watch?v=qMHl_ck3u5E]sliimy[/url]...
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By Monsieur
#132870 [quote="Dje"]Attention de ne pas confondre empathie et sympathie ;)
L'empathie suppose que tu comprends, que tu es capable de te projeter, mais pas forcément que tu compatis.

Tout à fait d'accord. D'ailleurs encore récemment un ami m'a reproché de manquer d'empathie suite à un désaccord entre nous (comprendre : je ne me comportais pas comme il l'aurai voulu dans son idéal).
Ta réponse est exactement celle que je lui ai donné : Je suis empathique en ce que je comprends ce que tu ressens et ce que tu voudrais mais je n'adhère pas et ne vais pas le faire par compassion.
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By Elan
#132873 C'est certain qu'avec les ami(e)s c'est pareil, de toute façon au début par définition on n'est pas proches et ça n'a aucun sens de se livrer - sauf à vouloir une séance de psy gratuite avec un parfait inconnu.

Par ailleurs, comme dit le vieux Nietzsche : "c'est conjouir, et non compatir, qui fait l'ami".
Compatir quand il le faut certes mais jamais plus que passer de bons moments, condition d'une relation épanouissante. Si cette condition est là, le soutien pendant les passes difficiles ne peut que renforcer le lien, comme le rappelle john dilinger.

Perso, étant amateur de quelques sports en extérieur (voile, escalade, ski de rando), je trouve qu'on en apprend souvent davantage, et plus en profondeur, à l'occasion de moments difficiles physiquement, où les personnalités ressortent et où la fatigue (et parfois le danger) ne permettent plus de faire semblant. Rajouter quelques discussions en soirée autour d'un verre, et pas besoin de passer par les séances de doléances : on se connaît.
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By animal
#132879 Vous donnez un relief tout particulier à la phrase "avoid the unlucky and the unhappy" avec ce débat. J'ai souvent constaté que les gens qui s'épanchent trop tôt sur leurs problèmes sont les mêmes qui n'admettent jamais leurs responsabilités quand il y a quelque chose qui ne va pas. C'est également ceux qui, les premiers, vont faire tout ce qu'ils peuvent pour vous décourager ou vous freiner aux moments où vous avez surtout besoin qu'on vous pousse.
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By ornitorink
#132882 [quote="animal"]J'ai souvent constaté que les gens qui s'épanchent trop tôt sur leurs problèmes sont les mêmes qui n'admettent jamais leurs responsabilités quand il y a quelque chose qui ne va pas.

C'est assez vrai je trouve. Ceux qui vont vous confier leurs problèmes alors que vous les connaissez depuis peu, ne cherchent ni plus ni moins qu'une personne qui leur dira: "ha mon pauvre, c'est vrai je comprends, tu ne peux vraiment rien faire". Ils racontent leurs problèmes à pas mal de gens en espérant que ces derniers valident leurs propos, ils seront ainsi déresponsabilisés. Si les gens sont d'accord forcément le problème ne viendra pas d'eux. Il n'y a qu'a voir comment certains vont aller (chercher) à vous dévaloriser chez les autres si vous avez le malheur de leur dire clairement (mais gentiment) que vous vous en battez l'aile. C'est une fuite perpétuelle de la remise en question.

Une exception peut être: ceux qui ont de VRAIS problèmes (décès d'un proche par exemple). Je me rappelle avoir écouté pendant une demi-heure une fille que je ne connaissais pas plus que ça me parler de son père décédé trois jours auparavant. Ça ne m’a pas plus choqué que ça, par rapport à la greluche qui vient me raconter sa 6eme rupture de l’année.
Après tout dépend du contexte bien entendu : la elle venait de subir un évènement traumatisant, et on ne peut pas savoir comment on réagit face à ce genre de chose tant qu’on ne l’a pas vécu. Du coup je ne me suis pas permis de la juger.
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By animal
#132896 [quote="BelAmant"]Il y a une différence fondamentale entre les gens qui ont des problèmes et les gens qui se plaignent.

Et montrer une pointe de vulnérabilité en début de relation n'appartient à ni l'une ni l'autre.
Sauf qu'on ne parle pas d'une "pointe de vulnérabilité" dans ce topic.
By john dilinger
#133055 Il est parfois étonnant, en lisant un bouquin, de tomber sur une réponse à la question exacte qu'on se posait.

L'histoire parle d'un homme à la vie en apparence parfaite qui a vécu un événement tragique : son adolescente de fille s'est improvisée terroriste en posant une bombe dans un bureau de poste qui a fait de nombreuses victimes.
Afin de laisser derrière lui ce passé douloureux, l'homme en question refonde une famille et tente de sauver les apparences.
Sa fille meure dans sa planque quelques temps plus tard, à l'âge de 27 ans. Puis il apprend qu'il est en phase terminale d'un cancer.
L'idée lui vient alors de recontacter un ancien camarade de classe devenu écrivain pour se soulager d'un tel drame.

Une fois à table avec lui, il se ravisera en évoquant essentiellement des banalités sur la réussite scolaire de ses 3 fils.

[quote]On va trouver quelqu'un en pensant : « Je vais lui raconter ça. » Mais pourquoi ?
On est mû par l'idée que le récit va soulager. Et c'est pourquoi on se sent si mal, après ; on s'est soulagé en effet, et si l'affaire est vraiment tragique et atroce, cela ne vaut pas mieux après, c'est pire
l’exhibitionnisme inhérent à l'aveu n'a fait qu'aggraver la misère.
Philip Roth ─ Pastorale américaine
By UnfixedCat
#133090 ça marche très bien pour séduire les sauveuses, que de leur sous communiquer "ce que j'ai vécu, personne ne m'en guérira". Certaines passent leur vie à vouloir réparer celle des autres en dépit de sauver la leur qui du coup est une succession de galères.
J'en ai bien bien connu une de comme ça.
Elle menait une vie saine et normale, mais trouvait son excitation chez les paumés qui finissaient immanquablement par la voler ou lui coller une raclée.
Dans une moindre mesure, il y a une part de mystère à conserver sur ses blessures car il y a chez beaucoup de femmes la volonté inconsciente que l'homme s'améliorera à travers elle, et deviendra ce qu'elle finira par lui reprocher : un bon gros chat castré qui dort sur le canapé et attend sa pâtée sans plus aucun désir de passer par la fenêtre pour partir à la chasse.